Actualités

Mayotte un département ?

Si garder Mayotte dans le giron français était à l’évidence un impératif géopolitique et géostratégique, en revanche, sa départementalisation fut une grave erreur. La crise systémique que connait l’île en est le tragique révélateur. Quant aux futures générations françaises, elles seront condamnées à en assumer tant les conséquences politiques que le coût.

Comment d’ailleurs a-t-on pu croire, ou faire semblant de croire, qu’une île de l’océan indien appartenant au monde swahili, en petite partie francophone et à 95% musulmane, allait pouvoir devenir par un coup de baguette magique un département français ?

Afin de donner une apparence de légalité au « fait du prince » qui changea le statut d’un territoire d’outre-mer qui n’avait de toute évidence pas vocation à devenir département, un simulacre de référendum fut décidé :

– Un simulacre en effet puisque ce référendum ne concerna que les seuls habitants de Mayotte, à l’exclusion des Français métropolitains, eux qui allaient pourtant devoir assurer de leurs deniers les conséquences de l’opération puisque Mayotte ne produit rien…

– Simulacre de référendum encore parce que cette seule population mahoraise appelée à voter n’allait évidemment pas refuser les avantages sociaux promis par la départementalisation. Et elle plébiscita à 95% une départementalisation, synonyme pour elle d’alignement sur les prestations de l’assistanat servies en Métropole…

Que Mayotte soit sincèrement attachée à rester française, c’est bien certain et il n’est pas question de remettre cette appartenance en cause. Ce qui pose problème est sa départementalisation, c’est à dire l’alignement du statut mahorais sur celui des départements métropolitains et d’outre-mer. Un objectif non seulement inatteignable étant donné les spécificités de Mayotte, mais également une bombe à retardement dont les conséquences futures seront redoutables.

Au-delà des terribles images cycloniques et des discours politiques convenus, cette analyse montre pourquoi la départementalisation de Mayotte fut une erreur et à quoi elle va conduire dans l’avenir.

Explication et développement

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ADIEU M. LE PEN !

En ce jour de grâce du 7 janvier 2025, M. Jean-Marie le Pen vient de nous quitter après une longue et riche carrière politique.

Bien qu’il ne fut pas royaliste à proprement parler, il convient néanmoins de reconnaître le sacrifice et le courage politique dont il a fait preuve tout au long de sa carrière. Pendant une période où exprimer ouvertement ce que la majorité proclame aujourd’hui était périlleux, M. Jean-Marie Le Pen a continuellement adopté une position contraire à la pensée dominante, au détriment de sa propre personne.

Considéré comme la bête noire de la république, souvent qualifié de bête immonde de la part de l’oligarchie, il n’eut de cesse de s’acharner à maintenir la flamme de la France contre vent et marée. Son courage politique est une véritable leçon pour tous ceux qui veulent le redressement nationale de notre pays !

Rappelons-nous de ce jour ou célébrant Sainte Jeanne d’Arc devant sa statue à Paris, il s’écria : « Jeanne ! Au secours ! » Comme un crie de désespoir, exprimant une profonde prise de conscience de la situation actuelle de la France et du degré de trahison de nos dirigeants. Désormais, il est aux côtés de notre héroïque nationale, avec qui, il veille sur la France !

Adieu M. le Pen !

Groupe d’Action Royaliste

Maladresses et fautes de la République face à la crise.

Dans une précédente note, j’évoquais le cas de l’usine Saupiquet de Quimper, victime d’une délocalisation qu’il n’est pas absurde de taxer de spéculative et qui laisse plus de 120 personnes sur le carreau, sans emploi ni promesse fiable d’emploi prochain. Mais il serait malhonnête ou faux de penser que c’est la seule et unique cause des fermetures d’usines et d’entreprises aujourd’hui.


Une autre cause des fermetures d’usines actuelles doit être évoquée et dénoncée : la hausse des prix de l’énergie, devenus insupportables pour nombre d’entreprises ou de commerces, de la petite boulangerie de village à la grande unité de production de pneumatiques comme Michelin. En 2022, la guerre russo-ukrainienne avait logiquement entraîné une augmentation remarquable des prix du gaz et de l’électricité, et la rupture des pays européens avec la Russie (grand pays exportateur de gaz) avait évidemment renchéri ce souci inflationniste, au point d’entraîner la disparition de plusieurs milliers de boulangeries rurales incapables de faire face à ces surcoûts malvenus quelques mois après la crise sanitaire et les confinements. L’entreprise Duralex, par exemple, se retrouva ainsi dans une situation financière intenable (3) et était appelée à disparaître cet été, jusqu’à ce que soit acceptée par le tribunal du commerce d’Orléans sa transformation en coopérative organisée et administrée par les salariés volontaires eux-mêmes (une Scop, société coopérative de production, ou société coopérative et participative), et qu’un vaste mouvement de solidarité française lui remette, par des achats nouveaux et nombreux, le pied à l’étrier. Mais l’Etat français est aussi coupable dans cette inflation énergétique, de par son refus ou son incapacité de sortir (4) ou de renégocier les conditions du marché de gros européen de l’électricité, alors que ce mécanisme entraîne une surévaluation du prix de l’électricité en France (à cause de son indexation sur les prix du gaz…), surévaluation extrêmement handicapante pour les activités industrielles, commerciales mais aussi domestiques françaises. D’autant plus coupable que nombre d’entrepreneurs avertissent depuis plus d’un an que le coût trop élevé de l’énergie en France peut les pousser à cesser leurs activités dans notre pays ! En fait, l’Etat n’a rien voulu entendre ou comprendre, et c’est la France et ses travailleurs qui en payent le prix lourd maintenant.

Comme si cela ne suffisait pas, la République en rajoute encore une couche, à travers une politique fiscale désormais répulsive sans même être efficace, avec le risque supplémentaire de voir les impôts et les taxes rentrer moins facilement dans les caisses de l’Etat, ce qui peut, d’ailleurs, expliquer l’erreur de prévision de l’administration gouvernementale qui avait visiblement surévalué les recettes pour 2024, au point de hausser, après correction, le déficit public de la France à plus de 6 % du Produit intérieur brut de notre pays… Il n’est pas certain que taxer un peu plus les entreprises aujourd’hui soit le meilleur moyen de maintenir les investissements en France, au moment même ils sont les plus nécessaires pour éviter un décrochage économique qui menace, concrètement, le pays tout entier. Là encore, un peu de tact ne nuirait pas, ce qui n’empêche pas de rappeler aux patrons et aux actionnaires leurs devoirs sociaux pour « faire nation », ce qui, il faut bien l’admettre, n’est pas toujours évident parmi des élites trop souvent formatées à la « mondialisation libérale » et oublieuses de leur patrie… Mais, les taxer plus au moment où cela va mal n’est pas de bonne politique : en revanche, il serait très profitable de le faire, y compris un peu fortement et temporairement, au moment où les indicateurs industriels et économiques seront plus favorables, et il sera alors plus facile pour l’Etat de le faire accepter et, surtout, plus utile et rentable…

L’Etat a un rôle à jouer dans l’économie du pays qui ne doit pas être de vouloir tout régenter à l’intérieur, et les partenaires sociaux sont souvent les mieux placés pour s’organiser eux-mêmes, discuter des règles internes et des salaires (ce qui se fait déjà, d’ailleurs, dans les branches professionnelles que certains voient comme les reliquats ou, au contraire, les prémisses d’une organisation corporative…). Le rôle de l’Etat doit être d’arbitrer entre les grands acteurs sociaux, particulièrement au moment des crises et des conflits sociaux toujours possibles en société. Mais, surtout, il est de préserver ce qui doit l’être, c’est-à-dire les intérêts de la nation et de ses corps professionnels et sociaux : d’où la nécessité d’une véritable politique d’Etat sur le long terme, et non d’une politique des petits coups et des facilités (5) qui, en fin de compte, appauvrit un peu plus l’Etat sans en crédibiliser l’action… Oui, l’Etat doit être préservateur, il doit être protecteur mais non de façon passive : il ne doit pas se désintéresser de l’économie, il doit être le garant des activités économiques nationales, y compris en élevant la voix sur la scène internationale et en intervenant pour soutenir ce qui doit l’être, ici et maintenant. Dans la mondialisation contemporaine, il ne doit pas être le spectateur d’une gouvernance souvent injuste et déséquilibrée au profit des seules féodalités économiques et financières, mais l’acteur des relations internationales et des équilibres nécessaires, toujours en pensant, d’abord, à la France qu’il incarne, sert et défend autant qu’il la promeut : voici là un nationalisme qui peut être ferme sans être fermé, car il ne s’agit pas de détruire ou d’interdire, mais de parler haut et fort sans forcément céder à l’esprit de querelle.

Malheureusement, et la difficulté actuelle de l’Etat français à faire accepter par la Commission européenne et nos partenaires le refus d’un traité Mercosur néfaste pour notre agriculture comme pour l’environnement (y compris des pays sud-américains eux-mêmes) le prouve à l’envi, la France et son Etat souffrent de l’incertitude politique renforcée par « l’entrée en Sixième République » (qui ressemble furieusement à la Quatrième, avec les mêmes désordres permanents et l’impuissance d’un Etat dépassé par ses propres errements présidentiels, gouvernementaux et parlementaires, au risque de la chute permanente pour le gouvernement…). Il faudra bien finir par en tirer les conclusions institutionnelles qui s’imposent si l’on veut éviter que notre pays ne s’enfonce dans un marasme fatal…



Jean-Philippe Chauvin

Notes : (3) : Duralex est une verrerie qui, par nature, est une très grosse consommatrice d’énergie pour ses fours.

(4) : L’Espagne et le Portugal sont sortis temporairement du marché de gros européen de l’électricité, après négociation et validation par la Commission européenne : cela a permis à ces deux pays de mieux maîtriser le coût de l’électricité et de l’abaisser…

(5) : La politique des facilités est celle qui consiste à faire des annonces et arroser un secteur d’activité en difficulté pour calmer une tempête en cours ou à venir, mais sans prendre le temps et les moyens, ensuite, de préparer un cadre « réparateur » et une politique de long terme pour permettre à ce cadre d’être efficace dans la durée. Or, il importe pourtant bien aujourd’hui, à l’inverse de la politique des facilités, de permettre l’existence d’un tel cadre mais non de l’ordonner entièrement, ce qui doit rester, en grande partie (et selon les cas concernés), l’apanage des acteurs professionnels et sociaux : c’est la mise en pratique de la nécessaire subsidiarité, qui doit être l’inverse de l’assistanat et du jacobinisme d’Etat sans être le libéralisme ou le libertarisme économique, autre nom du désordre tyrannique, celui qui place la puissance en opposition avec la justice…

Le triste Noël des salariés de Saupiquet.

Il y a quelques jours, le 20 décembre exactement, la dernière usine française de conserverie de poisson Saupiquet a fermé ses portes à Quimper : cette fermeture scelle ainsi une aventure industrielle débutée sur les bords de la Loire en 1877 et initiée alors par Arsène Saupiquet, dans la conserverie de sardines. Ce triste événement n’a pas mobilisé les grands médias ni les politiques, visiblement plus occupés à leurs petites affaires politiciennes et à la préparation de la prochaine élection présidentielle de 2027 qu’au sort d’une usine de conserves et de ses salariés : le pays légal se désintéresse d’une entreprise considérée comme non stratégique et appartenant à un monde ancien. Que plus de 150 emplois disparaissent ainsi dans le Finistère n’a plus d’importance pour une classe dirigeante qui semble plutôt obnubilée par une dette publique qu’elle a pourtant contribué à creuser depuis une quarantaine d’années, au nom d’une (double) idéologie économique dominante (la société de consommation et la mondialisation libérale) qu’elle ne reniera évidemment pas. Pour le coup et en évoquant les nombreux autres plans sociaux qui font désormais l’actualité, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a trouvé la bonne formule pour signifier cet état d’esprit du pays légal, en parlant de l’attitude timorée du ministre de l’Industrie Marc Ferracci (ministre maintenu sous Bayrou après l’être devenu sous Barnier…) : « Le ministre installe l’idée qu’il n’y a plus lieu de se battre : « prenez le chèque et taisez-vous ». Visiblement, il n’a pas compris son rôle : il n’est pas ministre des licenciements, mais de l’industrie ! Les travailleurs ne se battent pas pour avoir des indemnités pour partir, ils se battent pour défendre leur emploi. » Sauver un emploi industriel, c’est en sauver au moins deux ou trois de plus, en fait, et le ministre ferait bien de s’en rappeler : l’usine n’est pas peuplée que d’ouvriers de production mais aussi de personnels de nettoyage et de restauration, parfois, quand ces derniers peuvent aussi se trouver à proximité de l’entreprise ; accueillant aussi des populations de jeunes recrutés sur le bassin d’emploi, l’usine maintient des classes scolaires en activité grâce aux enfants des ménages ouvriers ; sans négliger des commerces alentours et, parfois, des sous-traitants ou des services de maintenance et de réparation… En fait, une usine fermée, c’est tout un écosystème économique et social qui risque de disparaître, d’autant plus quand celle qui disparaît était déjà la survivante des décennies passées et que, là aussi, elle n’avait plus le nombre de salariés qu’elle pouvait compter quelques années auparavant.

Or, c’est un véritable raz-de-marée de plans sociaux et de fermetures définitives d’usines, voire d’entreprises, qui est en train de frapper la France : la timide mais indéniable réindustrialisation de ces dernières années risque de ne plus suffire d’ici peu à absorber toutes les faillites, les disparitions d’usines et celles du savoir-faire de nombreuses activités industrielles, ainsi que la dévitalisation des territoires ainsi touchés par cette nouvelle et violente désindustrialisation concrète. Michelin, Valeo, Saunier Duval, Vencorex, et tant d’autres noms retentissent dans l’actualité sociale comme autant de glas annonciateurs du trépas de « 150.000 emplois » selon Mme Binet, mais peut-être jusqu’à 300.000 si l’on en croit certains économistes et analystes financiers : cette terrible situation est-elle l’effet d’une mauvaise passe (ou conjoncture) ou bien le résultat d’erreurs, voire de fautes, des entreprises et, éventuellement, du pays légal ? Et si oui, n’est-elle que cela ? Ne s’inscrit-elle pas dans un processus de long terme, au-delà d’un simple quinquennat présidentiel ou du mandat d’un dirigeant d’entreprise ? En fait, il existe plusieurs cas de figure, qu’il n’est pas inutile de citer, et qui peuvent parfois se combiner en un mélange infernal.

Si l’on prend le cas de l’usine Saupiquet de Quimper, celle-ci est victime d’une délocalisation en partie spéculative (sans être, pour celle-ci, liée au système actionnarial proprement dit (1), contrairement à nombre de groupes transnationaux) et du système de la mondialisation libérale, libre-échangiste et de la profitabilité recherchée à tout prix (en particulier social), quelles qu’en soient les conséquences humaines et territoriales. Dans un monde où de grands groupes internationaux et mondialisés rachètent les marques sans regarder à leur nationalité ni s’intéresser aux conditions des travailleurs, ces derniers ne sont considérés que comme des variables d’ajustement : ainsi, le propriétaire de Saupiquet est le groupe italien Bolton Food depuis 2000, et celui-ci a déjà fermé nombre d’usines de la marque en France (2) jusqu’à la dernière, Quimper… A chaque fois, l’argument était à peu près le même : les ventes diminuent en France, elles ne sont plus assez profitables et la main-d’œuvre est trop coûteuse (sic), et il faut préserver la compétitivité de l’entreprise. L’activité, elle, est délocalisée à l’étranger, dans des pays pas forcément consommateurs des produits sortant de l’usine, mais pour continuer à produire pour le pays victime de la délocalisation : dans le cas de Saupiquet, « une grosse partie de la ligne sardine sera installée dans une usine du groupe au Maroc, la ligne maquereau rejoindra une usine Bolton en Espagne », selon les déclarations du groupe Bolton lui-même, mais leurs productions seront toujours bien présentes dans les rayonnages des magasins français et… quimpérois ! La même chose s’est produite pour nombre d’autres marques emblématiques de l’histoire industrielle française, et il est rageant de constater que cette mauvaise affaire se reproduit encore et encore sans entraîner beaucoup de réactions ni du pays légal, ni des consommateurs eux-mêmes, vite oublieux des drames sociaux provoqués lors des fermetures d’usines parfois toutes proches… Quel triste Noël pour les familles de salariés Saupiquet : les aiguilles du sapin risquent bien d’être autant d’épines dans le cœur des ouvriers abandonnés, et les agapes festives de la Saint-Sylvestre bien amères… Surtout quand l’on sait que, à l’heure où j’écris, 120 salariés (sur les quelques 150 licenciés) n’ont pas de proposition fiable d’emploi prochain. Oui, décidément, quel triste Noël…

(à suivre)

Jean-Philippe Chauvin

Notes : (1) : Contrairement à nombre de grandes Firmes capitalistiques transnationales, Bolton Food, propriétaire de Saupiquet, est un groupe à « capitaux familiaux », et ne subit pas les mêmes pressions que les grandes sociétés dont nombre d’actionnaires sont étrangers à l’entreprise elle-même et qui, du coup, poussent souvent à des délocalisations purement spéculatives, et souvent sans motivation industrielle mais seulement financière, ce dont on ne peut pas forcément accuser ce groupe italien.

(2) : Le groupe Bolton Food a fermé l’usine de Saint-Gilles-Croix-de-Vie en 2001, celle de Nantes (et le siège social…) en 2005 et celle de Saint-Avé, près de Vannes en 2010. Quimper ferme la marche et, dans le même mouvement, l’aventure française de Saupiquet…






La Tour du Pin… contre le traité Mercosur !

En relisant les textes du marquis René de La Tour du Pin (véritable théoricien du royalisme social et du corporatisme français) décédé il y a tout juste cent ans, le 4 décembre 1924, quelques lignes me sautent aux yeux, et me paraissent d’une grande actualité en ces temps de débats sur les traités de libre-échange dont celui avec le Mercosur n’est que le dernier exemple en date. Après avoir évoqué la nature du contrat de travail en France et ce qu’il pourrait (et devrait) être, La Tour du Pin souligne, à raison, que « les traités internationaux doivent être conclus, non pas dans l’intérêt du fisc, ni même dans celui du consommateur, mais avant tout en vue de la protection morale et matérielle que le travailleur doit rencontrer dans l’Etat chrétien » (1). Au-delà du temps, cette phrase écrite en 1882 n’a rien perdu de sa valeur, et il n’est pas inutile de la rappeler, mais aussi d’en montrer, en quelques lignes, le sens et la portée, tout en la contextualisant et, pourquoi pas, en la réactualisant.

Dans sa pensée, qui est profondément enracinée dans une foi catholique très vive, La Tour du Pin place l’homme-producteur, l’homme créateur de richesses, maître de sa production sans en être forcément le destinataire, avant celui qui doit en profiter par l’achat et l’usage, l’homme-consommateur : c’est, aujourd’hui, l’exact inverse dans notre société de consommation qui privilégie la consommation au détriment des conditions de travail et de vie du producteur lui-même, mais aussi au dépens de la nature, des ressources d’icelle, qu’elles soient souterraines et extraites du sous-sol ou de surface et récoltées, récupérées ou prélevées. Dans ce système dans lequel il s’agit de « consommer pour produire » et de « faire consommer pour produire », le producteur de base est trop souvent négligé, voire largement exploité et considéré, dans les temps de crise de consommation, comme une variable d’ajustement susceptible d’être éjecté socialement du système et de la possibilité d’être à son tour et en rétribution de sa peine, un consommateur…

Dans la logique contemporaine du libre-échange, s’applique le terrible principe de la « liberté du travail » qui, l’histoire et la philosophie économiques le rappellent à l’envi, n’est nullement la liberté des travailleurs ni la qualité du travail elle-même, mais la liberté du capital qui s’impose au travail et aux travailleurs, en salariant ces derniers selon les nécessités des propriétaires de capitaux et selon les revenus qu’ils espèrent en tirer, dans une logique de profit qui, parfois, ne tourne qu’au désir d’une profitabilité toujours plus grande, voire démesurée au regard des conditions de travail et de salaire imposées aux travailleurs, parfois très éloignés du marché final de consommation, dans le grand et terrible jeu de la mondialisation. C’est vrai dans le monde de l’industrie, ça l’est aussi dans celui de l’agriculture désormais intégrée quasi-totalement (en particulièrement dans les pays développés, du Nord comme du Sud) à la globalisation commerciale, au risque de favoriser les grandes féodalités de l’agroalimentaire et d’étouffer les petits et moyens producteurs, cultivateurs comme éleveurs.

Or, les grandes puissances économiques étatiques (2), souvent de moins en moins politiques et de plus en plus gestionnaires, s’abandonnent aux facilités de la fiscalité comme une excuse à leur propre impuissance face aux acteurs dominants de la mondialisation, et elles espèrent ainsi donner l’illusion de la maîtrise d’un système que, généralement, elles ne contrôlent plus. En fait, ce constat est surtout vrai dans les Etats les plus anciennement industrialisés et démocratiques (à des degrés divers, selon les histoires particulières des Etats et de leur entrée dans la modernité consommatoire) et la France, qui longtemps resta fidèle à cette double idée que sa politique ne se faisait pas à la Corbeille (3) et que « l’intendance suivra » (4), paraît désormais moins assurée sur cette logique pourtant nécessaire : le fait d’avoir déléguée une part de sa souveraineté à des institutions monétaires européennes et de se retrouver apparemment incapable de préserver son pré carré législatif et éco-diplomatique à cause de ses engagements « européens », contredit la citation de La Tour du Pin, sans l’invalider dans sa nécessité, bien au contraire !

Le traité Mercosur, qui risque bien d’être imposé par l’Union européenne à la France d’ici peu, et cela malgré le refus affiché du président de la République et des parlementaires français il y a quelques jours encore, en est la triste démonstration : ce traité de libre-échange, qui n’est ni écologique ni social (5), est souvent vanté par ses promoteurs comme le meilleur moyen de faire des affaires pour les consommateurs européens mais aussi sud-américains, quand la question du sort des producteurs de base (¬6) est trop souvent éludée, voire évacuée. L’on sait pourtant que ce traité se traduira aussi par des désespérances paysannes et par des dévastations écologiques, au nom d’un Développement qui ne peut être durable, et cela par essence même…

Face à cela, il ne nous est pas possible d’être indifférents ou neutres, et nos prédécesseurs nous donnent quelques clés d’explication et nous fixent quelques devoirs militants. La Tour du Pin, dont il paraît tout à fait utile de relire les principaux textes regroupés dans quelques ouvrages dont le fameux « Vers un ordre social chrétien », souvent évoqué par son sous-titre « Jalons de route », s’inscrit dans cette logique que l’Eglise rappellera à sa suite dans l’encyclique Rerum Novarum de 1891 et qui veut que le travail assure au travailleur le pain quotidien (et un peu plus même) pour toute la famille, et qu’il ne doit pas être source de malheur et d’exploitation mais d’accomplissement… Est-ce choquant de vouloir ce qui semble de bon aloi et de bonne justice, éminemment sociale ? Dans un monde capitaliste qui, comme le souligne aussi La Tour du Pin, semble être, avant tout, « la souveraineté de l’argent », le combat pour une bonne pratique de la justice sociale n’est pas un « divertissement d’activiste », il est la condition même d’une vie sociale équilibrée. La Tour du Pin, en catholique conséquent, évoque l’Etat chrétien protecteur du travailleur : au regard de l’histoire de la France, cet Etat ne peut être que royal. Et il n’est obligatoire d’être soi-même chrétien pour le reconnaître et l’approuver : le souci politique de la justice sociale suffit à conclure de la même manière pour une Monarchie royale éminemment sociale, non par conjoncture mais par nature

Jean-Philippe Chauvin






Notes : (1) : Extraits de « Vers un Ordre social chrétien ; Jalons de route, 1882-1907 », Marquis de La-Tour-du-Pin La Charce, édité à la Nouvelle Librairie Nationale, 1907.

(2) : Je précise étatiques, car désormais les grandes puissances économiques sont, surtout, des FCT (Firmes Capitalistiques Transnationales), peu enclines à se soumettre (sauf honorables exceptions) aux Etats eux-mêmes et à leurs règles sociales : nous voici revenus au temps des grands féodaux qui s’émancipent des nécessaires devoirs sociaux qui, normalement, incombent aux puissants envers les moins aisés ou les plus fragiles, et, au-delà, envers le bien commun…

(3) : Le surnom de la Bourse, dans des temps pas si anciens que cela…

(4) : Selon la fameuse formule attribuée au général de Gaulle qui, en lecteur ancien de Maurras et en conformité avec la tradition capétienne – au moins sur ce plan… – considérait que le bon usage du « politique d’abord » était le meilleur moyen d’assumer et d’assurer les charges et devoirs de l’Etat et la protection de la nation et de ses citoyens, et de faire « de bonnes finances »…

(5) : Ce n’est d’ailleurs pas la motivation ni le but d’un tel accord…

(6) : Je ne parle donc pas des grandes sociétés soucieuses de s’ouvrir de nouveaux marchés à moindres frais, au bénéfice de leurs propriétaires comme de leurs actionnaires, mais bien plutôt des petits et moyens agriculteurs, qu’ils soient français, européens ou, de l’autre côté de l’Atlantique, brésiliens ou uruguayens, qui risquent de faire les frais de ces échanges inégaux et, finalement, économiquement comme socialement injustes.



René de la Tour du Pin, théoricien royaliste.

Il y a un siècle, le 4 décembre 1924, s’éteignait le marquis René de La Tour du Pin. Catholique fervent et royaliste non moins fidèle, La Tour du Pin a lutté à la fois contre le capitalisme libéral et contre le socialisme marxiste : il a souhaité la concorde sociale et milité pour le respect des travailleurs et la dignité du travail sans céder aux facilités de la démagogie ou de la posture activiste. Il a dénoncé le système économique capitaliste dont il disait qu’il était « la souveraineté de l’argent ». Son espérance s’incarnait dans la Monarchie fédérative et sociale par essence.
Cent ans après sa disparition, un colloque lui sera consacré samedi 7 décembre, à Paris.

Le traité Mercosur, nous n’en voulons pas !

La reprise de la contestation agricole ces derniers jours n’est pas vraiment une surprise : les promesses faites aux agriculteurs l’hiver dernier sont largement restées lettre morte, d’autant plus depuis la dissolution hâtive et désordonnée de l’assemblée nationale en juin dernier par le président de la République ! La résistance de la France face à la perspective de la signature du traité dit du Mercosur par l’Union européenne est-elle suffisante pour amoindrir la colère paysanne ? Il semble bien que cela ne puisse plus suffire car la Commission européenne et l’Allemagne (entre autres) sont bien décidées à ne pas tenir compte de la position française sur ce plan-là comme sur beaucoup d’autres ces dernières années : que fera la République française si, d’aventure, le traité est signé ces heures prochaines ? S’inclinera-t-elle (ou, plutôt, s’humiliera-t-elle…) pour respecter les règles d’une Union européenne qu’elle entend ne pas remettre en cause quoiqu’il advienne ? Sacrifiera-t-elle ainsi une grande partie de nos éleveurs (entre autres) auxquels cette même Union impose des règles et des normes qui, pour ne pas être toutes inutiles, sont le plus souvent comminatoires et fort peu appropriées aux enjeux du moment, particulièrement sociaux et, ici, ruraux et agricoles ?

Ce projet d’accord avec les pays d’Amérique du Sud révèle à l’envi toute l’hypocrisie d’une Union qui se veut écologiquement irréprochable chez elle (ce qui peut prêter à sourire, en fait) mais accepte toutes les dérives loin du continent européen, comme si l’éloignement garantissait l’impunité aux destructeurs de la forêt amazonienne et de la savane du Cerrado : en somme, l’Union européenne délocalise les productions agricoles de son propre continent après avoir laissé les grandes entreprises délocaliser notre industrie depuis plus de quarante ans, avec les conséquences économiquement et socialement désastreuses que l’on connaît… L’environnement des pays sud-américains et les emplois des agricultures européennes seront les principales victimes de cet accord « bœuf brésilien contre voitures allemandes », mais qu’importe aux idéologues de la mondialisation libérale qui ne jurent que par le libre-échange et en oublient les producteurs de base !

Il est pourtant bien possible que nous arrivions à la fin d’un cycle, et que le temps du libre-échange incontesté soit en passe d’être révolu : le durcissement probable de la politique d’extrême protectionnisme des Etats-Unis dans les mois prochains et la prise de conscience de nombre d’Etats qu’un protectionnisme raisonnable est d’abord préservateur de leurs propres intérêts et qu’il tend aussi à diminuer les effets d’une circulation trop intensive (et fortement carbonée…) des produits autour de la planète, sont autant de signes annonciateurs de cette dévaluation dans les esprits de la logique (et de la pratique ?) de la mondialisation sans entrave. L’empressement allemand à signer le traité avec le Mercosur se conjugue désormais avec la peur de la désindustrialisation Outre-Rhin, ce processus qui a commencé tranquillement en 2016 sans, alors, alerter la chancelière Merkel ni les acteurs publics allemands persuadés de l’éternité de l’industrie triomphante allemande.

Les agriculteurs français ne doivent pas faire les frais de l’aveuglement des élites mondialisées qui siègent à Bruxelles ou à Francfort, ni de la faiblesse et de la bêtise d’une République française qui a, depuis plus de quarante ans, si systématiquement désarmé industriellement et productivement le pays, au risque d’une dévitalisation économique et d’une explosion de l’endettement (public comme privé) français. « Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances », affirmait crânement le baron Louis au pouvoir royal en 1830 : sa formule devrait inspirer tous ceux qui se targuent aujourd’hui de se mêler de politique et des affaires de l’Etat : cela leur éviterait quelques errements…






Le traité Mercosur contre l’agriculture française.

L’agriculture française sera-t-elle sacrifiée au libre-échange par la Commission européenne ? Après vingt ans de négociations, la possibilité d’un accord de l’Union européenne avec les quatre pays d’Amérique du Sud qui constituent le Mercosur (1), se précise, au grand dam des agriculteurs de notre pays qui s’en alarment et contre l’avis de la France qui s’y oppose toujours, pour des raisons à la fois sociales et environnementales. Mais la présidente de le Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, et la plupart des Etats européens souhaitent accélérer le processus d’accord, pour l’annoncer officiellement lors du prochain sommet du G20 qui se tiendra les 18 et 19 novembre au… Brésil ! Dans certains journaux libéraux, la position française est fustigée et les inquiétudes balayées d’un revers de la main, avec un dédain fort peu aimable pour ces « sceptiques » qui remettent en cause les « bienfaits » du libre-échange qui, pourtant, mérite au moins une remise en cause avant une remise en ordre des relations commerciales internationales et de leurs aspects, aussi bien sociaux qu’environnementaux. Mais, aussi surprenant que cela puisse être, il est possible d’y trouver quelques articles moins laudateurs de ce fameux traité Mercosur, comme dans L’Opinion (2), sous un titre évocateur : « L’agriculture européenne face à un rouleau compresseur ». Il faudrait le citer en entier, tant il décrypte les pièges de l’accord et en prévient des conséquences probables, mais je n’en retiendrai ici que quelques éléments, significatifs et révélateurs (3).

Les seuls intertitres, en eux-mêmes, nous signalent quelques unes des particularités négatives du traité annoncé : « Bœuf : le raz-de-marée » ; « Poulet : des antibiotiques dans la recette » ; « Sucre et éthanol : attention, tangage » ; « Maïs : la foire aux pesticides » ; « De rares gagnants »… Rien de très rassurant, n’est-ce pas ? L’introduction de l’article est tout aussi inquiétante : « Un accord « Vaches contre bagnoles » ? « C’est juste », selon Alexandra Kirsch, agro-économiste à la tête du think tank Agriculture stratégies. « En 2020, la balance commerciale de l’Union européenne avec le Mercosur était positive de 25 milliards d’euros pour les services et les biens industriels – les voitures allemandes -… et négatives de 15 milliards sur les produits agricoles. L’accord Mercosur va creuser cet écart. » Ainsi, c’est bien la stratégie industrielle d’une Allemagne en cours de désindustrialisation sur son propre territoire qui semble dominer le débat (et les prises de décision ?) au sein de la Commission : ainsi, au lieu d’être une solidarité constructive comme elle le proclame à longueur de temps (4), l’Union européenne prend ici la forme d’une domination acceptée et assumée de l’un au détriment de l’autre, comme du temps de la ligue de Délos qui, d’alliance des cités grecques, s’est rapidement transformée en dictature d’Athènes sur ses alliés jusqu’à son éclatement et la guerre qui allaient préparer le triomphe futur de Philippe et d’Alexandre de Macédoine… Il n’est donc pas certain que ce modèle soit sain et éternellement durable : sans doute prépare-t-il, même, les conflits et les paralysies de demain, à moins qu’il n’explique, en fait, ceux d’aujourd’hui !

Pourtant, si la Commission européenne et l’Allemagne décidaient de passer outre l’opposition de la France sur ce dossier, le système du vote à la majorité qualifiée que pourrait utiliser Mme von der Leyen leur donnerait sans doute satisfaction, et la France serait, une fois de plus, la dupe de cette manœuvre institutionnellement légale à défaut d’être complètement honnête. Cela ne rendrait que plus impopulaire auprès de l’opinion française cette Union européenne déjà peu appréciée du pays réel, celui du travail et de la proximité : mais les populations aisées et déracinées des métropoles s’en rendent-elles compte, tout à leur idéologie de la mondialisation obligatoire et de l’Europe sans frontières ? La grande fracture entre le pays réel enraciné et le pays légal mondialisé, déjà béante depuis des décennies, risque de s’élargir encore…

Les agriculteurs français alertent l’opinion publique, mais sont-ils écoutés ? Crise après crise, ils sont de moins en moins nombreux, de plus en plus méconnus ou ignorés par des consommateurs qui s’intéressent plus aux prix qu’aux hommes ou à l’écologie et qui veulent qu’ils soient forcément bas, même si, dans ce cas-là et le plus souvent, la qualité n’est pas au rendez-vous. La société de consommation fonctionne ainsi, c’est sa logique même, et il paraît peu probable qu’il soit possible de changer cela de façon significative. Cela explique d’ailleurs que, après une embellie liée au confinement et à une sorte de moment – éphémère – de grâce (les consommateurs semblant retrouver le sens du « bien-manger » autant sur le plan gustatif que sur celui de la santé), les produits issus de l’agriculture biologique sont désormais à nouveau boudés par le grand public, et particulièrement par les plus jeunes, ce qui n’est guère rassurant (5). De plus, la Grande Distribution ne fait pas grand-chose, à part quelques effets d’annonce, pour privilégier les produits français ou locaux, et il suffit de se promener dans les rayons alimentaires des super- ou hyper-marchés pour le constater de visu. Les promotions, et l’écoute des messages publicitaires le confirment tout autant que la promenade dans les centres commerciaux.

L’argument des partisans du traité Mercosur serait que les avantages marchands seraient plus importants que les inconvénients, et qu’il forcerait notre agriculture à devenir « de plus en plus compétitive » : est-il sûr que cette compétition-là soit de bon aloi ? Car nous parlons bien de ce qui doit remplir nos assiettes (entre autres, la question des bio-carburants et celle des nouveaux matériaux végétaux de construction ne devant pas être négligées), ce qui nous incite à réfléchir aussi à la qualité sanitaire des produits agricoles et pas seulement aux quantités produites et vendables. De plus, le souci environnemental doit aussi intervenir dans les choix politiques et économiques agricoles, ainsi que le maintien des écosystèmes historiques et la possibilité d’un redéploiement rural, à mon sens absolument nécessaire, pour les générations françaises présentes et à venir. Or, comme le soulignent Marine Colli (spécialiste des politiques publiques agricoles) et Franck Laborde (agriculteur et président de l’Association générale des producteurs de maïs) dans un récent article publié par le Journal du Dimanche (6), « le différentiel de compétitivité entre l’agro-industrie exportatrice brésilienne et la ferme France ne se joue pas sur quelques normes qu’il s’agirait d’abaisser, mais bien sur une véritable opposition structurelle de modes de production. (…) Les agriculteurs européens ne souhaitent en aucun cas reproduire, sur leur territoire, ce modèle brésilien qui ignore les enjeux environnementaux et sanitaires. » Ce modèle, effectivement, n’est guère plaisant, comme le rappellent les auteurs de l’article : « (…) ces exploitations du Mato Grosso qui cultivent soja et maïs OGM sur des surfaces pouvant atteindre jusqu’à 500 000 hectares – soit la superficie d’un département français ! – là où, plus tôt, se tenait la savane du Cerrado (…). 77,5 % des substances actives utilisées au Brésil et en Argentine sur maïs sont strictement interdites en France (…). Les élevages de volailles brésiliens sont cinquante fois plus grands que nos élevages français (…). Les animaux y sont dopés avec des antibiotiques utilisés comme accélérateurs de croissance. » Un modèle à ne surtout pas imiter, au moment où les abus du productivisme agricole contemporain montrent leurs terribles conséquences en France avec des sols tellement dégradés que beaucoup ne peuvent plus produire sans l’apport de produits chimiques et que les grands élevages sont régulièrement frappés par des pandémies redoutables qui entraînent l’holocauste de basses-cours et de troupeaux entiers ! Alors que la France sort peu à peu de ce modèle mortifère, il serait tout de même sacrément paradoxal et scandaleux que le traité Mercosur permette aux grosses sociétés agro-industrielles sud-américaines d’écouler leurs productions issues de la destruction des écosystèmes naturels et paysans locaux !

« Face à la menace du Mercosur, c’est bien la survie de nos exploitations et de notre agriculture qui est en jeu » : il faut donc souhaiter que l’Etat français ne cède pas aux pressions « européennes » et libre-échangistes… Mais, Etat faible face aux féodalités financières et économiques, encore affaibli par une situation politique chaotique depuis la dissolution de juin dernier, la République saura-t-elle résister ? La réponse n’est pas certaine…


Jean-Philippe Chauvin





Notes : (1) : Le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay.

(2) : L’Opinion, 23 octobre 2024, sous la plume d’Emmanuelle Ducros.

(3) : Il est possible que d’autres extraits en soient présentés ici au fil de l’actualité des prochaines semaines…

(4) : Proclamation n’est pas forcément raison, ni action…

(5) : La vague Greta Thunberg des années 2018-2019 avait quelque peu atteint une petite frange, très médiatisée, des jeunesses occidentales, et j’en avais vu quelques effets bénéfiques (car il y en a eu !) dans certaines classes de mon lycée versaillais : une plus grande attention portée par les élèves aux questions environnementales (au-delà même de la problématique climatique) ; un certain engagement pour consommer moins et mieux ; une orientation vers une alimentation plus saine, plus naturelle, plus biologique. Tout cela n’a duré qu’un temps très court – une année, tout au plus – et les anciennes habitudes de gaspillage et de malbouffe ont ensuite vite repris le dessus… On peut sincèrement le regretter !

(6) : Le Journal du Dimanche, 3 novembre 2024.


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