Il n’y a pas de Louis XX ni de Henri VII ! :

Louis XX, Henri VII, voilà des noms loin d’être inconnus dans les milieux royalistes. Des noms suscitant souvent un esprit de fan club pour les uns, et les autres préférant œuvrer activement au service de celui qu’il leur semble devoir être Roi un jour ! Malheureusement, depuis deux siècles, plus exactement depuis la révolution de 1789, les chiffres attribués à nos Rois, ou aux prétendants, sont totalement erronés ! Regardons plus en détail :

Prenons cet exemple : combien de Louis séparent Louis XIV de Louis XV ? Il y en a deux ! Deux générations séparent Louis XIV de Louis XV. Louis XIV étant l’arrière-grand-père de Louis XV, vu la longévité de son règne. Il y a eu entre ces deux Rois Louis de France « Grand Dauphin » (1661-1711) et Louis de France (1682-1712). Tous deux n’ayant pu régner. Mais force est de constater que Louis XV qui fut sacré à Reims, fut attribué du chiffre XV dès son Sacre et non du chiffre XVII car les deux générations de Louis avant lui n’ont pas régné. Les Rois en France n’obtiennent leur titre de Roi que de par le Sacre de Reims, donc de Dieu. Le chiffre désigne le nombre de Rois sacrés avec le même prénom et non le nombre de générations successives ayant eu le même prénom. Ça a toujours été ainsi depuis Clovis. Et Jeanne d’Arc elle-même l’avait rappelé en son temps. Rappelons cet épisode à Chinon, ou Regnault de Chartres qui entendit Jeanne appeler Charles VII « gentil Dauphin », lui demanda pourquoi elle l’appelait ainsi et non par son titre de Roi. Elle fit cette magnifique réponse, qui est une splendide leçon de théologie politique : « Je ne lui donnerai le titre de roi qu’après qu’il aura été sacré et couronné à Reims où j’ai mission de le conduire ».  Voilà une mise au clair que bien des royalistes ont oublié à ce jour. C’est donc tout autant erroné de poursuivre cette fausse numérotation avec les prétendants d’aujourd’hui, en les considérant de facto comme Rois seulement de par leur naissance, comme certains aiment à le rappeler assurément !

N’oublions pas que c’est après l’assassinat de Louis XVI que l’erreur de la transmission systématique du chiffre d’une génération à l’autre s’est faite. Les vendéens arboraient sur leurs drapeaux blancs un « Vive Louis XVII ». On peut comprendre que ce fut dans la logique populaire de l’époque de considérer le successeur d’un Roi défunt, comme étant automatiquement Roi, avec son numéro effectif, car le Sacre était pour le peuple de France, un rite inéluctable dans la tradition de la monarchie française. Or Louis-Charles de France, le fils de Louis XVI et héritier légitime de la couronne de France, n’a pas été sacré à Reims. Ce qui peut se comprendre vu les circonstances de l’époque et la courte vie du jeune dauphin décédé officiellement à l’âge de 10 ans dans la prison du Temple. En conséquence, comme ce fut toujours le cas dans l’attribution du chiffre royal et comme l’a si bien rappelé Jeanne d’Arc, on ne peut considérer officiellement l’existence d’un Louis XVII, car seul le sacre officialise à la foi le titre de Roi mais également le chiffre attribué en fonction de son prénom ! Il en va de même pour celui que l’on nomme Louis XVIII, qui a certes, régné sur la France, mais qui lui non plus n’a jamais été sacré Roi à Reims !

Alors que paradoxalement, certaines prophéties parlant d’un retour futur du Roi Henri V de la Croix descendant direct de Louis XVI et Marie-Antoinette, s’avèrent être assez justes pour ce qui est du chiffre attribué à ce Roi futur. Car le dernier Roi se nommant Henri à avoir été sacré fut Henri IV !

Pour conclure, tout ceci peut paraître du détail insignifiant, et comme les mauvaises habitudes vont souvent bon train, on entendra certainement encore longtemps parler de « Louis XX » et de « Henri VII ». Mais comment se dire Royaliste et défenseurs des traditions si on ne sait même pas respecter les codes même de la Tradition royale du Sacre ? A ce jour, que cela plaise ou non, il n’y a pas de Louis XX pas plus que de Henri VII, mais seulement des prétendants au Trône de France, et un pays qui s’écroule un peu plus chaque jour….

P-P Blancher