Chroniques de la monarchie populaire – 1

Nous ne sommes pas la afin d’idéaliser une époque qui comportait ses scandales et notre ami Marion Sigaut à travers ses dénonciations de l’hopital général et des jansénistes a sortis des archives les vérités lumineuses éteignant celles des « lumières »… On peut toujours donner une interprétation tendancieuse aux évènements historiques mais il reste les faits, les documents d’archive, les édits, les actes notariés, les dossiers des jurandes et droits coutumiers, les guildes et libertés régionales à découvrir dans les greniers, mairies ou églises, comme dormant quelquefois chez des particuliers… Ces faits représentent l’honneur de la mémoire du passé comme du respect de nos anciens, qui de la haut n’apprécient pas que l’on dénature leur histoire…
Nous allons tenter d’apporter quelques lumières sur la vie de nos ancêtres qui, et vous le comprendrez aisément en écoutant, n’est pas enseigné dans nos écoles, la ripoublique n’y survivrait pas !

La révolution communale, l’humanisme et le caractère populaire des rois de France

La conquête des libertés est le fruit des combats, mais cela ne saurait suffire. Pour le comprendre, relisons notre histoire. Au Moyen-âge, nos ancêtres obtinrent avec l’appui du roi, l’affranchissement de leur commune. Ainsi l’on vit, l’élévation du peuple et l’abaissement des mauvais seigneurs. La féodalité fut une nécessité, après la dissolution de l’empire de Charlemagne et l’arrivée des invasions. Elle permit la protection des faibles en échange de services. Elle eut ses heures de gloire, à la fois bienfaitrice et populaire mais vint le temps où l’unité du royaume assura une plus grande sureté. Un sentiment d’oppression naquit lorsque les services donnés aux seigneurs continuaient, alors qu’en retour leurs protections devenaient inutiles. C’est ainsi que naquit le mouvement des communes. Ces communes eurent des libertés très étendues et constituaient de véritables petits états. Celles-ci bénéficiaient de droits et privilèges qui feraient pâlir nos maires d’aujourd’hui…

Ecoutons Guizot, imaginant la venue d’un bourgeois du XIIe ou du XIIIe siècle, dans une de nos villes actuelles : «Il s’enquiert, dit-il, de ce qui s’y passe, de la manière dont elle est gouvernée, du sort des habitants. On lui dit qu’il y a, hors des murs un pouvoir qui les taxe comme il lui plaît sans leur consentement, qui convoque leur milice et l’envoie à la guerre, aussi sans leur aveu. On lui parle des magistrats, du maire, et il apprend avec étonnement qu’ils ne sont pas nommés par les bourgeois de la ville. Il apprend que les affaires de la commune ne se défendent pas dans la commune, qu’un fonctionnaire les administre de loin. On lui dit que les habitants n’ont pas le droit de s’assembler, de délibérer en commun sur tout ce qui les touche. Le bourgeois du XIIe siècle, habitué à toutes ces franchises, reste confondu. Mais la scène change. Un Français du XIXe siècle pénètre dans une ville du Moyen-âge. Il se trouve dans une espèce de place forte, défendue par les bourgeois armés ; ces bourgeois se taxent eux-mêmes, élisent leurs magistrats, jugent, punissent, s’assemblent pour délibérer sur leurs affaires. Tous viennent à ces assemblées. Ils font la guerre pour leur compte contre leurs seigneurs ; ils ont une milice ; en un mot, ils se gouvernent eux-mêmes, ils sont souverains. Le Français du XIXe siècle n’en peut croire ses yeux » (Histoire de France).

Le rapprochement est intéressant, surtout face à l’argumentation habituelle de bon nombre d’ignorants, qualifiant la Monarchie de régime vieillots et dépassé. On comprend mieux maintenant l’intérêt du système à mentir sur notre histoire, semblant être écrite par nos ennemis, disait l’historien Pirenne. Réfléchissons un peu, si chaque ville possédait ses droits et privilèges (droits privés), cela veut dire qu’un citoyen d’une ville (habitant le bourg ou bourgeois) avait des avantages différents d’un autre citoyen d’une autre ville et ainsi de suite. On vivait dans un enchevêtrement de droits donc de libertés. Les nobles n’étaient pas les seuls à posséder des privilèges, souvent lourdement annexés de devoirs, mais tout le monde en était doté… Je parlerai plus tard des droits professionnels qui garantissaient aussi des avantages de métiers. L’école ne nous a pas apprit cela et pour cause. Ecoutons un autre historien parlant des communes, Augustin Thierry : « Au dehors, c’étaient des forteresses, au-dedans, c’étaient des fraternités ; c’étaient comme disait le langage du temps, des lieux d’amitié, d’indépendance et de paix : Libertas, amitia et pax. L’énergie de ces noms authentiques suffit pour donner une idée de l’association communale, égale pour Nous , consentie par tous, qui formait l’état politique de ces hommes de libertés. »

Les livres d’histoire n’en souffle mot. Le Moyen-âge doit rester une période obscure aux yeux de l’honnête citoyen électeur formaté. L’historienne Régine Pernoud avait déjà bien ébranlé ce mythe. « Avez-vous un texte » se serait exclamé Fustel de Coulanges, le grand historien face aux propagandistes et falsificateurs jacobins nous parlant : d’esclavage ? de soumission ? d’abaissement au rang de bête de nos ancêtres. La République a répandu de multiples légendes pour mieux assoir son pouvoir et berner ainsi les Français. Tout le monde se souvient d’avoir entendu par l’historiographie officielle : « Au temps où nos pères battaient les étangs, la nuit tombée, pour faire taire les grenouilles pendant que nos seigneurs dormaient…», quelle tristesse. Que répondent les textes, lisons Augustin Thierry : « Vers le XIe siècle, les classes populaires avaient déjà conquis leurs libertés et en jouissaient pleinement. Il y a des ordonnances royales qui dépassent, sur certains points, les garanties modernes de la monarchie constitutionnelle. Il n’y a point, chez nous, des droits de fraîche date, notre génération doit tous les siens au courage des générations qui l’ont précédée. »

L’Ancienne France était régie par la coutume. On prend des habitudes qui se transmettent en devenant des lois. Quelle merveille, quoi de plus simple et de plus naturel en comparaison aux absurdités émises par nos chers élus et dont le peuple digère de plus en plus mal les fantaisies. On constate en étudiant dans les archives du passé (avant 1789), combien nos pères vivaient de droits réels et combien nous vivons bien malheureusement aujourd’hui. Ecoutons Thibaudeau, conventionnel pendant la Révolution : « Depuis le plus petit village, jusqu’à la capitale, tous les habitants de quelque état et condition qu’ils fussent participaient à l’exercice des droits politiques. Ils avaient le droit de concourir directement à la rédaction des cahiers, c’est-à-dire d’exposer leurs vues et leurs opinions sur toutes les affaires de l’Etat. Ils concouraient indirectement à l’élection des représentants de la nation : c’était le suffrage universel libre à plusieurs degrés. On était électeur, éligible, sans aucune condition de propriété, de cens de capacité. »

Quelle force représente l’histoire et quel outil aussi pour comprendre notre monde d’aujourd’hui. La royauté fut « l’auxiliaire des libertés privées et communales » disait M.A.Villard dans son « Histoire du Prolétariat ». Continuons par quelques faits historiques qui valent à eux seuls bien des discours d’historiens, drainés dans « La Monarchie et les ouvriers » de Paul Daizac : « En 1125, Louis-le-Gros affranchit les habitants de Marcaux, près de Paris, en 1174, une charte de commune et de fédération est accordée à 16 villages par Louis-le-Jeune. Suger affranchit de même les serfs de Saint Denis. La même faveur est accordée en 1180 par Louis-le-Jeune encore aux habitants d’Orléans et de sa banlieue. De plus, il fonde des « Villes-Neuves » ».

Le chroniqueur Don Bouquet disait que cela « fit grand tort aux monastères et aux seigneurs des environs, dont les serfs venaient s’y réfugier, en vue des immunités et de la franchise qu’ils y trouvaient. »

En 1183 et 1222, Philippe Auguste donne aussi des chartes d’affranchissement, le frère de Saint Louis, le comte de Toulouse, affranchit tous les serfs du Languedoc. Saint Louis, Philippe le Bel et tant d’autres… Louis-le-Hutin en 1315, publie son ordonnance donnant la liberté à tous les serfs du royaume. Le père des communes fut tout de même Louis VI le-Gros : « abattit les barons brigands, il transforma les bons barons en prévôts qui protégeaient sérieusement le petit peuple de France, paysans et artisans, et il donna aux bourgeois des libertés sérieuses et étendues, mais précises et réglées. Ce fut la besogne indispensable : elle rendit possible les gloires séculaires » cité par F.Amouretti « Réponse à l’Enquête sur la Monarchie ». Lorsque nous lisons cela, on a comme une impression de malaise. Découvrir des choses que l’on nous a sciemment cachées. L’idée qu’il en est peut être de toute l’information, peut être plus encore ?
La ferme résolution, que l’on ne nous y reprendra plus, la volonté de se réveiller et de lutter pour ce qui mérite d’être défendu…

Le mouvement des Communes
Une époque de développement comme le dit Raymond Delatouche :« Le développement se poursuit dans une atmosphère d’unanimité, de paix, œuvre de la justice, alors que les développements antiques et le nôtre se sont opérés dans « la sueur, le sang et les larmes »…Bien entendu, il y a eu des tensions, ça et là des soulèvements populaires, suscités par des malheurs collectifs, des tyrannies locales. Rien qui évoque la lutte des classes, ces luttes sociales inexpiables, si caractéristiques du XIXe siècle…Qui est familier des actes de la pratique médiévale est frappé par l’usage constant du compromis, agent privilégié de l’évolution coutumière. Chaque partie expose ses prétentions, en termes nets ne laissant place à aucune échappatoire. Puis sur le conseil des boni homines, « pour le bien de la paix », elles transigent…Le respect du droit de l’une assure la situation de l’autre. Ce ne sont pas possédants et prolétaires qui s’affrontent, mais des copropriétaires aménageant leur commune administration. Le travailleur n’est pas aliéné, privé du bénéfice de l’investissement, exclu des décisions économiques et sociales. A mesure que se valorise le bien-fonds, la terre, il en devient « propriétaire », dans la mesure où cette valorisation est le fruit de son travail…Ce ne sont pas deux classes se disputant le même bien, mais deux parties liées par leur propre bien…» (R.Delatouche) Au « moyen-âge », la publicité était interdite parce que le plus important était la notion de juste prix, nos sociétés modernes ont faites un autre choix, celui de payer la publicité en plus du produit…

A suivre…

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