Sociaux parce que Royalistes

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°11)

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« En ne laissant debout qu’un géant, l’Etat et 25 millions de nains, la Révolution a créé un monde de pygmées et de révoltés.» disait E. Renan. Quand a Joseph de Maistre, que l’on peut considérer comme un précurseur : « Je n’ai jamais rencontré un Homme, mais des hommes.»
A chaque peuple correspond une tradition, une culture, une politique aussi différente des autres par son histoire, ses mentalités et ses climats, que son destin historique et métaphysique. Louis de Bonald critiqua « l’avènement politique du commerce et de l’industrie » au détriment des élites réelles de la France. Les royalistes comprendront vite que la République, issue de la Révolution est à la fois antinaturelle, comme antisociale et par déduction destructrice du tissu traditionnel et national, donc anti-française…Rivarol apôtre de la francophonie eut la même analyse pendant que E. Burke expliquait que la Révolution en France était le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’Empire britannique…

1828, Villeneuve Bargemont, préfet du Nord et le docteur Villermé, soucieux de la misère ouvrière, entament chacun une enquête sur les conditions de travail dans les manufactures. Les conclusions seront similaires : le besoin pressent d’un urbanisme passant par le logement social, un développement scolaire pour l’instruction, une amélioration des conditions de travail tout en revoyant les salaires…Une équipe se forme avec Armand et Anatole de Melun, Benoist d’Azy, Montalembert, Falloux…Tous royalistes comme la France de l’époque, vu les résultats électoraux et lassée des exactions révolutionnaires. Une multitude de lois sociales sont proposées et souvent pour restituer au monde ouvrier, ce que l’on lui avait volé en 1789 mais dans le refus continuel des républicains de gauche comme de droite…Les vainqueurs de la monarchie sont trop content de profiter d’une main d’œuvre sans protection et corvéable à merci. L’opposition royaliste continu néanmoins imperturbablement à soulager la misère ouvrière devant l’hostilité haineuse des parvenus républicains, attachés aux fruits juteux du capitalisme. On est plus en royauté, on peut massacrer le peuple au nom de la sacro sainte Liberté…

1830, c’est aussi l’époque de la fondation de la première mutuelle qui sera interdite par le gouvernement de juillet.

1841 et les années suivantes, le groupe royaliste présente une multitude de lois :

– loi sur la protection et la limitation du travail féminin et des enfants (Montalembert)
– lois sur les logements insalubres
– lois sur les caisses de retraites et de secours mutuels
– lois sur la réinsertion des jeunes détenus
– lois sur les limitations du temps de travail
– lois sur l’amélioration des conditions de travail
– lois sur les contrats d’apprentissage

Refus systématiques de l’opposition gauche et droite républicaine. Tout cela avec en même temps la participation directe sur le terrain pour soulager la misère et assurer de la formation et des aides :

– création de la première section de la Croix-Rouge
– formation des apprentis
– fondation de la Mutualité (1 million de membre en 1870)
– défense des ouvriers de la Seine et des canuts de Lyon, poursuivis pour délit de coalition par le célèbre avocat royaliste, Berryer.

1865 retentissante « Lettre sur les Ouvriers » du Comte de Chambord, réclamant :

la liberté syndicale et le retour des corporations avec une participation populaire étendue aux élections…

Ces idées sociales firent tellement de bruit et peur aux libéraux, que la dernière tentative de restauration échoua en 1875, au détriment de la France populaire attendant sa libération par l’éventualité d’un Henri V.

Cet échec, comme la défaite de 70, eurent des répercutions dans le milieu intellectuel. Taine, Renan, Auguste Comte remirent en question les fondements de 1789 et constitueront le terreau intellectuel de la future Action française…

De 1855 à 1879 publications de l’enquête sur les ouvriers européens de Frédéric Le Play, véritable encyclopédie sociologique des besoins de tout individu et famille pour vivre en harmonie. Influencé par ses travaux, René de la Tour du Pin, élaborera une doctrine moderne, axé sur la renaissance des corps intermédiaires qui, avant la Révolution étaient le fruit de l’organisation spontanée du monde du travail et assuraient aux ouvriers, droits et participations.

L’étude historique et le christianisme apportent la solution communautaire, que l’on peut qualifier de naturelle voir écologique dans l’organisation de la cité. Rien d’imposé mais comme Aristote et les grecs anciens l’avaient étudié, une autonomie dans des libertés communales étendues. Les citoyens doivent s’organiser dans leur profession, comme les familles dans leurs vies associatives et communales et tout cela s’imbrique naturellement jusqu’à la représentation nationale, par la désignation des plus aptes pour gérer les affaires de la profession ou de la cité. Une saine démocratie en somme, débarrassée du parasitivisme partisan au service d’intérêts privés n’ayant rien à voir avec la vie réelle du pays. La corporation apparaît donc comme la solution d’un pays en crise, car elle redonne toute la dimension citoyenne à l’homme débarrassé du carcan républicain, transformant celui-ci en individu numéroté, manipulé à merci. Anarchie, diront certains libéraux conservateurs, oui d’une certaine façon, car les hommes doivent être libres et que le moins mauvais des régimes reste celui qui garantie une plus grande autonomie aux familles, communes, régions, métiers et associations jusqu’au Conseils du Roi. Ce régime minimum, reste celui de la royauté qui en son temps libéra les communes et assura force et protection au monde du travail. Selon la formule simplifiée de l’anarchie plus un…

Parlons d’Albert de Mun, 30 ans de combat social inlassable à partir de 1876 jusqu’en 1914 et un fourmillement d’idées et de projets nés dans ce groupe de royalistes sociaux, dont on trouve les notions de juste salaire familiale…

– loi sur le salaire minimum
– loi sur les caisses de retraite
– loi sur les caisses de maladie et de vieillesse
– loi sur le repos dominical

.Les projets de lois des parlementaires royalistes sont systématiquement rejetés par l’opposition républicaine droite et gauche. Sur le terrain de multiples initiatives, mutuelles professionnelles et associations voyaient le jour pour soulager la misère, former en apprentissage et éduquer, enfin, mettre en pratique une législation sociale souvent à partir de fonds et dévouements personnels royalistes..

Hyacinthe de Gailhard-Bancel (1848-1936) quand à lui, donnera naissance aux organismes agricoles d’aujourd’hui.

Le socialisme mit la main sur le monde du travail à travers les syndicats et transforma idéologiquement le combat social.
1919 : d’importants projets d’ordre sociaux sont déposés par les royalistes du Bloc national.

1924 : encore les royalistes dans le combat législatif.

1930 : proposition de loi sur les assurances sociales.

1936 : proposition de loi sur la création d’un Conseil national économique.

1937 : proposition de loi pour un prêt aux ménages dont la naissance du troisième enfant annulerait la dette.

Rejets systématiques par les républicains…

Le Front populaire reprendra à son compte les vieux projets de lois des royalistes et s’en attribuera les mérites.

QUE RESTE-T-IL ?

Les royalistes restent novateurs dans le domaine social. Ils ne sont pas restreints par une vue idéologique comme les partis de gauche. Ils savent par expérience et connaissance historique que seule la monarchie peu tempérer une certaine forme de libéralisme et de socialisme dans l’autonomie du monde du travail et la justice sociale. La gauche n’a rien inventé, elle a recopié et appliqué les lois sociales royalistes, qu’elle avait depuis la Révolution refusé aux ouvriers. Il suffit pour s’en convaincre, d’éplucher les archives comme nous l’avons fait et mettre sous les yeux du public les mensonges de l’histoire officielle.

Les maux dont nous souffrons restent principalement les mêmes dénoncés depuis des décennies.

– Crise économique et faillite du libéralisme avec ses conséquences.

– une population salariale sans protection professionnelle à la différence des avocats et médecins qui, eux possèdent la propriété du métier.

– un nouvel esclavage dans la concurrence avec le Tiers-monde et les délocalisations

– un certain patronat libéral sans foi ni loi, exporte ses entreprises à l’autre bout du monde, la main sur le cœur et parlant de république des droits de l’homme mais acceptant pour plus de profit, le déplacement de ses capitaux en mettant en faillite des familles entières de salariés…

– un Etat ayant perdu toute indépendance politique face à l’économique, devenu un satellite de l’Europe décidant de la vie ou de la mort de pan entier de son économie : agriculture, pêche, industrie au profit d’autres pays.

– un syndicalisme ne représentant plus le monde du travail mais la politique et dont les adhésions fondent comme neige au soleil.

– Un Etat sacrifiant son peuple en acceptant que la misère du monde vienne s’implanter ici.

– une politique suicidaire en matière de démographie, un Etat ripoux-blicain surendetté dans une marche vers l’abîme et le néant.
La plupart des lois sociales instituées, Conseil économique et sociale, sécurité sociale, participation, loi des 8 heures n’ont pas l’étendue réelle et l’autonomie dont les royalistes rêvaient qu’elles puissent avoir dans un véritable pays libre. Ces lois furent limitées par le système pour en garder le contrôle, comme pour la décentralisation.

Une perte de confiance totale envers un gouvernement n’hésitant pas à agiter les risques d’une pandémie mondiale, alors que tout le monde connaît les relations privilégiées entre les gouvernements et la finance, l’OMS et certaines grandes firmes pharmaceutiques…

On en vient à craindre sur l’intérêt réel de nos gouvernants basculant entre la santé du peuple et les intérêts boursiers. La mise en place d’un vaccin dont on ne connaît pas les effets secondaires, sommes-nous revenus à la triste époque du sang contaminé. Rappelez-vous : « responsable mais pas coupable »

Aujourd’hui plus que jamais, défendons-nous et Libérons-nous de la République antisociale…

Frédéric Winkler

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