République et démocratie

A nos dirigeants…

Grille cinquième république

Au risque de choquer, il faut bien le dire : depuis ce vendredi noir de novembre, un cap est franchi…

Il y a dix ans de cela, la France montrait une image déplorable aux yeux du monde avec les émeutes des banlieues qui avaient succédé à la mort de deux jeunes électrocutés dans une sous-station électrique. Le désordre s’était alors emparé des rues des quartiers périphériques, sous les yeux de Français atterrés, et les gouvernements successif, non contents d’avoir laissé pourrir la situation des banlieues depuis les premières émeutes du début des années 80, n’ont rien fait de réellement sérieux et d’efficace pour limiter les dégâts et, surtout, réparer un lien social dégradé par des décennies d’incurie et de faiblesse de la république.

Dix ans plus tard en cette année 2015, on n’a plus affaire cette fois-ci à des émeutes, mais bel et bien à du terrorisme ! Un cap est franchi, et il n’est que le résultat du laxisme et de l’incompétence des gouvernants de droite comme de gauche, si distinction il y a, ce qui est de moins en moins certain au regard de leur positionnement idéologique européiste…

Certes, ces terroristes ne sont pas pilotés directement du sein des banlieues, mais par d’étranges entités comme DAESH ou l’EI dont les origines sont aussi douteuses qu’énigmatiques ! Et maintenant qu’ils ont vu qu’ils peuvent frapper en toute impunité (ou, au moins, par une surprise qui, pourtant, semblait impossible au regard des moyens techniques actuels de surveillance et de contrôle), on peut supposer que ce n’est qu’un début, que le pire reste peut-être à venir, même s’il ne faut évidemment pas le souhaiter, car tout ce qui frappe la France, où que ce soit, nous frappe aussi dans notre être et notre cœur de Français.

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La République n’est pas l’avenir de la ruralité :

villagelemonnal

Le président et quelques membres du gouvernement étaient lundi en HauteSaône pour évoquer la ruralité : en fait, il s’agissait surtout de faire « campagne à la campagne » sans apporter de vraies réponses aux problèmes du monde rural et aux défis qu’il doit relever en ces temps de mondialisation et de métropolisation effrénées, l’une entraînant l’autre. Et pourtant ! Je ne suis pas loin de penser que l’avenir de notre pays se joue en grande partie au-delà des villes et des aires urbaines, comme le déclarait plus vivement que moi il y a plus de deux décennies le journaliste agricole Jean-Clair Davesnes, royaliste impénitent qui écrivait sous le nom de Paul Serry dans les colonnes d’Aspects de la France, alors hebdomadaire de l’Action Française.

Les campagnes françaises sont aujourd’hui délaissées, dévitalisées, comme asséchées par une République qui, fondamentalement, n’a jamais aimé le monde paysan, qualifiant, à l’instar de la bourgeoisie urbaine soutenant Jules Ferry, la campagne de « cambrousse », terme méprisant issu du langage colonial, mais faisant, au moins le temps des élections, les yeux doux aux électeurs ruraux qu’il fallait arracher jadis au pouvoir du clergé et des notables monarchistes du XIXe siècle… Désormais, le nombre décroissant d’agriculteurs et leur dépendance, parfois plus subie que voulue, aux logiques du Marché en ont fait, non des agneaux, mais des vassaux malgré eux d’un système dont il leur est difficile de s’échapper sans encourir les foudres de l’Administration ou de la Commission européenne, et la hargne de quelques journalistes prompts à les traiter de « poujadistes » ou de « populistes », termes censés les discréditer aux yeux de l’Opinion : la République a atteint son but, croit-elle, désarmant les agriculteurs et les autres ruraux de leur capacité d’efficace révolte et les cantonnant, non sans la sourde crainte d’une chouannerie toujours possible, au rôle d’émeutiers éphémères vite rappelés aux devoirs de la terre.

J’ai croisé cet été de ces exploitants agricoles désespérés de ce rôle auquel la République voudrait bien les limiter avant que de les réduire définitivement, au prétexte de la productivité et d’une modernité pourtant piégeuse, à un souvenir folklorisé, comme elle l’a fait pour les provinces anciennes. Désespérés et néanmoins conscients, mais politiquement isolés car n’ayant plus de véritables relais au cœur des institutions, si ce ne sont quelques élus de bonne volonté, de toutes les tendances, mais souvent impuissants à renverser les pesanteurs de l’idéologie dominante, « libérale et urbaine »

Pourtant, la messe n’est pas dite : les initiatives au sein du monde rural se multiplient depuis quelques années et les propositions ne manquent pas, ni même les réalisations, parfois en marge des mécanismes du Marché et de la société de consommation. Jean-Clair Davesnes militait pour le développement de l’agriculture biologique et une forme de « retour à la terre », formule aujourd’hui déconsidérée non pour ce qu’elle signifie mais pour l’usage qui a pu, en d’autres temps tragiques, en être fait, et à laquelle je substitue celle de « redéploiement rural » : ces pistes sont sans doute à suivre et à creuser encore, et elles ne pourront donner leur pleine mesure que lorsque l’Etat sera assez solide pour oser une véritable politique nationale d’aménagement du territoire, s’inscrivant aussi dans une sorte de fédéralisation de notre pays qui permettra à chaque collectivité, de la commune à la région, de pouvoir poursuivre et amplifier, à son rythme et avec ses particularités propres, cette « remise en vie » des territoires ruraux. Il y a fort à parier que cet Etat-là ne sera pas la République actuelle, ni la République tout court…

Jean-Philippe Chauvin

 

Le déclin de la France en citations :

gaypride

‘De nos jours, où porter ses regards sans rencontrer des ruines? La face de la terre en est couverte: ruines morales, ruines intellectuelles, ruines matérielles, ruines sociales, ruines domestiques. […] Or, pour nous, la ruine de la société, ce n’est pas seulement le paganisme, c’est la barbarie. » ( Mgr Gaume, La profanation du dimanche considérée au point de vue de la religion, de la société, de la famille, de la liberté, du bien-être, de la dignité humaine et de la santé.)

Outre le théologien, de plus en plus d’historiens sérieux admettent eux aussi l’idée soit du déclin soit de la décadence de la France » (La Nouvelle Revue d’Histoire, Déclins et réveils de la France, N°10, janvier-Février 2004).

Philippe Alméras: Début XXe, fin XXe siècle: « un déclin »

« Si l’on examine l’état de la France au début du XXè siècle et ce qu’elle est à la fin, il y a un déclin » (Philippe Alméras, professeur de littérature et historien. Docteur de l’Université de Californie, son Retour sur le siècle, est un bilan du XXème siècle… La Nouvelle Revue d’Histoire, N°10, ibid., page 30).

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Hiroshima et Nagasaki ou l’éthique chevaleresque à la sauce démocratique :

Interview du professeur Pierre Piérart :

Pierre Piérart est professeur honoraire de l’Université de Mons, vice-président de l’Association médicale pour la prévention de la guerre nucléaire (AMPGN), auteur de D’Hiroshima à Sarajevo. La bombe, la guerre froide et l’armée européenne, EPO, 1995.

Hiroshima: les manuels d’histoire mentent

Visuhiroshima3Il y a juste soixante dix ans, l’arme atomique était larguée sur Hiroshima et Nagasaki. Pierre Piérart, infatigable pourfendeur des armes nucléaires, explique les véritables raisons ayant poussé les États-unis à lâcher la bombe.

Marco Van Hees

Pierre Piérart : «Attaquer des civils avec une telle arme, c’est clairement du terrorisme.»

Les 6 et 9 août 1945, la bombe atomique est utilisée pour la seule fois dans l’histoire contre les villes japonaises Hiroshima et Nagasaki. Quelles en ont été les conséquences humaines?

Pierre Piérart. Terribles. La bombe n’explose pas au sol mais dans l’atmosphère. Une gigantesque boule de feu qui tue par brûlure. C’est son effet le plus mortel. A l’épicentre, la température atteint un million de degrés. Elle se réduit rapidement à mesure qu’on s’en éloigne, mais dans les 500 premiers mètres, il s’agit d’une véritable incinération. Il y a aussi l’effet de souffle: un déplacement d’air de 600 kilomètres/heure. Aucun bâtiment n’y résiste. Enfin, il y a la radioactivité.

Pour indiquer le nombre de morts d’Hiroshima, je retiens le chiffre à la fin de décembre 1945: 145.000 morts. Car quelque 70.000 personnes sont mortes dans les mois qui ont suivi, d’août à décembre 1945. Des brûlés qui auraient dû survivre à leurs brûlures mouraient de façon inexpliquée: à cause de la radioactivité. Elle a tué 30 à 50% de ces 70.000 victimes.

A Nagasaki, où la bombe au plutonium (celle d’Hiroshima était à l’uranium) n’a pas «parfaitement fonctionné», 70.000 personnes sont mortes également.

La radioactivité a continué à faire des dégâts par la suite

Pierre Piérart. Oui, il y a les cancers, mais également d’autres maladies. La radioactivité s’attaque à la moëlle des os, ce qui cause des problèmes très graves sur les composantes du sang: globules rouges, globules blancs, plaquettes. Il y a aussi la paroi de l’intestin, qui encaisse beaucoup de radioactivité et se détruit, avec une éventuelle septicémie [infection généralisée du sang]. Une étude a évalué que dans la période de 1970 à 1990, le nombre de décès dus à Hiroshima représente 1% des victimes de 1945. Il est difficile d’évaluer le nombre de décès entre 1945 et 1970.

Au départ, la bombe atomique conçue par les États-unis a un tout autre but

Pierre Piérart. L’histoire de la bombe débute vers 1938-39, lorsqu’on imagine une réaction en chaîne sur base de la célèbre formule d’Einstein, E=mc2. Le physicien Szilard, ancien étudiant d’Einstein, va trouver celui-ci pour qu’il adresse une lettre au président américain Roosevelt: elle lui demande de préparer une bombe atomique à des fins défensives, car l’Allemagne nazie a le projet d’en fabriquer une.

Le programme américain, dénommé projet Manhattan, débute en 1942. Il va durer deux ans, coûter deux milliards de dollars de l’époque, mettre au travail 130.000 personnes dans trois grandes usines.

Le projet est tenu secret. Le Premier ministre britannique Churchill en est informé, mais pas les Soviétiques. Dès septembre 1944, Roosevelt et Churchill sont conscients que l’Allemagne ne possède pas l’arme nucléaire et ils envisagent de l’utiliser contre le Japon. Churchill voudra faire emprisonner le professeur Bohr, qui suggère d’informer les Soviétiques sur la nature du projet Manhattan.

Comment les États-unis vont-ils justifier l’utilisation offensive de l’arme atomique?

Pierre Piérart. Sur base d’un énorme mensonge repris par tous les manuels d’histoire: en obligeant le Japon à capituler, l’usage de la bombe aurait évité le sacrifice de 200.000 à un million de soldats américains, qui seraient morts lors d’une invasion de l’archipel.

Or, en juillet 1945, l’empereur du Japon envoie son fils pour négocier une paix, avec capitulation totale, mais respect de l’empereur. Seulement, on va faire traîner les choses. De plus, les chiffres avancés quant au nombre de victimes épargnées sont totalement fantaisistes. Surtout si on se rappelle que sur toute la guerre, les États-unis ont perdu 300.000 hommes. Des stratèges américains sérieux avaient analysé la question. Ils savaient que les Japonais étaient au bout du rouleau. 90% de leur aviation et de leur flotte étaient détruits, il ne restait rien de leur machine industrielle. Selon ces stratèges, le nombre de victimes aurait pu se situer entre 20.000 et 30.000.

Quelle est, dès lors, la motivation de Washington?

Pierre Piérart. Lors de la conférence de Yalta [qui réunit les dirigeants américains, britanniques et soviétiques en février 1945], l’URSS indique quand elle mettra fin au traité de non-agression qui la lie au Japon: trois mois après l’effondrement de l’Allemagne. Et effectivement, l’Armée rouge va traverser la Sibérie pour, le 8 août, envahir la Mandchourie, occupée par le Japon. Les États-unis se disent: ces salopards vont nous couper l’herbe sous le pied.

L’attitude du président américain Truman lors de la conférence de Potsdam est révélatrice. La conférence commence le 17 juillet. La veille, le premier essai nucléaire de l’histoire est mené à Alamogordo (Nouveau-Mexique). Durant la conférence, Truman est informé de la réussite de l’essai. A partir de ce moment, son attitude change du tout au tout. Au début, il est assez conciliant. Ensuite, il veut rentrer dare-dare pour terminer cette simagrée de Potsdam. Hiroshima sera un élément important marquant le déclenchement de la «guerre froide» qui va opposer États-unis et URSS dans les décennies suivantes.

Peut-on parler d’Hiroshima comme d’un acte terroriste?

Pierre Piérart. Attaquer des civils avec une telle arme, c’est clairement du terrorisme d’Etat. Mais la destruction de la ville allemande de Dresde par des bombardements conventionnels, en février 1945, a aussi été du terrorisme. Il n’y avait aucun objectif militaire. Le but était le même qu’à Hiroshima et Nagasaki: Churchill voulait intimider l’armée soviétique qui avançait à pas de loup.

La république contre les libertés :

Affiche GAR mieux que la république3

La république qui s’est donné la liberté comme devise entre autre, nous montre chaque jour son allergie à défendre justement cette liberté. Ou disons plutôt qu’au nom de LA liberté, elle détruit chaque jour LES libertés concrètes !

Voici présentée une évolution des libertés en France : Cent restrictions en quarante ans :

Véritable documentation de référence, cet opus comporte deux grandes catégories de mesures restrictives et contraignantes ; elles sont au nombre de 100 : 77 pour les restrictions « d’ordre moral » et 23 pour les restrictions sécuritaires :

a/ les restrictions « d’ordre moral », qui concernent, par référence aux idéologies contemporaines, la sacro-sainte liberté de pensée, d’expression, de recherche et de la presse et qui, relevant de l’intellectualité ou même de la subjectivité, peuvent donner matière à contestation ;

b/ les restrictions sécuritaires, parfois physiquement difficiles à supporter, qui, répondant à des exigences provoquées par l’évolution galopante des technologies ou plus simplement de la vie en société, se conçoivent et s’acceptent mieux. Encore que le risque est grand de voir comment la volonté très jacobine et antilibérale de prendre en charge la sécurité physique des citoyens, avec par exemple l’application forcenée du principe de précaution, les dépossède de tout sens de la responsabilité personnelle et individuelle, garante vitale d’une société en bonne santé.
Polémia
27/11/07

1/ 1er janvier 1970 : la France est le premier pays européen à rendre obligatoires les ceintures de sécurité aux places avant des véhicules neufs. L’obligation de port est intervenue en 1973, et seulement hors agglomération. L’obligation généralisée aux places avant fut décrétée six ans plus tard. Pour les places arrière, l’obligation d’installer des ceintures à enrouleur date de 1977 et cette obligation du port a été généralisée en 1990.

2/ 27 août 1971 : ratification par la France de la « Convention de New York du 7 mars 1966 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ».

3/ Loi du 1er juillet 1972, dite loi Pleven : érige en infraction la diffamation, l’injure et un certain nombre d’actes comme le refus, de fournir un bien ou le refus d’embauche, ou le licenciement motivé pour des raisons liées « à l’origine, à l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » .
Cette loi introduit donc l’appartenance ou la non-appartenance à une nation parmi les critères de « discrimination » (d’où le caractère désormais délictueux de la préférence nationale). Elle reconnaît aussi à toute association déclarée depuis au moins 5 ans et se proposant par ses statuts de « combattre le racisme » le droit de se porter partie civile en ce qui concerne ces infractions ; la loi ajoute donc aux droits traditionnellement reconnus aux parties civiles des droits propres à ces associations qui vont devenir ainsi des professionnelles de l’incrimination. La loi de 1972 ouvre la voie à l’abandon de « l’interprétation stricte » en matière pénale : le juge doit s’assurer, en effet, de la bonne intention des faits incriminés. La peine sera renforcée si l’intention est jugée « perverse » (par ex. raciste). A noter que c’est le décret loi Marchandeau du 21 avril 1939 qui avait introduit le délit d’opinion ou de sentiment, constitué ou non selon que son auteur « a pour but d’exciter à la haine entre les citoyens ».

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Référendum et démocratie directe, de l’antique Athènes à la Grèce contemporaine.

La question grecque rappelle, d’une certaine manière, le débat autour de la Constitution européenne de 2005, avec les mêmes tensions, les mêmes slogans, les mêmes peurs… A lire ou entendre les européistes, le référendum grec est un scandale, voire une forfaiture, et certains parlent même de « déni de démocratie » : toujours le même problème de la définition et de la compréhension du terme de démocratie !

Quelques éclaircissements me semblent nécessaires pour comprendre de quoi l’on parle : l’étymologie du mot, d’origine grecque, et l’histoire même d’Athènes peuvent y aider. Le mot signifie « le pouvoir du peuple », nous dit-on dans les cours d’éducation civique, mais il faut préciser les choses : le grec « démos » désigne le peuple, mais non la population entière d’un lieu, seulement les citoyens de la cité, et ces derniers, dans l’histoire antique d’Athènes, dans le court laps de temps où elle se veut démocratie (environ un gros siècle), ne seront jamais plus de 15 % des habitants de l’Attique (les 85 % restants comprenant les femmes, les enfants, les étrangers pourvus du statut de « métèque », et les esclaves, moteurs de l’économie antique). Ainsi, la base de la démocratie athénienne est fort étroite, purement interne (ce que renforcera encore Périclès avec un droit du sang très restrictif). Mais elle est la source de tout pouvoir politique et de toute légitimité, pense-t-on alors, malgré la faible proportion de citoyens, et même de citoyens actifs, l’abstention étant déjà un problème que Périclès essaiera de résoudre en créant une indemnité, le misthos, qui devait permettre à tous (y compris les plus pauvres), dans l’idéal, de participer aux réunions de l’ecclésia (l’assemblée du peuple) et aux institutions politiques et judiciaires de la cité.

En fait, le verbe « kratein », qui forme l’autre partie du mot démocratie, est assez ambigu : il signifie « dominer » ou « l’emporter sur », si j’en crois les hellénistes, et non seulement « diriger » comme pourrait laisser entendre une traduction un peu trop rapide. Ce qui signifie que la démocratie, dans son sens littéral, serait « la domination du peuple des citoyens » : mais, sur quoi ? Sur la cité, certes, et donc sur sa ligne de conduite, sa stratégie, son destin. En ce sens, le référendum grec de dimanche ne déroge pas à la tradition issue de l’Athènes de Clisthène et Périclès, puisque c’est le corps électoral du pays (les électeurs autochtones), le « peuple des citoyens », qui va voter et décider de son propre destin, indépendamment des décisions prises à Bruxelles ou à Berlin par des experts, par des représentants des institutions européennes et par les représentants (parfois issus de votes démocratiques dans leur pays) des autres démocraties de l’Union européenne.

De plus, le référendum renvoie à la pratique démocratique ancienne d’Athènes du vote sur la Pnyx, cette colline qui recevait l’ecclésia et sur laquelle se prenaient, par un vote direct des citoyens présents, les décisions qui engageaient la cité, des grands travaux publics jusqu’à, même, la guerre ! Une forme de démocratie directe (fort différente de la démocratie représentative qui domine largement en Europe) qui, à dire vrai, n’a pas toujours été la plus lucide mais qui avait au moins le mérite de responsabiliser les citoyens et de leur donner l’impression (pas toujours fausse, loin de là) de détenir une part du pouvoir de la cité, au risque, aussi, d’en menacer même la pérennité : la démocratie d’Athènes a, disent quelques historiens, « consumé brillamment ce que les siècles aristocratiques avaient engrangé », consumé sans doute par une arrogance « démocratique » malvenue mais encore très répandue aujourd’hui dans nos propres démocraties, pourtant représentatives (c’est-à-dire, en fait, oligarchiques), persuadées d’avoir raison et d’être « le Bien absolu et universel ».

Néanmoins, cette forme de démocratie est indéniablement créatrice, qu’on le veuille ou non, d’une certaine légitimité, au moins populaire (même si celle-ci n’est ni la seule ni la plus sûre…) : d’ailleurs, peut-on gouverner sans que les citoyens soient, périodiquement, appelés à se prononcer sur tel ou tel aspect de la politique générale ? Personnellement, je ne le pense pas, surtout aujourd’hui. Cela étant, se prononcer ne veut pas forcément dire commander, et c’est aussi pour cela que je suis royaliste, pour établir un équilibre nécessaire entre l’Etat lui-même, arbitre suprême et grand décideur, et le peuple, que je souhaite co-souverain plutôt que souverain unique, en particulier par des institutions d’expression et de décision politiques largement « décentralisées ». Mais la démocratie directe, par le référendum, indique quelques tendances lourdes de l’Opinion ou quelques inquiétudes, plus rarement des propositions, qui sont plutôt l’apanage des politiques.

Aussi, même si la démocratie directe ne « fait » pas la vérité, elle créé ou incarne, au moins provisoirement, une réalité qui ne peut pas être si facilement contournée sans risquer d’affaiblir toute volonté ou toute pratique de l’État en place. Le danger serait d’y voir la source de toute légitimité ou de s’en servir comme moyen d’étouffer toute opposition : l’exemple napoléonien et la pratique hitlérienne, entre autres et aussi différents soient-ils (je ne confonds évidemment pas les deux époques, les deux hommes, les deux histoires !), ont montré que les citoyens peuvent aussi être tentés, en certaines circonstances, de valider des politiques qui se parent d’un « bouclier » démocratique pour faire accroire qu’elles sont justes… Là encore, la nature même de l’État (dictatorial ou représentatif, républicain ou monarchique, etc.) ou de l’organisation de la Cité « légitime », ou non, la démocratie directe et l’emploi de « l’appel au peuple ».

Pour ce qui est de la Grèce, le recours au référendum me semble tout à fait intéressant pour dénouer une situation, dans un sens ou un autre, et partir sur des bases qui ne méconnaissent pas les réalités humaines et sociales quand l’économique a trop prévalu et ensauvagé le dialogue politique : la colère des dirigeants de l’Union européenne et de ses institutions qui a accueillie l’annonce du référendum, l’autre jour, est très révélatrice de la peur qu’éprouve « l’Europe légale » à affronter les souffrances et les inquiétudes de « l’Europe réelle ».

Une « Europe légale » qui n’aime pas la démocratie directe…

Ce référendum va-t-il, pour autant, tout régler ? Évidemment non ! Mais il va peut-être bien forcer les élites et les peuples à repenser le politique au sein de l’Union européenne et de ses pays, et à refonder la politique à travers les États, les nations et les peuples… Et, sur ce sujet, les royalistes ont tant de choses à dire, à proposer, à faire, à fonder, qu’il serait dommage de ne pas les écouter : à eux, désormais, de se faire entendre !

Jean-Philippe Chauvin

 

 

La république pour les riches, la Monarchie pour le Peuple :

https://soundcloud.com/user5994089/la-republique-pour-les-riches-la-monarchie-pour-le-peuple

Extrait d’un cours d’histoire de l’historien Henri Guillemin tiré de : L’autre Avant Guerre 14-18. Sur le chapitre « La république des républicains » Henri Guillemin met en évidence la logique républicaine à défendre les riches au détriement du peuple. Et inversement, la défense du peuple contre les riches par la Monarchie incarnée par le Comte de Chambord confirmé par les écrits politiques de ce dernier.

Jean-Jacques Rousseau disait : « Jamais, dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince ; dans une république, elle peut aisément le mettre au-dessus des lois. »

(…) Rien de plus aisé, dans une république, que de faire de l’État la propriété des propriétaires ; ce sont eux, par conséquent, qui feront les lois.»

Ci-dessous une page extraite de « La république conservatrice » de  Dupont-White 1872 :

Dupont White

Le vrai visage de la démocratie

Extrait du livre « L’Eglise et le ralliement » de Philippe Prévost aux éditions C.E.C.
Chapitre IV « Le ralliement actif à la « démocratie » p441 :

La démocratie a anéanti, et c’est heureux, cette stupide recherche du Vrai, du Beau, du Bien. Son seul dogme, nous dit-on, et les papes, Jean XXIII en tête, nous l’ont confirmé, réside dans le respect des droits de l’Homme. Ça, c’est un absolu auquel personne ne peut échapper. La preuve en est, c’est qu’au tribunal de Nuremberg ont été condamnés des dignitaires nazis responsables de crimes contre l’humanité.
Ce qui est étonnant, lorsque l’on y réfléchit un peu, est que les nazis étaient arrivés légalement au pouvoir, à la suite d’élections. C’étaient donc des démocrates comme ceux qui les avaient condamnés. Quant aux crimes qu’ils avaient commis, ils pouvaient rétorquer que les juges représentant le pouvoir soviétique avaient fait dix fois pire. Aujourd’hui encore, vingt ans après la chute du communisme à l’Ouest, il n’est toujours pas question de juger les bourreaux du peuple russe.

Démocratisation2
Plus récemment, l’Organisation des Nations Unies a décidé de bombarder sans relâche le peuple irakien coupable de n’avoir pas accepté à la virgule près toutes les résolutions votées contre lui en 1990 et en 1991. Mais, dans le même temps, la même organisation internationale protège et soutient Israël qui n’a jamais appliqué aucune des résolutions votées depuis 1948. Y aurait-il alors deux poids deux mesures ? Mais dans ce cas, quels sont les véritables Droits de l’Homme ? Ceux que l’on enferme dans une arche d’alliance décorée d’un chandelier à sept branches qu’on présente précisément à l’adoration du public ou la foule des victimes du bolchévisme et du sionisme qu’on nous dissimule et que recouvre le plus total oubli ?
Depuis il faut dire que l’on a fait mieux à la suite de l’attentat du 11 septembre attribué sans preuves à Ben Laden, ancien agent de la CIA, et à l’encontre de la volonté des Nations Unies, les Américains, poussé par Israël, ont envahi l’Afghanistan et l’Irak à la recherche de soi-disant « coupables » qu’ils se sont bien gardés d’appréhender dans le premier cas et d’armes de destruction massives dans le second, qu’à ce jour on n’a toujours pas trouvées. On voit donc que nos démocraties sont fondées sur le mensonge. On peut même dire que le mensonge est consubstantiel à ce genre de régime.
Pourtant, le Christ a dit « que ton oui soit oui, que ton non soit non ». Il est à craindre qu’en pactisant avec un pareil système, l’Eglise n’en vienne à perdre son âme.

(suite…)