Histoire et empirisme

LE LIVRE NOIR DES REPUBLIQUES EN FRANCE – 2

On nous enseigne que ce qui s’oppose aux dictatures et à l’oppression, c’est forcément les républiques, les démocraties et les Droits de l’Homme. Pourtant lorsque l’on fait le bilan de ce qui a été fait au nom de cette sacro-sainte trinité, on ne peut s’empêcher de constater qu’elle s’apparente cruellement, à une forme de dictature qui ne veut pas dire son nom…

Ce que vous allez lire dans ce livre n’a rien de conformiste. Le but étant d’apporter à toute intelligence curieuse et critique, ce que les médias et l’éducation nationale vous cachent dans un but idéologique afin de mieux vous déraciner et vous manipuler.
Ces dossiers furent traités avec sérieux et rigueur dans le cadre de la création de vidéos, afin de mieux mettre en lumière ce que l’histoire nous enseigne sur l’aspect destructeur du régime républicain en France.
Pour ceux qui seront sceptiques à la lecture de ces dossiers contenus dans ce livre, nous vous invitons à faire vos propres recherches avant de formuler toute critique inutile !

SOMMAIRE : L’obscurantisme des « Lumières » – Les Femmes face à l’obscurantisme des « Lumières » – 1914-1918 l’épuration républicaine – 1914-1918 la république contre les trônes – L’Homme nouveau, un projet abject des régimes totalitaires – La Vè république, fossoyeuse de la France – Architecture et urbanisme – Les ravages des idéologies de gauche – L’immigration, le néo-esclavagisme des mondialistes – La lutte républicaine contre le complotisme – France/États-Unis l’alliance impossible – Gloire et défense de notre langue française – La république expliquée par ses enfants

Quand le royaliste Bainville annonce les suites d’une paix bâclée… le 14 novembre 1918 !

Quand on s’intéresse à l’histoire et, dans le cadre de la commémoration de l’Armistice, à la fin de la guerre de 1914-18 et aux traités de paix qui ont suivi, Jacques Bainville peut être un guide utile, même s’il n’est pas forcément le bienvenu dans l’école républicaine, celle qui l’a tant ignoré, lui l’historien « amateur » qui, pourtant, a mieux vu que beaucoup d’universitaires professionnels la suite des événements et compris le « sens » de l’histoire (non pas la direction mais l’ontologie de l’histoire, et les raisons de celle-ci, de ses « suites logiques »). Bien sûr, il y a son livre constamment réédité depuis la chute du Mur de Berlin, « Les conséquences politiques de la paix », et qui annonce dès 1920, en fait et alors dans l’indifférence quasi-générale, la triste suite des années 30 (Bainville ne verra pas tout se dérouler, victime d’un cancer en février 1936, avant la tragédie guerrière de 1939), avec une prescience qui n’est rien d’autre que l’application d’un empirisme que Maurras, à la suite de Sainte-Beuve, qualifiait d’organisateur…

Bainville était aussi un journaliste du quotidien mais qui voyait loin, dans une optique capétienne, et ses articles dans « L’Action française » mériteraient une relecture attentive et une réédition générale, avec un bon appareil critique (pourquoi pas dans la Pléiade ?) pour les remettre en contexte et les expliquer aux lecteurs de notre temps.

Justement, l’un de ses articles a été republié dans le recueil intitulé « La monarchie des lettres », dans la collection Bouquins de Robert Laffont, et apparaît comme malheureusement visionnaire, comme celui d’une Cassandre que l’Opinion et les élites de la République n’entendent pas, ne veulent pas entendre, engoncées dans leurs certitudes et aveuglées d’illusions. Cet article c’est celui du… 14 novembre 1918, dans l’A.F. monarchiste qui sort exsangue d’une guerre qui l’a privée de sa jeunesse saignée dans la Somme ou à Verdun. Son titre : « Demain ? ». Il faudrait le citer en entier, même si, en définitive, sa lecture est éprouvante, presque désespérante lorsque l’on connaît la suite et que l’on constate que les avertissements de Bainville n’ont servi à rien : comme le général de Gaulle, grand lecteur de Bainville, on peut n’en éprouver que plus de mépris pour cette IIIe République imbécile et assassine par son aveuglement, sa lâcheté aussi face au pangermanisme et au nazisme des années 30, cette République qui se réfugiera dans les bras d’un vieux maréchal qu’elle ira chercher à son ambassade de Madrid avant de disparaître dans la catastrophe de mai-juin 1940…


Que dit Bainville, en ce jour du 14 novembre 1918, quelques dizaines d’heures après l’arrêt des combats ?

Lisons : « Devant quoi la France, au sortir de la grande joie de sa victoire, risque-t-elle de se réveiller ? Devant une République allemande, une république sociale-nationale supérieurement organisée et qui, de toute façon, sera deux fois plus peuplée que notre pays. Cette république (si l’Allemagne reste une république, ce qui n’est pas encore assuré) ne sera pas, comme dirait M. Roosevelt, « du type flasque ». Elle sera productrice et expansionniste. Elle aura une politique étrangère et économique. Cette république des Allemands-Unis, qui aura achevé l’unité allemande, continuera l’empire. C’est contre elle, à un contre deux, que nous aurons à défendre notre industrie d’abord, et bientôt les provinces que nous lui auront reprises et auxquelles elle n’aura renoncé qu’en grinçant des dents. »

Une république sociale-nationale : le nazisme sera l’abréviation des deux termes, national et social(isme)… L’empire sera ce IIIe Reich que le chancelier Hitler déclarera être l’achèvement de l’unité allemande et le totalitarisme nazi, pangermaniste, ce régime « supérieurement organisé » (n’est-ce pas la caractéristique affichée d’un système totalitaire ?) dira réunir tous les « Allemands », y compris au-delà des frontières officielles de l’Allemagne…

Relisez ce texte, relisez-le, et rappelez-vous qu’il a été écrit alors même que les canons de la Grande guerre viennent à peine de se taire, et que la France et ses alliés espèrent et affirment que la tragédie guerrière qui s’achève au bout de quatre longues années est « la Der des Der » !

Le 14 novembre 1918, Jacques Bainville, ce « Vergennes » de L’Action française méconnu de la République (pas totalement, en fait…), alarme la France sur les périls qui la menacent si elle ne gagne pas la paix : mais Bainville crie dans le désert d’une république amnésique et qui subira, pour le plus grand malheur de la France, la montée des périls sans pouvoir (sans vouloir ?) l’arrêter…

Dès 1918, c’est 1940 qui se prépare… « La République n’a pas de politique étrangère », disait Anatole France en haussant les épaules : c’est le moindre de ses défauts, diraient certains ; c’est le pire, au regard de l’Europe et du monde qui, eux, ont besoin, malgré (en attendant mieux…) la République, de la France !


Jean-Philippe Chauvin

« Tombeaux », pour ne pas oublier ceux de 14-18…

« Tombeaux », à méditer…



Chaque 11 novembre depuis une trentaine d’années, je relis quelques pages de « Tombeaux », recueil d’articles nécrologiques écrits par Charles Maurras et qui présente quelques figures d’une génération royaliste disparue dans la fournaise de la guerre de 1914-1918. Des noms aujourd’hui oubliés par le plus grand nombre, y compris dans les milieux monarchistes: Henri Lagrange, « le prince de la jeunesse » royaliste du Quartier Latin entre 1911 et 1914; Léon de Montesquiou, véritable théoricien de la raison d’Etat et l’un des plus brillants intellectuels de l’Action française; Henry Cellerier, auteur d’un livre passionnant mais aux nombreuses pages censurées lors de sa publication en 1916, « La Politique fédéraliste »; Jean-Marc Bernard, poète dauphinois auteur d’un des plus beaux poèmes, un des plus poignants aussi, sur les tranchées dans lesquelles, d’ailleurs, il trouvera la mort; etc. Quel cimetière de jeunes intelligences!






Cette guerre terrible est, à nos yeux de contemporains, absurde. Mais elle a mobilisé 65 millions de personnes sur tous les champs de batailles (9 millions, je crois, de Français) sans vraiment de révoltes ni de mutineries, à quelques exceptions près. « Quand la guerre est là, qu’il y a danger aux portes de la Cité, il n’y a plus qu’à la faire, et à la gagner », expliquaient alors les monarchistes, pourtant méfiants à l’égard d’une IIIème République qui gouvernait alors le pays et qui avait si mal préparé la guerre. Les générations d’après-40 reprocheront beaucoup à ceux de 1940 de n’avoir pas su la faire, et la gagner… L’Occupation montra, avec toutes les horreurs liées à l’application de l’idéologie nazie, que la défaite ou la soumission (même au nom du pacifisme), est la pire des catastrophes pour les « occupés ». Cela permet aussi de mieux comprendre l’acharnement des soldats de 1914-1918 « à ne pas céder », malgré l’horreur de cette première « guerre industrielle ».



Mais lorsque retentit le clairon de l’armistice, les combattants espèrent que leur souffrance, le sacrifice de leurs compagnons et de leurs ennemis, n’ont pas été vains. Malheureusement, la Paix des traités de 1919-1920 était déjà grosse des guerres suivantes, de celles de 1939-1945 et des Balkans dans les années 1991-1999, comme le soulignait dès 1920 dans son ouvrage « Les conséquences politiques de la paix » l’historien Jacques Bainville, le spécialiste des affaires étrangères de l’Action française.



Aujourd’hui, la guerre a pris d’autres formes et, si elle s’est apparemment « absentée » (temporairement ?) du continent européen (hormis les Balkans dans les années 1990), elle reste un risque, y compris pour nos vieilles nations désormais amies, confrontées à des périls qu’elles n’arrivent pas encore à exactement cerner. Aussi ne faut-il pas baisser la garde et maintenir notre défense à un niveau d’excellence qui lui permette de dissuader toute agression extérieure. La paix est un bien trop précieux pour que l’on néglige de la préserver.

Jean-Philippe Chauvin

Quand la République s’autocensure…

En triant quelques journaux des semaines précédentes, je tombe par hasard sur une éphéméride publiée dans Le Parisien du dimanche 5 septembre dernier qui titre « 1793 : le règne de la Terreur », ce qui, évidemment, attire mon attention historienne. Et là, je sursaute : le texte sur cette triste période, fort court, évite un mot, « le » mot, comme s’il constituait un tabou qu’il s’agirait de scrupuleusement respecter ! Je cite en intégral l’éphéméride, et les lecteurs de ce site comprendront sans doute la surprise que j’ai pu éprouver en la lisant moi-même : « Le 5 septembre 1793, l’Assemblée met « la Terreur à l’ordre du jour » ! Rien ne va plus dans l’ancien royaume de France, menacé par la crise économique et une invasion étrangère. Une justice radicale doit permettre de « terroriser » les ennemis de la France. La guillotine va bientôt tourner à plein régime. » Ainsi, comme chacun peut le constater et au-delà de l’utile rappel de cet épisode douloureux de l’histoire de France, le mot « République » est soigneusement évité et remplacé « avantageusement » par la formule, véridique au demeurant si l’on s’en tient à la suite des événements, de « l’ancien royaume de France », puis par le beau et seul nom, et dont il me tient toujours à cœur de défendre l’honneur et le sens, de « France ». Mais de « République », point !! Ce qui ne manque pas de surprendre l’amoureux des faits et de l’histoire vécue comme ressentie que je suis.

Pourquoi cacher le nom du régime qui a mis la Terreur à l’ordre du jour ? Pourquoi ne pas évoquer les pères de la Terreur, en deux noms (ceux qui, pour le commun des Français, incarnent cette période si particulière), Robespierre et Saint-Just ? Pourquoi cette gêne évidente chez le rédacteur de l’éphéméride, ou cette dissimulation consciente, comme si la vérité devait s’arrêter aux portes de la République sans oser, ou sans avoir le droit de les franchir ?

Disons les choses telles qu’elles sont et telles que je les comprends : 1. La Première République, celle qui s’étend de 1792 à 1804, du coup d’Etat des Tuileries au sacre du César Bonaparte en Napoléon 1er, n’est pas la seule République possible, et la Cinquième ne lui est pas exactement comparable, malgré l’homonymie et quelques institutions communes ; 2. La Première République, née dans le sang des gardes suisses et s’achevant dans la dictature impériale, n’est pas réductible aux seuls mois de la Terreur (du début juin 1793 à la fin de juillet 1794), et Marat, Robespierre et Saint-Just, pour idéologues de celle-ci qu’ils soient, ne peuvent prétendre incarner la République à eux-seuls, quoiqu’en pense M. Mélenchon qui, visiblement, ne s’est pas suffisamment penché sur l’histoire sociale de cette période ; 3. Ne pas nommer les choses, comme les « mal nommer », c’est altérer leur sens et celui de l’histoire. Oui, la Terreur, c’est bien la République ; non, ce n’est pas le « tout » de la République, mais cela appartient à son histoire et, plus largement, à l’histoire de France, même si ce triste moment n’est pas à la gloire de la République.

Le mot « République » n’est pas un mot sacré, même si M. Mélenchon le croit ou le voudrait, et n’en déplaise à MM. Darmanin, Blanquer et Bertrand (entre autres…) : les Camelots du Roi lui ont d’ailleurs souvent fait les honneurs de leurs farces et de leurs dénonciations, et ils ne s’en prenaient pas à l’idée, civique, de « Res Publica » ou à celle mise en avant par le jurisconsulte Jean Bodin au XVIe siècle, mais bien à ce régime qui, sous les divers numéros qui les précédaient, ne défendait pas convenablement ni le pays et son intégrité, ni les Français et leur pluralité.

Qu’un auteur d’éphéméride veuille préserver le mot de République de la souillure de la Terreur peut se comprendre, dans une optique de croyance toute républicaine : mais l’histoire est cruelle, et elle n’aime guère qu’on la travestisse ou qu’on la cache. Oui, c’est bien la République, au moins l’idée que s’en faisaient ceux que les manuels d’histoire d’Etat présentaient encore hier comme son incarnation la plus « pure », « incorruptible » même (à l’inverse d’un Danton, plus « intéressé »…), qui a motivé et présidé la Terreur ! Quelques jours après ce 5 septembre 1793, était votée par une Convention survoltée « la loi des suspects », en un 17 septembre que la conscience morale de notre pays ne devrait jamais oublier et qui nous rappelle que la Terreur n’était pas qu’un mot, mais des lois, votées et appliquées, en une terrible spirale idéologique et homicide.

Oui, décidément, l’histoire est cruelle, même pour la République et ses adorateurs… Il importe de ne pas l’oublier, pour éloigner de notre pays comme de notre temps, autant que faire se peut, la cruauté. Et cela quel que soit le nom dont elle se pare…



Jean-Philippe Chauvin

Le livre noir des républiques en France

Découvrez « le livre noir des républiques en France » ! : https://www.amazon.fr/dp/B09B2G12JM

Ce livre est basé sur les dossiers qui furent effectués dans la cadre de la création de vidéos pour SACR TV !On nous enseigne que ce qui s’oppose aux dictatures et à l’oppression, c’est forcément les républiques, les démocraties et les Droits de l’Homme. Pourtant lorsque l’on fait le bilan de ce qui a été fait au nom de cette sacro-sainte trinité, on ne peut s’empêcher de constater qu’elle s’apparente cruellement, à une forme de dictature qui ne veut pas dire son nom…Ce que vous allez lire dans ce livre n’a rien de conformiste. Le but étant d’apporter à toute intelligence curieuse et critique, ce que les médias et l’éducation nationale vous cachent dans un but idéologique afin de mieux vous déraciner et vous manipuler.

Découvrez, et faites découvrir le livre noir des républiques en France : https://www.amazon.fr/dp/B09B2G12JM

La France faite par ses rois, bien avant 1789.

Sous l’Ancien régime, la nation française existe sans que la notion soit toujours précisée en tant que telle : pour faire simple, il est possible de dire que, si l’Etat de France naît avec l’élection en 987 du roi Hugues Capet (et sans que le nom de France ne soit, d’ailleurs, accolé au titre de roi, ce qui n’adviendra qu’à partir de Philippe-Auguste), la nation française, elle, apparaît d’une certaine manière en 1214 avec la victoire de Bouvines et le soutien des bourgeois des villes aux armées royales de celui qui, alors, passe du statut de suzerain (« le roi des nobles », en somme) à celui de souverain (« le roi de France » et, désormais, des Français au-delà des simples liens féodaux). Mais la France est déjà la France, quelles qu’en soient les frontières et l’espace du moment considéré, et c’est en cela aussi qu’il est crédible de la qualifier de « nation », c’est-à-dire de cadre dans lequel est reconnue (sinon acceptée…) une autorité temporelle (politique) suprême, parfois sans beaucoup de pouvoir(s), et qui s’incarne alors dans « le » roi, qu’il faut comprendre au double sens de personne physique inscrite dans une suite familiale (qualifiée de dynastie) et de magistrature suprême de l’Etat, résumée à « l’Etat », terme employable ici dans le sens de l’instance de décision politique « supérieure » du royaume, au-delà des centres de décision locaux, féodaux ou communaux.

Au Moyen âge et jusqu’en 1789, la Monarchie construit la nation comme espace politique et géopolitique, inaliénable ou revendiqué comme tel (ce qu’évoquent les fameuses lois fondamentales du royaume, véritable constitution coutumière et traditionnelle), et sur lequel s’exerce la souveraineté de l’Etat royal sans, pour autant, supprimer toutes les autres instances de décision du pays, qu’elles soient politiques, administratives ou religieuses (mais aussi sociales et corporatives). « Les rois ont fait la France », affirmait un vieux chant royaliste (en l’occurrence « la Royale », hymne de l’Action Française depuis les années 1920), et ce n’est pas faux, si l’on précise bien le sens du verbe « faire » en cette occasion historique. Faire la France, c’est-à-dire en « construire » les contours territoriaux mais aussi fonder une culture politique d’Etat particulière, former une unité qui, au-delà des différences et des diversités (termes qu’il convient d’accorder pour que ce qu’ils recouvrent ne deviennent pas antagonistes), ordonne l’ensemble en un équilibre supérieur et « reconnaissable » autant à l’intérieur que pour l’étranger.

C’est l’espace de la Cité France (au sens de la « polis » tel que les Athéniens l’ont définie il y a 2500 ans) qui se construit au fil des siècles et qui permet, en 1789, d’avoir les frontières métropolitaines que nous connaissons encore aujourd’hui, à quelques exceptions et ajouts près (la Sarre en moins ; Avignon, Nice et la Savoie en plus), et qui forment « l’hexagone » identifiable sur les cartes depuis le XVIIIe siècle. Mais la nation n’est-elle qu’un pays, un territoire ? Bien sûr que non : elle est aussi une « unité » (terme préférable à « identité » qui renvoie trop à l’uniformité et à l’égalité jacobines) incarnée et garantie par l’autorité royale jusqu’à la Révolution, une « histoire d’histoires » dominée par celle de l’Etat royal (qu’il met en scène, d’ailleurs, par volonté d’une légitimation fondée sur les temps passés et la « gloire du roi ») mais complétée par une histoire « sainte » (autour de l’Eglise, de ses rites et doctrines, de ses saints parfois très locaux et de ses traditions enracinées dans des terroirs, y compris sous forme de superstitions ancestrales…) et des histoires « communautaires », mélanges de mémoires ethniques, « provinciales » (les provinces étant, d’une certaine manière, une « invention » de l’Etat royal unificateur et incorporateur pour garantir un sentiment d’appartenance à l’ensemble sans trancher les racines de mondes anciens parfois immobiles) et villageoises.

L’effort multiséculaire de la Monarchie pour « faire France » se traduit, au-delà de la conquête, du traité, du mariage ou de l’héritage, par la mise en place d’un appareil d’Etat (qui s’appuie aussi sur « l’apparat d’Etat » depuis les rois de la Renaissance et particulièrement le roi-mécène François 1er jusqu’aux rois versaillais) et d’une culture royale qui, bientôt, se fait nationale, en particulier à travers l’édit de Villers-Cotterêts qui fait de la langue du roi (la langue française) la langue des actes administratifs (en remplacement du latin, et non des langues locales) et la création du Collège des lecteurs royaux (aujourd’hui Collège de France), mais aussi l’Académie française. La Révolution, dans son surgissement et ses rugissements, croira faire œuvre originale en remodelant le pays selon un schéma rationnel et presque clinique, et cela au nom d’une conception idéologique de la nation (qui se doit d’être « une » comme la « volonté nationale » qui doit en être l’unique législatrice pour l’ensemble des territoires qui, eux-mêmes, se doivent d’être « égalisés », selon la conception des constituants de 1789-1795) ; en rompant avec ce qui avait fait, justement, la particularité (sans être forcément originale, à bien y regarder) de la nation française depuis les premiers capétiens, c’est-à-dire l’acceptation et l’incorporation des histoires et des enracinements immémoriaux, de ces multiples « traditions critiques » au sein d’un ensemble pluriel. La richesse culturelle de la France, de cette France aux mille blasons, sera fortement dépréciée par le jacobinisme d’Etat hérité de la Révolution et de l’Empire… Mais elle survivra, « malgré la République ». Et c’est aussi elle qui permet à notre pays d’être, jusqu’à la crise sanitaire, la première destination touristique mondiale…







Quand Franck Ferrand évoque la possibilité d’une monarchie en France…

Lorsque j’étais élève au lycée Chateaubriand de Rennes à la fin des années 1970, il y avait un professeur d’histoire que nombre de lycéens soupçonnaient d’être royaliste et la rumeur courrait que, tous les 21 janvier, il portait une cravate noire en souvenir de la mort brutale et républicaine du roi Louis XVI. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai jamais cherché à en avoir confirmation, même si j’étais ravi qu’un des maîtres du lycée puisse avoir les mêmes sentiments politiques que moi, devenu royaliste à l’orée de mes classes de Terminale. Et, en 1981, lors de mon « premier » 21 janvier, si je n’arborais pas de crêpe noir ni de cravate de la même couleur de deuil, je me rendais à la messe pour le repos de l’âme du souverain déchu et décapité, messe qui se tenait dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu, et j’étais accompagné de l’ami Olivier, celui-là même qui m’avait invité à ce qui fut ma première réunion royaliste en 1978 (avant même que je sois convaincu de la nécessité monarchique) au lycée Jean-Macé, organisée par le « Cercle Charles Maurras » (1). A la cérémonie de ce 21 janvier 1981, l’assistance pieuse était fort réduite (une quinzaine de personnes), groupée principalement autour de Yolande de Prunelé, figure bretonne de la Nouvelle Action Royaliste, et quelques uns des militants « nafistes » présents portaient un badge avec la fleur de lys stylisée, de couleur rouge, qui était celle, alors, de la revue Lys Rouge.

Aussi quarante ans après, ai-je été amusé (cela sans ironie aucune) de lire l’article de Franck Ferrand publié cette semaine dans Valeurs Actuelles sous le titre « Cravate noire », article dans lequel il rapporte quelques souvenirs de ses jeunes années et de ses 21 janvier : « Adolescent, je mettais un point d’honneur à porter, le 21 janvier, la cravate noire des nostalgiques et des dandys ; c’était mon tribut au souvenir du malheureux Louis XVI et à celui de ses proches, sacrifiés sur l’autel de la République naissante. (…) Il était pénible à ma jeune conscience civique d’admettre qu’au nom du peuple – le souverain nouveau – on ait pu légalement, à l’issue d’un vote serré de la Convention nationale, choisir de tuer cet homme – l’ancien souverain – plein de grandeur et de bonté et qui avait toujours épargné le sang de ces Français qu’il regardait comme ses enfants. » Mais aujourd’hui, ce souvenir semble moins présent et les journaux ne rapportent plus, comme ils le faisaient il y a encore une vingtaine d’années, les cérémonies en mémoire tragique de l’événement. Et, si j’ai constaté que nombre de mes élèves savaient à quoi faisaient référence mes petites allusions de jeudi dernier, l’écho s’en est largement perdu au-delà des murs de Versailles…

Peut-être n’est-ce pas forcément plus mal, en fait. Car le souvenir a parfois tendance à « gêner l’avenir », comme le dit la formule, et le 21 janvier, par sa célébration habituelle, a souvent été l’occasion, une fois passée la journée, d’attendre l’année suivante sans plus rien faire de politique et de constructif. Commémorer est utile, sans doute nécessaire, mais ce n’est pas suffisant et même un peu vain si cela ne s’accompagne pas d’une réflexion sur l’événement lui-même, ses causes et ses conséquences, mais aussi sur les moyens de renouer les fils tranchés en ce jour tragique, renouer non pour se faire plaisir mais pour relier l’arbre et ses branches à ses racines qui peuvent lui permettre, encore, d’avoir de nombreux printemps. J’avoue que je ne porte pas vraiment de cravate noire le 21 janvier mais que j’arbore tous les jours la fleur de lys, et cela depuis plus de 40 ans !

Et la suite de l’article de Franck Ferrand semble confirmer mon acharnement à concevoir le royalisme, non comme une nostalgie satisfaisante (et cela même si je ne méconnais pas les puissances de ce sentiment qui peuvent nourrir les actes d’honneur du présent), mais comme une espérance à faire advenir : « Car, vingt-trois décennies après la décollation de Louis Capet, le délitement accéléré de nos institutions tend à ouvrir une brèche dans ce républicanisme unanime. Les monarchistes qui, hier encore, concédaient plus ou moins le caractère illusoire de leurs prétentions se surprennent à y croire de nouveau. Même hors de leurs rangs, certains esprits pondérés, sans en appeler au droit divin ni regretter le toucher des écrouelles, se disent que le retour à une monarchie parlementaire aurait cela de bon qu’il détournerait nos politiciens de l’ambition suprême et débarrasserait notre vie publique de mille combats d’ego. » Si l’on peut discuter la forme de la Monarchie évoquée par l’historien, l’argument fort de préserver des querelles électorales et partisanes la magistrature suprême de l’Etat est tout à fait approprié et bienvenu, à l’orée d’une nouvelle séquence de « combat des chefs » présidentiel. Surtout au moment où l’on nous annonce la répétition désespérante du second tour de 2017 (répétition qui, à mon avis, n’est pas écrite…), et que l’abstention risque, en cette élection de 2022, de battre tous les records connus, la démocratie sombrant actuellement dans une sorte de grande fatigue civique dont il n’est pas certain que la perspective soit heureuse pour notre pays et sa société vivante… La Monarchie conviendrait mille fois mieux à notre pays que ce « confinement démocratique » qui épuise les bonnes volontés et décourage les initiatives (2) : si la démocratie semble tomber en dormition, une monarchie royale, incarnée et populaire (dans le double sens du terme) aurait l’immense avantage de revivifier les démocraties « parlementaires » (de la Région à la Nation) et locales (de la Commune aux Métiers, ce qui constitue le pays réel, loin de l’artificiel et du distanciel…) : « Le Roi au sommet, les républiques françaises à la base », c’est-à-dire aux citoyens. Rapprocher la démocratie des peuples de France et éloigner la magistrature suprême de l’Etat des appétits politiciens : n’est-ce pas là ce que, au travers des revendications de « RIC » et de démocratie de proximité, nombre de citoyens qui ne veulent plus être passifs réclament ?


(à suivre)


Jean-Philippe Chauvin



Notes : (1) : A l’époque, les réunions politiques étaient tolérées dans les établissements scolaires, après autorisation de l’administration du lycée, et il y avait même des panneaux d’affichage à tous les étages, panneaux qui étaient l’objet d’une véritable lutte permanente entre les différents groupes pour leur contrôle… Cela paraît inimaginable aujourd’hui ! Quant au Cercle Charles Maurras, il n’était affilié à aucun mouvement royaliste, même s’il se revendiquait plus ou moins de la Restauration Nationale (nom de l’organisation nationale de l’Action Française depuis le milieu des années 1950 après l’avoir été du groupe rennais dès l’immédiate après-guerre). Si j’en crois mes souvenirs, Olivier M. avait entraîné avec lui Jean-Christophe P., plus connu dans les milieux politiques de l’époque sous le pseudonyme d’Hugues de Rohan et qui avait été grièvement blessé quelques temps auparavant par des militants d’extrême-gauche, la barre de fer ayant souvent remplacé le débat courtois en ces années 1970…

(2) : Qu’on ne se méprenne pas : je parle bien de politique quand j’évoque ici le « confinement démocratique » : je ne parle pas de la situation sanitaire ni des réponses qui y sont apportées.


L’épopée miraculeuse de Jeanne d’Arc :

« Nous ne sommes qu’à l’aube des jours qui verront s’accomplir, indéfiniment, sa mission. »

      Gabriel Hanotaux – Jeanne d’Arc (1911)

« Il y a grande pitié au Royaume de France », disait l’Archange St Michel à Ste Jeanne d’Arc alors que la France paraissait perdue, entre la folie de son roi Charles VI et l’invasion anglaise devenue inéluctable. Nous sommes en pleine Guerre de cent ans en l’an de grâce 1429. A cette époque, le sort du Royaume de France ne tenait plus qu’à la ville d’Orléans. A ce stade catastrophique de la guerre, si Orléans tombe, c’est la France entière qui disparaît sous le joug de la couronne britannique et ceux-ci pouvaient envahir les territoires du sud de la Loire encore fidèles à Charles VII… D’autre part, la chevalerie française en cette année 1429 n’avait plus vraiment la fougue et le moral d’acier de jadis. La cruelle défaite française d’Azincourt, le 25 octobre 1415, avait ruiné pour longtemps tout espoir de reconquête, et les défaites successives depuis cette bataille l’ont bien démontré.

C’est dans ce contexte assez désastreux du Royaume de France que débutera la glorieuse épopée de la Sainte Pucelle. Nous n’allons pas faire un exposé sur toute sa vie, mais seulement reprendre des épisodes de son miraculeux parcours, afin de mettre en évidence les enseignements qu’elle laissa aussi bien à ses contemporains qu’aux générations futures…

A l’âge de 13 ans, elle eut une apparition de Saint Michel sous l’apparence d’un chevalier, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. L’archange et ses deux saintes lui ordonnèrent de conduire le dauphin à Reims pour le faire sacrer et de « bouter les Anglais hors de France ».

Mission qui, pour être politique, n’en est pas moins, pour elle, religieuse. Ses « voix » se font de plus en plus insistantes.

D’abord traitée de folle, elle est enfin prise au sérieux. C’est alors que débute l’aventure guerrière.

(suite…)

La Monarchie de Droit Divin :

 « Car le Baptême de Clovis en 496 rattache notre histoire à l’univers des grands mythe de l’humanité. »                      

Paul Barba Négra

Une question assez récurrente nous est souvent posée lorsque l’on parle de royalisme. Quel type de Monarchie voulons-nous ? Absolue ? De Droit Divin ? Ou constitutionnelle ? Si nous répondons directement « constitutionnelle » alors c’est le soulagement pour l’interlocuteur qui se réfère directement à la Monarchie anglaise ou espagnole. Mais si on répond qu’elle sera par tradition de Droit divin, alors, dans un réflexe totalement pavlovien, les sourcils de notre interlocuteur se froncent et un profond sentiment de rejet instinctif se fait ressentir. L’interlocuteur rétorquera ensuite que la Monarchie de Droit Divin, n’a plus raison d’être, c’est un retour en arrière, personne à ce jour ne voudrait d’une telle Monarchie, c’est obsolète, cela donnerait une mauvaise image, c’est une cérémonie anachronique n’ayant plus sa place au XXIe siècle…etc.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle, dans une France totalement déchristianisée, un tel réflexe peut se comprendre. Sachant d’autant plus que l’anticléricalisme des républiques successives depuis 1792,  y est pour beaucoup dans cette déchristianisation et le rejet du sacré.

Pourtant, au-delà de l’aspect purement religieux de la cérémonie du Sacre, ainsi que de l’irréligion de la grande majorité des français d’aujourd’hui, le Sacre offre une contrepartie plutôt avantageuse politiquement parlant.

Nous allons voir qu’au-delà des réflexes antireligieux que peuvent avoir certain à l’égard du Sacre, cette cérémonie religieuse exclusive aux Rois et Reines de France a surtout pour conséquence d’être un sérieux rempart aux dérives que l’on peut légitimement redouter de la part d’un souverain.

Pour mieux comprendre ce phénomène, prenons comme exemple, le cas de Bonchamps qui était un général vendéen durant les Guerres de Vendée. Le 17 octobre 1793, Bonchamps et ses hommes prirent part à la bataille de Cholet qui se terminera malheureusement par une défaite vendéenne. L’armée de Bonchamps se retira alors à Saint Florent le Vieil avec environ 5000 prisonniers républicains. Bonchamps était agonisant suite à ses blessures, il savait sa fin proche. Il apprit que ses hommes voulaient se venger des massacres orchestrés par les soldats républicains dans leurs villages, en les massacrant à leur tour. Faisant suite aux grâces de D’Elbée, des 400 prisonniers républicains relâchés après la bataille de Chemillé (11 avril 1793, le Pater de Mr D’Elbée), conscient qu’il allait comparaître devant le Créateur, Bonchamps ordonna sur le champ de gracier les 5000 prisonniers et de les libérer !

Les dernières volontés de Bonchamps furent bien évidemment respectées, et les prisonniers républicains furent libérés contre l’engagement de ne plus servir dans les armées républicaines. Cette attitude de la part de Bonchamps et des vendéens, fut telle que les révolutionnaires préférèrent jeter dans l’oubli cet épisode devenu totalement incompréhensible à leurs yeux, surtout depuis leur déchristianisation. Voilà ce qu’en disait le révolutionnaire Antoine Merlin de Thionville dans son rapport au Comité de Salut public : « Ce n’est pas révolutionnaire. Il faut donc ensevelir dans l’oubli cette malheureuse action. N’en parlez même pas à la Convention. Les Brigands n’ont pas le temps d’écrire ou de faire des journaux, cela s’oubliera comme tant d’autres choses » (« Les guerres de Vendée et de Bretagne 1790-1832 » – d’Eugène Veuillot (1847) p188)

Malheureusement pour lui, ça ne s’est pas oublié, fort heureusement !

(suite…)

Cercle Lutétia : Aux origines de la Question sociale :

Le Cercle Lutétia a pour vocation de faire connaître les fondements et les raisons du royalisme et de la Monarchie en France, et d’étudier ceux-ci, avec l’aide des travaux et des réflexions menés sur la société française, ses évolutions et ses institutions, selon une perspective historique mais aussi et surtout politique. Le texte ci-dessous est la première partie d’un cercle d’études sur les origines de la question sociale en France, et il doit être l’occasion de discussions, de précisions ultérieures et de critiques constructives : il n’est donc qu’une ébauche, celle qui appelle à la formulation et à la rédaction d’une étude plus vaste et mieux construite sur cette question qui préoccupe tant nos contemporains et à laquelle les royalistes sociaux du Groupe d’Action Royaliste consacrent aussi tant de temps et d’énergie, dans leurs réunions et publications comme sur le terrain, dans la rue ou sur leur lieu de travail…

 

Lorsqu’on évoque la question sociale en France, on oublie souvent ses racines, ses origines, son histoire tout simplement, et l’on se contente trop souvent de quelques idées reçues, confortant l’idée, largement fausse, que seule « la gauche » (1) s’y serait intéressée et s’y intéresserait encore, comme une sorte d’avant-garde revendiquée des travailleurs ou de la « classe ouvrière ». Mais il est tout à fait possible, et encore plus convaincant, de rétorquer que la première mention de la « justice sociale » est attribuée au… roi Louis XVI, celui-là même qui va affronter la tempête révolutionnaire et, malheureusement, être emportée par elle, tout comme l’édifice social et corporatif qui, jusque là, constituait un modèle original et une alternative véritable et tout à fait crédible au modèle anglosaxon pas encore totalement dominant quand il avait, pourtant, conquis déjà les esprits des nobles et des bourgeois éclairés, anglophiles et libéraux.

(suite…)