Compte-rendu du banquet Camelot du 27 janvier 2019 :

En ce dimanche 27 janvier, une cinquantaine de personnes ont participé au Banquet Camelot organisé par le Groupe d’Action Royaliste sur le thème, d’une grande actualité, de la révolte des Gilets jaunes, qu’il n’est pas impossible de définir comme une « nouvelle chouannerie ».  Jean-Philippe Chauvin et Frédéric Winkler introduisirent les discours du Banquet par une présentation du sujet du jour et par l’évocation du décès du comte de Paris, au matin du 21 janvier, qui a été, aussi bien dans la presse française qu’internationale, l’occasion, triste néanmoins, de rappeler la mémoire du défunt et les espérances monarchistes de cette année 2019.

 

Frédéric Winkler incita les participants à s’intéresser au mouvement des Gilets jaunes et aux cahiers de doléances, en soulignant combien la République montre son vrai visage quand elle agit face à des gens qui n’ont pas assez d’argent pour vivre, et que la place des royalistes est dans les rangs du peuple en colère. Puisque le débat national et les cahiers de doléances sont ouverts, les royalistes doivent désormais s’y investir, intelligemment et sans oublier leurs propres valeurs de service et de courtoisie. Frédéric reprendra plus tard la parole pour rappeler aussi que le Groupe d’Action Royaliste est profondément engagé sur les questions régionales, sociales et environnementales, et qu’il est fondé sur l’éthique chevaleresque, et sur quelques formules simples mais significatives, comme « Nous mêmes ! », qui indique notre volonté d’agir sans attendre que d’autres nous y poussent, et notre indépendance politique. Cela se traduit, depuis dix ans, par la création de plus de 120 vidéos et de dizaines de brochures et revues, et des milliers d’autocollants et d’affiches militantes.

 

Notre ami Olivier Tournafond insista lui aussi sur cette occasion à saisir des cahiers de doléances pour faire connaître nos propositions, selon trois thèmes majeurs : l’identité, les libertés et la légitimité du Pouvoir. Sur ce dernier point, n’oublions pas la pensée d’Aristote qui évoque trois éléments de la légitimité (le « divin », la compétence, l’élection) pour les trois étages des institutions d’un régime mixte : le roi, l’élite, le peuple, associés et non confrontés. Dans la deuxième partie de son discours, il reviendra aussi sur la double question de la démocratie et de la monarchie : la démocratie est un instrument intéressant, mais à double tranchant, et qui ne doit pas être divinisé, mais encadré par un Pouvoir légitime. La vraie Monarchie, c’est un régime mixte : démocratie directe à la base, démocratie représentative dans des institutions parlementaires, et, au-dessus de tout, le roi-arbitre.

 

Jean-Philippe Chauvin, qui suit le mouvement des Gilets jaunes depuis ses origines et a participé à plusieurs de ses manifestations parisiennes en ne cachant rien de son royalisme, a évoqué cette crise sociale et politique inédite qui est entrée dans son troisième mois et peut, par certains aspects, rappeler, plus encore que Mai 68, le printemps 1958 et l’agonie de la Quatrième République. Cette révolte du « pays réel », vive et parfois maladroite dans certaines de ses manifestations, a forcé la République à ouvrir de nouveaux cahiers de doléances, 230 ans après ceux suscités par le roi Louis XVI, et que la Révolution a détournés pour le profit de quelques catégories de la « bourgeoisie » qui, depuis, n’ont plus lâché le Pouvoir, comme le rappelait avec ironie Pierre Desproges… La révolte paraît, dans ses formes comme dans ses attentes, plus proche des chouanneries provinciales contre le centralisme parisien que des émeutes révolutionnaires du Paris sans-culotte. Quant à la République macronienne, elle n’est pas une monarchie et le président n’est pas le roi, et le philosophe Marcel Gauchet comme l’écrivain François Sureau argumentent en ce sens : «  Dans la tradition française, un roi, c’est un arbitre. Quelqu’un pour contraindre les gouvernants à écouter les gouvernés. » (Marcel Gauchet) ; « Le « monarque républicain » dont on se plaint n’est en rien un monarque. C’est parce qu’il n’est que républicain que se dirigent contre lui, avec violence, le grief d’imposture et le grief de supériorité. (…) On peut rêver d’un roi qui soit à la fois le symbole et le garant de l’incorporation durable des progrès de la société à la tradition nationale, les soustrayant aux emportements de la peur, de la haine sociale d’un côté, de l’arrogance technocratique de l’autre (…). » (François Sureau). Et c’est aussi pour cela que les royalistes conséquents et enracinés préfèrent l’original (la Monarchie royale) plutôt que l’imitation (la Cinquième République qualifiée parfois de « monarchie républicaine »), en affirmant que, pour vivent les libertés françaises, il faut que vienne le Roi !

 

A la fin du Banquet, fut présenté le nouveau numéro de la revue Libertés, revue du Groupe d’Action Royaliste et de l’Action Sociale Corporative, qui est, sur 28 pages, un premier essai d’analyse et de prospective royaliste sur le mouvement des Gilets jaunes et ses possibilités, sans oublier ses potentialités monarchistes qu’il nous revient de faire advenir !

 

Hervé Loudéac.