La Monarchie n’est pas une idéologie :

« L’armature politique et l’armature militaire d’un pays sont le berceau où les mœurs et les lois, et la langue, et la religion même, et la race, et les arts peuvent se coucher pour grandir. » Charles Péguy

 

« N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste, d’ailleurs, se dire : « Mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! »
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul…
 »

(Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand)

Nous vivons cette époque de profondes confusions, fruit du questionnement comme de l’instabilité des êtres. Mais pas seulement car c’est aussi et surtout le résultat d’un conditionnement savamment pratiqué d’un système profondément antisociale. Notre peuple a perdu depuis fort longtemps le chemin de la sérénité, par une lente dégradation de l’attention qu’il portait à l’invisible, à la contemplation, la remise en question comme de l’humilité. Vieille civilisation, qui jadis consultait les anciens, respectait l’expérience, se remettait en question, s’analysait, alors que comme le disait Régine Pernoud : « Notre geste familier, c’est l’index accusateur, dénonçant toujours le mal chez l’autre, restons humble, leur geste à eux consistait à se frapper la poitrine « pour nos pêchés Dieu nous châtie »». C’est ainsi que certains redécouvrent par des pratiques venant de pays du Tiers monde des enseignements qui jadis faisaient la richesse de notre pays, croyant en des nouveautés qui, somme toute, ne sont que des pratiques oubliées. C’est ainsi, la méconnaissance, l’enseignement perdu, la destruction de l’histoire, la perte d’identité font que les êtres cherchent des repères afin de comprendre et sortir de situations de plus en plus compliqués.

Ce phénomène de désagrégation de nos repères est né à la fin du monde médiéval. Les abus de l’église inhérents à la faiblesse humaine, entraînèrent la Réforme avec Calvin et Luther, brisant l’Occident chrétien véritable union européenne d’alors. La découverte des Amériques avec l’évolution du commerce, inondèrent le vieux monde, d’un afflux d’or. De ces déséquilibres, selon les travaux de Régine Pernoud comme de Marie Madeleine Martin, naquit un changement dans le comportement humain de notre peuple, le changeant profondément comme le détournant de l’essentiel de la vie au profit d’un matérialisme superficiel…

Le mercantilisme gangréna lentement la société, Louis XV l’observa avec effroi sur le peuple Anglais en souffrance, attendant alors une libération française par un débarquement sur la Tamise. Paul Del Perugia dans son Louis XV l’explique avec détails. Ces idées libérales du commerce conquirent petit à petit la société comme le pouvoir, mais sans pour cela le prendre. Louis XIV ne l’aurait jamais permis, mais Louis XV par faiblesse dans la deuxième partie de son règne, lui entrouvrit la porte, la Pompadour aidant. Molière le dépeint avec humour dans le « Bourgeois Gentilhomme ».

Tant que la Monarchie était en place, l’or ne pouvait prendre le pouvoir, car les privilèges, représentaient un contre-pouvoir efficace. Cette rivalité vient du fond des âges, l’Ancien régime avait cette alchimie efficace, tempérée par les us et coutumes, le sang de la noblesse qui, malgré quelquefois une pauvreté misérable, gardait dignité et supériorité sur l’argent. Les corps de métier géraient la vie professionnelle comme tous les droits liés à leur état avec biens meubles, immeubles et trésorerie. Ces organisations étaient parfaitement autonomes comme imperméables à toute prétention libérale d’assouvissement ouvrier et n’auraient jamais acceptés vendre de la camelote aux consommateurs ! Et puis, les provinces, avec leurs Parlements et représentants élus, système bien plus efficace d’un pays réel épargné par les inutiles représentants politiques, que nous vivons aujourd’hui.

Le libéralisme arriva au pouvoir en France, dans les valises des « Lumières », avec aussi pour certains de l’or anglais dans les poches. L’opinion publique naissait, mais pas comme on l’imagine, mais à la solde d’une minorité affairiste, décidée à prendre pouvoir. Ces idées germèrent dans les salons parisiens auprès d’une coterie oisive composée de nobles et d’ecclésiastiques, cherchant à occuper leur temps à réfléchir comment réussir à être plus heureux ! L’heure était à l’anglomanie, on avait oublié bien vite, faiblesse humaine, l’horrible persécution de nos frères Irlando-Ecossais, lors de la dernière guerre des Stuarts contre la couronne usurpatrice du Hanovre sur l’ile anglo-saxonne.

Voltaire en révolte avec Louis XV, avait rédigé un manifeste pour une libération contre les manières du régime libéral « Whig » méprisé du peuple Anglais. Après Culloden en 1746, d’innombrables gens furent suppliciés, les têtes accrochées aux portes des villes, comme à Manchester en ce XVIIIe siècle, préfigurant nos temps révolutionnaires ! Lord Chalmondey brûlant la lettre de Louis XV s’écria : « Les anglais traiteront toujours les Français avec le mépris que méritent les esclaves ». Pour le Parlement disait Paul Del Perugia dans son Louis XV : « il fallait d’abord « libérer les Français » de la dictature des Bourbons. D’esclaves qu’ils étaient sous Louis XV, ils devaient d’abord devenir des civilisés avant d’être admis comme égaux ». La Révolution Française germait-elle dans l’esprit des politiciens libéraux de Londres ?

N’oublions pas que Louis XVI libéra l’Amérique en vidant son trésor, ce qui permit aux révolutionnaires de profiter de cette crise pour mener l’agitation. Cette victoire fut une immense revanche sur la défaite de Québec de Louis XV : vaincre les Anglais sur terre et sur mer, cela n’était plus arrivé depuis fort longtemps. L’Angleterre découvrait en peu de temps, une marine française reconstruite, la « Royale » qui triomphait en Amérique à Chesapeake avec De Grasse, avec Charles Henri d’Estaing, avec Suffren sur les mers du globe. Il était vital comme impératif pour Londres de détruire, coûte que coûte la puissance de la Monarchie française et les « philosophes » serviront de « Cinquième colonne » pour cela ! Il faut aussi se replonger sur le trafic de la farine et du blé pour mieux comprendre comment la déstabilisation du pouvoir royale fut organisée, alors que sa police historiquement ne servait essentiellement qu’à assurer au peuple l’arrivée des denrées alimentaires. Les travaux de Steven Laurence Kaplan dans « Le Pain, le Peuple et le Roi : la bataille du libéralisme sous Louis XV » en sont d’un éclairant témoignage.

Bref le libéralisme triomphe sur les cendres de l’ancienne société et le monde du travail après avoir goûté les horreurs de la guillotine et massacres en tout genre, se retrouvera sans plus aucune protection durant le terrible XIXème siècle. Loin des états d’âme de nos rois pour réprimer, le monde ouvrier connaîtra nombres massacres et fusillades des républiques jusqu’au XXe siècle. Il faut rappeler ici le travail incessant des catholiques sociaux royalistes qui lutteront pour donner et redonner au monde du travail, comme aux familles, des structures protectrices afin d’être protégé du monde libéral sans pitié, issu de 1789.

C’est un peu bref historiquement, et, pour un nouveau venu, peut-être un peu excessifs, mais nos brochures comme nos vidéos sont là pour témoigner de nos recherches démontrant ces propos. Le système libéral pour vivre avait besoin de la destruction des familles et d’abord patrimonialement, le Code Civil a profondément agit dans cet esprit. Il suffit de relire la lettre de Napoléon à son frère Joseph en Italie : « Établissez le Code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire alors en peu d’années, et ce que vous voulez conserver se consolidera. Voilà le grand avantage du Code civil. Il faut établir le Code civil chez vous ; il consolide votre puissance, puisque, par lui, tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe, et qu’il ne reste plus de grandes maisons que celles que vous érigez en fiefs. C’est ce qui m’a fait prêcher un Code civil, et m’a porté à rétablir. (Lettre, du 5 juin 1806, de Napoléon Ier au roi Joseph) ». Antoine Murat, étudiant en droit en 1927, avait compris la catastrophe de cette législation du Code civil. La Tour du Pin les commentait ainsi, en 1904 : « L’idée qu’une famille put perpétuer ses biens avec un domaine parut pleins de dangers pour la société. De là une extrême mobilité des foyers ruraux, un morcellement à l’infini des petits domaines, un abandon des campagnes, et finalement un arrêt de la natalité, effrayant pour tous ceux qui réfléchissent... »  (Jalons). Le système né de la révolution de 1789, fruit des « Lumières » comme des écrits de Rousseau appuyant l’individualisme, firent de notre peuple, un univers d’individus éparpillés, né enfant trouvé et mourant célibataires disait Ernest Renan. Tous ce qui faisait l’univers communautaire disparu : solidité familiale unie, corps de métiers autonomes, provinces comme villes indépendantes, associations multiples et puissantes. Les corps intermédiaires protecteurs entre l’individu et l’Etat doivent disparaître, pour ne plus avoir qu’une poussière d’êtres numérotés face à la toute-puissance de l’Etat, devenu celui de groupes financiers. Ce système vit de cette situation qu’il a créé et qu’il entretient afin d’assoir son pouvoir comme son contrôle des citoyens (sens grec). Certains diront que l’on exagère et bien un peu de réflexion permet mieux de le comprendre.

Cette situation d’un « prêt à penser », entretenue par les médias comme l’ « Education nationale », permet la mise en place d’un monde orwellien où les pays deviennent des hôtels dans un univers devenant une vaste entreprise, au service d’une caste de parvenus, dont les pires moments de l’histoire ne trouveraient aucune comparaison. On martèle sur les monuments des mots creux comme « Liberté, Egalité, Fraternité », afin de mieux assoir un pouvoir, veule et dictatorial, dont la série du clairvoyant et regretté Patrick Mc Goohan « Le Prisonnier » montrait la réalité.

C’est ainsi que l’on voit aujourd’hui un peuple « déboussolé » qui, même dans les logiques les plus extrêmes est perdu où suit aveuglément les consignes que les médias dictent à longueur de journées, formaté par la « messe » du 20 heures. Alors que nos pères vivaient encore dans des cercles communautaires et gardaient ce bon sens populaire qui fait gravement défaut aujourd’hui.

Désormais, chacun y va de ses analyses aussi ridicules que burlesques quand elles ne sont pas affligeantes, avec un manque de connaissance certain. Le temps exige d’avoir un avis sur tout et de parler de n’importe quoi pourvu que l’on s’exprime, au lieu d’un simple recul de bon sens : « Il y a beaucoup de gens dont la facilité de parler ne vient que de l’impuissance de se taire » (Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand). Loin de se remettre en question, ce qui n’est plus de mode, on se permet de juger, vilipender mais pas trop fort car le temps est au laxisme mou.

Ce temps est celui des grandes confusions où la mode est de changer de religion, parce que celle-ci, n’est pas assez, ou trop, je ne sais, raturant ainsi des siècles de sacrifices, de libération, d’avances et de progrès… On se dit royaliste mais on veut garder le choix du prince parce qu’il est, ou pas assez : « Il y a des moments où on est las, de prendre sur soi les inquiétudes qu’ils n’ont pas, les indignations qu’ils n’ont pas, les justes haines qu’ils n’ont pas et d’être seul ou quasi seul pendant qu’eux ils rigolent à nous empoisonner la vie… » (Montherlant).

On se dit contre les étrangers, en arrangeant l’histoire, oubliant des pans entiers de celle-ci, comme le sacrifice de ceux qui crurent en nous, qui dorment pourtant sous nos pieds d’un repos éternel pour notre liberté. N’oublions pas les enfants arabo-francs de Palestine lors des croisades, les supplétifs turcoples des Templiers, les Indiens de Dupleix et du chevalier de Monhi comme les Amérindiens d’Amérique française, aux tirailleurs Sénégalais de 14, quelques-uns sont venus mourir ici : « Je souffre des hommes qui m’indignent » (le Cardinal d’Espagne).

 

Le manque d’humilité, la méconnaissance et surtout le malaise social entraînent de profondes plaies au sein de la communauté française. Une amie maghrébine me disait que les fractures étaient entretenues afin que les communautés ne puissent pas se rencontrer, l’expérience montre qu’elle avait raison. Personne n’est à écarter car tout le monde à sa place au sein de notre communauté, comme pour partager nos idées monarchiques, quelque soit la couleur de peau et l’origine comme la religion ou les croyances. Le roi incarne l’unité pour toutes les bonnes volontés qui désirent la grandeur de la francophonie, dans la justice et la charité. La monarchie n’est pas une idéologie, elle n’a pas de recettes préétablies, ni de doctrine. Qu’importe ce que pensent des officines, le roi décidera ce qu’il estimera nécessaire de faire en temps et en heure, accompagné de ses conseils. C’est une institution vivante qui s’adapte, afin de garantir les meilleures conditions de développement au bonheur de son peuple. Elle stimule et protège les associations libres comme les initiatives au service de tous. Il importe donc de trouver entre nous ce qui rassemble au lieu de chercher les détails qui peuvent nous séparer, c’est cela le chemin de la libération, comme de l’intelligence. Ce que disait Paul Valéry, pour notre peuple : « La véritable tradition n’est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de trouver l’esprit qui a fait ces grandes choses et qui en ferait de toutes autres en d’autres temps ». Il est important de retrouver ce chemin empirique, fruit de siècles de stabilité. Celui des élections partant de la base du village comme de la ville, de représentants connus par les citadins, sans attache politique particulière mais enracinés dans leurs responsabilités familiales, locales, professionnelles, qu’importent leurs idées s’ils sont efficaces. Ils graviront les échelons jusqu’à la province, comme ils feront dans leurs métiers à travers les différentes sphères des corps d’états professionnelles et cela jusqu’aux Conseils du Roi.

L’être humain comme son esprit d’indépendance exige un maximum de libertés, les grecs anciens avaient déjà pensés aux différents systèmes de politiques possibles. Partant d’une anarchie originelle, un minimum de contraintes devient salutaire afin de vivre en société, c’est le partage des droits et devoirs. Sachant que tout est perfectible et connaissant la nature humaine, la monarchie semble apporter à notre peuple, calqué sur ses particularités, cette alternative urgente. L’idéal n’existant pas, cette Institution possède le minimum d’Etat nécessaire à l’épanouissement de notre peuple. C’est ce que l’empirisme nous dicte pour le bienfait d’une société équilibrée des trois pouvoirs. Ceux-ci, définis par Aristote : la démocratie dans la commune, l’aristocratie dans la province avec le couronnement monarchique pour l’Etat. C’est la recette face aux enjeux contemporains que nous dicte l’histoire par ceux qui nous ont précédés pour le bonheur de ceux à naître demain. C’est une grande ambition, une aventure, un défi ou une foi peut être. C’est aussi notre capacité d’être la lumière qui guide les peuples, la volonté d’être fidèle aux promesses de notre baptême. C’est en suivant ce chemin que les libertés jaillissent telles des fleurs sur l’horizon de nos vies, car comme le disait Edmond Rostand, que je cite encore : « C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière ! », notre jour viendra !

Frédéric Winkler     

« On écoutait venir sur les routes les chevaux blancs qui ramenaient le roi ».  L’orme du mail, A. France