L’enseignement et l’éthique de nos Rois :

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« Autre chose est ce qu’était le Roi de France sur son trône et ce qu’il était dans l’imagination du peuple ». E. Renan

 

Le linguiste Michel Bréal dans « Quelques mots sur l’Instruction publique en France », écrivait : « Parmi toutes les nations du monde, la France présente le spectacle d’un peuple qui a pris son propre passé en aversion. On dirait une population d’esclaves qui vient de renvoyer ses maîtres et qui ne veut plus se souvenir du temps de sa servitude. […] Je ne crois pas que les luttes de la fin du XVIIIème siècle et la mauvaise littérature du notre suffisent pour expliquer une aussi étrange répulsion. On ne peut haïr à tel point ce qu’on ignore, et la principale raison d’un état d’esprit si peu naturel, c’est que l’imagination du peuple a gardé le souvenir amplifié de crimes et des misères du temps passé, sans qu’on ait pris soin de lui en rappeler les bienfaits et les grandeurs. »

L’objectif de cette vidéo est de rappeler justement les bienfaits et les grandeurs du temps passé. Plus exactement mettre en évidence l’éducation et l’éthique de nos Rois ainsi que leurs relations quotidiennes avec le peuple français au-delà de toute caricature républicaine. On peut dénaturer l’histoire mais en dehors de toute idéologie, restent imperturbables, les faits et c’est eux que nous allons écouter…Commençons avec l’un de nos plus grands Rois : Louis IX ou Saint Louis. Voici ce qu’il écrivait à son fils, le futur Philippe III Le Hardi, dans son Testament :

« Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice. »

En Vème république c’est plutôt l’inverse qui s’observe ! Nous y voyons la continuité du roi des hébreux Salomon, fils de David, dont nos rois, comme Saint Louis, continueront l’enseignement, en Vème république c’est plutôt l’inverse qui s’observe !

Le Jeudi Saint, les Rois Très Chrétiens accomplissaient eux-mêmes le rite du Lavement des Pieds et cela jusqu’à Charles X, tout comme le faisaient et le font les évêques et les prêtres. Ce rite illustre la grande leçon du service fraternel, comme l’accomplissait notre-Seigneur Jésus-Christ la veille de Sa Passion (Evangile selon saint Jean, 13. 1-15). Au XIIIe siècle, le roi Philippe auguste, le vainqueur de Bouvines, se promenait à pied dans les rues de Paris, où chacun l’abordait sans plus de façon. L’histoire a conservé le dialogue qui se serait engagé entre un jongleur et Philippe Auguste. L’histrion sollicite un secours du roi, parce qu’il est, assure-t-il, de sa famille :

« – Comment es-tu mon parent ? demande le roi.

– Je suis votre frère, Seigneur, par Adam, le premier homme ; seulement, son héritage a été mal partagé et je n’en ai pas eu ma part.

– Viens donc demain et je te remettrai ce qui te revient. »

Le lendemain, dans son palais, Philippe Auguste apercevait le jongleur parmi la foule qui y était entrée. Il le fit avancer et, lui tend un denier : « – Voilà la portion que je te dois. Quand j’en aurai donné autant à chacun de nos frères descendus d’Adam, c’est à peine si, de tout mon royaume, il me restera un denier ».

L’anecdote manquerait-elle d’authenticité, la transmission par les contemporains n’en serait pas moins caractéristique. Au XVe siècle, on regardait le roi comme la première personne ecclésiastique. Le peuple se précipitait sur le passage du roi, pour toucher le bas de sa robe comme une relique.

« C’est la vérité, dit Saint-Gelais, en parlant de Louis XII, que, par tous les lieux où le roi passait, les gens, hommes et femmes, s’assemblaient de toutes parts et couraient après lui, trois et quatre lieues, et, quand ils pouvaient atteindre à toucher à sa mule ou à sa robe, ou quelque chose de sien, ils baisaient leurs mains, ils s’en frottaient le visage d’aussi grande dévotion qu’ils eussent fait d’un reliquaire ».

Il nous reste de nombreux procès-verbaux, illustrant les guérisons par Louis XIV et Louis XV, lors des attouchements des scrofuleux : « Le roi te touche, Dieu te guérisse ». En 1664, on lit sous la plume du légat pontifical à Paris le cardinal Chigi : « On voit le roi de France accomplir ce prodige, non seulement dans son royaume, mais dans les Etats étrangers.» Ainsi, quand le roi Jean le Bon – ce qui voulait dire Jean le Brave – demeura prisonnier à Londres, après Poitiers, comme François Ier détenu à Madrid, après Pavie, Anglais et Espagnols s’empressèrent de profiter de la bonne fortune qui mettait parmi eux un personnage dont les mains effaçaient les maladies. Quel beau, quel émouvant témoignage du prestige acquis par la monarchie française dans l’Europe entière !

Dès la fin du XIe siècle, Guibert de Nogent opposa la simplicité et la bonhomie paternelle des rois de France à la hauteur et au faste des souverains étrangers : « Dans les rois de France, dit-il, brille une modestie toute naturelle ». Il cite à leur sujet la parole de l’Ecriture qu’ils font revivre : « Prince, ne t’exhausse pas, mais sois parmi tes sujets comme l’un d’entre eux. » Le palais des premiers Capétiens, était ouvert à tout venant et ne se distinguait d’une demeure bourgeoise, que par les dimensions. L’Anglais Walter Map, y entrait comme les autres et le roi, Louis VII, l’aborde en disant : « A votre prince, il ne manque rien : chevaux de prix, or et argent, étoffes de soie, mets recherchés, il a tout en abondance ; à la Cour de France, nous n’avons que du pain, du vin et de la gaieté ». L’ambassadeur vénitien Michel Suriano s’exprimait ainsi en 1561 : « Les Français ne désirent pas d’autre gouvernement que leur roi. De là vient l’intimité qui règne entre le monarque et ses sujets, qu’il traite tous en compagnons. »

« Cette grande familiarité, note Michele Suriano, rend, il est vrai, les sujets insolents, mais aussi fidèles que dévoués…. » Opinion que confirme Robert Dallington, secrétaire de l’ambassadeur anglais auprès d’Henri IV : « Les rois de France sont affables et familiers – plus qu’il ne convient, écrit le diplomate anglais ; mais c’est la coutume du pays. »p67-68

En 1577, Jérôme Lippomano, autre ministre de la République vénitienne, constate que, «Pendant son dîner presque tout le monde peut s’approcher de lui, et lui parler comme on ferait à un simple particulier». Louis XIV écrivait :

« Il y a des nations où la majesté des rois consiste, pour une grande partie, à ne se point laisser voir, et cela peut avoir ses raisons parmi les esprits accoutumés à la servitude qu’on ne gouverne que par la crainte et la terreur. Ce n’est pas le génie de nos Français, et, d’aussi loin que nos histoires nous peuvent instruire, s’il y a quelque caractère singulier dans cette monarchie, c’est l’accès libre et facile des sujets au prince. C’est une égalité de justice entre lui et eux, qui les tient pour ainsi dire dans une société douce et honnête, nonobstant la différence presque infinie de la naissance, du rang et du pouvoir. »  (Louis XIV, Mémoires et Réflexions (1661-1715))

On entrait dans le palais du roi comme dans un moulin. Les étrangers ne cessent d’en exprimer leur surprise. « J’allai au Louvre, je m’y promenai en toute liberté, et, traversant les divers corps de garde, je parvins enfin à cette porte qui est ouverte dès qu’on y touche, et le plus souvent par le roi lui-même. Il vous suffit d’y gratter et l’on vous introduit aussitôt. Le roi veut que tous ses sujets entrent librement.» (Sébastien Locatelli – Voyage de France, moeurs et coutumes françaises (1664-1665)) p124 et 125

L’historien Frantz Funck Brentano nous fait part également de cette petite anecdote :

« L’un de mes confrères de la presse parisienne se rendit à l’Elysée et demanda au concierge à voir le Président de la République.

– Mais on ne peut voir ainsi M. le Président ! Avez-vous une lettre d’audience ? Que désirez-vous ?

– Je désire voir le Président. Le concierge, bon enfant, proposa au visiteur de l’introduire auprès du secrétaire de l’Elysée. Et il s’en alla annoncer au secrétaire cet inconnu qui, sans aucun autre motif, voulait voir le Président de la république.

– Ce doit être un fou, s’écria le secrétaire ; c’est très dangereux. Dites-lui qu’il m’écrive pour me demander audience. Sous la Monarchie absolue, un chacun pouvait aller voir librement le Roi-Soleil en son palais du Louvre ou en son château de Versailles ; sous notre libre démocratie, j’avais projeté d’aller offrir mes hommages au Président de la République et je ne suis même pas parvenu jusqu’à son secrétaire ! »

En Vème république rien n’a changé. Essayez d’aller voir le président comme jadis on allait voir le Roi à Versailles, et vous verrez comment vous serez accueilli. Néanmoins, cette particularité de la monarchie française consistant à laisser le peuple approcher le Souverain sans contrôle, trahit une réelle confiance établit entre le peuple et le Roi. Une confiance forgée depuis des siècles ! On est loin de l’image caricaturale du peuple français subissant quotidiennement la tyrannie des Rois…

Dans notre ère républicaine, qui n’ont de démocratie que le nom, toute hérissée d’encombrants conformismes, et de multiples règlements derrière quoi le moindre détenteur de la plus minime parcelle d’autorité est heureux d’abriter son insolence ou sa morgue de petit tyran, l’on a peine à concevoir la franche bonhomie, la liberté familière de nos rois. Si un citoyen, victime d’une injustice, s’avisait d’aborder le président à sa promenade ou de le relancer jusque dans ses appartements de l’Elysée pour en demander réparation, il serait saisi par des agents, conduit au commissariat de police et livré aux tribunaux pour lèse-majesté. Nos rois étaient plus accessibles, ce qui faisait dire à Bonald : « Quelle haute idée nos pères ne devaient-ils pas avoir de la royauté puisqu’ils respectèrent des rois qui mouraient au milieu d’eux, dépouillés de tout l’éclat qui les environne aujourd’hui ? ».

L’Anglais Evelyn, qui voyageait en France en 1652, mandait dans son pays : « Les Français sont la seule nation d’Europe qui idolâtre son souverain. » Les ambassadeurs vénitiens notent, en leurs fameuses dépêches : « Les Français respectent tellement leurs souverains qu’ils sacrifieraient pour lui tous leurs biens ». On connaît le vers de Racine : « Pour être aimé sans peine, il suffit d’être roi ». Et le passage de Bossuet : « Un bon citoyen aime son prince comme le bien public, comme le salut de l’Etat, comme l’air qu’il respire, comme la lumière de ses yeux ». Rappelons aussi ce que Louis XV enseignait à son Fils le Dauphin de France, après la victoire de la bataille de Fontenoy en 1745 : « Voyez ce qu’il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes, la vraie gloire est de l’épargner ». Ce même Louis XV jugeant inhumain l’invention d’explosifs,  acheta le silence du joaillier grenoblois Antoine Dupré, en lui versant une pension de 2000 livres. On est loin de Hiroshima et Nagasaki au nom des démocraties et des Droits de l’Homme…

Un Russe, Von Vizine, visita la France en 1778 et dit : « Le dernier des ramoneurs, est transporté de joie quand il voit le roi. » A la veille de la Révolution, sur la route de Paris à Versailles, ce sont des cris de Vive le roi ! Qui commençaient à six heures du matin, se continuaient sans interruption jusqu’au coucher du soleil. Ils se répétaient en tous lieux et sous toutes les formes, se glissant partout. Avec quelle intensité la nation entière ne fit-elle pas éclater son affection lors de la maladie de Louis XV et c’est Voltaire qui dit : « Le danger du roi émut toute la France, les églises furent remplies d’un peuple innombrable qui demandait la guérison de son roi, les larmes aux yeux. »

Et même lorsque nos Rois subissaient la haine et la barbarie de certains de leurs sujets, fanatisés par quelques émeutiers et professionnels de l’agitation, leur comportement face à ces épreuves restait digne. Ce fut le cas de Louis XVI qui écrivait ces paroles sages dans son Testament, alors qu’il savait qu’il allait être exécuté par les révolutionnaires :

« Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en ait donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal. […] Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. »

Son fils en question était le jeune Louis-Charles de France qui aurait dû devenir Louis XVII après son Sacre. Il fut remis entre les mains du révolutionnaire Antoine Simon. Ce dernier prenait un malin plaisir à martyriser et humilier le jeune prince. Un jour, alors qu’il l’humiliait devant ses amis de beuverie, Simon lui demanda : « Que me ferais-tu, Capet, si tes amis te délivraient et si tu devenais Roi de France pour de vrai ? ». Et alors cet enfant qui n’avait même pas 10 ans, imposa le silence et le respect à tout le monde en répondant : « Je vous pardonnerais ». C’était ainsi que ces deux grands Rois martyrs (le jeune âge du second n’excluant pas la grandeur) se vengeaient de leurs bourreaux : par leur invincible Pardon. Bref ! Nous pourrions encore alimenter de nombreux faits montrant cette amitié du Peuple avec nos Rois et nous vous invitons à ouvrir les chroniques perdues dans les archives et quelquefois dans des greniers. Loin des caricatures qui sont encore souvent enseignées dans les écoles, nos Rois n’étaient certes pas parfaits et pour certains, on pourrait, peut-être leur reprocher beaucoup…

Mais il est difficile de ne pas admettre, que ces Rois, si imparfaits furent-ils, ne faisaient qu’un avec le peuple de notre terroir de France ! C’est ce qui fit notre force ! Aucun président, si grand fut-il,  des différentes républiques que notre pays a subi, ne peut en dire autant pour ce qui est de leur relation, distante et inaccessible, avec le peuple de France, juste bon à voter à leurs yeux…

Notre conclusion sera celle que Victor Hugo écrivit lui-même dans sa tragédie Irtamène :

« Quand on hait les tyrans, on doit aimer les rois »

Notre jour viendra !