En 1908 ils voyaient notre avenir…

« A l’heure actuelle, la France subit une nouvelle crise. Plusieurs la disent pire que toutes celles qui ont éprouvé notre vie chrétienne. La foi semble prête à sombrer. Ayons confiance et instruisons-nous à l’école des crises dont nous avons triomphé ! Un de nos ennemis, un Allemand, a dit : « La France est la nation la plus capable de descendre au plus bas, dans le fond des abîmes, mais c’est aussi la moins capable d’y rester longtemps, la plus capable d’étonner le monde par son incroyable puissance de résurrection » .

En la baptisant, l’évêque Saint Remy, l’apôtre des Francs, lui a promis qu’elle serait chrétienne jusqu’à la fin des temps. La force de son baptême n’est pas épuisée.
dépravationIl est vrai qu’une multitude de philosophes, de savants, de législateurs, d’écrivains, de romanciers, d’historiens de journalistes, de politiciens ont conspiré contre sa foi et créé des générations impies. Il est vrai que les populations, jadis naïves et croyantes des campagnes, sont fortement entamées par l’indifférence et l’irréligion. Il est vrai que l’enfance, victime d’une éducation sans Dieu, se déprave, et sa dépravation s’accuse par un effroyable accroissement de criminalité.

Il est vrai que les familles s’amoindrissent et les foyers se dépeuplent. Il est vrai que la soif de la richesse engendre les calculs abjects et les exploitations inhumaines, dont le peuple souffre et contre lesquels il se révolte. Il est vrai que l’amour du bien-être et la fièvre de la jouissance et du plaisir énervent les âmes et gagnent de proche en proche ces tièdes et lâches catholiques, pour qui le moins possible, dans la pratique du devoir et des vertus chrétiennes, devient une règle de vie. Il est vrai que les mots sacrés de religion et de patrie ne sont plus qu’un vain mot pour beaucoup de Français.

Il est vrai qu’une presse vénale, légère, immonde, impie, répand partout la corruption. Il est vrai que Dieu n’a plus de place à la caserne, à l’hôpital, à l’école, dans nos palais de justice, dans nos rues, sur nos boulevards et nos places publiques, qu’une multitude d’hommes déserte l’Église et la Sainte Table.

Malgré tout cela, nous ne devons pas désespérer : la crise que nous traversons ne sera pas mortelle pour notre patrie. Dieu a fait les nations guérissables. Dieu a envoyé sa divine Mère pour nous guérir.
Notre-dame de France vient d’ajouter un nouveau fleuron à sa couronne royale. Elle était jusqu’ici Reine de France par droit d’héritage et droit de conquête. Elle est devenue, au XIXème siècle, Reine de France par droit d’élection, puisqu’elle a fait de la France le théâtre de ses apparitions. Elle nous a porté les remèdes surnaturels capables de nous guérir.

Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, Reine de France, nous déplorons devant vous les crimes de ce siècle. Nous voulons réparer, par nos hommages, les outrages que vous recevez, vous et votre divin Fils, et implorer vos miséricordieuses bontés, pour les prévaricateurs des lois divines. Notre-Dame de France, priez sans cesse pour nous et daignez continuer à notre pays les éclatants témoignages de votre puissance et de votre miséricorde ».

« Marie, Reine de France; Regnum Galliae, Regnum Mariae« , Abbé Fuzier, Éditions Saint-Gabriel, 2012, pages 232-234. Ouvrage paru initialement en 1908.