L’Art et l’urbanisme – 2

Urbanisme et architecture aujourd’hui :

OLYMPUS DIGITAL CAMERATriste constat malheureusement que l’urbanisme d’aujourd’hui. Bien évidemment, serait-il judicieux de faire tout un exposé pour analyser l’urbanisme contemporain, qui et d’ailleurs au même niveau que l’art moderne ou abstrait, à savoir, au service et sous le contrôle du libéralisme économique. A moins d’être aveugle, on peut se demander s’il n’y a pas un problème dans notre paysage à voir toutes ces tours s’élever dans les différentes banlieues des diverses grandes villes qui parsèment notre pays.
Bon sang, mais qu’est ce donc que ces murs géants, dont la froideur n’a d’égale que la tristesse de leurs couleurs grisâtres, quand la base n’est pas parsemées de graffitis en tout genres…
Ces bâtiments sans âmes servant souvent aujourd’hui à « stocker » les uns sur les autres toute l’immigration devenue incontrôlable de notre pays, et c’est dans un tel univers de froideur et de laideur qu’on ose espérer intégrer les étrangers ?? Difficile d’y voir une démonstration de force ou de richesse à travers cet urbanisme.
Pourquoi construire toujours en hauteur ? Pour dominer qui et quoi ? Des tours des cités en passant par les bureaux des grands sièges sociaux des sociétés importantes, c’est toujours cette même froideur du style, toujours ces mêmes bâtiments sans expressions qui s’imposent à notre regard toujours en direction du ciel, comme si le fait de nous imposer à lever la tête pour les regarder nous obligeait à considérer le bâtiment avec grandeur ! Grand dans la taille certes, mais en matière d’urbanisme selon les critères que nous avons exposé au début de ce dossier, ça devient difficile…
Et que dire de ces architectes qui ont conçu ces tours de banlieue, en fonction de deux critères qui leur fut imposé : stocker un maximum de personnes et construire à moindre coût afin d’y mettre des loyers modérés. Ces architectes vivraient-ils eux-mêmes dans ces tours sans âmes qu’ils ont conçu ? Certainement pas ! A l’origine dans les années 50 et 60 l’apparition des ces grandes tours HLM pouvaient se comprendre dans le cadre d’une France d’après guerre. Mais aujourd’hui ? Est-ce vraiment par besoins vitaux qu’on construit encore ce genre de bâtiment ?

Pourtant si le principe même de l’empirisme consiste pour nous autres royalistes à considérer le passé avec raison et non par sentimentalisme ou nostalgie, il devient triste alors de constater aux travers des anciennes constructions qui parsèment notre pays, qu’un niveau élevé de connaissances et un savoir-faire ont bel est bien disparu aujourd’hui.
Comment ne pas s’interroger lorsque l’on va voir par exemple, le célèbre Pont du Gard dans le sud de la France ? Cette architecture est une véritable insulte à lui tout seul à toute la haute technologie que nous maîtrisons à ce jour dans le domaine de la construction. Ce pont qui n’est qu’un simple aqueduc construit par les romains au début du Ier siècle après JC, avait pour objectif d’acheminer les eaux des sources d’Uzès afin d’alimenter la ville de Nîmes. Cet aqueduc a fonctionné pendant plus de cinq siècles, (certains disent jusqu’au IXème siècle !) et c’est l’accumulation du calcaire dans l’aqueduc qui sonnera le glas de son activité. Qui aujourd’hui peut se vanter de construire une architecture capable de fonctionner cinq siècles durant ? Qui est capable de construire une architecture capable de tenir debout 2 000 ans plus tard permettant des rénovations au fil des siècles ? Qui est capable de construire une chose aussi basique qu’un aqueduc sous les traits d’une véritable oeuvre d’art architecturale rendant sa fonction initiale presque secondaire ? Les romains ont su le faire et cette prouesse s’appelle Pont du Gard. Et s’il pousse à l’admiration de part ce qu’il incarne, force est de constater qu’aujourd’hui, à défaut d’alimenter une ville en eau, c’est plus le tourisme local qu’il alimente avec ces 1 400 000 visiteurs recensés en 2011 ! 1 400 000 visiteurs venus voir un morceau d’aqueduc inactif resté debout depuis 2000 ans. Cela peut paraître paradoxal, et très certainement cela aurait fait rire les romains pour qui ce genre de construction était assez classique pour ne pas dire banal quand on songe à toutes les constructions gréco-romaines de l’Antiquité, s’étalant sur une bonne partie de l’Europe. Qu’aujourd’hui des gens viennent admirer de simples ruines datant souvent de cette époque, alors que ce ne sont que des ruines peut paraître assez cocasse ! Car même ces ruines ont un certain charme, et une certaine élégance dans le décor ou elles apparaissent. Ça en dit très long sur ce que cela devait être à l’époque ou toutes ces architectures étaient neuves.

Et c’est malheureusement ce triste constat qui apparaît sous nos yeux. Nos ancêtres, et pas seulement en France, avaient des connaissances et une maîtrise en architecture que nous n’avons plus du tout aujourd’hui.
Qui serait capable aujourd’hui de construire l’équivalent de la très énigmatique pyramide de Kheops par exemple ? Cette pyramide a elle toute seule est un véritable casse-tête pour les architectes surtout quand on songe aux outils présumés de l’époque qui furent utilisés pour sa construction.
Plus proche de nous, une architecture qui fait partie de notre paysage à la fois culturelle et religieux, suscitant également admiration et grandeur, il s’agit bien évidemment des Cathédrales ! Qu’elles soient de style Roman, Gothique ou Classique, datant souvent du XIIème et XIIIème siècle pour la plupart, elles sont aujourd’hui la meilleure preuve d’une pensée, d’une transcendance et d’une maîtrise venues du fin fond des âges nommés « Moyen-Âge » détruisant aujourd’hui tous sentiments de supériorités que l’arrogance des ignorants peut susciter à l’égard de cette période.
Ces véritables vaisseaux de pierres à la foi spirituels et énergétiques construits dans leur majorité par des ouvriers spécialisés : les Compagnons ou membres des corporations. Ces fameux Compagnons étaient répartis en trois confréries : les Enfants du père Soubise, les Enfants de Maître Jacques et les Enfants de Salomon. Pour se donner une idée de l’état d’esprit qui régnait au sein de ces confréries, un conte, court à leur sujet :
Trois hommes travaillaient sur un chantier.
Un passant demanda :
– Que faites-vous ?
– Je gagne mon pain, dit le premier.
– Je fais mon métier, dit le second.
– Je fais une cathédrale, dit le troisième.
Celui-là était un Compagnon.

Aujourd’hui après avoir traversé l’histoire de France non sans difficultés, leurs seuls héritiers sont les Compagnons du Devoirs du Tour de France.

Les Cathédrales, se devaient d’être la Jérusalem céleste incarnée dans la pierre et la lumière teintée des vitraux éclairant l’intérieur de couleurs que seuls les alchimistes avaient le secret. Rien n’était fait au hasard dans la construction de celles-ci. Que ce soit leur lieu de construction, leur orientation (en direction de Jérusalem), tout a une signification, extérieure ou intérieure, les critères varient entre symbolique chrétienne et ésotérique, quand ce n’est pas les critères architecturaux qui imposent naturellement une conception visant à traverser les siècles.
« Mais quelle science devait donc être celle de ces hommes, concepteurs et constructeurs, pour parvenir à réaliser, à cette échelle, de tels instruments d’action ?
On conçoit bien que la pierre « si tendue qu’on pourrait la faire sonner avec l’ongle », selon l’expression de Claudel, est la réplique du dolmen et de son utilisation des courants telluriques.
Comme dans le dolmen, l’édifice a contact d’eau avec son puit qui existe, originellement, au niveau du choeur de chaque cathédrale.
Mais la cathédrale va plus loin. Elle s’élève dans l’air. Elle plonge – et on la fait très haute pour cela – dans les courants aériens, dans les pluies du ciel, dans les orages de l’atmosphère, dans les grands courants cosmiques.
Elle recueille la lumière, et l’absorbe, et la transforme…
De terre, d’eau, d’air et de feu !
Quel athanor a jamais été plus complet pour réaliser la plus belle des alchimies humaines ?
Car il s’agit bien d’alchimie. Il s’agit bien de transmutation, non de métal, mais d’homme. D’homme que l’on veut conduire vers un stade supérieur d’humanité.
Mais, pour qu’il soit efficace, il fallait que « l’instrument » fût adapté à la Terre, au Ciel et à l’homme. » (5)

Conclusion :

Loin de nous l’idée d’interdire l’art abstrait ou moderne. Chacun a le droit de pratiquer l’art qu’il veut. Pour ce qui est de ce domaine, il ne faut pas oublier que l’Art définie souvent la grandeur de la civilisation qui l’a engendré. De ce fait il est normal qu’un royaume tel que nous le concevons, puisse exiger certain critère afin de définir ce qui représentera la civilisation française d’aujourd’hui et de demain. Rien n’interdira certain « artistes » à faire faire des tableaux par des singes ou des pingouins, mais cet art là ne rayonnera pas au delà de sa catégorie. Nous sommes pour une forme de hiérarchisation de l’Art, ne pas mettre dans le même panier par exemple les peintures de la Chapelle Sixtine avec les tableaux du singe Congo ! Mais surtout, il faut coûte que coûte que l’art quel qu’il soit, soit libéré des petites mafias financières, qui y voit une manière facile et malheureusement légale de brasser beaucoup d’argent.
L’urbanisme qui représentera le futur royaume de France, sera celui qui aura pour critère la durée dans le temps, les proportions avec le fameux nombre d’or, ainsi que toute une symbolique bien défini. Il faudra aussi encourager et mettre en évidence les Compagnons du Tour de France.
Bref l’art et l’urbanisme ne retrouveront leur sens véritablement antique que lorsqu’ils seront libérés du joug du libéralisme économique qui est actuellement le moteur des républiques occidentales.

PP. Blancher

(1) P.D. Ouspensky, ln Search of the Miraculous, 1950, p. 27 (publié en français sous le titre : Fragments d’un enseignement inconnu).
(2) Mes idées politiques de Charles Maurras
(3) Une réplique de cet urinoir fut vendue aux enchères à 1,677 millions d’Euros en 1999 à un riche Grec
(4) Pablo Picasso, lettre à Giovanni Papini, publiée en 1952. Citée in « Découvertes » n°90, 1972, éditorial « Picasso peint par lui-même. » Citée in « Cahiers de Chiré » n°4, 1989, p.354
(5) Les mystères de la Cathédrale de Chartres de Luis Charpentier aux éditions Robert Laffont – 1966 – Chap : Un étonnant savoir. p57 et 58

« Visitant la ville d’Eu, le poète imagine sa déclaration « aux voyageurs qui la contemplent du haut de la colline :
« Voyez ; je suis vieille, mais je suis belle ; mes enfants pieux ont brodé sur ma robe des tours, des clochers, des pignons dentelés et des beffrois. Je suis une bonne mère ; j’enseigne le travail et tous les arts de la paix. Je nourris mes enfants dans mes bras. Puis, leur tâche faite, ils vont, les uns après les autres, dormir à mes pieds, sous cette herbe où paissent les moutons. Ils passent ; mais je reste pour garder leur souvenir.
Je suis leur mémoire. C’est pourquoi ils me doivent tout, car l’homme n’est l’homme que parce qu’il se souvient. Mon manteau a été déchiré et mon sein percé dans les guerres. J’ai reçu des blessures qu’on disait mortelles. Mais j’ai vécu parce que j’ai espéré. Apprenez de moi cette sainte espérance qui sauve la patrie. Pensez en moi pour penser au-delà de vous-mêmes. Regardez cette fontaine, cet hôpital, ce marché que les pères ont légués à leurs fils.
Travaillez pour vos enfants comme vos aïeux ont travaillé pour vous. Chacune de mes pierres vous apporte un bienfait et vous enseigne un devoir. Voyez ma cathédrale, voyez ma maison commune, voyez mon Hôtel-dieu et vénérez le passé. Mais songez à l’avenir. Vos fils sauront quels joyaux vous aurez enchâssés à votre tour dans ma robe de pierre. » (…)

Anatole France

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