Yves Delacruz

Quand Varoufakis dévoile les coulisses de l’Europe

Dans son dernier livre, l’ancien ministre des Finances grec lève le voile sur les coulisses européennes. Un témoignage décapant. En voici deux épisodes.

Isabelle COUET

Deux ans après avoir été poussé à la démission, Yanis Varoufakis, ancien ministre grec des Finances, réputé pour son anticonformisme a publié un livre choc révélant les dessous des négociations entre son pays et la Troïka pendant ses six mois au gouvernement. Il décrit notamment sa rencontre avec Michel Sapin et son premier Eurogroupe vécu comme une expérience kafkaïenne.

MICHEL SAPIN, l’HOMME AUX DEUX DISCOURS

En préparation de son premier Eurogroupe, le nouveau ministre des Finances grec Yanis Varoufakis fait la tournée de plusieurs capitales européennes. Il rencontre Michel Sapin à Paris pour lui expliquer son plan pour la Grèce.

Le Grec et sa petite délégation sont accueillis à Bercy par un homme jovial et chaleureux, « typiquement latin dans sa gestuelle et son langage corporel ». Tout le monde s’assoit, y compris les traducteurs appelés en renfort car Michel Sapin est « le seul ministre de l’Eurogroupe ne parlant pas anglais », rapporte Varoufakis. Le ministre d’Alexis Tsipras est invité à exposer ses idées  : il évoque son plan de restructuration de la dette grecque et, espérant sans doute faire mouche, propose de bâtir « une nouvelle relation entre son pays et l’Union européenne inspirée du contrat social de Jean-Jacques Rousseau ».

La réponse de Michel Sapin le comble au-delà de ses attentes : « Le succès de votre gouvernement sera aussi le nôtre. Il est important que nous changions l’Europe ensemble et que nous remplacions cette obsession de l’austérité par un agenda pro-croissance. La Grèce en a besoin, la France en a besoin, l’Europe en a besoin ». Encouragé, Yanis Varoufakis se met à détailler des mécanismes un peu complexes par lesquels la BCE et BEI pourraient efficacement soutenir l’économie européenne, en réduisant la dette et encourageant l’investissement. Son interlocuteur acquiesce et réaffirme avec emphase la promesse de François Hollande « Ensemble, nous devons redémarrer l’Europe.»

Victoire ! Yanis Varoufakis sent un vent de révolution se lever dans l’enceinte de Bercy. « C’est tout juste si Michel ne m’a pas attrapé la main pour qu’on aille prendre la Bastille en chantant la Marseillaise », raconte-t-il avec une pointe d’ironie.

Mais l’atmosphère va rapidement changer et le souffle révolutionnaire retomber….

La suite de l’article d’Isabelle COUET, sur Les Échos.

Consécration de la France à la Sainte Vierge

« Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui pouvaient nous perdre.

Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.

La rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.

Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés.

Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend.

Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de  » nous consacrer à la grandeur de Dieu  » par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son Eglise cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour, il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les Cours de Parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième. »

Louis.

Une messe au Krak des Chevaliers pour la deuxième fois en 8 siècles.

En 1271, le sultan des Mamelouks avait dépossédé les Francs de la forteresse…

Les volontaires français et syriens de l’association SOS Chrétiens d’Orient ont eu une chance inouïe, celle d’assister à la messe dans la chapelle du Krak des Chevaliers, célèbre forteresse croisée exceptionnellement préservée en Syrie. En 1940 déjà, pendant le mandat français, une messe des rameaux avait été célébrée entre ces murs épais. C’est donc la deuxième fois seulement en 745 ans qu’une prière catholique s’élevait du mont syrien.

« C’est l’unité dans le temps qui se refait », réagit le père Augustin-Marie Aubry, prêtre de la fraternité Saint-Vincent-Ferrier et conseiller religieux de l’association française. L’unité dans le temps était particulièrement complète : sa fraternité célèbre en effet la messe selon le rite dominicain traditionnel, celui-là même qui était célébré par les latins en Orient au XIIIe siècle ! Les mots qui ont raisonné ce 31 juillet étaient donc les mêmes que sept siècles plus tôt. « Nous avons prié pour la paix, et pour les habitants de la région dans laquelle le Front al Nosra a commis de terribles exactions », poursuit le jeune religieux.

Messe au Krak des Chevaliers © Blandine Verrier

L’ordre des Hospitaliers tient le Krak pendant 129 ans

On devine les horreurs commises lorsque l’on traverse les villages alentours dévastés par d’âpres combats. Cette merveille architecturale avait été conquise par les djihadistes du groupe terroriste le 8 mars 2012, avec l’aide d’islamistes libanais venus en renfort. Il avait ensuite fallu deux ans et deux mois à l’armée syrienne pour récupérer la forteresse justement réputée pour être… imprenable !

Conçu à l’époque des croisades, le Krak était aux mains des Kurdes lorsque fut lancée la première croisade en 1099. Conquise puis abandonnée par Raymond de Saint-Gilles, elle fut finalement récupérée par le régent d’Antioche Tancrède, en 1115. Mais le coût de l’entretien d’une telle forteresse était si élevé que Raymond II la confia finalement à l’ordre des Hospitaliers. C’est à cette époque que l’on commence à l’appeler le « Krak des Chevaliers ».

Il faudra alors 129 ans pour que la forteresse retombe entre des mains ennemies : en 1271, le sultan des Mamelouks Baybars 1er se saisit du château qui ne sera jamais repris par les Francs.

La messe n’y sera donc plus jamais dite…

La suite de l’article sur Aleteia.

Photo : « Messe au Krak des Chevaliers » © Blandine Verrier

Le Moyen-âge, par la médiéviste Marguerite Gonon.

Docteur ès lettres, ingénieur au CNRS, élève de Marc Bloch et de Lucien Febvre, la médiéviste Marguerite Gonon fut de l’école des Annales, pour qui l’histoire est celle des gens du peuple et des jours ordinaires. Ses travaux d’historienne ont pour cadre la province de son Forez natal.

Dans ce film elle nous entraîne dans la nuit magique des monastères bénédictins, sur les traces de ceux qui ont défriché la terre, creusé les étangs, bâti les chapelles romanes.
Elle nous livre une mine d’informations sur la vie quotidienne, les moeurs, les relations sociales, découvertes qui remettent en question la vision simpliste que nous avions de la société médiévale.
Lorsqu’elle descend au fond des cryptes romanes, sa connaissance de l’histoire s’efface devant l’émotion que suscite en elle la mémoire de cette époque où le sacré maintenait les êtres dans la communauté.

 

 

Réalisateur : Jean-Michel Barjol
Intervenant : Margueritte Gonon (Historienne, Médiéviste, ingénieur au CNRS)
Genre : France – Religions
Durée : 52 minutes
Pays : France

La chaine YouTube d’ Imineo Documentaires

21 juin 2016 – 587ème anniversaire de la Triple Donation.

Aujourd’hui, 21 juin, nous fêtons le 587ème anniversaire de la « Triple Donation » faite par Ste Jeanne d’Arc et le Dauphin Charles.
 
Cet événement majeur de notre l’histoire fut le premier renouvellement du Pacte de Reims.
 

Espérons et prions que la France renoue par un (p)acte similaire le fil coupé de sa vocation.

 

Jeanne-cathedrale-reims

Jehanne dit à Charles : «Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai?» Le Roi hésite, puis consent. «Sire, donnez-moi votre royaume».

Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille : «Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume». Après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait : «Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien».

Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi. « Notaire, écrivez dit la pucelle inspirée : le 21 juin de l’an de Jésus christ 1429, à 4 heures du soir, Charles VII donne son royaume à Jeanne. Ecrivez encore : Jeanne donne à son tour la France à  Jésus-Christ. -Nos Seigneurs dit-elle d’une voix forte, à présent, c’est Jésus-Christ qui parle : « moi, Seigneur éternel je la donne au Roi Charles ».

 

En Nom Dieu, Notre jour viendra !
Yves Delacroix.

Les reines au Moyen-Âge – partie 1

Dans ce premier volet consacré aux reines du Moyen Âge, j’aimerais me concentrer sur la période qui va de la fin du Ve siècle au milieu du IXe siècle. Avant de parler des reines, il me semble utile de faire un petit récapitulatif de l’histoire générale de cette période.

Le dernier empereur romain, Romulus Augustule, est déposé en 476 : c’est la fin de l’empire romain d’Occident (celui d’Orient perdure jusqu’en 1453). Divers royaumes sont alors constitués suite à ce que l’on a pendant longtemps appelé les invasions barbares (j’en parlais au début de cet article) : au début du VIe siècle, on trouve en Espagne les Wisigoths et les Suèves ; l’Italie est occupée par les Ostrogoths ; la France actuelle est partagée entre les Francs et les Burgondes.
   Le royaume burgonde est progressivement envahi par les Francs. Le royaume wisigoth absorbe celui des Suèves avant de disparaître brutalement en 711, lorsque les Arabes débarquent dans la péninsule ibérique. Après la mort du roi ostrogoth Théodoric en 526, les armées de l’empereur d’Orient tentent de s’emparer de l’Italie ; le peuple des Lombards en profite pour s’installer et établir un royaume indépendant.
   On assiste à une sorte d’unification sous Charlemagne. Charlemagne est le deuxième roi de la dynastie des Carolingiens, qui a remplacé celle des Mérovingiens à la tête des Francs. Il mène une politique de conquête et envahit le royaume lombard. Il étend le royaume des Francs et rétablit l’empire en Occident.

La reine, épouse du roi

Ce très rapide aperçu est évidemment incomplet mais devrait suffire à comprendre le cadre général dans les zones évoquées : Espagne, France, Italie majoritairement ; j’exclue les royaumes anglo-saxons où les épouses de roi n’ont pas de statut particulier avant le milieu du IXe siècle. Dans ces espaces, la reine se définit avant tout comme l’épouse du roi : c’est par son mariage que la reine acquiert son statut de regina. Le mot latin regina (reine) suggère un office spécialisé : les autres épouses d’aristocrates ou de grands dignitaires n’ont pas de nom spécial, l’épouse d’un comte n’est pas encore une comtesse. Le seul autre nom comparable est celui d’abbatissa, abbesse, qui existe déjà. Ces termes suggèrent que les reines et les abbesses ont un statut particulier par rapport aux autres femmes.

Mais il n’existe pas qu’un seul type de reine, et toutes les épouses de rois ne sont pas reines, en partie à cause de la non-monogamie des rois, notamment mérovingiens. Il existe des débats entre les historiens pour savoir si les Mérovingiens sont polygames (s’ils ont plusieurs femmes en même temps) ou s’ils pratiquent la monogamie sérielle (une seule femme à la fois, mais en série, avec facilités pour répudier une épouse et en prendre une autre). Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, il faut souligner la précarité de la position de la reine : son statut ne dépend que de sa relation avec le roi, de sa bonne entente avec lui, et de la naissance d’un fils, qui contribue immanquablement à un renforcement de sa position. Ajoutons en outre qu’une mère de roi peut exercer sur son fils, si celui-ci est jeune à la mort de son père, une influence importante, ce qui est une opportunité de pouvoir. Cela ne fonctionne toutefois que dans le royaume mérovingien et carolingien, où la succession se fait en général de père en fils (avec partage du royaume entre les différents fils) : dans les royaumes ostrogoths, wisigoths et lombards, la royauté ne se transmet pas toujours héréditairement.

La condition sociale de la reine joue aussi dans sa position : si une reine est elle-même issue d’une famille royale, sa position est d’emblée plus solide que celle d’une concubine ou d’une épouse issue d’une basse condition. Par exemple, la reine Brunehaut, qui épouse le roi mérovingien Sigebert en 566, a une position plus assurée que celle de sa « rivale » Frédégonde, de condition servile, qui est l’épouse de Chilpéric, frère de Sigebert (j’en avais parlé ici). En général, les épouses de basse extraction, courantes au VIe siècle, n’ont pas le statut de regina. Mais même quand elle est issue d’une souche royale, la position de la reine n’est pas assurée : il n’est pas rare que l’alliance entre sa famille d’origine et celle de son époux soit de courte durée et que l’épouse, si elle n’a pas d’héritier, soit renvoyée chez son père. C’est ce que fait Charlemagne avec l’une de ses épouses, la fille du roi des Lombards Didier. Au cours du IXe siècle, les rois carolingiens épousent principalement des filles d’aristocrates, pour s’assurer de leur fidélité.

Le rôle de la reine

Avant le début du IXe siècle, le rôle de la reine n’est pas clairement défini par les textes : c’est surtout à partir des années 810 que des textes évoquent le rôle, semi-officiel, de la reine. Mais dès l’époque mérovingienne, on sait que la reine a un rôle important dans la représentation de la royauté : dans un monde où le pouvoir passe par le langage visuel, où la richesse des parures exprime la puissance de ceux qui les portent, la reine se distingue par ses vêtements en tissus précieux. A partir du IXe siècle, et peut-être avant, les reines ont des activités textiles importantes et font don de leurs productions dans des échanges diplomatiques ; elles sont aussi en charge de la « décoration » du palais et de l’apparat, chargé d’exprimer la majesté royale. Il n’est pas rare que le couple royal soit mis en scène et que la reine participe aux cérémonies et aux banquets, où elle incarne aussi, par la richesse de ses ornements, la puissance de son époux. La reine se doit aussi, dans ce cadre, de se comporter de manière exemplaire : elle sert de modèle aux membres du palais.

La suite de l’article sur « Le bureau d’Aspasie »

Le code de chevalerie (4/10) : tu feras une guerre aux infidèles sans trêve et sans merci

Loin de prêcher une nouvelle croisade, le combat est avant tout celui de la foi et de l’Amour.

À quoi peut bien ressembler le chevalier des temps modernes ? Pour répondre à cette épineuse question, Aleteia a remis au goût du jour un ancien code de chevalerie en vigueur au XIIe siècle. Ces dix commandements, à l’image du décalogue de l’Église catholique, dictaient la conduite des chevaliers désireux de cultiver les saintes vertus et d’éveiller en eux les sentiments les plus nobles. Répondant aux problématiques médiévales, un tel code peut à première vue sembler désuet ou inapproprié à l’époque moderne. Vraiment ? Largement imprégnés par la morale chrétienne, ce seront des prêtres, bien dans leur époque, qui revisiteront et réactualiseront pour vous les préceptes de ce code dont notre société moderne gagnerait beaucoup à s’inspirer. Faisons naître ensemble un nouvel esprit chevaleresque ! 

Cette semaine, le père Jean-Pascal Duloisy, grand exorciste pour la région Île-de-France, s’est penché sur une règle incontournable de notre chevalier : combattre inlassablement la non-croyance. Loin de prêcher une nouvelle croisade, le combat est avant tout celui de la foi et de l’Amour.

 

Tu feras une guerre aux infidèles sans trêve et sans merci

Chevalier, sachez avant toute chose que lorsque vous vous tenez devant un être humain, vous faites aussi face aux puissances des ténèbres qui l’environnent. Ce n’est donc pas un humain que vous êtes tenu d’affronter mais les forces obscures qui interfèrent.

« Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. »
(Eph 16, 12)

Tu feras à l’infidèle une guerre sans trêve et sans merci, oui, en le servant dans sa vocation d’homme créé à l’image de Dieu, infiniment aimé. J’aimerai à mon tour toute personne dans le projet d’amour de Dieu pour elle. L’homme étant créé à l’image de Dieu, tout homme, même non chrétien est fait pour Jésus Christ, il faut ainsi servir le projet qui est déjà en lui.

Qui veut détruire ce projet ? Le démon. Qui est jaloux de ce projet ? Le démon. Donc nous ne combattons pas avec des armes, le démon n’en a que faire, mais avec la foi ! La première arme de la foi c’est la prière. Comme le dit si bien Padre Pio :

« La prière est la meilleure arme que nous possédons : la clef du cœur de Dieu. Priez même à contre-cœur. Qui prie beaucoup se sauve, qui prie peu est en danger, qui ne prie pas se damne. La volonté compte et est récompensée, non le sentiment. »

Ainsi je combats grâce à la bienveillance qui chasse toute peur intérieure et je m’expose dans mon témoignage au saint nom de Jésus, au risque de la moquerie et au péril de ma vie. Celui qui fait une guerre sans trêve et sans merci, c’est Saint Paul. Le chevalier moderne tâchera de s’en inspirer.

« En effet je n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque est devenu croyant, le Juif d’abord, et le païen. »
(Rm 1, 16)

Lire l’intégralité de l’article sur Aleteia.orgt>

La République faible et illégitime, encore une fois.

La contestation multiforme de la loi Travail n’a pas cessé malgré les concessions faites par MM. Valls et Hollande, et les tensions montent, autant autour des raffineries et des stations d’essence que dans les rues, au risque d’affrontements et de violences qui, à l’approche de la coupe européenne de balle-au-pied, font planer le spectre de désordres plus graves encore. Le plus surprenant, pour l’observateur étranger, est que, dans le même temps, l’état d’urgence en vigueur depuis novembre 2015 vient d’être prolongé pour deux mois, alors même que les forces de l’ordre semblent « dépassées » par les émeutes qui dévastent à chaque grande manifestation, les centres-villes de l’Ouest et de Paris. Pourtant, ces mêmes forces de l’ordre sont reconnues, en Europe et à juste titre, comme les meilleures du continent : en somme, ne faut-il pas rechercher ailleurs le problème ? Drôle d’ambiance, en tout cas !
Fin de règne ou de régime ? Crise de l’autorité ou malaise, voire faiblesse de l’État ?

Plusieurs réponses possibles, en fait : tout d’abord, nous sommes entrés dans la dernière année du quinquennat de M. Hollande, déjà reparti en campagne électorale présidentielle et à la recherche, sinon de tous ses électeurs perdus, du moins des électeurs de gauche et européistes qui voudront bien lui faire crédit de quelques réformes plus sociétales que sociales, comme la légalisation du mariage homosexuel, et d’un alignement constant sur la ligne « la plus européenne », ayant renoncé à faire preuve d’originalité française sur de nombreux sujets touchant la politique générale de l’Union européenne (les Grecs en savent quelque chose…). Son partenariat inégal avec la chancelière allemande, qui fait de cette dernière la seule autorité reconnue en Europe (reconnue ne signifie pas bienvenue…), a nettement dégradé l’indépendance de la France et sa possibilité d’être écoutée, voire celle de manœuvrer par elle-même. Or, cela plaît aux élites européistes qui, de tout temps, vantent l’idée d’un fédéralisme continental en ayant aussi intégré l’idée que, pour toute fédération il faut un fédérateur, c’est-à-dire une autorité unique naturellement reconnue et seule « légitime » à entraîner (donc à commander) les autres : souvenons-nous des « briandistes » des années 1940 qui se résolurent, sans être nazis, à rallier l’idée hitlérienne de « l’Europe nouvelle », non par extrémisme (ils ne l’étaient pas, mais bien plutôt modérés, « raisonnables et réalistes » dira l’un d’entre eux dans L’Illustration de l’époque, journal on ne peut plus « convenable » avant-guerre et se proclamant tel en temps de guerre tout en collaborant avec l’Allemand), mais juste par européisme revendiqué et pragmatique…

Ainsi, pour en revenir à la situation présente, c’est plus encore la compétition présidentielle sur fond d’impopularité du président en quête de réélection qu’une simple fin de règne annonciatrice d’un possible (ou illusoire) renouveau politique.

Mais la tension actuelle autour du projet de loi El Khomry révèle surtout la faiblesse d’un régime, de cette Cinquième qui reste une république, lorsque s’approchent les échéances électorales et que s’aiguisent les longs couteaux des ambitieux qui se veulent tous César quand ils ne sont que Brutus ou Créon…

Certains en profitent pour vanter les mérites d’une hypothétique Sixième République qui ne serait rien d’autre, à bien les lire, que le retour aux jeux démocratiques illimités et parlementaires de la Troisième et de la Quatrième, et cela au détriment de l’autorité de la magistrature suprême de l’État, voire de l’État lui-même.

Or, si crise de régime il y a, elle tient dans l’autorité défaillante d’une République qui ne sait plus donner de la légitimité à son « Pays légal » : le processus électoral de la démocratie représentative ne fonde plus qu’une légalité de moins en moins légitime aux yeux des électeurs qui attendent des réponses et des solutions là où les élus, parlementaires ou président, ne leur donnent que des promesses et ne leur imposent que des oukases. Si le recours au 49-3 passe désormais si mal dans l’Opinion publique, c’est qu’il est devenu un mode de gouvernement quand il ne devrait être qu’une exception utilisée avec prudence et fermeté, et non avec brutalité comme c’est le cas aujourd’hui par MM. Valls et Hollande.

Cette République qui se veut autoritaire quand elle n’est qu’arbitraire (et non arbitrale) doit faire face à de multiples mécontentements et mouvements de révoltes, dont certains sont fort motivés quand d’autres ne sont que les soubresauts des anciennes forces jadis promptes à défendre une République qui, finalement, n’en a plus besoin. Mais elle ne peut durer, sa faiblesse menaçant de désarmer complètement notre pays face aux défis du monde contemporain. Il nous faut bien, alors, reposer la question première qui est celle du Politique et de son incarnation institutionnelle, de celle qui est nécessaire au maintien et au déploiement de toutes les possibilités de la France dans le monde, pour aujourd’hui comme pour demain.

Le mot « crise » vient du grec « Krisis » qui signifie la séparation entre un avant et un après : si, désormais, c’est la République qui tient lieu « d’ancien régime », il est temps de rappeler que la Monarchie peut tenir lieu et place de « nouveau régime », non pour sa simple nouveauté mais pour sa capacité à durer, à se renouveler, à s’éterniser dans le sens le plus noble du terme, celui de l’enracinement qui permet à un pays, arbre de familles et de provinces, d’histoires et de visages, d’âmes et d’esprits, de s’élever vers le ciel, florissant et vigoureux…

En Nom Dieu, notre jour viendra !
Groupe d’Action Royaliste.