Piskaret, chef Algonquin

« Le 9 Juin, les Algonquins se livrent à une grande réjouissance : sur une place publique les femmes et les filles sont alignées sur une file. Les hommes rangés derrière elles chantent d’une seule voix. Aussitôt femmes et filles quittent leurs robes de peaux en les laissant tomber à leurs pieds et apparaissent entièrement nues, « monstrant leur nature » d’autant mieux qu’elles s’épilent. Le chant terminé et ponctué d’un vigoureux Ho, ho, ho, toutes remettent leurs robes ; à la reprise du chant les robes tombent à nouveau. La danse se fait sur place, marquée par quelques gestes ; on lève un pied puis l’autre en frappant le sol. Pendant les danses, le sagamo des Algonquins est assis devant les femmes et les filles entre deux bâtons où pendent les têtes coupées de leurs ennemis. »Voyez comme nous nous réjouissons de la victoire sur nos ennemis ! »Les chants reprenant, c’est au tour des hommes de quitter leurs vêtements. Ces danses et chants achevés, viennent des courses : deux par deux les hommes les plus habiles de chaque nation s’affrontent, avec une agilité sans pareille. » d’après les souvenirs de Samuel de Champlain dans le livre d’Yves Cazeaux « Le rêve Américain ».

Ennemi redouté des Iroquois, le chef Algonquin Piskaret fit parler de lui dans les années 1640.Faisant suite à des actes hostiles et massacres de la part des iroquois, vu l’échec d’une intervention armée contre eux, le chef parti accompagné de 4 autres chefs bien décidé à punir les alliés des britanniques. Ils allèrent en canoë, attendre vers la rivière Richelieu, un passage éventuel. Soudain un fort parti de 5 canoës de chacun 10 iroquois surgit. Il avait pris soin de préparer plusieurs mousquets de balles de plombs reliées entre elles avec du fil d’archal. Ils firent alors, malgré le surnombre des adversaires un beau carnage. Ils tirèrent dans les canoës d’écorce, qui prirent vite l’eau. Ils terminèrent les quelques rescapés au casse-tête et la victoire fut totale…Il devint vite réputés parmi ce peuple de cultivateurs, les Algonquins faisaient pousser les citrouilles et les courges. Ils avaient aussi des vignes pour de savants breuvages racontait encore Champlain visitant le village Choûacoet. « Ils semaient sur de petites touffes de terre quatre ou cinq graines de leurs blés et autant de fèves du Brésil qui s’enlaçaient autour des tiges de blés d’Inde. » (Y. Cazaux)

Une autre fois pour vous montrer le personnage, seul, dans l’hiver finissant, il s’approcha d’un village ennemi, surement Iroquois. Il s’approcha en raquettes prenant soin de les chausser à l’envers, inversant ainsi les traces de ses pas. Il se cacha et la première nuit, surgit tel un loup dans une cabane, massacre ses occupants et repart se cacher aux alentours. Le lendemain, panique et stupéfaction dans le village, on s’élance dans ses traces inversés. Nuit suivante, il ressurgit dans une autre cabane, casse les têtes, scalpe et se recache. Nouvelle consternation ce qui ne l’empêche pas de récidiver encore une fois pour terrasser une sentinelle en lui fendant le crane. Il s’enfuit avec 6 guerriers à ses trousses dans la forêt. La chasse à l’homme est longue mais il est fort. Il réussit encore à les distancer, non sans les avoir plusieurs fois provoqué sur le chemin et se cache de nouveau le soir. Les 6 guerriers s’arrêtent pour se reposer et dormir un peu. Ils sont harassés et pendant leur sommeil, Piskaret bondit et dans une lutte terrible les tues et les scalpe.(souvenir de La Potherie )

Malheureusement selon les souvenirs de Perrot il mourut plus tard dans une rencontre avec 6 autres Iroquois, lors de la reprise des hostilités…

Voilà le destin d’un de nos fidèles alliés, le chef Piskaret dont Québec, fondé le 3 Juillet 1608 doit le nom algonquin…

Frédéric WINKLER

Laisser un commentaire