Le déclin de la France en citations :

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‘De nos jours, où porter ses regards sans rencontrer des ruines? La face de la terre en est couverte: ruines morales, ruines intellectuelles, ruines matérielles, ruines sociales, ruines domestiques. […] Or, pour nous, la ruine de la société, ce n’est pas seulement le paganisme, c’est la barbarie. » ( Mgr Gaume, La profanation du dimanche considérée au point de vue de la religion, de la société, de la famille, de la liberté, du bien-être, de la dignité humaine et de la santé.)

Outre le théologien, de plus en plus d’historiens sérieux admettent eux aussi l’idée soit du déclin soit de la décadence de la France » (La Nouvelle Revue d’Histoire, Déclins et réveils de la France, N°10, janvier-Février 2004).

Philippe Alméras: Début XXe, fin XXe siècle: « un déclin »

« Si l’on examine l’état de la France au début du XXè siècle et ce qu’elle est à la fin, il y a un déclin » (Philippe Alméras, professeur de littérature et historien. Docteur de l’Université de Californie, son Retour sur le siècle, est un bilan du XXème siècle… La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 30).

Jean de Viguerie: « Le reniement de la foi, premier signe de la décadence »

« La décadence vient du reniement, car le pays décadent est celui qui renie les vertus et les principes qui avaient fait sa grandeur et sa force.

Le reniement de la foi a été le premier signe de la décadence…

Les années cinquante ont été les dernières pendant lesquelles on a vu encore quelque chose de la France. Au déclin est venue s’ajouter la décadence.

La France avait déjà connu une première époque de décadence au siècle des Lumières quand la plupart des privilégiés avaient renié les croyances et les principes de leurs pères…

La décadence qui s’amorce dans les années 60 du 20ème siècle est beaucoup plus grave parce que le reniement de la foi et des valeurs traditionnelles est quasi général.

La crise religieuse postconciliaire, l’abandon de l’Algérie, la trahison de la parole donnée aux harkis, la révolution de Mai 1968, .. forment les principales étapes de ce reniement.

Domaines de la décadence (Jean de Viguerie)

Dès les années 70, la France est en état de décadence avancée.

Il n’y a plus seulement un déclin, il y a un pourrissement.

On le constate dans les lettres et dans les arts.

On le constate aussi dans les moeurs.

Aujourd’hui, le stade de la décadence est dépassée. La France se meurt. Peut-être est-elle déjà morte (Jean de Viguerie).

Causes de la décadence (Jean de Viguerie)

Pourquoi est-on passé de la décadence à la mort ? Il y a trois causes.

La première est la substitution définitive de la patrie révolutionnaire, celle des droits de l’Homme, celle qui est ouverte sur l’universel selon l’expression de M. Chevènement, et qui n’est qu’un fantôme et une illusion, à la patrie réelle, celle des vertus et du trésor spirituel et moral accumulé au cours des siècles.

La seconde est l’ensemble des lois qui ont détruit la famille et favorisé l’avilissement des moeurs.

La troisième est sans doute la plus importante : je veux parler de la nouvelle « éducation » et du « nouvel enseignement » qui sévissant depuis le début des années soixante, ont déjà affaibli les intelligences de deux générations et les ont privées à la fois de leur héritage français et de tout savoir digne de ce nom.

Ce peuple a donc perdu, en même temps, et son jugement, et sa mémoire. Il ne vit plus que de ses appétits. Soumis à de telles conditions, un pays ne peut pas vivre indéfiniment. Il est bientôt asphyxié. La France n’est plus qu’un simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition » (Jean de Viguerie, historien, professeur émérite des universités. Voir son dernier ouvrage, Les Deux Patries, Editions Dominique Martin-Morin, cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, ibid., N°10, janvier-Février 2004, page 34).

Des « germes de dissolution et de mort » (Cardinal Pie)

« Nous vous l’avons dit en arrivant parmi vous, Nos Très Chers Frères, il n’y aura de salut pour la société, qu’autant qu’elle se réformera selon les principes chrétiens. […] Plus nous étudions le corps social dans tout ce qui constitue son existence et sa vie, plus nous y reconnaissons des germes de dissolution et de mort; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, nous n’y trouvons aucune partie saine (cf. Isaïe, I, 4-6); et, remontant des effets à la cause, nous sommes forcés d’avouer que les vices de la société moderne sont le hideux écoulement de ses doctrines. « D’où proviennent tant de maux, s’écriait Jérémie, sinon de ce que la nation a délaissé le Seigneur son Dieu, alors qu’il la conduisait lui-même dans le chemin de la prospérité et de la gloire ? » (Jérémie, II, 17) (Discours du Cardinal Pie, Comment une nation entière revient-elle à Dieu?)

Voici à présent l’analyse de Jean Tulard:
Jean Tulard: La France de 2004 : « un fantôme »

«Le déclin n’est pas la fin.

Mais incontestablement, la France de 2004 n’est pas celle du sacre de Napoléon.

Alors la France était le pays le plus peuplé d’Europe, Russie mise à part, et possédait la population la plus jeune…

Le français était la langue de l’Europe cultivée : il servit à la rédaction des traités de Vienne qui détruisaient pourtant le grand empire.

Aujourd’hui l’anglais l’a supplanté et la France est un pays d’immigration.

Ce déclin a commencé en 1918. La Grande Guerre a fauché une génération ; plus grave, elle a brisé un élan. Il n’en faut pas plus pour précipiter un déclin.

Une crise économique n’est pas mortelle. La chute de sa démographie et la perte de sa langue condamnent une nation à n’être plus qu’un fantôme… » (Jean Tulard, membre de l’Institut, vice-président de l’Académie des Sciences morales et politiques, cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 34).

Michel Maffesoli: « le mythe de l’homogénéité de la république »

« On pourrait dire que l’on assiste à la décadence d’une France officielle, instituée, et à la renaissance d’une France instituante… La république, une et indivisible, se veut homogène, alors que la royauté était quand même plus intéressante…

Le roi était le primus inter pares parmi les baronnies, des régions, des spécificités locales qui étaient fortes » (Michel Maffesoli, professeur à la Sorbonne-Paris V. Dernier ouvrage paru : Précis de subversion post-moderne (Flammarion), cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 33).

Jacques Heers: « une décadence de la morale »

« On peut dire que la France est en déclin si l’on compare la période actuelle aux grandes périodes de prospérité et de rayonnement international .

Le mot de déclin me semble correspondre à l’aspect économique de la question.

Mais du point de vue moral, je préférerai parler de décadence.

Déclin se rapporte à ce qui est matériel. Le mot de décadence a une valeur morale très forte.

Pour moi, la décadence que nous connaissons vient très clairement du refus du travail.

J’ai été professeur à l’Université de Nanterre. Le processus a été progressif, puis il a explosé en 1968. Je n’y ai pas vu la grande fête dont on a parlé, mais le refus de jeunes gens de courir le risque de la compétition et de la réussite par le travail.

Mais l’histoire nous enseigne que rien n’est définitif et que rien n’est jamais pareil…» (Jacques Heers, directeur du département d’études médiévales de Paris-Sorbonne. Dernier ouvrage paru : Les Négriers en terre d’islam (Perrin), cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid.).

François Chamou: « une déconfiture »

François Chamou, membre de l’Institut de France, un des plus grands hellénistes français, ancien élève de l’Ecole normale supérieure et membre de l’Ecole française d’Athènes, agrégé des lettres, docteur ès lettres, témoigne : « J’ai vécu une très longue vie pendant laquelle j’ai vu le monde se transformer et en particulier notre pays passer d’une situation brillante à sa présente déconfiture » (François Chamou, entretiens Nouvelle revue d’Histoire N°8, Sept-octobre 2003).

Marcel Gauchet: « décadence culturelle » et « omnipotence des individualismes »

« La littérature française n’a absolument plus l’éclat qu’elle avait eu pendant au moins quatre siècles.

L’art français n’est plus grand chose.

Paris n’est plus la capitale des arts et des lettres.

De ce point de vue, la place de la France dans le monde est évidemment en déclin ».

« L’ivresse de mai 68 se solde pour Gauchet par une gueule de bois théorique, l’expérience d’une illusion et d’une désillusion » … On ne peut mieux dire…

« Au fond, ce qui porte le schéma marxien d’émancipation c’est le postulat qu’il suffirait que la société soit pleinement elle-même pour que nous devenions libres ; elle serait alors débarassées de toutes les hypothèques que sont l’Etat, les classes, la domination, le politique. …

C’est exactement le contraire qui s’opère, et si une chose est étonnante, c’est précisément qu’on ait pu croire l’inverse »…

L’effacement des repères sociaux, l’exarcerbation des individualismes : la machine à broyer les peuples est bel et bien à l’oeuvre selon Gauchet (diagnostic anticipé par des visionnaires sulfureux comme Oscar Spengler, Ernst Jünger, ou Martin Heidegger (La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 27).

« L’Homme coupé de ses racines divines est aussi l’homme qui doit affronter la solitude résultant de l’effacement des structures collectives et l’inéluctable omnipotence des individualismes ».

Gauchet poursuit en dénonçant l’individu-roi sanctifié par l’idéologie des droits de l’Homme…

La primauté du marché engendre une dévalorisation du politique. Ce qui explique que notre société de plus en plus libérale se révèle être de moins en moins démocratique… (La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 28).

Max Gallo: « une crise de l’identité »…

Voici maintenant ce que nous dit Max Gallo: « Pour moi, la crise est essentiellement celle de l’identité. Je veux dire par là un trouble profond quant au sens de l’histoire nationale. Les élites sont travaillées par l’idée que la nation est obsolète et que les histoire nationales sont finies. Personnellement, je suis d’un avis différent » (Max gallo, agrégé d’histoire. Dernier ouvrage paru : Morts pour la France, trois tomes chez Fayard), cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 32).

François-Georges Dreyfus: un « déclin patent »

« Même si la classe politique de gauche comme de droite estime que parler d’un déclin de la France est un faux problème, ce déclin est patent.

La Constitution de 1958 dévoyée (cohabitation, quinquennat, abandon de fait du référendum), la faiblesse de la classe politique expliquent dans une large mesure le déclin français » (François-Georges Dreyfus, professeur émérite d’histoire contemporaine à la Sorbonne. Dernier ouvrage paru : L’Engrenage, 1919-1939 chez Fallois, cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 31).

Chantal Delsol: un « recul de la volonté de se persévérer dans son être »

« Déclin et décadence s’entendent en termes de recul de la confiance en soi et de volonté de persévérer dans son être…

Il n’est pas exagéré de parler de déclin.

On peut voir par exemple un signe de déclin dans le fait que la France a depuis quelque temps relâché ses efforts consacrés au développement de la francophonie dans le monde » (Chantal Delsol, professeur de philosophie politique à l’Université de Marne-la-Vallée. Dernier ouvrage paru : La République, une question française au PUF, cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 31).

François Bluche: « un pays sans âme »

« Certes notre vieux pays a surmonté jadis maintes crises (1429, 1589, 1815 etc.) mais il avait encore alors une âme… » (François Bluche, professeur émérite à l’Université de Paris X. Dernier ouvrage paru: Richelieu chez Perrin, cité in La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 30).

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