« Tout l’avilissement du monde moderne, […] vient de ce que le monde moderne a considéré comme négociables des valeurs que le monde antique et le monde chrétien considéraient comme non négociables. »
Charles Péguy
Faisons dans un premier temps une comparaison entre trois générations de Français. Un de 1814, un autre de 1914 et un dernier de 2014. Observons ce qu’était le Français en 1914. C’est loin d’être une erreur que de constater que le Français issu de la société du début du XXè siècle aurait parfaitement pu se reconnaître dans celle de 1814. La société française durant le siècle qui sépare ces deux années avait très peu changé. On a affaire à une France rurale et traditionnelle dans la majorité. Un Français de 1914 propulsé en 1814 aurait pu aisément avoir des conversations avec les Français de cette époque. Les us et coutumes, les traditions et la pratique religieuse sont, dans l’ensemble, restés intacts malgré les divers changements de régimes et les guerres jalonnant ce siècle. Il n’aurait pas été pleinement dépaysé et aurait pu aisément faire sa place dans cette France de 1814, sans aucun problème. Maintenant, faisons un comparatif mais cette fois-ci entre un Français de 2014 avec celui de 1914. Imaginons donc un Français de 1914 propulsé dans le futur et évoluant dans la France de 2014. Que verrait-il en comparaison de son époque ? Il verrait une France devenue essentiellement urbaine et où la paysannerie est réduite à son strict minimum. Il verrait des églises vides, des centres commerciaux pleins et de la publicité partout. Il verrait les Français enfermés chez eux devant la télé ou Internet et ne communiquant le plus souvent qu’avec des téléphones portables. Il verrait un peuple devenu excessivement individualiste et surtout très consommateur et matérialiste. Il constaterait l’américanisation de la société, s’abreuvant de films, séries et musiques américaines, mangeant au mac do, buvant du coca, et parlant un jargon mi français mi anglais. Il constaterait l’hégémonie de l’automobile devenue envahissante, ainsi qu’une pollution devenue excessive en comparaison de 1914. Il verrait un peuple déraciné ou les us et coutumes ancestrales ont quasiment toutes disparu, faisant place aux « gay pride » ou « techno-parades » et autres stupidités de ce monde moderne. Il verrait les problèmes des cités et l’absence d’autorité du gouvernement face aux divers problèmes que rencontre la société de 2014. Il verrait des familles instables avec un taux de divorce particulièrement élevé. Sans oublier les mariages entre homosexuels… et la liste est encore malheureusement bien longue !
Autant dire que pour un Français de 1914, la France de 2014 ressemblerait plus à un pays étranger. Plus précisément au vrai visage de la république !
Alors que le Français de 1814 aurait su faire face aux épreuves dans les tranchées de Verdun en 1916, tout comme le français de 1914 aurait été parfaitement à la hauteur dans les campagnes napoléoniennes, que dire du français de 2014 dans les tranchées de Verdun ou au sein de la Grande Armée de Napoléon ? Autant dire tout de suite que le drapeau blanc de la défaite aurait flotté avant même que le combat ne soit engagé…
Même si on trouve une multitude d’avantages à vivre dans la France de 2014 plutôt qu’à celle de 1914, il n’en demeure pas moins que l’essentiel de ce qui fit la force de notre esprit français a été largement bradé au profit d’un hédonisme particulièrement malsain, et d’une société de consommation tout aussi dévastatrice !
La cassure entre le Français de 1914 et celui de 2014 est devenue un gouffre sans fond !
Le XXe siècle n’est pourtant pas un cas unique en matière de bouleversement des esprits. Notre histoire nous enseigne que des changements de mentalité, aussi rapides que brutaux, ont déjà été observés dans le passé. Nous pouvons citer le cas des Français de 1350 par rapport à ceux de 1500. En 1350 c’est le début de la guerre de Cent ans. Mais la France dans son ensemble a gardé ses traditions, sa religion bien ancrée, soumettant le peuple à l’existence d’un Dieu unique tout-puissant, le mercantilisme est quasi inexistant, la chevalerie se porte bien et fait partie des mœurs. L’architecture de style gothique est florissante.
Mais pour le Français de 1500, l’état d’esprit n’est plus le même. Les vicissitudes de la guerre de Cent Ans ainsi que les ravages de la peste bubonique ont totalement bouleversé les esprits. Un culte de l’antiquité venant d’Italie fit son apparition et engendra une architecture de style « Renaissance ». Le Français de 1500 est plus prompt à la réforme religieuse ainsi qu’à l’anthropocentrisme. La conquête des Amériques et l’afflux de l’or qui en résulta, fit naître un attrait considérable du matérialisme, et donc du mercantilisme.
L’historien Paul Hazard dans « La Crise de la conscience européenne » fit également cette constatation :
« Quel contraste ! quel brusque passage ! la hiérarchie, la discipline, l’ordre que l’autorité se charge d’assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu’aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l’autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats […] La majorité des Français pensaient comme Bossuet ; tout d’un coup les Français pensent comme Voltaire : c’est une révolution.» (« La Crise de la conscience européenne » / par Paul Hazard – Ed Fayard – 1961, Préface p.7)
Il démontre que dans la période se situant entre 1680 et 1715, il y eut en Europe comme une sorte de « révolution » de conscience où « crise de conscience ». Cette préparation psychologique qui s’est opérée entre 1680 et 1715 aboutit à l’émergence de la génération qui fera la prise de la Bastille en 1789. Ce fut également cette génération qui fit la part belle aux idéaux dits des « Lumières » qui entamèrent un travail de sape contre l’Église et la monarchie française.
Cette crise de conscience a été en quelque sorte le terreau d’une éthique de la reconquête à la sauce révolutionnaire. La suite on la connait…
Alors ? Comment et pourquoi en est-on arrivé là en si peu de temps ? Que s’est-il passé lors de ce désastreux XXè siècle pour que le Français de 2014 devienne l’incarnation d’une cassure brutale avec toutes les générations précédentes ? Tout simplement parce qu’il est devenu un homme moderne sur la base d’un reniement total de la Tradition issue de la civilisation française.
Et pourquoi tout a été fait pour que le Français devienne un moderne selon cette définition ? Parce que c’était nécessaire et indispensable à la république pour pouvoir imposer durablement ses valeurs et sa société de consommation au service de l’argent-roi et du mondialisme apatride. Dans l’esprit de la pensée dominante, le qualificatif de « moderne » peut avoir un sens positif en comparaison de l’homme traditionnel, plus apparenté à un arriéré. Là se trouve l’erreur, car en réalité c’est bel et bien l’inverse qui s’observe. Analysons l’éthique traditionnelle en comparaison de l’éthique moderniste :
L’homme est un animal politique disait Aristote. Animal car ses bas instincts et le fonctionnement de son corps physique sont proches de ceux des animaux mammifères, et politique parce que cet animal qu’est l’homme a une capacité d’élévation intellectuelle et spirituelle unique qui lui permet d’engendrer de grandes civilisations, mais malheureusement aussi des désastres…
Nous allons analyser les distinctions qu’il y a entre la vision du monde traditionnel et celle du monde moderne afin d’expliquer clairement en quoi le modernisme qu’on nous a imposé, est parfaitement identifiable à une forme de régression de notre civilisation. Nous nous appuierons sur l’analyse faite à ce sujet par Christophe Levalois dans « Les temps de confusion » :
« Tout homme, dans une société traditionnelle, s’intègre dans l’ordre social. […] Lorsqu’il naît, l’homme n’est que potentialités. Il reçoit un héritage qui est très important : par le sang, il appartient à une lignée, à un clan, cela lui vaut des obligations ; par la race physique, il fait partie d’un peuple. Il lui reste à devenir et à assumer. Son existence est notamment ponctuée par des rites de passage qui marquent son évolution intérieure et l’accès à un groupe spécifique de la communauté. Cela peut-être, par exemple, les hommes adultes ou guerriers ou encore les prêtres.
La première naissance, que connaissent tous les hommes, est la venue au monde physique, la deuxième naissance l’intégration dans l’ordre traditionnel. Le nouveau venu devient un héritier, un témoin et un continuateur. Il est membre à part entière de sa communauté. Il en est co-responsable. L’héritage qu’il reçoit, spirituel, culturel et ethnique, il doit s’en montrer digne et le faire fructifier. Alors, il peut espérer parvenir à la troisième naissance qui donne accès au monde céleste et à l’éternité. » (Les temps de confusion / par Christophe Levalois – Guy Trédaniel Éditeur – 1991, p.23 et 24)
C’est en effet ce qui distingue au premier abord l’homme traditionnel de l’homme moderne. L’homme traditionnel est avant tout un héritier. La tradition, signifie pour nous la transmission. Elle n’est pas la résultante d’une accumulation de faits hasardeux au fil des siècles. Elle est au contraire une transmission multiséculaire des expériences acquises et des pensées ayant fait leurs preuves dans le temps et le développement de la civilisation. La Tradition n’est ni plus ni moins un mode de vie basé essentiellement sur l’analyse empirique des faits, des pensées, des expériences et des connaissances positives, excluant les principes mauvais. Rien à voir avec une quelconque forme de conservatisme figé et inadapté comme certain le considère. Le but de cette pratique multiséculaire étant d’élever l’homme, d’en faire un être transcendant afin qu’ici-bas sur terre, il puisse œuvrer paisiblement au développement de sa civilisation, sans jamais perdre de vue son objectif principal d’atteindre l’ère édénique de sa civilisation. L’homme traditionnel né, de ce fait, héritier de l’histoire du peuple auquel il appartient. À son tour, il devra préserver cet héritage, le fructifier à son échelle et le transmettre également aux générations futures. Il a en conséquence, une grande responsabilité au regard de ses ancêtres, mais aussi vis-à-vis des générations futures…
Et ce principe d’héritage transmis dès la naissance s’applique également vis-à-vis de ceux dont les ancêtres sont issues d’une autre civilisation !
A contrario, l’homme moderne lui, n’est pas un héritier. L’homme moderne est avant tout essentiellement matérialiste. Sa vision du monde est unidimensionnelle. Sa logique le pousse à ne vivre et à ne se soucier que de l’instant présent. Les révolutionnaires de 1789 disaient : « faisons table rase du passé ! » C’était leur crédo. En effet, ils ne voulaient plus se sentir héritiers des siècles passés, mais ne songeaient qu’à eux-mêmes et à l’instant présent. N’étant pas héritier des siècles passés, l’homme moderne erre un peu comme un animal, il évolue dans un monde purement matériel dont le souci principal est de consommer et combler ses besoins personnels. Il profitera des acquis des siècles passés de la civilisation qui l’a vue naître, mais ne cherchera pas à y apporter sa pierre à l’édifice considérant que tout lui est dû, ne se souciant que de ses droits et jamais de ses devoirs. Paradoxalement, c’est un peu le credo du socialisme ! Le philosophe et sociologue Antoine Blanc de Saint Bonnet écrivait à ce propos :
« Le socialisme est plus facile que la civilisation. […] Cela consiste à consommer ce que les siècles ont recueilli : tout le monde est bon pour cela. » (Restauration française / par A. Blanc de Saint Bonnet – 1872, p.202)
« Il faut vivre avec son temps » proclame le moderniste lorsqu’on lui rappelle les vertus du passé. Considérant que l’époque dans laquelle il vit, identifiée au présent, est foncièrement supérieure aux siècles passés. Ce qui pousse l’homme moderne à autant d’assurance dans cette affirmation, c’est encore une fois de plus sa vision purement matérialiste de la civilisation dans laquelle il évolue. Il constate qu’il bénéficie d’une technologie, d’une médecine et d’un confort bien plus sophistiqués que ce que les civilisations des siècles passés ont pu bénéficier en leurs temps. Dès lors, la conclusion s’impose d’elle-même, et de plus, elle est en parfaite adéquation avec la théorie de l’évolution de Darwin qui voudrait que l’homme soit en constante évolution depuis son supposé statut de singe.
Ce qui implique que l’homme d’aujourd’hui, l’homme du présent est, de facto, supérieur à toutes les générations précédentes, et ce, depuis les premiers hommes sur terre. Comment se référer et s’enrichir des connaissances du passé avec un tel postulat ? Rien d’étonnant qu’aux yeux de l’homme moderne, la tradition ne soit qu’une référence nostalgique du passé. La différence est pourtant claire : la nostalgie est un sentiment de regret des temps passés ou de lieux disparus ou devenus lointains, auxquels on associe a posteriori des sentiments agréables. Ce dont nous parlons au travers de l’éthique traditionnelle n’est pas de nostalgie, mais bel et bien d’empirisme. L’empirisme n’est pas un sentiment vis-à-vis d’un passé romancé. Il est une méthode d’analyse historique et scientifique des expériences positives, acquises et maîtrisées du passé. Seulement, ces expériences qui ont fait leurs preuves et qui, adaptés à notre époque pourraient nous ouvrir la voie à un développement plus efficace de notre civilisation, ne seraient valables que si notre époque présente des symptômes de régression dans des domaines précis traités comparativement.
Lorsque l’homme moderne parle de la société d’abondance dans laquelle il vit, il s’agit de l’abondance matérielle. Par contre, il témoigne d’une grande misère et même détresse spirituelle. Quand il évoque la liberté, c’est toujours une liberté formelle et physique : aller où, quand et comme il le veut, dire ce qu’il lui plaît, ainsi de suite. À l’inverse, la liberté spirituelle n’est pas un droit, mais une conquête, sur soi-même plus que sur les autres, et une sagesse. Elle consiste à s’affranchir du monde matériel, tandis que la liberté du moderne le rend dépendant et esclave de celui-ci. Quand le moderne pense à l’égalité, il la voit également comme un droit et il la conçoit comme étant matérielle et formelle. L’homme traditionnel ne connaît qu’une seule égalité : l’égalité spirituelle. Il sait qu’elle-même s’avère rare en ce monde qui est par excellence inégal.
L’homme traditionnel et l’homme moderne cherchent tous deux la jeunesse. Mais il ne s’agit pas du tout de la même. L’une est spirituelle, l’autre physique. Ces deux conceptions significatives renvoient à deux visions du monde irréductibles.
Si l’homme moderne cherche tant la jeunesse et s’ingénie à en porter ostensiblement toutes les caractéristiques, c’est parce qu’intérieurement il se sent désespérément vieux, usé, fini. Alors, il multiplie les artifices pour donner l’impression contraire. Il en est ainsi de tous les aspects et de tous les discours du monde actuel. (Les temps de confusion / par Christophe Levalois – Guy Trédaniel Éditeur – 1991, p.62 et 64)
Rien de surprenant de constater qu’il n’y a aucune transcendance chez l’homme moderne. A défaut de croire en une entité créatrice de l’univers, Dieu, il croit plutôt en l’humanité, et plus particulièrement en l’Homme. Ce fameux Homme abstrait glorifié dans la charte des Droits de l’Homme. Ces Droits de l’Homme qui mettent aussi en évidence une distinction évidente entre le moderne et le traditionnel. L’homme moderne comme nous l’avons dit, n’a le souci que de ses droits, et rarement de ses devoirs. Ce qui finalement, le pousse à l’individualisme. Alors que l’homme traditionnel se soucis bien plus de ses devoirs que de ses droits. Devoirs envers sa famille, envers son pays, envers la nature…etc. Devoirs basiques qui lui sont aussi dictés par le Décalogue : VI. Tu ne tueras point. VII. Tu ne commettras point d’adultère. VIII. Tu ne déroberas point. IX. Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain. Etc. Ce qui le pousse à un plus grand esprit de solidarité et de sociabilité ! C’est au nom de l’Homme que le moderne élabore sa vision du monde. Et on voit bien où cela a mené l’humanité depuis la révolution de 1789 à aujourd’hui, que d’avoir agi au nom des Droits de l’Homme… Il faut reconnaître que cet anthropocentrisme ne date pas de la révolution de 1789. La révolution n’est que la phase terminale de la trinité infernale de notre déclin, à savoir les 3 R : la Renaissance, la Réforme et la Révolution, engendrant à son tour les républiques, qui ne sont que l’expression institutionnelle et politique des idéaux révolutionnaires.
Cette religion anthropocentriste, pour ne pas dire anthropothéiste, puise sa source dans cette période que les historiens appellent « la Renaissance ». Cette Renaissance débute en France avec les premières guerres d’Italie (1494), à la toute fin du XVe siècle juste après les épreuves de la guerre de Cent Ans. Elle se finit avec le début des Guerres de Religion. Le terme même de Renaissance ne peut se comprendre que dans un sens révolutionnaire, où l’héritage du christianisme doit être remplacé par une « renaissance » de l’Homme, affranchi et délesté de tout l’apport des 15 siècles de culture et de civilisation chrétienne.
Le progrès de l’homme.
Le plus grand drame de notre monde moderne est, comme nous l’avons dit, d’avoir réussi à faire croire que l’homme d’aujourd’hui, l’homme qualifié de moderne, est forcément supérieur à toutes les générations qui l’ont précédé. Supérieur car possédant une technologie, une médecine et un confort bien plus sophistiqué que les générations précédentes. Nous l’avons vu, le modernisme est basé essentiellement sur une vision purement matérialiste du monde. En conséquence, la notion de progrès ne peut se faire qu’au travers de cette logique issue du matérialisme et la technologie. Mais s’il y a bien une distinction à faire, c’est celle du progrès technologique à celle du progrès de l’homme. Ces deux formes de progrès sont parfaitement distinctes. Et dans notre monde moderne d’aujourd’hui le progrès technologique se fait malheureusement souvent au détriment de celui de l’homme. D’ailleurs, ce constat fut observé encore une fois de plus durant la Guerre de 14, ou l’on verra le progrès technique des machines de guerre (mitrailleuses, chars d’assaut, aviation, mortiers…etc) s’imposer au détriment du respect de la vie humaine des soldats. Et c’est cette mise en valeur du progrès technique qui, depuis les temps anciens, imposera cette expérience nouvelle à l’Europe et au Monde, d’un conflit qui fut l’un des plus meurtriers sur une période aussi courte. Le paroxysme fut atteint avec Hiroshima et Nagasaki en 1945, ou l’on vit la population civile japonaise servir ni plus ni moins de cobayes humains, afin de tester l’efficacité de la bombe atomique en situation réelle. La technologie atomique avait plus de valeur que la vie humaine aux yeux des « libérateurs » américains. Mais c’est le prix à payer quand on agit au nom des Droits de l’Homme et des démocraties…
Le monde moderne a ouvert la voie au progrès technologique, mais a littéralement oublié le développement en parallèle du progrès de l’homme. Ce que mettait en évidence le docteur Alexis Carel lorsqu’il disait : « La civilisation a pour but, non pas le progrès de la science et des machines, mais celui de l’homme »
Et qu’elle est-il ce progrès de l’homme ? Le voici :
• La sagesse
• L’amour
• L’intelligence
• La connaissance
• L’humilité
• La transcendance
• Le courage
• L’honneur
• La loyauté
• Le sens du sacrifice
• Le sens du devoir
• Le sens de la Justice
• La fidélité
• La solidarité
Sans oublier aussi la bienséance qui implique par exemple :
de saluer et remercier ses amis et connaissances de manière appropriée, chaleureuse et respectueuse,
de saluer les personnes en les regardant droit dans les yeux, sans détourner son visage.
d’offrir l’hospitalité équitablement et généreusement à ses invités,
de porter une tenue en adéquation avec la situation,
de contribuer de manière constructive à une conversation en prenant garde de ne point la dominer,
de savoir céder sa place ou offrir son aide à une personne dans le besoin,
de manger proprement et silencieusement,
d’éviter de déranger autrui avec des bruits inutiles,
de savoir respecter et comprendre les règles établies dans un endroit que l’on découvre,
d’être ponctuel,
de répondre promptement aux invitations et sollicitations
Nous pourrions aussi rajouter les dix règles fondamentales constituant la base de toute civilisation chrétienne : Le Décalogue.
Et voilà le but de la vie de chacun de nous sur terre. Développer en soi toutes ces vertus.
Il est vrai que ces règles qui régissent la transcendance de l’homme n’ont rien de matérialiste en soi. C’est certainement l’une des raisons qui a poussé le monde moderne à s’en détourner et même de les faire oublier. Un peuple qui réussit à créer les conditions nécessaires à l’enseignement et à la maîtrise de tous ces principes-là, peut s’enorgueillir d’avoir atteint l’apogée de la Civilisation pour laquelle il œuvre. Ces principes peuvent différer en fonction des Peuples dans le monde et des Traditions qui en émanent. Nous n’avons cité que les principes concernant notre civilisation française. Cet âge d’or, n’exclut nullement le monde matériel, mais ce dernier au sein d’une Civilisation traditionnelle, ne fait que servir l’homme, et par là même, l’argent devient aussi serviteur du développement de la Civilisation. Expliquant ainsi, qu’au sein du monde moderne il n’y a que le paraître qui prime et valorise l’individu. Un homme incarnant le contraire de tous les principes transcendants cités précédemment, c’est-à-dire : sans sagesse, sans amour, sans intelligence, sans connaissance, sans humilité, sans transcendance, sans courage, sans honneur, sans fidélité, sans solidarité, sans justice, mais soumit à la mode vestimentaire, possédant les derniers gadgets à la mode, la dernière voiture dernier cri, ou le dernier téléphone portable etc… sera considéré aux yeux du monde moderne, comme un homme nouveau selon les caractéristiques mêmes de l’éthique moderniste.
A savoir un homme supérieur à toutes les générations passées parce que possédant justement toutes les technologies nouvelles de son siècle, et arborant ce que la mode vestimentaire lui impose, de peur d’être qualifié de ringard. À quoi bon dans ce cas-là développer en soi toutes les vertus cités précédemment, si la possession de ces technologies justifie à elle seule le qualificatif de moderne ? Alors qu’il n’en est rien, cet homme n’est ni plus ni moins qu’un esclave du monde matériel, qui est par définition un univers restreint, soumit au règne de l’argent régissant et dictant sa vie.
Sans le développement des principes transcendants de l’homme, il n’y a pas de progrès de l’homme, mais seulement celui du monde matériel ce qui n’a rien à voir. Il n’est pas difficile de constater à ce jour, que le progrès technique se fait souvent au détriment de celui de l’homme. On pourrait par exemple, doter l’homme de Neandertal de la même technologie et mode vestimentaire que l’homme moderne d’aujourd’hui. Au final on ne verrait pas en quoi l’homme moderne contemporain serait supérieur ou différent de l’homme de Neandertal, si dans les deux cas la technologie et la mode vestimentaire dont ils bénéficient sont identiques, et surtout si c’est par elles que le qualificatif de progrès prend tout son sens…
Par contre, si on oppose le courage et le sens du sacrifice des Spartiates aux Thermopyles avec ceux de l’homme moderne, ne sachant plus intervenir dans le métro quand une femme se fait agresser, nous ne pouvons que constater une régression sur les vertus du courage et du sens du sacrifice. Mais les Spartiates n’avaient pas de I phone eux ! Comparons aussi la Sagesse du Roi Salomon ou de Saint Louis, avec la sagesse des maîtres contemporains. Comparons aussi l’amour courtois du XIIIè siècle avec l’amour moderne du XXIè siècle. Tristan et Iseut face à Meetic… etc.
L’avènement de l’ère édénique de notre civilisation ne dépendra que du respect des principes transcendants de ceux combattants pour la France, et plus globalement du peuple français tout entier.
Bref ! Nous pourrions faire un dossier complet sur tout ce qui constitue notre civilisation actuelle, la comparer empiriquement avec les différentes périodes de notre histoire nous enseignant une vision différente et souvent bien plus mature que ce que nous sommes et faisons aujourd’hui.
Notre conclusion est donc sans appel : le modernisme est une régression de l’humanité ! Et s’il est une régression, c’est parce que ce modernisme est basé sur une considération purement matérialiste de l’homme, dépouillé des siècles d’expériences de son histoire et de sa dimension transcendante ! L’existence de l’homme moderne ne repose sur rien, ni passé, ni histoire, ni civilisation ni religion ! En d’autres termes, un retour à l’homme des cavernes, avec pour seule différence une technologie sophistiquée en guise de progrès ! Il correspond parfaitement à ce que les mondialistes veulent que nous soyons, à savoir des « citoyens du monde », condition nécessaire à la destruction des nations pour l’avènement de la dictature du Nouvel Ordre Mondial !
La modernité doit être au service de la Tradition et non contre elle comme c’est souvent le cas malheureusement en ce début du XXIè siècle dans cet Occident encore sous tutelle de l’UE.
Il ne tient qu’à nous tous de découvrir ou redécouvrir les vertus de l’éthique traditionnelle qui fit la force de notre civilisation durant des siècles. Et comme le formulait si bien le vieux maître de Martigues :
« Ce que nos ancêtres ont fait par coutume et par sentiment, le poursuivre nous-mêmes avec l’assurance et la netteté scientifiques, par raison et par volonté. »
Et notre jour viendra !