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Pour éviter à la France la retraite à 69 ans… :

Au moment où le gouvernement français s’apprête à s’engager dans une réforme délicate sur l’avenir des retraites et leurs formes, l’Allemagne rouvre ce même dossier sous des auspices peu engageants, comme le signale Le Figaro de ce mercredi 23 octobre en ses pages « économie », sous le titre « Les Allemands devraient travailler jusqu’à 69 ans ». En fait, il s’agit d’une recommandation de la Bundesbank qui se veut prospective, au regard des perspectives démographiques et économiques : l’Allemagne connaît une démographie en berne, avec un taux de fécondité bien inférieur à celui de la France, lui-même en déclin depuis quelques années, et prévoit une élévation de l’espérance de vie globale, même si l’espérance de vie sans incapacité (en bonne santé, en somme) est, elle, mal connue ou sous-valorisée dans les travaux des économistes et des banquiers. Pourtant, « les Allemands pensaient le débat clos. La réforme de 2012, qui avait relevé par étapes de 65 à 67 ans d’ici à 2031 l’âge du départ légal en retraite après un vif débat, semblait une garantie suffisante pour la stabilité du système. » Mais, c’est une vis sans fin, et ce sont toujours les mêmes arguments qui sont évoqués par les banques et les économistes pour augmenter la pression sur le travail et les travailleurs, qu’ils soient salariés ou indépendants : ainsi, il semble que, désormais, le temps de travail payé soit condamné à s’élever toujours, quoiqu’il se passe et quoique l’on fasse.

 

Mais ce n’est pas la seule Bundesbank qui prône ce nouveau relèvement de l’âge légal de la retraite, comme le rappelle opportunément Nathalie Versieux dans l’article cité : « Plusieurs organisations – Commission européenne, FMI, OCDE – ont également recommandé à l’Allemagne de « continuer à augmenter l’âge de la retraite »  avec la hausse de l’espérance de vie, argumente de son côté la Bundesbank », trop heureuse de trouver des alliés au sommet même de l’Union européenne et de la « gouvernance » (sic !) autoproclamée de la mondialisation… Des « recommandations » que ces mêmes instances font de manière insistante, depuis de nombreuses années, pour tous les pays d’Europe mais que, en France, la population semblait ne pas prendre au sérieux jusqu’au milieu des années 2010 ! Se souvient-on que, dans l’hiver 2011, quelques membres du Groupe d’Action Royaliste organisèrent la première dénonciation dans la rue, non loin de l’église de Saint-Germain-des-Près, de la « retraite à 67 ans » que, déjà, prônaient l’Allemagne et la Commission européenne ? A l’époque, mes collègues professeurs m’assuraient que cela n’arriverait jamais en France, que c’était impossible et ils haussaient alors les épaules quand je leur citais les articles de l’époque, rares, qui évoquaient cette perspective. Et maintenant, les mêmes préfèrent se réfugier dans une sorte de fatalisme que je ne peux partager, courbant le dos en espérant que le vent du boulet ne les défrisera pas trop…

 

Il n’est pas souhaitable de suivre l’exemple allemand qui, en ce domaine comme en tant d’autres, ne peut être un modèle : la France n’est pas l’Allemagne, et l’appartenance de notre pays à la même Construction européenne ne saurait être interprétée comme une confusion entre toutes les nations y trouvant place. L’Union européenne, la mal nommée, n’est pas et ne peut être une démission des nations devant une Commission peu crédible et trop « économiste » pour être vraiment sociale et politique.

 

Il est d’abord une simple raison démographique qui évite de confondre la France avec l’Allemagne : la première, toute République qu’elle soit et malgré qu’elle le soit, a développé un modèle démographique original depuis les années 1930, qui parvient à concilier vie familiale et activité professionnelle, sans doute de manière pas totalement satisfaisante mais suffisante néanmoins pour permettre un certain équilibre démographique, ce que prouve, a contrario, le déclin provoqué par les mesures fillonistes puis hollandistes moins favorables au bon développement de notre démographie nationale. Néanmoins, et malgré les difficultés et les maladresses (?) des gouvernements, la démographie française fait preuve d’une certaine résilience, même si le taux de fécondité des Françaises d’ancienne appartenance est moins élevé que celui des Françaises de fraîche naturalisation, et il s’agit désormais de redresser ce taux dans des délais assez courts pour éviter l’élargissement d’une « vallée » démographique préjudiciable à long terme à notre pays et à son système de retraite par répartition.

 

Pour maintenir un niveau des retraites le plus socialement juste, il est trois pistes majeures sur lesquelles travailler pour tout Etat digne de ce nom : la valorisation des naissances et le bon accueil des populations naissantes et à naître ; la diminution forte du chômage des nationaux en France ; la possibilité d’un âge légal (de l’accès à la retraite) modulable selon les professions, les fonctions de chacun au sein de celles-ci et le désir, qui doit être pris en compte s’il est clairement exprimé, d’aller au-delà des limites d’âge légales pour ceux qui le souhaitent et sont reconnus médicalement et professionnellement comme susceptibles de poursuivre leur activité professionnelle usuelle dans de bonnes conditions, avec les aménagements nécessaires si besoin est… Mais il est aussi d’autres pistes à étudier comme celles d’une meilleure intégration au travail en France de ceux qui y ont étudié et dont les études ont été financées par les contribuables français, et cela pour freiner une émigration des cerveaux français vers les grandes puissances étrangères, émigration qui, en définitive, accroît les déficits publics français ; la création dans toutes les branches professionnelles dans lesquelles cela est possible de caisses de retraites autonomes, qui constituent une sorte de « patrimoine corporatif » destiné à assurer des retraites honorables à leurs cotisants sans aggraver la pression sur les fonds publics ; le « redéploiement rural » pour organiser de meilleures conditions d’accueil pour les retraités de tous niveaux de ressources dans des zones moins coûteuses pour ceux-ci ; etc. Cette liste de quelques mesures n’est évidemment pas exhaustive, mais elle cherche à prouver que ce ne sont pas les propositions qui manquent mais bien plutôt la volonté politique pour les initier et les ordonner, ou, au moins, pour les essayer…

 

En fait, la République est aujourd’hui bloquée et, plus grave encore, bloquante : quand il faudrait une véritable stratégie qui ne soit pas qu’économique et financière, mais aussi sociale et politique, aussi bien nationale qu’ouverte aux solutions provinciales ou communales, publiques comme privées, la République se contente d’une approche comptable et trop souvent « kafkaïenne » de l’immense question des retraites professionnelles, au risque de ne pas saisir les enjeux de demain et de mécontenter tout le monde sans résoudre l’épineuse question des financements nécessaires, question importante mais qu’il faut intégrer dans la question plus large de notre société, de ses équilibres et de sa pérennité historique.

 

Il n’y a pas, certes, de réponse « absolue » à la question des retraites, et la Monarchie royale n’a pas un sceptre magique qui lui permettrait de tout résoudre d’un coup et définitivement, mais l’inscription de la magistrature suprême de l’Etat dans le « temps long » peut être une garantie supplémentaire de recherche et de volonté de résolution d’une question qui risque d’être, encore, évolutive : or, le devoir du politique d’Etat est de protéger les populations qui sont sous sa souveraineté, et d’assurer au mieux les conditions, parfois difficiles à cerner, de sa prospérité, y compris face aux pressions de la mondialisation et de l’idéologie dominante parfois cruelle pour les plus faibles. A défaut de pouvoir appliquer les mêmes solutions que celles pratiquées par le saint roi Louis IX en son temps, il faut du moins retrouver au cœur de l’Etat et de sa pratique contemporaine l’esprit de justice sociale cher au monarque médiéval…

Jean-Philippe Chauvin

Petite vidéo réalisée par SACR TV sur le rejet de la retraite à 67 ans… C’était en 2011 !

La république ne ment pas toujours… :

La République nous promettait la liberté et elle nous agglomère en communautés de communes toujours plus vastes, impersonnelles, inefficaces et corruptibles.

Elle se vante d’être ce souffle nouveau de la liberté mais c’est la liberté qu’elle nous souffle. En entrant toujours plus dans notre intimité, elle est une mère abusive et perverse qui n’aime pas ses enfants mais exige qu’ils lui appartiennent exclusivement.

La République nous veut égaux de gré ou de force ! Pour cela elle nous prive d’exercer notre générosité en nous confisquant nos moyens par l’impôts. Elle fait la charité à notre place mais avec notre argent et bien mal !

Quant à la fraternité, n’en sont dignes que ceux qui se soumettent à elle sans mot dire. Malheur aux insolents qui prétendraient qu’avant elle il existait quelque chose. La République tue tout ce qui n’est pas elle et s’en nourrit, c’est sa seule façon d’exister…

Alors sur quoi n’a-t-elle pas menti ? Elle est née d’un parricide. La mort de Louis XVI, père de la grande Famille de France, était la condition sine qua non à l’avènement de la liberté, l’égalité et la fraternité !
La mère des enfants de France, Marie Antoinette, devait aussi mourir pour libérer le peuple du joug de la loi naturelle. Quant à notre dernier Roi, Louis XVII, à 8 ans il sera condamné à dépérir au cachot … Sur ce sujet, ce régime né de la Terreur n’a pas menti, nous n’aurons bientôt plus ni Père ni Mère !

Il est accablant d’assister à l’accomplissement de ce plan diabolique. Il est pire encore de constater que les détracteurs de ses attaques contre le Père et la Mère défilent aux couleurs de leurs bourreaux. Avec tambours et trompettes, ils scandent la grandeur de ce régime qui leur assène le coup ultime, celui de disparaitre du temps long, de l’Histoire par la rupture de la filiation.

Allons enfants il faut choisir : « Arrière Satan ! La France est ici, avec Dieu », pancarte brandie par un courageux manifestant de 82 ans avant sa destruction par le service d’ordre de la manifestation du dimanche 6 octobre 2019 à Paris.

Stéphanie Bignon

Contre la spoliation des caisses de retraites autonomes par la République ! :

La question des retraites n’a pas fini d’agiter le pays ces prochains mois, et les premières manifestations de vendredi et de lundi derniers ont montré, à qui en doutait encore, qu’elle était éminemment sensible, même s’il est évident que leur gestion nécessite une réforme, voire une « révolution » de son approche et de sa résolution. Le système général des retraites apparaît à bout de souffle et, plus sûrement encore, à court d’argent frais, au risque d’entraîner, si l’on n’y prend garde, un véritable écroulement de l’économie des retraites et un appauvrissement forcé des populations sorties du monde du travail. La réforme est nécessaire mais pas n’importe laquelle, et pas en détruisant ce qui fonctionne au nom d’un principe d’égalité qui oublierait celui de justice, en particulier sociale.

 

Or, le projet gouvernemental, qui s’appuie sur la promesse électorale macronienne bien hasardeuse de la mise en place d’un régime universel, signifie (s’il est voté et appliqué tel qu’il se dessine aujourd’hui) ce que les avocats qualifient de « spoliation » : en effet, le projet prévoit la fin des régimes particuliers (que l’on pourrait qualifier de « corporatifs ») et des caisses autonomes de retraites développées et gérées par nombre de professions libérales, et souvent excédentaires quand le régime général, lui, menace faillite… Un vieux royaliste m’affirmait l’autre jour, avec un brin d’ironie, que M. Macron préparait « un nouveau 1791 », en référence à la dissolution des corporations et à la fin de leurs garanties et avantages particuliers liés aux métiers et à leur organisation, ainsi qu’à leurs patrimoines respectifs (1)… A y bien y regarder et même si, dans un premier temps, la manœuvre gouvernementale pourrait s’apparenter à une forme de « nationalisation » des fonds de ces caisses aujourd’hui autonomes (« Près de 30 milliards d’euros sont en jeu », affirme le quotidien L’Opinion dans son édition du lundi 16 septembre…), elle ouvrirait néanmoins la voie à une forme de « libéralisation » (de privatisation « douce » ?) du système des retraites au profit d’organismes financiers ou de compagnies d’assurance, par le biais d’une « capitalisation » non pas imposée mais fortement valorisée ou favorisée par la réforme elle-même, pas forcément dans le texte mais dans son esprit, ce qui paraît plus habile et non moins dangereux pour les indépendants comme pour les salariés…

Or, au lieu de les supprimer en les « intégrant » (ici synonyme de « confisquant »…) au régime général, ne serait-il pas plutôt intéressant de s’en inspirer et de les étendre à nombre d’autres professions ou secteurs ? Si l’on lit la tribune du collectif SOS Retraites qui regroupe des organisations de métiers fort différents comme avocats, médecins, infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes, etc., l’on comprend mieux l’enjeu : « Nous avons en effet en commun d’avoir été tenus « à côté » du régime général de retraite depuis sa création pour les salariés et les fonctionnaires en 1945. Nous nous sommes organisés, profession par profession, pour créer nos régimes de retraite. Pas spéciaux, autonomes. (2)» N’est-ce pas le processus qui, en d’autres temps, a formé les Métiers, appelés aussi corporations à partir du XVIIe siècle, et qui a permis de garantir au fil des temps des conditions acceptables pour tous ceux qui y travaillaient et qui, un jour, accéderaient à un repos professionnel mérité ? C’est en tout cas ce que les royalistes sociaux, qualifiés parfois de corporatistes, prônent en réclamant « la propriété du métier » et « le patrimoine corporatif », et que certaines professions ont, concrètement, mis en pratique ! Mais, là encore, la République ne sait pas créer, au sens professionnel du terme, et elle préfère spolier, confisquer, récupérer ce que la sueur des hommes a ensemencé, et cela dans une perspective purement idéologique et comptable : la logique de la République « une et indivisible » ne peut que difficilement (et provisoirement) accepter que des associations professionnelles, des corps de métiers ou des corporations, s’organisent « hors d’elle », et l’actuel projet de réforme le démontre à l’envi. On comprend mieux pourquoi, dans les discours officiels comme ceux des idéologues libéraux, le « corporatisme » est un terme toujours employé dans un sens péjoratif quand, dans la réalité concrète des professions libérales, celui-ci est la meilleure garantie des libertés et des droits professionnels, y compris après le temps du travail.

 

De plus, ces caisses autonomes sont généralement plus efficaces que la République ou que les syndicats officiels pour maîtriser les dépenses et valoriser les revenus de la profession. Comme le souligne le collectif SOS Retraites, « nos régimes autonomes sont tous équilibrés, alors que le régime général est gravement déficitaire. Peut-être parce que nous avons été prévoyants là où les gouvernements successifs ont procrastiné : nos régimes autonomes ont anticipé le choc démographique, y compris en prenant des mesures contraignantes ». Or, à défaut de prévoir et de gouverner, et comme je l’évoque plus haut, la République préfère taxer ou spolier « au nom de (sa) loi », ce que dans l’édition du lundi 16 septembre du Figaro (pages économie) rappelle Paule Gonzalès à travers un exemple concret : « le projet de réforme (…) va obliger la profession [des avocats] à fusionner son régime des retraites avec le régime général. (…) Il va aussi résulter de cette fusion imposée le versement dans le pot commun de 2 milliards d’euros de provisions, réalisées au fil des ans par une profession prudente, anticipant l’évolution démographique », anticipation et bonne gestion que le régime général et les gouvernements successifs de la République n’ont ni voulu ni su faire, prisonniers qu’ils étaient d’un système politique qui repose sur l’élection et la promesse plutôt que sur la raison et la prévision… En pensant en termes de clientèle plutôt que de corps de métiers et de bien commun, la République sacrifie ce qui « marche » quand cela semble échapper à son contrôle, ce que Fanny Guinochet résume dans les pages de L’Opinion à propos de cette réforme : « Surtout, s’installe cette petite musique négative que cette réforme ne fera que des perdants » (…). Non seulement des perdants… mais sanctionnera aussi les bons élèves ! »

 

Oui, le vieux royaliste que j’évoquais plus haut a raison : c’est bien « un nouveau 1791 » que le gouvernement de la République nous prépare… Il faut souhaiter que, connaissant la triste histoire sociale de cette année-là et ses conséquences, les principaux intéressés ne se laisseront pas faire. Mais, sans doute faut-il aller plus loin et en appeler à la constitution de nouveaux régimes (et caisses) autonomes de retraite pour toutes les professions qui le veulent et le peuvent, librement et publiquement, sans possibilité pour l’Etat de les confisquer ou d’attenter à cette « propriété corporative ». En somme, entre un modèle libéral peu soucieux des « autres » et un modèle étatiste confiscatoire du travail et de ses fruits, il est temps de penser plus globalement un autre modèle qui existe déjà à travers ces régimes autonomes de retraite pour nombre de professions : un modèle dans lequel le travail est reconnu et sa qualité garantie, un modèle qui ordonne la profession et assure les accidents ou les lendemains du travail par la constitution d’un « patrimoine corporatif »… Un modèle d’organisation corporative approprié à notre pays et à ses particularités professionnelles, pour que capacités productives, garanties de qualité et de pérennité, et justice sociale s’accordent plutôt que se combattent.

Jean-Philippe Chauvin

 

Notes : (1) : le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier de mars et juin 1791 qui abolissent les corporations et interdisent toute association professionnelle, mais aussi suppriment le droit de grève et les systèmes corporatifs d’entraide et de solidarité au sein d’un métier donné… Les lois les plus « antisociales » de toute l’histoire de France !

 

(2) : Dans Le Figaro (pages économie), une avocate complète la dernière formule : « Un régime autonome, et non pas spécial, qui n’a pas coûté un centime au contribuable », ce qui n’est pas négligeable, tout de même !

 

 

Une stratégie énergétique pour l’indépendance française :

Quelques drones vont-ils faire vaciller l’économie mondiale ? Les frappes des rebelles yéménites Houthis contre les plus grandes installations pétrolières d’Arabie Saoudite ont fait de gros dégâts et entraînent désormais la suspension temporaire de la moitié de la production du pays, plus grand producteur pétrolier du monde, ce qui représente, à l’échelle mondiale, environ 6 % du commerce de brut. Cela entraîne aussi, naturellement, une hausse rapide des cours du pétrole qui sont loin, néanmoins, d’atteindre les sommets d’il y a quelques années, mais qui devrait se répercuter dans quelques semaines, voire dans quelques jours sur les prix de l’essence à la pompe, au risque de fragiliser une économie française (entre autres) qui n’est pas la plus florissante aujourd’hui… Au-delà de l’événement géopolitique et de ses conséquences économiques, cela doit nous interroger sur notre dépendance aux énergies fossiles et sur les moyens de s’en dégager.

 

En faisant le choix il y a quelques décennies de privilégier l’énergie nucléaire (ce qui n’a pas que des avantages, en particulier sur le plan de la dangerosité et sur celui de la gestion des déchets issus de sa production énergétique), le gouvernement français de l’époque pompidolienne pensait amortir les chocs pétroliers tout en répondant à la forte demande énergétique de la société de consommation alors en cours d’expansion et d’imposition. Mais l’extension du mode de déplacement automobile qui ne s’est jamais démentie depuis les années 1950 s’est faite sur la base du pétrole, sans alternative crédible jusqu’à ces dernières années, et cela malgré le fait que, dès les origines de l’automobile, l’électricité était présentée comme une possibilité intéressante : mais la pression et les manœuvres des grandes compagnies pétrolières états-uniennes ont ruiné cette alternative au pétrole (dès 1914), pour des raisons principalement de recherche de profit et d’intérêt des grandes sociétés et de leurs actionnaires… Le profit immédiat plutôt que le bien commun, en somme ! Nous le payons aujourd’hui, autant sur le plan environnemental qu’économique.

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Les lois libérales de 1791, ces oubliées de l’histoire officielle :

Les nouveaux manuels scolaires, désormais entre les mains des professeurs avant d’être entre celles des élèves de lycée dans quelques jours, sont toujours révélateurs des tendances idéologiques du moment comme de la plus ou moins grande implication du Pouvoir en place dans la formation des esprits et des intelligences, mais aussi des « tabous » de celui-ci. Evidemment, la période de la Révolution française, « matrice » de notre contemporanéité, attire l’œil des royalistes tout autant que celles des républicains et de la République elle-même, en tant que système idéologico-politique dominant et forme actuelle du Pouvoir en France. Or, alors que les programmes de Première (l’année d’étude de la Révolution dans les nouveaux programmes) y consacrent les premières heures d’étude de l’histoire, et qu’ils accordent une place un peu plus importante que les années précédentes aux question sociales (ouvrières comme paysannes) à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, il est frappant de constater que ce même thème est absent des cours sur la période des années 1789-99, et cela est, tout compte fait, dans la logique de l’Education nationale héritée des « Jules », Ferry et Michelet. Car la Révolution française, c’est aussi la « naissance du prolétariat », en tant que « situation sociale » et, en conséquence, de « classes », souvent considérées comme « dangereuses » au XIXe siècle par les pouvoirs politiques comme par les possédants qui vivaient largement de leur asservissement et exploitation.

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Cérémonie d’amitié franco/russe :

L’accueil de la délégation Russe à l’entrée des portes de St Geneviève des Bois, par les présentations des personnalités furent faites par l’organisateur Jonas Aix ancien Légionnaire, ayant réalisé le parcours Mont de Marsan-Moscou en vélo, ayant aussi participé au souvenir de l’escadrille Normandie-Niémen :

« Chers amis, je reviens de Moscou, un voyage pour répondre à une invitation pour des cérémonies d’hommage aux valeureux du Normandie Niemen et à l’amitié franco-russe ».

Signalons les présences de :

  • Natalia Khantsevich, Chef du Service Culturel de l’Ambassade de la Fédération de Russie en France,
  • Azeeva Galina du du fonds public international Fonds Russe pour la paix,
  • Chmyrev Guennadi, Ataman Président de l’Association des Cosaques de France
  • Alexis d’Herbaïs, Vice-ataman et porte-drapeau des Cosaques du Don
  • Didier Lefebvre, Vice-président de l’Association nivernaise France-Russie-CEI,
  • François Colinot, Président de l’association Espace Normandie-Niemen,
  • Didier Lefebvre, Vice-président de l’Association nivernaise France-Russie-CEI,
  • Jean-Pierre Tron, porte-drapeau du Mémorial Normandie-Niémen,
  • Tanneguy de Prat, Président de l’Union des Anciens Combattants et Affiliés (UACA) de Colombes,
  • Marcel Bouvier, Secrétaire Général de l’UACA de Colombes,
  • Micheline Barget de l’Association Universelle des Amis de Jeanne d’Arc.

Ainsi que les huit porte-drapeaux :

  • Souvenir Français,
  • Médaillés militaires,
  • Légion d’honneur,
  • Mémorial Normandie Niemen,
  • Anciens Combattants Prisonniers de guerre – Combats Algérie Tunisie Maroc (ACPGCATM),
  • Anciens mutilés et anciens combattants et veuves de guerre (AMACVG),
  • Cosaques du Don,
  • Groupe d’Action Royaliste.

Lors de la Cérémonie du 10 juin 2019, au cimetière Russe de Sainte Geneviève des Bois, j’expliquais mon intérêt pour les Cosaques, hommes libres qui, comme aux temps médiévaux en France, incarnent une sorte de chevalerie. Chevalerie qui doit perdurer aussi en notre terre de France dans ses valeurs éternelles, comme en Russie, par les actes quotidiens : courtoisie et service. Mais aussi dans la tradition chrétienne liant l’Occident Chrétien à l’Orthodoxie orientale slave, symbiose retrouvée face aux temps de grande confusion que nous vivons. Je rappelais le souvenir de Marina Grey (Marina Antonovna Denikina), auteur des « Armées blanches » que j’ai connu jadis, fille du Général Denikine et femme du grand historien Jean François Chiappe. Je rappelais la formation historique des premières bandes de cosaques issues des Alains, Sarmathes et Tatars qui vinrent s’installer, pour ceux qui reposent en ces lieux, entre la Volga et le Don. L’importance chez eux, du père : l’Ataman, désigné et élu, conduisant les siens dans cette recherche perpétuelle de l’autonomie, comme de la vie rustique des chants et danses de ces guerriers de tous les temps. Je rappelais aussi les conflits tumultueux qui s’égrenèrent le long de leur histoire, jusqu’à la terrible guerre de 14, où les armées du Tsar vinrent soutenir la France à l’ouest tout en assurant une rude pression à l’est.

Le sacrifice des Russes n’est pas à oublier et ils tombèrent nombreux pour que nous puissions gagner, ce temps si précieux, afin de remporter le front ouest. L’échec de la dure contre-attaque Prussienne de 1915 n’ébranla pas la détermination comme la fidélité du Tsar à nous soutenir, ceci jusqu’à ce que l’Allemagne y envoyât son agent Lénine accompagné de ses révolutionnaires comme d’officiers d’Etat-major Allemands agrémentés des subsides de la Reichbank !

Il fallait détruire la puissance Russe à travers son Tsar afin de libérer le front oriental, comme répandre une révolution sanglante déstabilisant ce grand Ours slave. Nous avons alors abandonné le Tsar à son triste sort, oubliant le sens de la parole donnée… C’est en cette terre que les Armées Blanches résisteront dénués de tout, « dans le froid et la famine » disait la chanson. Une diaspora russe pour survivre, fuyait le sang sur la neige et c’est en France comme ailleurs que des Princesses comme des Barons devinrent couturières où mineurs, sorte de récapitulation d’une révolution que notre terre connue bien avant. L’exemple de ce cavalier Cosaque chevauchant les steppes, venu ici mourir au volant de son taxi, d’une crise cardiaque est encore dans ma mémoire, triste jeu du hasard comme du destin. Rappelons le geste du Président Poutine venu sauver quelques tombes de ce cimetière, qui sans lui, seraient allées en poussière dans le vent perdu de l’histoire. Rappelons aussi qu’il a accepté l’édification d’une statue de Jehanne d’Arc à Saint Pétersbourg, grande première chez les orthodoxes n’ayant pas de statues de saints dans les lieux publics. C’est un grand honneur d’être à côté de l’Ataman des Cosaque de France Mr Chmyrev Guennadi. Regardons le ciel, au milieu du carré Cosaque, je les vois chevaucher leurs fiers chevaux, la Nagaïka à la ceinture, faisant tournoyer au-dessus de leur tête leur redoutable shashka. Oublier leur mémoire, comme ne pas les honorer de notre présence, serait les enterrer une nouvelle fois. Devant ces tombes sous lesquels dorment les preux du repos éternel, l’avenir sera celui des traditions retrouvées, comme cette résurgence des Cosaques en Russie. Cette chevalerie sera le ciment qui unira cette amitié Franco-russe pour qu’au travers d’elle, nous puissions entendre demain, le rire de nos enfants sur nos terres en paix…

Nous avons ensuite laissé « déambuler » les participants à travers le cimetière afin de retrouver des tombes amies où curiosités, Madame Tatiana Chomcheff présidente du Comité pour l’entretien des sépultures russes du cimetière est venue nous saluer. Je rappelais la présence du carré des Cadets de Voronej, de Poltava… Que le président Vladimir Poutine vint déposer des fleurs sur la tombe de la princesse Véra Obolensky, membre de la Résistance française exécutée à Berlin en 1944.
Nous nous sommes dirigés vers la tombe d’un ancien du Normandie Niémen et François Colinot s’est exprimé pour signifier et rappeler aux mémoires le courage de ces Grands-anciens combattants pour la liberté des peuples…
Puis nous sommes partis chez une amie qui tient le restaurant russe « Le Relais Russe », non loin du cimetière. Un accueil chaleureux nous y attendait comme un repas russe traditionnellement bon, celui de St-Petersbourg. Nous y étions une trentaine de convives. Jonas Aix fut félicité pour l’organisation de cette journée et reçu des présents des mains des représentantes Russes. Les allocutions furent faites en russe par Azeeva Galina du Fonds Russe pour la paix. Je proposais un toast à la vodka, bien sûr pour l’amitié Franco-russe, en terminant le repas et la chaude ambiance conviviale du jour…

Frédérique Winkler

 

Sauver l’Amazonie, c’est possible ! :

La forêt amazonienne brûle un peu plus chaque année, comme les forêts d’Afrique ou d’Asie, mais aussi les forêts françaises, cet été touchées par des incendies qui, trop souvent, n’ont rien de bien naturel. C’est une tragédie mille fois répétée qui ne peut nous laisser indifférent car l’indifférence serait, là, de l’insouciance et une insulte au bien commun que les royalistes français prétendent défendre et pratiquer. Car un incendie de forêt est toujours une perte de biodiversité importante et la transformation d’un paysage vivant en un triste horizon noirci, au moins pour quelques temps. Bien sûr, il ne s’agit pas de méconnaître aussi que, dans sa grande complexité, la nature joue parfois du feu comme d’un moyen de se renouveler, comme le signale nombre de scientifiques spécialistes des milieux forestiers, ou d’ouvrir à d’autres plantes et animaux ces zones consumées. Mais, dans nos temps contemporains, les forêts du Brésil ou d’Afrique brûlent trop souvent pour des raisons qui n’ont rien d’écologique et souvent tout d’économique ou politique, au-delà des cas psychologiques de quelques pyromanes qui semblent plutôt se concentrer dans nos propres pays d’ancienne déforestation.

 

Comme le signale Alain Pavé dans un entretien publié par Ouest-France samedi 24 août, ce sont les activités agricoles et minières qui sont les « moteurs de cette déforestation » qui ravage l’Amazonie sans beaucoup d’égards pour la flore et la faune, et qui chasse de leurs territoires les tribus « vivant » de la forêt telle qu’elle est, et c’est bien l’actuel président brésilien, homme-lige des grands propriétaires, qui, par son attitude et ses propos, favorise et amplifie un phénomène à terme dangereux pour son propre pays et, au-delà, pour les équilibres environnementaux de la planète, cela même s’il n’est ni le seul responsable, ni le seul coupable de cette situation écologique malheureuse. Les incendies en Amazonie « ne sont probablement pas d’origine naturelle. Ils se déclenchent en périphérie de la forêt, là où se trouvent les grands propriétaires terriens, qui souhaitent agrandir leurs terrains pour l’agriculture et l’élevage. (…)

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Les « petites patries » doivent trouver leur place au lycée :

La rentrée qui se profile oblige à la préparation des nouveaux cours des nouveaux programmes de lycée, en histoire comme en géographie. Si l’on prend la période étudiée désormais en classe de Première, elle couvre le gros siècle qui va de 1789 à 1923, et ce n’est pas forcément une mauvaise idée au regard de ce dont il est porteur et, en partie, accoucheur : après tout, ne sommes-nous pas les héritiers, parfois infidèles et critiques, de cette période et de ses confrontations, idéologiques comme spirituelles, mais aussi économiques et sociales, voire environnementales ?

 

La lecture des programmes officiels et celle, conjointe, des manuels scolaires, est aussi fort révélatrice de l’idéologie dominante et des préoccupations de la République éducatrice, qui ne laisserait à personne d’autre le soin de choisir les intitulés de ces programmes destinés à s’appliquer, en bonne République « une et indivisible », à tous les coins du territoire métropolitain comme de l’Outre-Mer. Du coup, c’est une histoire qui oublie, « opportunément » et dans la droite ligne de la « jacobinisation » de la nation, les « petites patries », au risque d’échouer à l’enracinement des élèves (en particulier ceux venus d’ailleurs ou d’autres traditions d’origine étrangère) dans une France concrète et vivante. De plus, cette histoire nationale « globale » apparaît parfois peu accordée aux lieux particuliers où elle est enseignée, de la Bretagne à l’Alsace, de la Provence à l’Artois. Un collègue la définissait comme une « histoire parisienne » et, comme d’autres (et comme moi-même), s’en inquiétait, comme d’une source supplémentaire de déracinement et d’inculture.

 

Faut-il, pour autant, renoncer à cette formulation programmatique de l’histoire française ? Pas exactement, mais il n’est pas forcément inutile de l’irriguer, non seulement d’exemples, mais aussi de puissantes évocations locales, par exemple en combinaison ou en comparaison de l’histoire de la nation « centrale », et selon l’endroit où l’on enseigne et étudie : ainsi, en Bretagne, n’est-il pas inutile de rappeler ce que la province a espéré et perdu durant la Révolution française, et quelles furent ses réactions, parfois déçues ou insurrectionnelles, devant le triomphe de la Révolution et de sa fille préférée, la République. Mais, à bien lire les différents manuels disponibles (pas loin d’une dizaine…), rien du tout : pas un mot sur la Bretagne si ce n’est, au détour d’une carte, l’évocation schématisée d’une « révolte » dont, le plus souvent, on ne saura pas plus. Ainsi, la chouannerie, qui a laissé durant plus d’un siècle, un souvenir tenace aux Bretons, a disparu, et le terme même n’évoquera rien aux descendants de ceux qui l’ont incarnée, comme en une sorte d’amnésie organisée que, au regard des intentions des programmes, je ne m’interdis pas de nommer un « mémoricide paisible » et tout à fait officiel… Idem pour la « Vendée » qui, si elle apparaît bien sur les cartes des lieux de tension durant la Révolution et la Première République, n’est ni définie ni expliquée !

 

Bien sûr, le cas de la Révolution française semble le plus significatif, d’autant plus que l’esprit du programme est de valoriser la conception de la Nation telle qu’elle a été idéologiquement fondée par les révolutionnaires jacobins, et comme si l’Ancien Régime n’avait pas, par lui-même, développé une conception que l’on peut dire moins jacobine et moins centraliste, beaucoup plus plurielle et « fédérative », comme Maurras l’évoquera au début du XXe siècle. Mais les autres chapitres répercutent cette même absence des particularités enracinées, avec souvent les cartes comme seule illustration de la « nuance des choses », ce qui apparaît bien insuffisant. Ainsi, pour l’étude de la France rurale et de l’industrialisation du pays, ou pour celle de la question de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et alors que la question linguistique n’est abordée que fort marginalement dans le meilleur des cas (et quand elle est abordée…), et dans le cadre de « l’enracinement de la République », les langues régionales de France étant alors présentées comme un reste du monde ancien destiné à disparaître, à l’égal du « trône et de l’autel ».

 

Bien sûr, les professeurs d’histoire pourront, d’eux-mêmes, corriger cette « amnésie », mais le feront-ils tous, pressés par la nécessité d’aller vite (épreuves de Bac dès la classe de Première obligent, sous forme d’un contrôle continu) et de ne pas trop complexifier l’histoire de la période ? De plus, nombre d’entre eux ne connaissent pas l’histoire même du territoire sur lequel ils enseignent, ce qui constituent un obstacle important, mais pas rédhibitoire. Sans doute faudrait-il prévoir, en une heure hebdomadaire dédiée (faute de mieux), un enseignement des grands traits de l’histoire locale, communale et provinciale, ne serait-ce que pour donner quelques repères concrets aux jeunes qui y vivent et, parfois, à des parents qui ne connaissent pas non plus cette histoire. Mais, le mieux ne serait-il pas d’inciter les enseignants à intégrer, au sein de leurs cours généraux, des éléments de l’histoire (y compris populaire) locale, pour montrer aussi toute l’importance de l’histoire nationale sur la construction des héritages locaux (et inversement, aussi) et, parfois, la grande difficulté d’une synthèse harmonieuse entre les décisions de l’Etat central et les aspirations provinciales ou communales ? Ce ne sont là que quelques propositions, mais elles peuvent permettre un meilleur enracinement des jeunes générations sans, pour autant, les « figer » en un seul lieu car l’histoire (locale ou nationale, ou européenne et mondiale) ne doit pas être un simple « formatage » sans conscience, mais bien plutôt un appel à la curiosité comme un outil de la « fidélité créatrice », celle qui permet de voir plus loin et plus haut sans risquer le vertige de la démesure

Jean-Philippe Chauvin

 

Pour une écologie intégrale ! :

L’écologie est à la mode… Doit-on s’en réjouir ? Bien sûr, il y a eu l’effet canicule, il y a les débats incessants autour du Traité de Paris, de moins en moins respecté par les grandes puissances et qui semble désormais rejoindre le magasin des « bonnes intentions sans réalisation », comme il y a ce succès tout relatif de la liste de M. Jadot aux dernières élections européennes qui lui fait prendre ses rêves pour des réalités, sans oublier la jeune (et controversée) Greta Thunberg et les mobilisations lycéennes du vendredi qui ont permis au gouvernement d’éviter une véritable mobilisation contestatrice au moment le plus vif de la révolte des Gilets jaunes. Tout cela a pu faire de l’écologie un thème d’actualité et, quels que soient les moyens pour y parvenir, c’est fort heureux ; mais ce qui l’est moins, c’est qu’elle apparaît désormais plus comme une mode médiatique que comme une véritable réflexion sur notre mode de vie et de consommation. Or, l’écologie ne peut se contenter d’être un beau discours ou une suite de déclarations d’intentions, au risque de devenir une idéologie coupée du réel et de perdre tout crédit en politique, pourtant nécessaire pour espérer relever les défis environnementaux et changer les perspectives.

 

Dans un récent numéro de Marianne, Natacha Polony, qui se réclame de la décroissance, remet quelques pendules à l’heure en précisant « les données du problème » posé par les dérèglements climatiques contemporains : elle dénonce ainsi un discours trop souvent entendu sur les capacités d’adaptation de l’homme et des sociétés : « l’adaptation s’est faite, dans les siècles passés, au prix de violences et de morts. Les guerres à venir pour l’eau et les terres arables ne sont pas des hypothèses mais des risques majeurs. » Avec une démographie mondiale qui n’est pas vraiment maîtrisée dans les continents asiatique et africain, et une intégration croissante de leurs pays dans une société de consommation née il y a un siècle de l’autre côté de l’Atlantique et qui se caractérise par la croyance en « l’illimitation du monde » et par une néophilie permanente et pourvoyeuse de démesure, la planète ne peut, comme au terme de la mondialisation du XIXe siècle, que se heurter aux limites qu’elle a cru pouvoir éternellement repousser : c’est ce moment particulier qui, par lui-même, est terriblement belligène et qui, s’il n’est pas surmonté par la perception de la fragilité de la paix et (pour chacune des puissances elles-mêmes) de celle de sa propre existence géopolitique et nationale, peut mener au pire, c’est-à-dire à la transformation de la concurrence économique et commerciale en confrontation militaire et politique, d’autant plus violente qu’elle mobilise toutes les forces nécessaires à surmonter l’obstacle, au risque de perdre, une fois de plus, tout sens de la mesure et toute possibilité de conciliation, chacun considérant « son » modèle comme « non négociable », selon le terrible mot du président Bush (le second). L’eau et les terres agricoles sont, non seulement les richesses d’antan (ce que les rois de France avaient compris et que, en quelques mots célèbres, Sully avait formulé), mais encore plus celles de demain, dans un monde qui devra continuer à assurer la subsistance de chacun malgré la raréfaction des ressources, conséquence d’une surexploitation débridée et plus quantitative que qualitative. Or, les crises climatiques que, malgré toute sa puissance technique, l’homme n’arrive pas vraiment à maîtriser, font craindre une modification de la carte des productions agricoles et, pour le cas de notre métropole, une déperdition importante de ses particularités et richesses qui sont à la base de notre gastronomie et de son excellence et, au-delà, de notre civilisation française. C’est d’ailleurs ce que souligne aussi Natacha Polony : « les changements qui sont à l’œuvre auront un impact sur les paysages qui nous entourent, sur nos modes de vie, et donc sur la perpétuation de cette civilisation européenne et tout particulièrement française fondée sur le caractère tempéré du climat et le type de végétation et de culture que produit cette tempérance. »

 

Bien sûr, si l’on évoque le « réchauffement climatique », il sera facile de nous objecter que notre pays a connu, dans son histoire bimillénaire, d’autres épisodes de canicule et de désordres climatiques qui, comme la formule l’indique, sont bien une rupture des équilibres habituels et nécessaires, naturels mais aussi agricoles, au risque de provoquer crises alimentaires et surmortalité. Qu’il y en ait eu bien avant le XXIe siècle n’enlève rien à leurs dramatiques conséquences, et tout l’effort des pouvoirs de l’époque comme d’aujourd’hui a été et doit être d’amortir « le choc sur la nature et les hommes », la nature étant, ici, celle qui n’est pas vraiment naturelle mais plutôt « agriculturelle », puisque nos sociétés, à tort d’ailleurs, négligent fortement tout ce qui ne leur apparaît pas directement reliée et profitable… Néanmoins, il nous faut rappeler (par exemple) l’importance des zones humides qui souffrent énormément des sécheresses à répétition, entraînant la disparition des batraciens, des libellules ou des poules d’eau qui sont, eux aussi, des richesses de la biodiversité « inutile » à la société de consommation et pourtant absolument nécessaire à l’éventail du monde, comme le rappelait jadis Konrad Lorenz.

 

Mais les temps actuels ne sont pas ceux d’hier et il faut savoir les distinguer des temps anciens pour éviter toute erreur de diagnostic comme de stratégie face aux défis contemporains et futurs. D’abord, la démographie n’est pas la même, et son explosion numérique mondiale depuis un peu plus d’un siècle a obligé à une extension parfois démesurée des espaces anthropisés au détriment des forêts, des marais ou des prairies anciennes, d’une part pour accueillir et loger, d’autre part pour nourrir et satisfaire les populations ; ensuite, le système même de la société de consommation a entraîné une demande des consommateurs de plus en plus forte, suscitée parfois plus encore par une « tentation » toujours renouvelée et augmentée que par le simple appétit naturel ou par la nécessité vitale, et le « développement » prôné par Rostow et le président des Etats-Unis Truman à la fin des années 1940, n’est rien d’autre que l’intégration, plus ou moins forcée, à cette même société de tentation et de consommation, très prédatrice d’espaces et de ressources naturelles… Ce modèle anglosaxon et « fordo-franklinien » n’est-il pas, d’ailleurs, la cause principale de la dégradation de notre planète, après les premières dévastations notables liées au modèle d’industrialisation lui-aussi issu du monde anglosaxon et d’abord anglais au XIXe siècle avant que d’être états-unien à partir du XXe ? Là aussi, il faudrait rappeler que c’est bien la Révolution française et la fin du modèle social et corporatif français, légalisée en 1791, qui ont ouvert la voie à ces modèles pourtant si peu appropriés à la préservation de l’environnement comme au respect des hommes eux-mêmes et de leurs sociétés traditionnelles (ce qui ne signifie pas immobiles…), au risque de libérer des forces « mauvaises » (dénoncées par Tolkien et par Bernanos, entre autres) ou cet « orgueil humain » qui oublie le sens même des sociétés humaines et de leurs membres.

 

Que nous soyons des héritiers, d’une façon ou d’une autre, ne nous dispense pas de séparer le bon grain de l’ivraie, fidèles en cela à la formule maurrassienne de la « tradition critique », et soucieux de ne pas être des spectateurs passifs quand le devoir nous impose l’action et la réaction face aux processus mortifères qui, si l’on n’y prend garde, nous mènent à ces guerres qu’évoque Natacha Polony. Si les royalistes cultivent un écologisme intégral qui peut surprendre, au moins dans sa formulation, c’est justement parce qu’ils se veulent des héritiers soucieux et sourcilleux, non seulement pour eux-mêmes, mais pour ceux à qui ils transmettront l’héritage français, des paysages multiples et variés aux ressources et richesses de ceux-ci, des beautés de la nature aux trésors de la culture, et qu’ils ont à cœur de ne pas l’appauvrir malgré les tentations de la « jouissance excessive » et de la consommation débridée, autres noms du gaspillage et de la destruction consumériste… « Sauvegarder l’héritage », voilà une œuvre éminemment écologique et politique mais qui ne sera confirmée et enracinée dans le temps que par le retour de « l’héritier » statutaire, issu de cette dynastie capétienne qui sait ce que signifie la patience et la mesure, et qui n’oublie pas que, dans le domaine environnemental, « maintenir c’est créer »…

Jean-Philippe Chauvin