Kadou

Le royalisme doit sortir de la spirale du déclin :

Dans les années 1920-1930, l’Action Française organisait des rassemblements qui pouvaient réunir plusieurs dizaines de milliers de royalistes, comme au Mont des Alouettes, en Vendée (en 1926), ou à Lyon, ou encore en Provence. Après-guerre et jusqu’aux années 1980, les réunions et les banquets monarchistes, de l’AF traditionnelle à la Nouvelle Action Royaliste, en passant par l’Union Royaliste Provençale ou l’Union Royaliste de Bretagne et Vendée Militaire, pouvaient encore déplacer et retenir plusieurs milliers de partisans de la Monarchie autour d’orateurs parfois fort convaincants. Qu’on le regrette ou non, cette période est désormais révolue et les « masses » ne sont plus au rendez-vous quand les différentes associations monarchistes décident de se montrer au grand jour dans les salles parisiennes ou aux Baux de Provence…

Bien sûr, l’on nous objectera que la politique se fait aujourd’hui sur les réseaux sociaux et au fond des urnes, et que les (petits) cercles de réflexion sont plus efficaces que les grands mouvements sans colonne vertébrale : peut-être, mais devons-nous nous satisfaire de ce qui ressemble plus à une excuse qu’à une véritable analyse stratégique ? Personnellement, je ne le pense pas, et je n’y crois pas, tout simplement.

La vision, ces derniers jours, des grandes réunions des candidats à la présidentielle, en particulier à Lyon, me laisse songeur : la ferveur des auditeurs, la visibilité médiatique, le poids politique que cela confirme ou révèle au bénéfice de tel ou tel candidat, sont autant d’éléments qui, a contrario, semblent marginaliser un peu plus les monarchistes, condamnés à suivre de loin la campagne électorale sans pouvoir (sans vouloir, pour certains ?) peser d’une influence quelconque sur telle ou telle partie de l’opinion publique, et parfois fascinés par ce qu’ils disent, en public, rejeter… D’ailleurs, ne reconnaît-on pas, au fil des images diffusées par les grands médias, des têtes jadis croisées dans les instances royalistes ? Le traditionnel argument de « l’efficacité en politique », mille fois entendu depuis que je suis rentré en royalisme, n’est pas inaudible mais il me semble fort controuvé, en définitive, et ne sert pas, ou plus, la cause monarchique qui s’est bien affaiblie aussi par ce transfert continu de nombre de ses propres partisans vers des partis républicains « assimilateurs »…

Doit-on se contenter de ce constat et tomber dans un fatalisme qui nous ferait abandonner tout sens politique et toute volonté royaliste ? Non, bien sûr, et même bien au contraire !

« Faire de la force » : ce mot d’ordre de Maurras au début de l’Action Française reste d’actualité, et plus encore aujourd’hui que les royalistes sont faibles, au moins numériquement. S’il faut bien se contenter d’un nombre restreint de militants en ces années de « vaches maigres », il paraît néanmoins nécessaire de renouer avec une stratégie de conquête des esprits comme des cœurs, et celle-ci passe forcément par une mobilisation autour de thèmes porteurs pour le royalisme, à la fois traditionnels et contemporains, avec la valorisation motivée des grands axes qui fondent la définition du royalisme historique et politique.

Oui, il faut travailler à faire un royalisme qui pèse, et ce poids en politique passe aussi, qu’on le veuille ou non, par un nombre qui ne soit pas seulement « symbolique » (sic !) et insignifiant. Ce n’est certes pas une tâche facile mais il me semble que le but à atteindre vaut bien quelques (et un peu plus) efforts, et que les mouvements qui se réclament de l’idéal monarchique, dans leur variété et leurs particularités, peuvent et doivent assumer leur rôle politique qui est de préparer le recours à la Monarchie pour la France.

Quand certains parlent de Sixième République, il nous faut en appeler à une Nouvelle Monarchie : celle-ci ne naîtra pas ex nihilo, et elle ne pourra être et s’affirmer politiquement et institutionnellement que si une part importante de nos concitoyens en acceptent le pari et sa réalisation dans les faits.

Jean-Philippe Chauvin

Commencer par soi :

Oui, pour reprendre le dessus en un monde qui dérive, il s’agit de changer de vie. Avec tout ce que cela comporte, et bien sûr l’on ne changera pas de vie sans avoir changé de pensée, sans avoir réformé ou recommencé son éducation si elle était trop complaisante envers le matérialisme idéologique du siècle (car au XXè siècle le matérialisme est devenu idéologie, mythe et religion, que ce soit l’idéologie matérialiste de l’Amérique ou celle, issue d’une origine analogue mais poussée jusqu’à son terme logique, de la Russie soviétique) ; on ne change pas de vie sans projeter et entreprendre par le fait même une révolution politique, économique, sociale, parce que l’organisation économique et politique de notre société constitue le plus grand obstacle actuel à une vie chrétienne. Mais, à un tel projet, à une telle pensée, ce qui manque aujourd’hui ce sont moins des hommes qui les professent que des hommes qui les vivent.

En d’autres termes, la question qu’à chacun de nous pose le monde contemporain n’est pas ou n’est plus simplement : « De quoi es-tu partisan ? » mais : « Qu’es-tu ? Qu’es-tu en réalité, dans le secret de ton cœur comme dans tes actes, que désires-tu être, qu’as-tu décidé d’être, que veux-tu être ?» Tua res agitur : réalise d’abord en toi les vérités que tu prétends servir.

Il s’agira un jour de rénover la société et de réformer les mœurs des autres. […] Mais à l‘heure actuelle, la petite élite capable d’entraîner les autres en leur construisant un cadre de vie où la vertu soit relativement facilitée au lieu d’être mise pratiquement hors la loi, cette petite élite doit d’abord faire la preuve qu’elle existe. Tout le monde parle de changer le régime politique et social, mais chacun attend que ce soient les autres qui le changent effectivement, parce que chacun sent bien à quelle exigence pratique il se heurte : pour la mise en œuvre du christianisme dans l’organisation temporelle, il faut des hommes qui aient commencé par le mettre en œuvre en eux. Et ces hommes seront les Chevaliers du XXè siècle.

Pour montrer que le christianisme intégral peut encore être vécu aujourd’hui par un homme moderne, il faut des hommes qui commencent par le vivre. La possibilité du mouvement se prouve  en marchant ; la possibilité d’une vie chrétienne malgré l’effroyable désordre du monde présent se prouve par la réalité de certaines vies chrétiennes. On suivra non point les chefs qui proposeront le but, mais ceux qui auront déjà commencé à le réaliser en eux-mêmes. Et c’est peut-être pour cela que dans notre société croulante l’on ne suit durablement personne. Ou bien il y a trop de tireurs de plans chrétiens et pas assez de chrétiens ; ou bien le dégoût (justifié) des chrétiens les fait renoncer (à tort) à tenter d’agir sur ce monde.

Il serait beaucoup plus facile de suivre un mouvement d’«action» plus ou moins catholique comme on s’enrôle dans un parti politique, beaucoup plus facile de travailler (mais en vain finalement) à réformer les autres que de se réformer soi-même. Mais voilà : la question est de savoir s’il y a encore assez de Français qui se soient réformés eux-mêmes pour qu’ils puissent en quelque sorte servir de garants devant Dieu pour les autres, la question est de savoir s’ il y a encore assez de français par qui passe la Grâce et qui puissent confirmer et sanctifier l’œuvre commune, et bénir l’apport tout extérieur de mains impures et de cœurs médiocres, et même la pierre qu’apporte le Diable. Nous voulons bien tous, avec nos cœurs restés médiocres et nos mains impures, que le christianisme agisse sur nous comme le sel de la terre et le levain dans la pâte, mais nous laissons à d’autres le soin d’être ce levain et ce sel de la terre, nous laissons à d’autres le soin d’être le support et l’incarnation de la grâce de Dieu, sans nous rendre compte que ces autres n’existent peut-être pas, que leur place est vide souvent, – et que l’on attend des hommes pour aller occuper cette place vide.

Il ne s’agit plus de prêcher, il s’agit de faire : et l’action intégrale est celle qu’aide, que féconde, et d’abord que suscite la Grâce. Croyons-nous en la Grâce, oui ou non ? Est-ce la foi qui nous manque, ou le cœur qui nous fait défaut ? Il ne nous appartient plus, à l’heure actuelle, de renouveler l’indispensable consécration au Christ de la France, les puissants de l’heure accepteraient tout plutôt que cela, – mais les puissants de ce monde, et qui ne sont que de ce monde, n’ont jamais le dernier mot. Pour le moment, nous n’avons plus que nous-mêmes à consacrer au Christ et, en face du monde moderne, il nous faut retrouver la décision farouche des premiers chrétiens en face de l‘Empire romain décadent, apôtres devenus «militants» et plus tard devenant peu à peu des soldats : c’est toujours miles, ce vieux mot latin était le seul qui servit à désigner ce que l’on nomma plus tard le Chevalier.

Le monde moderne manque de prêtres, comme il manque de chrétiens, comme il manque d’hommes. Et l’on prie dans les églises pour que Dieu nous donne des prêtres, pour que Dieu nous donne « beaucoup de saints prêtres ». Mais croit-on que Dieu ait abandonné son Eglise et qu’il suscite aujourd’hui moins de vocations qu’il n’en suscitait autrefois ?

La vérité, c’est qu’il y en a parmi nous qui n’ont pas répondu à leur vocation, qui ont entendu l’appel en eux, et qui ont voulu en être quittes en se contentant d’aller dans les églises répéter la prière : «Mon Dieu, donnes-nous des prêtres,  mon Dieu, donnes-nous beaucoup de saints prêtres.» Ils ont prié pour que d’autres soient prêtres et ils sont retournés à leurs jeux et à leurs soucis.

Nous demandons une Chevalerie. Nous prions pour qu’il y ait des saints. Nous ne dépassons pas le stade du désir et du vœu, et la prière, indispensable certes, devient une fuite et une démission. Nous laissons aux autres, avec nos bénédictions et nos bonnes pensées, le labeur réel. Nous courons allègrement le risque que Dieu nous dise un jour : « Les autres n’existaient pas : c’est toi que j’attendais.»

Ah ! comprenons que ce qui compte et ce qui comptera, ce n’est pas ce que nous savons et ce que nous disons, – on n’agit pas sur le monde actuel de la même manière que l’on passe un examen, – ce qui compte et comptera, c’est ce que nous sommes et ce que nous ferons. La grâce de Dieu et la réussite humaine ne sont pas données au savoir, mais à l’être ; ni à la parole, mais à la force. La Chevalerie médiévale fut une force mesurée par une vie intérieure.

Il ne s’agit pas de crier haro sur le savoir et sur la parole, mais simplement de faire ce que nous savons être vrai et ce que nous disons être nécessaire. Il s’agit, instance, de commencer par changer de vie.

Il y a des obstacles qu’il est impossible de tourner, il y a des difficultés avec lesquelles on ne ruse pas, et c’est en face d’obstacles de ce genre que nous nous trouvons présentement. La création ex nihilo, la création bien étiquetée et codifiée, à partir de l’état présent de la société, c’est-à-dire effectivement à partir de moins que rien, d’une nouvelle Chevalerie, en commençant par un siège social et des bulletins d’adhésion, n’est en réalité que l’expression d’une volonté et d’une habitude de truquage, de marchandage, d’arrangement en sous-main : substituer une création artificielle et aisée à une création vivante et difficile.

Pourtant, l’éducation sportive, qui a été largement répandue, aurait dû nous habituer à mesurer de l’œil ce genre d’obstacles bruts avec lesquels aucune conversation n’est possible, qui ne se laissent pas circonvenir et qu’il n’est qu’un moyen  de surmonter : les vaincre de face. Quand il faut traverser un torrent à la nage ou sauter lorsque le fil est tendu à bonne hauteur, il n’y a pas de moyen terme ni de ruse : il faut nager, il faut sauter. II ne s’agit plus alors de discourir sur les méthodes d’entraînement ou d’encourager le développement des associations sportives. Une association sportive ne vaut que si elle possède des membres actifs décidés à courir, décidés à nager, décidés à sauter. Une nouvelle Chevalerie ne vaudra semblablement que s’il se trouve des hommes décidés à courir, nager, sauter eux-mêmes, et qui fassent la preuve de ce qu’ils sont capables de faire, et d’abord de leur décision sans retour. Pour une nouvelle Chevalerie, nous ne manquons pas de gens capables d’en rédiger les statuts, mais justement nous n’avons pas besoin de statuts. Ce n’est pas avec la plume que s’écrivent les statuts des chevaleries, c’est par la réalité d’une vie. Nous n’avons pas à attendre qu’une nouvelle Chevalerie soit constituée pour nous comporter en chevaliers, mais tout au contraire l’équivalent d’une Chevalerie attend pour exister l’existence de chrétiens réels. Les statuts leur seront donnés par surcroît, et le prestige, et l’influence, et même l’occasion avec ses moyens positifs : car l’occasion, c’est Dieu qui la donne.

Répétons la formule de ce qu’il nous faut : la force conduite, mesurée par une vie intérieure. C’est par la vie intérieure que l’on doit commencer, parce qu’elle donne la plus grande force, celle qui confirme les autres et celle contre laquelle les autres sont finalement sans pouvoir. D’abord sainte Geneviève ; ensuite, à l’heure choisie par Dieu, viennent les armes pour la défaite matérielle d’Attila. C’est la vie intérieure qui est au début : primauté de valeur et primauté d’urgence.

Mais cette primauté ne signifie pas qu’il faille déserter la lutte matérielle – avec les moyens actuels, c’est-à-dire peu efficaces en eux-mêmes pour la défense du pain quotidien et contre le barbare : le suicide n’est jamais permis.

Jean-Louis LagorUne autre Chevalerie naîtra – Editions N.E.L. – 1949 – p54 à 60

Les royalistes sociaux contre les délocalisations de Whirlpool :

Une fois de plus et malgré la proximité d’une élection présidentielle, sans doute aussi parce que la perspective de la victoire d’un Macron ou d’un Fillon n’effraye guère les investisseurs et les spéculateurs, une multinationale délocalise l’activité de son usine française vers un pays à bas coût salarial : cette fois, c’est la Pologne qui est choisie, non pour les qualités mêmes de ses ouvriers (qui, d’ailleurs, ne sont évidemment pas en cause), mais parce que leurs salaires sont beaucoup plus « compétitifs », ce simple qualificatif montrant bien que cette stratégie industrielle n’est rien d’autre que la mise en concurrence de tous contre tous, et non la volonté de faire travailler, là où ils sont, des femmes et des hommes. Ici, ce n’est pas le travail qui compte et qui est valorisé, et encore moins ceux qui travaillent, mais le simple enjeu financier, la spéculation même…

Cette fois, c’est Whirlpool, multinationale de l’électro-ménager dont le siège social trône aux Etats-Unis, qui délocalise et, dans la foulée, ferme sa dernière usine basée à Amiens, ville déjà fortement frappée par la fermeture, il y a quelques années, de l’usine de production de pneumatiques Good Year. Alors que l’ancien directeur s’était toujours opposé à la délocalisation de son usine, au prix d’une rude politique de réduction des coûts, son départ à la fin de l’année dernière a fait tomber le principal obstacle à la désindustrialisation du site amiénois. Désormais, la délocalisation totale de l’usine est annoncée pour l’an prochain et les 290 derniers salariés d’un site qui en comptait encore 1.300 au début des années 2000 seront condamnés au chômage ou à la « reconversion » souvent peu valorisante et, même, dépréciative…

Dans le même temps, les favoris de la prochaine présidentielle (du moins ceux du moment…) nous parlent de la mondialisation, de la « nécessaire adaptation » à celle-ci et semblent passer par « pertes et profits » les salariés, désormais véritables variables d’ajustement de l’économie, et traités comme telles.

La légèreté avec laquelle sont considérés et traités les travailleurs d’Amiens est choquante et me choque, profondément : elle est néanmoins révélatrice d’un système économique et de pensée qui se traduit aussi par une forme de « dépolitisation » de nos sociétés, c’est-à-dire une émancipation (que certains rêveraient totale) de la sphère de décision économique à l’égard de la politique et des décisions de l’Etat… C’est la logique de « 1791 », celle qui préside au décret d’Allarde et à la loi Le Chapelier : un libéralisme qui libère l’Argent en proclamant la « liberté du travail » qui, en définitive, n’est ni celle des travailleurs, ni celle du travail au sens noble du terme mais seulement la liberté pour ceux qui en ont les moyens de faire travailler, au profit de l’Argent et de ceux qui le possèdent, sans se reconnaître aucun devoir à l’égard de ceux qui n’en ont pas ou de ceux qu’ils font travailler pour qu’ils leur en rapportent plus encore.

Le refus de la direction de Whirlpool d’écouter les inquiétudes et les recommandations du gouvernement français en dit long sur cet état d’esprit franklinien qui anime les entrepreneurs libéraux (sans avoir besoin d’être « néo » ou « ultra »). C’est aussi l’occasion de réfléchir à une nouvelle organisation des liens entre l’argent-moyen et le travail, au sein des entreprises et de notre société : en refusant l’étatisme, qui est l’esclavage pour l’Etat-Moloch et sa techno-bureaucratie, et en contestant le libéralisme qui prône une liberté indexée sur l’argent et oublie celle des plus faibles, l’on peut ouvrir la voie à une autre économie, moins « sauvage » et plus humaine, plus civilisée, dans laquelle la convivialité, les qualités et le travail bien-fait peuvent s’épanouir et permettre à chacun de trouver sa place dans le cadre d’une société équilibrée et juste.

C’est pour ouvrir à ces réflexions et combattre les mauvaises attitudes et habitudes des multinationales parfois oublieuses de leurs devoirs sociaux que les Royalistes sociaux du Groupe d’Action Royaliste ont affiché samedi des affiches dénonçant la délocalisation de Whirlpool et prônant la Monarchie sociale et corporative, nécessaire à l’établissement et à la garantie de la justice sociale et à l’exercice, par les travailleurs, de leurs libertés professionnelles effectives.

Jean-Philippe Chauvin

De la primaire socialiste à la finale présidentielle du 7 mai…

La Primaire de la Gauche tourne au pugilat entre les deux finalistes, et les discours de MM. Valls et Hamon semblent négliger que c’est bien leur camp politique qui gouverne le pays depuis 2012, les deux candidats ayant été ministres de M. Hollande, pour le premier jusqu’au mois dernier quand le second a quitté le navire dès l’été 2014, marquant alors son désaccord avec la ligne générale incarnée par le président et le premier ministre du moment. Or, à bien écouter les différents débats des dernières semaines, j’ai parfois l’impression que les deux concurrents agissent et parlent comme si le Pouvoir leur était totalement inconnu, ce qui est tout de même un comble…

La grande querelle des féodaux socialistes n’est qu’un épisode de ce combat des chefs pour conquérir la magistrature suprême de l’Etat, un feuilleton qui va tenir le Pays légal en haleine jusqu’en mai prochain. Une querelle qui, si l’on entend les commentaires des habitués du « parlement du peuple » (tel que l’entendait Balzac), motive plus par la possibilité de « dégager » l’ancien locataire de Matignon que par les idées mêmes de son adversaire.

Mais, dimanche soir prochain, lorsque le candidat officiel du Parti socialiste aura été désigné par les « socialistes d’un jour », la campagne prendra une nouvelle tournure car les principaux protagonistes seront alors tous connus : mais, des cinq présumés favoris, il ne devra en rester que deux pour le combat final du 7 mai, et, il faut bien l’avouer, nul ne sait, à l’heure présente, qui seront ces deux-là ! En trois mois, comme on l’a vu en ces dernières semaines, les pronostics et les évidences peuvent être bouleversés par quelques surprises dont il n’est pas certain qu’elles soient agréables pour tous…

De cette lutte électorale, le vainqueur sortira-t-il autrement qu’épuisé et sa victoire sera-t-elle autre chose que l’addition des mécontentements ou des oppositions à son adversaire ultime ? A moins qu’il suscite une espérance qui, bientôt, risque de disparaître devant des réalités qui résistent mieux aux promesses que les électeurs, ou sous les pressions d’une Union européenne qui ne parle que de « respect des règles budgétaires » quand il faudrait penser ambition géopolitique et grands projets…

C’est le grand inconvénient de « notre » République contemporaine, celui d’être prisonnière d’une incertitude électorale qui aiguise les appétits et suscite les jeux d’appareil et le choc des ambitions personnelles, alors qu’il faudrait additionner les énergies et les propositions pour les rendre efficaces dans le service de l’Etat : la Monarchie, qui n’est pas « le » régime parfait mais qui prend en compte les imperfections humaines comme politiques pour mieux les dépasser, est le meilleur moyen d’assurer la continuité au-dessus des querelles de partis ou de personnalités politiques. C’est aussi l’incarnation d’une unité qui est celle de la nation ; c’est le trait d’union des diversités françaises, dans tous leurs aspects et toutes leurs contradictions ; c’est ce qui permet et garantit l’expression des opinions politiques sans forcément menacer la magistrature arbitrale suprême de l’Etat…

Jean-Philippe Chauvin

L’enseignement et l’éthique de nos Rois :

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« Autre chose est ce qu’était le Roi de France sur son trône et ce qu’il était dans l’imagination du peuple ». E. Renan

 

Le linguiste Michel Bréal dans « Quelques mots sur l’Instruction publique en France », écrivait : « Parmi toutes les nations du monde, la France présente le spectacle d’un peuple qui a pris son propre passé en aversion. On dirait une population d’esclaves qui vient de renvoyer ses maîtres et qui ne veut plus se souvenir du temps de sa servitude. […] Je ne crois pas que les luttes de la fin du XVIIIème siècle et la mauvaise littérature du notre suffisent pour expliquer une aussi étrange répulsion. On ne peut haïr à tel point ce qu’on ignore, et la principale raison d’un état d’esprit si peu naturel, c’est que l’imagination du peuple a gardé le souvenir amplifié de crimes et des misères du temps passé, sans qu’on ait pris soin de lui en rappeler les bienfaits et les grandeurs. »

L’objectif de cette vidéo est de rappeler justement les bienfaits et les grandeurs du temps passé. Plus exactement mettre en évidence l’éducation et l’éthique de nos Rois ainsi que leurs relations quotidiennes avec le peuple français au-delà de toute caricature républicaine. On peut dénaturer l’histoire mais en dehors de toute idéologie, restent imperturbables, les faits et c’est eux que nous allons écouter…Commençons avec l’un de nos plus grands Rois : Louis IX ou Saint Louis. Voici ce qu’il écrivait à son fils, le futur Philippe III Le Hardi, dans son Testament :

« Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice. »

En Vème république c’est plutôt l’inverse qui s’observe ! Nous y voyons la continuité du roi des hébreux Salomon, fils de David, dont nos rois, comme Saint Louis, continueront l’enseignement, en Vème république c’est plutôt l’inverse qui s’observe !

(suite…)

Hommage à Louis XVI :

En ce 21 Janvier 2017, multiples sont les messes et les diverses commémorations militantes qui se tiennent dans l’ensemble du pays. Cet évènement n’est donc pas du ressort exclusif de la capitale puisque d’une année sur l’autre, de jeunes royalistes ou simples sympathisants n’hésitent plus à organiser de leur propre chef une cérémonie, un hommage, une oraison funèbre. Et bien qu’improvisées, on voit ces initiatives se développer en province à la ville comme à la campagne. Il reste que le rassemblement à la teneur des plus symboliques reste, pour des raisons évidentes, celui qui se tient annuellement à Paris, sur la place de la concorde.

C’est là que le roi fut lâchement assassiné le 21 janvier 1793, au terme d’un procès odieux dont le verdict n’avait que pour but de dégager la voie pour le nouveau régime meurtrier qui plaçait alors ses pions. Il n’est cependant pas question de se lancer dans un tel débat ici. Ce n’est ni dans la volonté ni dans les habitudes et encore moins dans l’intérêt du Groupe d’Action Royaliste de se focaliser uniquement sur des faits passés. Aussi, il était temps pour nous d’agir dans un esprit de renouveau, sans occulter ce qui fait les racines mêmes de la France et l’œuvre de nos rois. Ainsi, quel autre endroit que la basilique de Saint-Denis aurait pu avoir autant de légitimité en ce 21 Janvier fort de nos recueillements ? C’est sur ce lieu que s’est porté le choix d’une délégation du G.A.R, où environ 700 personnes se sont rassemblées dès midi dans un froid glacial, mais avec une force de conviction qui fait chaud au cœur. C’est en présence de Louis Alphonse de Bourbon et son épouse que se sont succédés des chants religieux d’une grande qualité, un plaidoyer pour le « roi martyr » suivi de la lecture de son testament. Un ultime recueil dans la crypte de la basilique a enfin clôturé la cérémonie. A la fois nécropole royale, dernière demeure des plus illustres bâtisseurs de nos provinces, gardien de leur intégrité et celle de ses peuples, à la fois chambre forte et dernier témoin d’un passé illustre, peut-on raisonnablement penser qu’un trait d’union entre ce dernier, notre présent et notre avenir est hors de portée ?

La réponse est définitivement non. Que faut-il retenir d’une telle journée ? Déjà, entendons-nous là-dessus, le choix du lieu ne s’est pas basé sur un critère humain en la personne de monseigneur le duc d’Anjou, mais bien sur la portée symbolique des lieux. Au G.A.R nous respectons toutes les préférences mais celles-ci se doivent d’être personnelles. Nous sommes donc au service de l’idée royale et non pas pour tel ou tel prétendant. Ensuite, si une lecture religieuse des évènements a bien évidemment été mise en avant ici, n’oublions pas que de solides garanties en matière de politique, d’économie, d’écologie, de vie civile et j’en passe, ne peuvent être stables et surtout durables en l’absence d’un régime royal digne de la France et de ses peuples. Et avant que la République ne fasse à notre tour de nous des martyrs de son incompétence, pour que vive la France…

VIVE LE ROI !

Julien

La France de Louis XVI un pays pilote :

Une caractéristique des révolutions françaises est de se produire à des moments où le pays se porte plutôt bien. C’est vrai pour 1789, pour1830, pour février 1848. Ce l’eût été pour 1968 si les émeutes de mai avaient débouché sur la révolution. Rien de plus éclairant à cet égard que le remarquable livre de François Bluche : «la vie quotidienne en France au temps de Louis XVI» (Hachette). Sans méconnaître son passif, il a considéré la France de Louis XVI en historien affranchi du poids des idéologies, des écoles et des slogans. Il brosse ici à grands traits le tableau d’un pays qui, relativement au reste du monde,apparaissait comme un modèle d’organisation, de bien-être et même de liberté.

 

Le roi est-il le plus compétent pour diriger le pays ? :

Quand on propose la Monarchie à ceux qui souhaitent un nouveau régime pour la France, beaucoup se rebiffent et avancent nombre d’objections auxquelles il s’agit ici de répondre, dans le cadre de la nouvelle enquête sur la Monarchie, en quelques mots et avec quelques exemples puisés dans l’histoire comme dans l’actualité…

« Le roi est-il le plus compétent pour diriger le pays ? »

Dans le cadre de l’Etat monarchique « à la française », ce qui compte n’est pas la simple compétence du roi, mais d’abord et avant tout sa position d’indépendance liée à sa naissance (physique et politique à la fois) hors des jeux de partis, position qui lui permet d’appeler auprès de lui et d’utiliser pour le gouvernement et les autres Conseils toutes les compétences utiles sans a priori politicien ou médiatique.

Ainsi, par le passé, il y a pu y avoir des rois d’intelligence médiocre, mais leur position et le devoir de transmettre le patrimoine dont ils étaient les simples dépositaires, les forçaient, en somme, à prendre les compétences là où elles se trouvaient et, il faut bien le reconnaître, avec quelque succès au regard de l’histoire longue. D’ailleurs, cela a souvent été reproché aux rois d’Ancien régime, en particulier par les « élites » (ou se prétendant telles) de l’époque, les nobles : il suffit de relire Saint-Simon, à la plume géniale mais injuste et ainsi très représentative de l’état d’esprit de nombre de privilégiés, si sévère à l’égard du roi Louis XIV parce que ce dernier, justement, ne s’en laissait pas conter par la classe nobiliaire (ou, plutôt, ses représentants auto-proclamés).

En Monarchie active (ce que certains confondent, à tort d’une certaine manière, avec « absolue »), le souverain ne doit pas hésiter, s’il le faut, à braver l’opinion et les médias qui la forment pour imposer des personnes qu’il sait compétentes et efficaces au regard des enjeux, des défis du moment et pour la suite. Ainsi, on peut dire qu’il n’y aurait pas eu de Richelieu sans Louis XIII ni de Colbert sans Louis XIV. Ces ministres n’ont pas été choisis pour leur popularité (peu élevée, dans ces cas-ci) mais pour leurs qualités politiques d’Etat et leur loyauté au service de la Couronne et du pays.

Cela ne signifie pas que le monarque, aujourd’hui et demain, n’entend pas les remarques ou les demandes des partis politiques, ainsi que les choix électoraux des citoyens (et ceux-ci peuvent être, aussi, une base importante pour le choix – ou le discrédit – des conseillers royaux au sein des institutions), mais qu’il garde le « dernier mot » pour son domaine, en bon arbitre institutionnel, au nom de l’intérêt général qu’il incarne au-dessus des jeux d’appareil et des « courtisans » modernes… C’est une garantie de sérieux et de justesse pour le gouvernement des hommes et la pérennité de l’Etat, quels qu’en soient les tendances politiques dominantes du moment…

Jean-Philippe Chauvin