République et démocratie

Face à la République désespérante.

La République est désespérante… Alors que la situation géopolitique et les diverses crises qui affectent notre société (en particulier la crise de la dette et celle de la confiance des Français à l’égard des institutions et du monde de l’économie) devraient forcer les principales forces politiques à penser un peu plus (et un peu mieux, surtout) au bien commun et au destin du pays, celles-ci ne s’intéressent qu’à leur « bout de gras » et aux places qu’elles pourraient espérer dans un prochain gouvernement ou après une prochaine dissolution, dans la longue suite des désordres parlementaires comme de la rue : triste, et révélateur de cette idéologie du « toujours plus » mâtinée de cette insatisfaction permanente qui, en définitive, constitue le fonds de commerce des partis du pays légal. Quant au gouvernement, en attendant celui constitué officiellement par M. Lecornu, il n’a guère brillé par son efficacité ces dernières années, et cela malgré quelques personnalités parfois très impliquées (les plus communicantes n’étant pas les plus travailleuses, d’ailleurs). L’instabilité gouvernementale, au gré des souhaits présidentiels ou des aléas électoraux et parlementaires, ramène la France aux temps contrariés de la Quatrième République, ceux-là mêmes que le général de Gaulle avait tenté, avec un certain succès tout de même, de faire définitivement oublier !



Le triste spectacle des ambitions des féodaux du pays légal, pour qui l’élection présidentielle est « la reine des élections », nous impose de réfléchir au-delà de ce modèle républicain, au-delà de 2027 : le temps républicain est aujourd’hui l’ennemi de la politique utile parce qu’il limite l’horizon à de simples échéances électorales et aux jeux d’appareil pour confisquer le pouvoir, au moins pour quelques années. Alors qu’il faudrait à la fois l’unité et les libertés pour relever les défis contemporains et pour assurer « l’avenir long », la République empêche l’une et limite les autres, dans un tango qui étourdit les citoyens sans les satisfaire dans leurs demandes légitimes (1), au risque de bloquer la situation ou de fâcher ceux qui, alors, se considèrent comme les « oubliés de la République ». Le soulèvement des Gilets jaunes, dernier grand mouvement populaire français, portait cette double revendication (parfois de manière maladroite, colérique ou outrancière (2), malheureusement) qui, à ce jour, n’a pas été satisfaite.



Il est facile de contester après avoir constaté, mais cette attitude n’est vraiment utile que si elle s’accompagne de propositions réfléchies et non de « y’a qu’à » ou de « faut qu’on » qui, trop souvent, font tomber dans la démagogie ou l’irréalisme même les meilleures intentions ou causes. Quelques pistes alors peuvent être avancées pour répondre aux crises actuelles : une refonte territoriale qui puisse concilier subsidiarité et unité supérieure française, par une nouvelle cartographie moins administrative et plus enracinée (voire historique) des régions-provinces ; la création, dans les cadres territoriaux locaux (quartiers, communes, pays, régions), de nouvelles agoras qui puissent concilier discussion, représentation et décision (les unes n’étant pas forcément toujours les autres, selon les cas considérés : là encore, la nuance, la mesure et les sentiments doivent être considérés pour servir au mieux l’intérêt public, le bien commun et l’efficacité locale) ; une logique associative et corporative pour mieux intégrer les travailleurs dans leurs cadres et missions de travail, et cela en leur donnant la propriété du métier tout comme en valorisant la qualité du travail et la dignité du travailleur, parfois toutes deux foulées aux pieds selon des considérations purement économiques ; une meilleure inclusion de la formation dans la profession, pour pouvoir s’approprier rapidement les nouvelles conditions techniques là où celles-ci évoluent très (voire trop) vite, tout en facilitant l’enracinement (professionnel et territorial) des classes travailleuses (du patron à l’apprenti) ; etc. Ces quelques pistes pourront donner, dans les mois qui suivent, des développements plus importants et argumentés, en n’oubliant pas la possibilité et la faisabilité des choses : rien ne serait pire que de bâtir sur du sable, et il importe de partir de ce qui est (quelles que soient les qualités et les défauts de la chose considérée) pour faire évoluer dans le bon sens ou changer profondément les réalités insatisfaisantes. Cela n’empêche pas l’imagination de venir au soutien des réalisations nécessaires, et celle-ci peut aussi se nourrir de l’étude et de la réflexion, comme de l’expérience : n’est-ce pas, après tout, le sens même de ce que les maurrassiens et post-maurrassiens nomment « empirisme organisateur », en rappelant toujours que « toute vraie tradition est critique », ce qui est le gage de son efficacité et de sa vitalité ?




(à suivre : les conditions politiques et institutionnelles d’une rénovation française)



Notes : (1) : Toutes les demandes populaires, si elles peuvent être entendues, n’ont pas le même degré de légitimité : certaines sont parfois oublieuses de l’intérêt général ou de la possibilité, et il est juste de les discuter, voire de les repousser. En revanche, certaines autres demandes méritent non seulement l’attention mais aussi la promotion, en particulier celles qui touchent à la valorisation du travail, et à la préservation et à la qualité des cadres de vie et de société des populations.



(2) : Cela n’enlève rien à la légitimité de la révolte, mais brouille le message et indispose quelques alliés potentiels, alors réticents à rejoindre le mouvement : du coup, la jonction entre deux parts du pays réel, que l’on pourrait grossièrement séparer entre une part périphérique et rurale, composée d’artisans, de travailleurs de proximité et d’agriculteurs mais aussi d’exilés urbains, et une part plus proche des grandes métropoles (voire en leur sein) mais appartenant aux classes populaires enracinées et aux classes moyennes craignant le déclassement social induit par la mondialisation métropolitaine et numérique, ces deux parts se retrouvant à partager à peu près les mêmes soucis et, parfois, les mêmes territoires, mais surtout les mêmes colères.




Au-delà du 10 septembre : le combat du pays réel.

M. François Bayrou a échoué et, à travers lui (après tant d’autres), c’est l’échec d’une République qui n’a pas su saisir les enjeux du temps et les aborder de façon volontaire et positive : le règne de la facilité, doublée d’une part de démagogie et saupoudrée de discours lénifiants, est une forme de tyrannie contemporaine qui peut s’appuyer sur l’aliénation des masses à la société de consommation et de loisirs, ce que Philippe Muray appelait « la société distractionnaire ». Or, toute société juste et équilibrée repose sur une part d’efforts et de partage de ceux-ci selon les catégories (d’âge, de métier et de revenus, ces trois-là pouvant évidemment se combiner), quand l’individualisme remet en cause cette exigence sociale au nom de l’individu et de sa liberté principielle. Comment « faire société » aujourd’hui quand chaque individu revendique d’être « premier servi », sans égards pour le contexte et le bien commun ? Brisées en mille morceaux et discréditées par le pays légal qui y voient des restes de corporatisme ou de provincialisme, les solidarités concrètes et anciennes ont laissé la place, au moins officiellement, à celles des partis et des groupes d’intérêt purement économiques et sociaux, dans un retour du féodalisme peu respectueux de l’Etat, de son autorité et de sa légitimité : depuis une bonne trentaine d’années au moins, nous sommes revenus à l’ère carolingienne (mais celle d’après Charlemagne…), en somme, et les diverses formes d’insécurité dont souffrent nos concitoyens (insécurité physique ou insécurité sociale, entre autres) peuvent expliquer cette sourde révolte contre des élites « qui ont trahi » et le besoin de retrouver de « nouveaux » maîtres qui, parfois, peut se traduire par une demande de pouvoir fort et indisputé, voire indiscuté… Un chiffre pour démontrer ce dernier élément : selon une récente enquête du Cevipof (1), 41 % des Français « se disent désormais favorables à un dirigeant qui gouvernerait sans Parlement ni élections » (2). Cela peut expliquer que, en définitive, de nouvelles élections législatives ne résoudraient pas, à elles seules, la crise de confiance des Français à l’égard de l’Etat et des institutions politiques.



La crise du régime est désormais avérée mais cela signifie-t-il pour autant que celui-ci tombe par terre comme un fruit trop mûr, voire gâté ? Rien n’est moins sûr : « la République gouverne mal, mais elle se défend bien », ironisait Anatole France, et il faut noter que les contestataires du 10 septembre, s’ils en appellent à en finir avec M. Bayrou (il semble qu’attendre le 10 n’aura pas été nécessaire…) et, pour nombre d’eux, avec la caste politicienne elle-même (et sur les grandes largeurs, d’abord le bloc central, mais aussi les périphéries de droite comme de gauche…), paraissent beaucoup moins unanimes sur « l’après-10 septembre », en particulier sur ses formes politiques.


Le mouvement de blocage du mercredi 10 septembre n’est d’ailleurs pas exempt de contradictions, malgré des motivations compréhensibles et des intentions souvent louables à défaut d’être réalisables. Dénoncer la suppression de deux jours fériés, mais aussi le poids trop lourd de la fiscalité sur le travail (et, par là-même, sur les travailleurs) ; en appeler à une plus grande justice fiscale, l’une des conditions majeures de la justice sociale ; rappeler à l’Etat ses devoirs de service public et de protection sociale, particulièrement envers les plus fragiles dans notre société ; demander une meilleure prise en compte des intérêts du monde du Travail face aux pressions du monde de la Finance… Tout cela est sain, et éminemment légitime, même si les moyens de parvenir à répondre favorablement à ces demandes peuvent être, eux, fort divers et, parfois, antagonistes. Mais, si la contestation s’en prend à ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, elle ne doit pas s’arrêter à cette immédiateté : il paraît nécessaire, logique, d’aller plus loin. S’en prendre aux conséquences sans s’interroger sur les causes de la crise sociale contemporaine reviendrait à un coup d’épée dans l’eau, certes jouissif mais bien peu utile et constructif. Omettre l’aspect institutionnel serait invalider toute la dénonciation des désordres sociaux, de ce que l’on nomme, aussi, injustices…

Dans la première mouture du mouvement « Bloquons tout » (formule qui, bien que sémantiquement efficace, me semble maladroite et inachevée…), les fortes responsabilités de l’Union européenne dans la crise actuelle n’étaient pas oubliées, et les derniers renoncements de Mme Von der Leyen face à M. Trump ainsi que les velléités de celle-ci à conclure des accords de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (entre autres) auraient dû renforcer ce mouvement de défiance, voire de rupture avec la politique et, surtout, l’idéologie de l’Union européenne et de sa Commission. Or, la récupération éhontée du mouvement par la Gauche jacobine et robespierriste de M. Mélenchon a largement effacé cet aspect de la contestation initiale : il est permis de le regretter…


Quoiqu’il en soit, cette rentrée politique et sociale précoce aura le mérite de poser quelques bonnes questions et d’ouvrir quelques perspectives politiques qui pourraient bien ne pas plaire au vieux républicain Mélenchon ni aux caciques du pays légal. Ces chouanneries qui se font jour dans nos villes et nos campagnes bien au-delà de l’annonce chaotique du 10 septembre, et qui ne se satisfont guère des rodomontades politiciennes des oppositions électorales, méritent de ne pas être négligées, malgré tout, et cela sans céder à la démagogie, mauvaise conseillère et pire des politiques. Un royaliste conséquent pourra y trouver quelques motifs de satisfaction sans céder à l’euphorie : encore lui faudra-t-il « saisir la verte fortune » pour rendre « possible ce qui est nécessaire ». Un beau et grand défi politique à relever, en somme…


Jean-Philippe Chauvin



Notes : (1) : Le Cevipof est le Centre d’études et de recherches politiques de Sciences Po.

(2) : Pascale Tournier, Carole Sauvage, dans La Vie, 4 septembre 2025. Nous reviendrons prochainement sur cette observation et ses éventuels débouchés politiques : au-delà de la démocratie contemporaine (parfois surnommée « dénicratie »…), il importe de penser ce qui pourrait changer dans les institutions pour redonner la parole et des pouvoirs aux citoyens du pays réel, et surtout la confiance sans laquelle, en définitive, aucun régime ne peut vraiment survivre dignement, respectueusement et respectablement…



Le plan Bayrou, ou la république sans véritable projet.

Alors que la France entrait tout doucement dans cette semi-léthargie politique et sociale qu’annonce ordinairement la célébration du 14 juillet, le premier ministre François Bayrou a choisi de présenter ses pistes de travail pour le budget de la France pour 2026, espérant peut-être que le temps des vacances apaiserait les contestations politiques, sociales et syndicales qui ne pouvaient que se faire jour au moment même où il prononçait son discours. Une espérance vite déçue, et l’intitulé de son pupitre, « le moment de vérité », a paru fort dérisoire au regard des enjeux comme des résistances à ses projets budgétaires. Pourtant, l’urgence est bien là, mais cela fait un long temps déjà qu’elle est invoquée sans que ne changent vraiment les choses, si ce n’est une aggravation régulière et apparemment interminable des déficits et des carences de l’État, au détriment de la force française et de sa crédibilité à l’échelle de l’Europe et du monde, mais également au regard de ses populations de citoyens-contribuables et de son tissu économique, industriel, agricole comme tertiaire. La menace régulièrement avancée d’une intervention du FMI en France, en violation de sa souveraineté, n’est pas si anodine que cela, malgré son caractère pour l’heure purement hypothétique (1) et, d’une certaine manière, idéologique (2) : elle est, en fait, plus révélatrice que réaliste, mais elle fait partie de ses signaux qui indiquent que notre puissance est menacée, et elle nous rappelle que la dette est un boulet, non par sa seule existence, mais par son importance, sa démesure même, et ses conséquences sur les finances de l’État, comme le poids des intérêts à payer chaque année à nos créanciers, poids de plus en plus lourd le temps passant et dépassant désormais l’actuel budget de la Défense nationale, ce qui n’est pas de bon aloi ni de bon augure…

Les mesures annoncées par M. Bayrou sont d’abord conjoncturelles, et non structurelles : c’est sans doute cette absence de politique de long terme et d’enracinement institutionnel qui est problématique (et condamnable), et qui laisse craindre que, non seulement ces mesures soient inefficaces, mais qu’elles soulèvent plus de contestations (là encore, toutes ne sont pas égales ni forcément justifiables de la même manière) que d’adhésion au moment même où l’unité sociale devrait être la plus forte pour sortir de la situation d’ensablement de l’économie française. Bien sûr, il y a quelques mesures d’urgence à prendre, mais le mieux ne serait-il pas de les inscrire, comme une préface, dans un vaste plan de restructuration (certains diraient restauration…) économique et sociale ? Or, les annonces de M. Bayrou sont plutôt décevantes et ne préfigurent pas vraiment une remise en état de ce qui doit l’être pour assurer à notre pays et à nos concitoyens un avenir serein… La suppression de deux jours fériés, par exemple, est-elle vraiment déterminante pour redresser les comptes publics ? N’est-elle pas, en revanche, un élément de blocage « sentimental » pour une possible acceptation pour les salariés de la nécessité avancée de « travailler plus » ? N’aurait-il pas été plus intéressant d’évoquer la possibilité de travailler un certain nombre d’heures en plus dans le cadre du calendrier actuel sans le remettre en cause ? Sans compter que le secteur du tourisme et celui de la restauration voient d’un mauvais œil cette disparition programmée de deux jours fériés qui, généralement, profitent à leurs activités, surtout au printemps, et qui peuvent rapporter de quoi, aussi, emplir un peu plus les caisses de l’État.

D’autres propositions avancées par M. Bayrou semblent condamnées à n’être que des expédients sans lendemain, même s’ils peuvent donner temporairement un peu d’air aux Finances : le principe de « l’année blanche » peut être intéressant s’il est suivi d’une véritable politique d’investissement des sommes ainsi économisées, et non d’un simple colmatage de quelques brèches dans le navire de l’État. Quelques remarques néanmoins : d’abord, cela ne peut être véritablement et utilement pratiqué que pour une année ; d’autre part, le même principe doit être appliqué à tous et cela interdit a priori toute exonération ou toute exception, qui ruinerait le principe de cette année blanche et en amoindrirait les résultats (3) ; sans oublier qu’elle n’est vraiment possible et socialement acceptable que si l’inflation est basse, ce qui est actuellement le cas mais n’est pas forcément assuré pour les mois prochains si de nouvelles tensions sur les matières premières ou les sources d’énergie, par exemple, apparaissent.

Toutes les mesures annoncées par un premier ministre qui, pour avoir écrit un livre sur le roi Henri IV, n’en est pas Sully pour autant, s’inscrivent dans le temps d’une République qui, en fait, risque de tout remettre en cause dès la prochaine échéance électorale, qu’elle soit présidentielle (en 2027, a priori) ou législative (quand ? Rien n’est sûr, désormais…) : ce « temps court » d’une République, redevenue Quatrième par le jeu incessant des partis et les maladresses répétées de l’actuel locataire de Mme de Pompadour (4), est le principal obstacle (mais pas le seul, loin de là) à une politique économique de long terme qui puisse être économiquement efficace et convaincante tout autant que socialement juste, ce dernier élément ne devant jamais être négligé si l’on suit les préceptes du royalisme social (5).


(à suivre)


Jean-Philippe Chauvin


Notes : (1) : C’est Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui estime, dans un entretien au quotidien Le Parisien (samedi 19 juillet 2025), que « la France n’est pas la Grèce de 2009-2010 », et qu’il n’est pas « nécessaire de faire peur avec la menace du FMI », ce en quoi il a parfaitement raison (pour une fois, pourrait-on dire…), du moins pour le moment et le futur proche.

(2) : Ce sont les libéraux les plus acharnés à dénoncer l’endettement de l’État et la présence de l’État dans l’économie (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d’ailleurs, et il peut y avoir débat sur ce sujet), qui agitent frénétiquement l’épouvantail du FMI, semblant l’espérer comme le Messie, dans une posture qui, à bien y regarder, n’est guère civique ni juste. Que la menace existe (plus proche qu’hier, sans doute, mais encore – Dieu merci – lointaine et imprécise), c’est indéniable ; qu’elle soit inéluctable, en revanche, n’est pas encore écrit… En fait, c’est plus par idéologie que par réalisme que les libéraux en appellent au FMI pour mener des réformes de déconstruction de l’État social qui, pour nous, ne sont ni nécessaires ni justes au regard des équilibres et de l’unité de notre nation.

(3) : Si cette pratique égalitaire de la mesure paraît justifiée, est-elle toujours juste pour autant ? Car les catégories aisées de la population en ressentiront moins les effets, souvent indolores pour elles, que les catégories les plus fragiles, surtout en période d’incertitude économique et d’insécurité sociale. Le risque est d’aggraver, par là-même, la « crise des ciseaux » entre les plus aisés et les plus précaires (voire prolétaires). Cette perspective inquiétante ne peut être négligée, surtout si la justice sociale est la boussole de l’État (mais est-ce vraiment le cas aujourd’hui ?).

(4) : Le palais de l’Elysée, aujourd’hui occupé par M. Macron, est l’ancienne résidence de la marquise de Pompadour, un temps favorite du roi Louis XV, résidence acquise en 1753 et qu’elle conservera jusqu’à sa mort, survenue en 1764.

(5) : La justice sociale est la colonne vertébrale de la pensée royaliste sociale, depuis le préfet Villeneuve-Bargemont et le théoricien René de La Tour du Pin, l’un pouvant être considéré comme un véritable promoteur de l’État social au XIXe siècle et l’autre comme le valorisateur de la justice sociale en un temps où ce sont le progrès et la croissance industrielle qui semblent primer sur toute autre considération dans les classes économiques dirigeantes…


L’obscurantisme des « Lumières » :

Texte issu du livre : LE LIVRE NOIR DES RÉPUBLIQUES EN FRANCE – 2 : disponible ICI

Au XVIIIè siècle, et plus précisément de 1715, année du décès de Louis XIV, à 1789, année de la révolution antifrançaise, naquit un mouvement philosophique et littéraire plus communément appelé les « Lumières ». Les philosophes et les savants qui composaient ce mouvement, se donnèrent pour objectif de remettre en cause les fondements religieux, politiques, économiques et sociaux de la société monarchique multiséculaire d’alors.

L’œuvre majeure qui fut le fer de lance de cette lutte antimonarchique et anticatholique fut la fameuse Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, éditée de 1751 à 1772. Cette Encyclopédie, qui se donnait pour objectif de réunir toutes les connaissances de l’époque afin de les rendre accessible au plus grand nombre, fut à l’origine bien accueillie par l’Eglise et la Monarchie. Mais les choses se sont de plus en plus compliquées lorsque l’Église et le pouvoir Royale comprirent que l’Encyclopédie était plus une arme politique rédigée contre eux, avec pour adversaires les philosophes.

Observons maintenant plus en détail le contenu soi-disant émancipateur de cette pensée issue de ces pseudo-philosophes…

(suite…)

La république monocratique dessert la France.

La rentrée politique s’annonce compliquée, et la difficulté à trouver un titulaire pour le poste de Premier ministre n’augure rien de bon pour la suite qui, par principe en somme, ne satisfera pas grand-monde : la Gauche regroupée sous la marque « Nouveau Front Populaire » semble déjà hors-jeu, condamnée à jouer la carte de la rue pour peser encore ou, tout simplement, se faire entendre ; la Droite nationale, elle, pourra utiliser la menace de la censure (ou, au contraire, de sa non-censure, encore plus stressante pour ses adversaires…) pour continuer à exister parlementairement parlant ; les Républicains modérés, prisonniers de leurs contradictions et de leurs doutes, hésitent à franchir le pas de Matignon malgré les dénégations de leur chef de file Laurent Wauquiez… Les socialistes se divisent aussi, écartelés entre la radicalité robespierriste de Mélenchon, leur plus fidèle ennemi, et la modération radicale de Cazeneuve, l’éternel pince-sans-rire de la République…

Mais le désordre est aussi au sein du gouvernement en sursis dont l’actuelle ministre de l’éducation nationale remet en cause les aménagements de son prédécesseur devenu Premier ministre de plein exercice avant que d’être démissionnaire par la force des choses et la volonté présidentielle… Cela ajoute à l’impression désagréable de chaos institutionnel du moment ! Décidément, la Cinquième République ressemble de plus en plus à la Quatrième, au risque de finir comme elle, le discrédit pouvant bientôt mener à une agonie douloureuse si l’on n’y prend garde…

Ce qui est certain, c’est que la monocratie républicaine montre là toute sa différence d’avec une Monarchie royale : cette première, née en 1958, n’est que le pouvoir d’un homme élu, c’est-à-dire le résultat d’une soustraction (100 % des électeurs moins le nombre de suffrages exprimés pour ses adversaires si l’on ne compte que les suffrages exprimés…) quand le souverain royal ne compte pas ses soutiens et ses oppositions, mais incarne l’intégralité de la nation et de son corps électoral, au-delà de sa diversité et de ses querelles. Si le président Macron n’est pas suivi et si critiqué, c’est justement de par sa légitimité électorale, légalité certaine mais à laquelle il manque un enracinement dans le temps que peut représenter une dynastie dont le représentant du moment est un successeur tout comme un prédécesseur : la formule « le roi est mort… vive le roi ! » acte cet enracinement et cette continuité, mais aussi l’indépendance à l’égard des féodalités politiciennes qu’elle permet idéalement (la réalité étant néanmoins parfois plus complexe, sans remettre en cause le principe initial de cette liberté de parole et d’action autorisée au monarque), et qui autorise un choix du Premier ministre (par exemple) qui ne remet pas en cause la légitimité de la magistrature suprême de l’Etat, ni ne menace la pérennité de celle-ci.

La Cinquième République pensait avoir résolu la question institutionnelle en instaurant le scrutin uninominal à deux tours pour les élections législatives pour avoir des majorités parlementaires indiscutables et l’élection du président de la République au suffrage universel pour permettre un rapport direct entre le peuple (ici, le corps électoral français) et le Chef de l’Etat, et lui assurer une crédibilité incontestable (au moins sur le plan de la légitimité démocratique) : visiblement cette formule ne fonctionne plus… « Le charme est rompu », disait un constitutionnaliste il y a quelques années, et le psychodrame de la nomination d’un nouveau Premier ministre sans majorité parlementaire (un schéma que l’on pensait impossible sous la Cinquième…) le confirme chaque jour un peu plus. Bien sûr, le Président reste, malgré tout, le maître (contesté) du jeu, mais sa pratique machiavélienne de la Constitution l’a abimée et a gravement déconsidérée la fonction suprême de l’Etat, au risque de fragiliser la puissance politique face aux féodalités financières et économiques. Que le dirigeant du MEDEF veuille fonder une sorte de « Front économique » (qui ressemble plutôt à un simple front patronal, ce qui en atténue la portée et la possible crédibilité) en dit long sur le désordre institutionnel présent et (la nature ayant horreur du vide) sur cette volonté de l’Economique de s’imposer au Politique, au détriment, le plus souvent, du Social… Il est bon de rappeler que le Politique, bien au contraire, doit s’imposer à l’Economique pour éviter des injustices sociales que l’Economique, trop souvent, engendre quand il est laissé à lui-même ! Cela n’enlève rien évidemment à la nécessité de soutenir les activités économiques de notre pays pour dégager assez de moyens financiers pour pouvoir pratiquer une politique sociale digne de ce nom. Là encore, respectons l’ordre des choses pour les rendre plus efficaces : or, il semble que cet ordre soit bien oublié par ceux qui se targuent de vouloir gouverner le pays… Décidément, la République n’est pas le bon ordre ; en fait, elle n’est pas l’ordre du tout, juste un désordre établi…


La République des coupeurs de tête…

L’histoire est cruelle, et elle peut être sanglante, voire sanguinaire : la récente cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris (et non de France) nous l’a rappelé, en particulier à travers le tableau de la tête tranchée et sanguinolente de la reine Marie-Antoinette des fenêtres de la Conciergerie, qui fut sa dernière demeure de femme vivante. Doit-on, du coup, s’offusquer de cette représentation morbide, peu appropriée à l’esprit des Jeux Olympiques qui se veut pacifique et convivial ? Oui, si l’on considère que cette cérémonie rituelle n’a pas pour vocation de choquer mais de rassembler, au-delà des idées politiques ou des positions historiques ; non, si l’on revendique une histoire clivante et exclusive de la République, sans doute. C’est visiblement cette deuxième optique que les organisateurs ont choisie, voulant vanter une République disruptive et « audacieuse » : savaient-ils que, par ce choix, ils engageaient la République elle-même, en la rattachant à ce baptême de sang que fut la Révolution française, particulièrement à partir de sa phase républicaine des années 1792-1799 ? M. Mélenchon, que l’on peut difficilement accuser de sympathies contre-révolutionnaires, en a pourtant été gêné, saisissant sans doute que l’image, en fin de compte, pouvait être dévastatrice pour la République elle-même, y compris à l’étranger…


L’ignoble profanation républicaine !!

Qu’attendre de plus d’une république antifrançaise par son esprit et anticatholique par habitude, qui profite du spectacle de l’inauguration des JO 2024 pour exprimer ouvertement sa haine de la France éternelle et de son histoire, voire de son patrimoine ? Grotesque et honteuse mise en scène de la mort de la reine Marie-Antoinette pour amuser un public mondialisé qui n’y connaît plus rien et qui s’extasie devant ce spectacle lamentable qui, pour le coup, n’a absolument rien à voir avec les JO, dont l’esprit se veut, dit-on, « de paix et d’amitié entre les peuples ». Il s’agit bel et bien ici, à travers ce tableau digne d’une des sinistres vidéos de Daech, d’une démonstration de la haine de la France de la part de la république qui s’excite à la vue du « sang impur » qu’elle a su faire couler pour sa gloire, et ce, au détriment de la France elle-même !

Gloire à la reine Marie-Antoinette et à toutes les victimes de la révolution ! Honte à macron et à cette république finissante qui se complaît dans la bêtise et la cruauté facile… Qu’elle ne s’étonne pas de notre souhait de la voir, au plus vite, remplacée par un État royal soucieux de toutes les pages de notre histoire, non pour les salir ou, à l’inverse, les glorifier toutes, mais pour les assumer dans un esprit de « tradition critique »…

La guerre secrète contre les peuples :

Livre « La guerre secrète contre les peuples » disponible ici : https://kontrekulture.com/produit/la-…

Discours de Claire Séverac prononc lors du banquet Camelot du 31 janvier 2016, au sujet de son livre : « La guerre secrète contre les peuples »

Cette vidéo fut supprimée par youtube suite aux propos tenus par Claire Séverac au sujet des vaccins. (Alors qu’elle n’a pas connu le Covid !! ) Nous repostons la vidéo après avoir bipé chaque fois qu’elle prononce le mot vaccin !

Le retour de la Quatrième République.

« Tout désespoir en politique est une sottise absolue » : cette citation de Maurras a été confirmée dimanche par… la Gauche qui se l’est apparemment appropriée ! Effacée et fort minoritaire il y a un mois et encore la semaine dernière au soir du premier tour des élections législatives, elle sort première en nombre de sièges du second tour de ces mêmes élections grâce à un Front républicain fort opportuniste mais encore redoutablement efficace. En fait, cela confirme que, sans compromis viable (ce qui ne signifie pas durable ni même honnête) et alliance même saisonnière, aucun parti ne peut accéder au pouvoir, fut-il le premier de France en nombre d’électeurs : ce qui compte, c’est d’obtenir la majorité au second tour, pas forcément d’être en première position au premier. Le Rassemblement National, qui avait oublié ses règles simples de la démocratie représentative, vient d’être rappelé sèchement à l’ordre, et il revit quelques uns des épisodes précédents des élections régionales et municipales des années 2010-2020. Evidemment, pour ses électeurs, cela peut sembler injuste, voire peu démocratique, mais ce serait oublier que la majorité des électeurs français rejettent encore le RN, et cela de façon assez nette : presque deux tiers du corps électoral ne se reconnaît pas dans la formation de M. Bardella, et ce n’est pas rien. Ce qui peut être considéré comme injuste, néanmoins, c’est que la proportion de ceux qui se reconnaissent dans le président Macron ou dans les partis de gauche, tout en étant encore moins élevée que pour le RN, n’est pas un obstacle à leur victoire électorale aux législatives : c’est le jeu terrible de la démocratie électorale et de son Pays légal traditionnel qui ne souhaite pas être remplacé par un autre

Cela pose évidemment de nombreuses questions institutionnelles et politiques : la Cinquième République, conçue pour obtenir des majorités claires et nettes, n’est-elle pas en train de s’achever en Quatrième, dans le désordre parlementaire des coalitions incertaines et mouvantes, au gré d’une forme d’individualisme partitocratique peu compatible avec la stabilité nécessaire pour mener de grands projets et chantiers sur le long terme ? Quant au président Macron, par sa politique inconséquente, n’est-il pas en train d’affaiblir la fonction monarchique (à défaut d’être royale) du Chef de l’Etat et de se placer dans la situation du président Mac Mahon bientôt obligé de se démettre après s’être soumis (1) ? C’est ce même Emmanuel Macron qui, en 2015, évoquait les limites de la démocratie française : « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Dans la politique française, l’absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là. On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. (2) » En quelques mots, tout est dit (ou presque) du mal français ! La République, même quand elle se pare des attributs de la Monarchie royale, n’est pas celle-ci, mais juste une tentative de synthèse entre Monarchie (3) et République qui, désormais, atteint ses limites, justement parce que son aspect monarchique « gaullien » s’est peu à peu estompé, passant de la grandeur et du service de l’Etat (notions proprement régaliennes) à simple gestion et mésusage de l’Etat : les trois derniers locataires de Mme de Pompadour ont dévalué la fonction du Chef de l’Etat plus qu’ils ne l’ont servie, et ils l’ont notablement dévalorisée, ce qui explique une moindre présence et influence de notre pays sur la scène européenne et, au-delà, mondiale.

Est-il trop tard pour réagir ? Certains se réfugient dans une sorte de fatalisme qui est bien le contraire terrifiant de l’espérance, et prédisent une fin terrible de la France dans les années à venir ; d’autres préfèrent se conformer aux modes du moment et pratiquer la politique de la feuille morte au fil de l’eau, en attendant que « l’Europe » reprenne la direction et la gouvernance (sic) de la France… C’est pourtant le moment de se rappeler la citation de Maurras évoquée en ouverture de cette note, et de l’appliquer pour sa propre gouverne ! D’autant plus que les royalistes ont quelques arguments forts sur l’Etat et la nécessaire indépendance de sa magistrature suprême à faire valoir










Notes : (1) : Le président Mac Mahon, monarchiste élu à la place de Thiers démissionnaire en 1873, avait échoué à obtenir une nouvelle majorité favorable à son projet royaliste après la dissolution de la Chambre des députés qu’il avait prononcée en 1877. Les républicains l’ayant alors emporté, il s’était, dans un premier temps, soumis tout en restant président de la République ; mais, en 1879, après la courte victoire républicaine au Sénat et l’épuration des cadres de l’armée pour raisons politiques voulue par les vainqueurs sortis des urnes, il avait pris la décision de se retirer totalement, laissant la place à un président totalement républicain, Jules Grévy. Ainsi, l’alternative menaçante de Gambetta (la soumission ou la démission) s’était-elle transformée en réalisation complète et malheureuse…

(2) : Entretien avec Emmanuel Macron publié par Le1, en juillet 2015.

(3) : Le terme de Monarchie est ici à saisir dans sa réalisation royale capétienne, c’est-à-dire héréditaire et successible, telle qu’elle fut depuis Hugues Capet jusqu’au XIXe siècle.