De la solution de l’énergie hydraulique

Hydraulique

Depuis quelques années maintenant, la rupture de stock des réserves de pétrole et les intrinsèques dangers de l’énergie nucléaire semblent devenir les problématiques principales des industries énergétiques, remettant en cause l’actuel système consumériste parce qu’exclusivement basé sur l’énergie issue des combustibles fossiles. Ainsi, si quelques aménagements et développements technologiques se basent sur d’autres sources d’énergies (sables bitumineux de l’Athabasca par exemple), l’inéluctable épuisement de ces énergies combustibles exigerait pourtant de véritables changements de paradigmes énergétiques, en se tournant notamment vers les énergies dites « renouvelables » ou « propres ».

Si la quasi-majorité de ces énergies se fondent sur l’ancienne formule latine sol lucet omnibus (Le Soleil éclaire partout), les énergies hydrauliques forment, par leur pluralité et leur potentiel, une solution pertinente au problème énergétique qui s’annonce dans quelques années. On distingue donc, dans la transformation de l’énergie hydraulique en énergie hydroélectrique : les centrales hydroélectriques, les centrales marémotrices (issues des marées), les hydroliennes (issues des courants marins) ainsi que l’exploitation de l’énergie des vagues, l’énergie houlomotrice, encore en développement en France (système Searev).

La France, attirée par l’énergie hydraulique depuis la loi du 16 Octobre 1919 jusqu’aux années 1960, a depuis délaissé ces énergies propres pour leur préférer la dangereuse énergie nucléaire et amorce donc tardivement l’impératif changement paradigmatique : alors qu’en Norvège l’énergie hydroélectrique représente 95.7% (127 Terawattheure) de leur production nationale, au Brésil 84% (391 Terawattheures), la France stagne à une faible moyenne de 10 %, arguant pourtant la présence de plus de 60 000 seuils et barrages identifiés (chiffres Ministère de l’Environnement) mais uniquement 2000 ouvrages (microcentrales pour la plupart) réellement en activité, ce qui explique partiellement l’impossibilité pour la France d’obtenir les 21% d’électricité d’origine renouvelable demandé par la directive « Sources Energies Renouvelables » n°2001/77/CE du 27 Septembre 2001.

Si l’énergie hydroélectrique est limitée par l’inéluctable impact des constructions artificielles sur l’environnement et par les aléas météorologiques, de nombreuses études montrent le potentiel réel de cette énergie en France. Ainsi, l’une des plus complètes, datée de 2006 pour le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie corroborait les conclusions du rapport Pintat de 1975 qui, à la suite du choc pétrolier, avait déterminé les différents potentiels d’exploitation pour l’énergie hydraulique : près de 100TWh/an, soit 50 % de plus qu’aujourd’hui (potentiel de 23,4 TWh supplémentaires selon une étude de 1992).

Pourtant, peu de réelles avancées furent observées dans ce domaine depuis la publication de ce rapport en 2006 : les 6 propositions ne furent pas réellement mises en place car il manquait le moteur essentiel, la volonté politique (ce fut d’ailleurs la 5°proposition de l’étude).
Or, cette volonté politique absente, l’avance considérable qu’avait la France dans le domaine de la Recherche et du Développement sur l’exploitation de l’énergie hydraulique ne put porter ses fruits. L’exemple le plus flagrant à ce niveau reste l’étude de l’énergie hydrothermique, définie par l’Union Européenne comme « l’énergie emmagasinée sous forme de chaleur dans les eaux de surface ». Non seulement l’idée d’utiliser les différences de température marine avait été conçue par le Français Jules Verne dès 1869, mais elle fut également conceptualisée par le physicien français Arsène d’Arsonval une dizaine d’année plus tard et concrétisée par l’ingénieur Georges Claude, fondateur d’Air Liquide, dans les années 1930 dans la baie de Matanza, à Cuba. Mais faute de volonté politique et d’investissements, l’idée fut laissée à d’autres, notamment aux Etats-Unis et au Japon qui ont depuis repris (1963), développé et concrétisé leurs avancées technologiques et scientifiques.

L’exemple n’est pas unique, mais représentatif des lacunes françaises : aujourd’hui, certaines entreprises, pôles de compétitivité ou laboratoires tentent seuls l’aventure de l’énergie hydrolienne par le biais de projets de développement, comme Marenergie en Bretagne par le Pôle de Compétitivité Mer de Bretagne ou HARVEST, par un conglomérat de plusieurs laboratoires français. Exemplaires par les résultats, il ne manquerait plus qu’une véritable volonté politique pour développer ces solutions proposées à l’échelle nationale ou, pourquoi pas, développer d’autres technologies telles que l’exploitation de l’énergie osmotique, actuellement en vogue en Norvège. Selon l’entreprise Statkraft, leader sur l’exploitation de cette énergie, 50% de la production électrique de l’Union Européenne pourrait être osmotique…

La volonté politique est la pierre angulaire des évolutions sociales et énergétiques. Républicaine, cette volonté reste à court terme, centralisatrice et peu attentive aux véritables enjeux énergétiques, se retrouvant donc dans l’énergie nucléaire en délaissant le choix à long terme des énergies «propres». Il faut donc, pour amorcer cet essentiel changement de paradigme énergétique, une vision politique à long terme, décentralisatrice, soucieuse du Bien Commun et attentive aux véritables enjeux sociaux : une volonté royale.

Augustin DEBACKER

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