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Quand le capitalisme oublie toute bonté sociale (Qatar 2022).

L’exploitation des travailleurs au Qatar, dans la perspective de la prochaine Coupe du monde de balle-au-pied, n’émeut toujours pas les grandes consciences de la « mondialisation heureuse » qui semblent penser que « cela ira mieux demain, avec quelques réglages » et qui raisonnent en termes statistiques plutôt qu’en termes humains, sociaux et civilisationnels, au risque de ne pas saisir le scandale que constitue, en définitive, la vision purement capitalistique du monde et de ses développements à travers celui-ci. Il y a bien sûr un débat possible sur les définitions du capitalisme et sur ses variantes, du capitalisme « familial » (qu’il est possible de défendre, voire de promouvoir sans déchoir) au capitalisme monstrueux des gigastructures et des mégaprofits, ce capitalisme de l’hubris qui est le règne nuisible des féodalités de « l’Avoir », appuyé sur l’idéologie franklino-fordiste (1) animant et encadrant le monde contemporain (2). Mais il n’y a pas que les conditions de travail qui sont concernées par l’exploitation capitaliste : les conditions du « hors-travail », c’est-à-dire les conditions de vie sont tout aussi importantes à évoquer, parce qu’elles sont à la fois les conséquences de cette exploitation au travail, et parce qu’elles déterminent aussi l’état général des travailleurs et leur capacité à produire, à conduire, à servir, ici dans le cadre de la construction des infrastructures sportives et touristiques du Qatar. Elles ne sont donc pas négligeables également pour saisir l’état de la question sociale dans le pays envisagé.

Dans l’édition du jeudi 7 juillet dernier du quotidien La Croix, les conditions de logement des travailleurs étrangers sont ainsi évoquées, et elles ne sont guère à la hauteur de ce que l’on aurait pu attendre dans un pays rentier aussi riche : « (…) Trois préfabriqués empilés comme des Lego. C’est là que vivent les 200 salariés de Beton W.L.L., qui se vante d’avoir contribué aux plus grandes infrastructures du pays.
« Raja dort dans le troisième bloc. Son lieu de vie partagé avec deux autres ouvriers ne dépasse pas les 15 m2, malgré la réglementation prévoyant 6 m2 minimum par salarié. S’y entassent deux lits superposés, interdits par la loi, et un lit simple.
» Ces conditions d’habitat rappellent celles qui existaient en France jusqu’aux années 1950 pour les travailleurs français et celles qui, osons le dire, persistent encore dans notre pays pour nombre d’ouvriers agricoles étrangers au moment des récoltes et des vendanges, sans oublier les exploités des ateliers textiles (à peine) clandestins dans certains quartiers de Paris et de ses proches périphéries : de toute façon, quels que soient les lieux, cela reste des conditions indignes au regard des possibilités de nos sociétés et des richesses de celles-ci ! Il me semble juste que, lorsque des entreprises (minières, agricoles, industrielles, ou de service) font appel à de la main-d’œuvre (même temporaire), elles assurent un logement décent à ceux qui travaillent pour elles : c’est une question de principe !

Certains verront dans mes derniers propos une nostalgie des corporations anciennes qui assuraient le gîte et le couvert à leurs apprentis, et fixaient parfois des règles très contraignantes aux patrons sur cet aspect-là de l’accueil des ouvriers, avec des nuances plus ou moins importantes selon les métiers considérés et les lieux d’exercice de ceux-ci. Nostalgie ? Pas complètement : il n’est pas interdit de penser que les défauts avérés du capitalisme contemporain et le désir, fort, de justice sociale qui parcourt les classes productives du pays puissent susciter une réflexion sur la (re)création de corps intermédiaires professionnels chargés de veiller, au-delà de l’Etat lui-même, au respect de la qualité de l’ouvrage et du bien-être nécessaire des travailleurs produisant selon les codes de cette qualité.

Nous en sommes bien loin au Qatar, en tout cas, comme le montre le témoignage évoqué plus haut ! Mais il y a quelques remarques à faire néanmoins, pour éviter quelques erreurs d’appréciation sur ce sujet. Tout d’abord, l’organisation d’une coupe du monde de balle-au-pied offerte au Qatar est une occasion pour soulever la question sociale dans cet émirat qui cherche une reconnaissance internationale et qui veille à offrir, aux yeux des spectateurs et des opinions publiques étrangères, une image crédible et honorable : du coup, le Qatar, jusque-là peu réputé pour son respect des conditions de travail et de vie des ouvriers (principalement étrangers, au demeurant), a fait quelques efforts en ce domaine : « La fin du système de kafala [système de parrainage du travailleur étranger par un employeur local, qui rappelle le statut de métèque à Athènes, avec le parrainage des commerçants ou des ouvriers étrangers par un citoyen pour pouvoir gagner sa vie dans la cité et être protégé au sein de celle-ci], longtemps décrit comme un outil de servitude, la hausse du salaire minimum (230 Euros) et des obligations sur le logement ont été annoncées en grande pompe. Un effort visant à rassurer la communauté internationale et la Fifa. L’an dernier, le ministère du travail a mis en place une plateforme en ligne permettant aux travailleurs de signaler des abus de leur entreprise de manière anonyme. » Une leçon peut en être tirée, qui était déjà celle faite par les catholiques sociaux français au XIXe siècle, après la dérégulation libérale (et antisociale) de 1791 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit », s’écriait Lacordaire en 1848 (3), à rebours d’un libéralisme qu’il défendait pourtant sur le plan politique (et beaucoup moins sur le plan économique !). Même si « la loi » qu’il évoque est la loi divine (et non politique et parlementaire), la citation peut tout à fait éclairer notre propos et notre sentiment : la liberté économique sans frein, qui n’appartient réellement qu’à ceux qui ont les moyens financiers de l’assumer dans une économie de marché où c’est l’argent qui « offre le travail », est un asservissement des ouvriers qui n’ont, eux, que leurs forces physiques à offrir dans une société où le travail n’est plus considéré que comme une « marchandise de moyen » (souvent standardisé comme les produits sortis d’usines, que l’on pourrait qualifier de « marchandises de résultat »)… Il n’est donc pas inutile que les institutions politiques, ou sociales (corporatives, par exemple, si l’on veut éviter que l’Etat ne prenne trop de place), interviennent, non pour « faire » l’économie ou pour en supprimer toutes les libertés, mais pour préserver celles des travailleurs, et leur assurer des conditions dignes si les entreprises ne les assurent pas naturellement ou spontanément.

Dans ce cas précis du Qatar, qui doit nous interpeller et nous permettre de nous interroger aussi sur les questions sociales en général, le pouvoir politique a fait évoluer le droit local pour améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers, y compris étrangers, comme les premières lois sociales du XIXe siècle ont permis de limiter, un peu, les effets des lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, ces lois révolutionnaires et bourgeoises d’une « liberté du travail » qui n’était nullement celle des travailleurs. Mais, comme en France et comme pour prouver que la liberté capitaliste est aussi trop souvent un libertarisme insoucieux des personnes, les entreprises du Qatar ne respectent pas le nouveau droit du travail, et jouent de l’insuffisance des moyens mis en œuvre par l’Etat pour faire respecter celui-ci : comme le souligne un agent de sécurité ougandais au journaliste de La Croix, « Rien n’a évolué, malgré les réformes. On ne peut toujours pas changer de travail comme bon nous semble. Les heures supplémentaires ne sont pas payées et il faut se battre pour obtenir son salaire. Les patrons font encore la loi. » Un autre exemple de la duplicité des entreprises envers les ouvriers, dans le témoignage de Raja, déjà cité : « La loi qatarienne oblige son employeur, Beton W.L.L., à payer ses soins médicaux et son indisponibilité. « Les médecins qatariens m’ont conseillé de rentrer au Népal pour ma rééducation. L’entreprise m’a dit que ce serait moins cher. Mais lorsque je suis rentré au pays, j’ai découvert qu’elle avait déduit 12 000 riyals qatariens (plus de 3 000 euros, NDLR) de mes salaires et congés payés en attente, au titre du paiement des frais d’hôpital au Qatar. » Raja dit avoir vendu des terres pour financer sa coûteuse rééducation et être revenu au Qatar pour payer notamment ses frais d’assurance. » Cela rappelle ces patrons français qui faisaient travailler leurs ouvriers le dimanche malgré l’ordonnance royale du 7 juin 1814, repris par la loi du 18 novembre 1814 (loi dite de « sanctification du dimanche »), et cela à partir de 1830, après la chute de Charles X, considérant que cette loi de la monarchie déchue « violait » la liberté du travail établie par les lois de 1791 : La Tour du Pin, le théoricien du corporatisme royaliste français, en avait déduit qu’il était vain d’attendre du patronat français une quelconque bonté sociale et qu’il faudrait lui « tordre le bras » pour faire progresser les droits des travailleurs… Le même raisonnement pourrait s’appliquer, visiblement, aux entrepreneurs présents au Qatar ! Egoïsme des possédants sûrs de ne pas être contredits, sans doute… (Mais jusqu’à quand ?)

C’est pour cela que, plutôt que de dénoncer en vain l’émirat du Qatar (pour lequel j’avoue n’avoir aucune sympathie particulière), il me paraît plus efficace de dénoncer un système économique « grand-capitaliste » qui permet une telle indécence sociale de la part des grandes entreprises y travaillant, et de faire pression sur le Qatar lui-même pour qu’il s’engage à faire respecter les lois sociales qu’il a, timidement, mises en place, en lui indiquant (fermement…) qu’il a tout à gagner à l’application visible et réelle des lois sociales plutôt qu’à l’indifférence qui pourrait nourrir les colères du lendemain à son égard, y compris en son sein. Après tout, ces quelques lois sociales (insuffisantes, certes), c’est toujours mieux que rien, et je ne suis pas partisan d’une politique du pire – « la pire des politiques » selon Maurras – qui revendiquerait « tout » pour n’avoir, en fin que compte, que… « rien du tout » ! Le meilleur moyen d’aider les ouvriers qui œuvrent et souffrent là-bas, c’est de ne pas les oublier et de faire savoir que nous ne les oublions pas, non par l’imprécation mais par l’information et la pression qui peut prendre de multiples formes ici comme là-bas…



Jean-Philippe Chauvin



Notes : (1) : L’idéologie franklino-fordiste, qu’il conviendrait de définir plus précisément, peut se résumer en quelques termes et formules : celle de Benjamin Franklin, « Time is Money », qui financiarise le temps et sacralise l’argent, au détriment de la liberté du travailleur et des activités non-économiques considérées comme « futiles » (1bis) ; l’individualisme de masse ; la société de consommation et de loisirs ; la croissance obligatoire ; etc.

(1bis) : Du temps de Franklin, c’est le travail et éventuellement son exploitation par les puissances de l’argent qui « rapportaient » et créaient de la valeur financière. Aujourd’hui, c’est aussi le temps libre qui est devenu créateur de richesses monétaires, sous le nom de « loisirs » (au pluriel), désormais payants et souvent addictifs… Le temps gratuit a-t-il disparu pour autant ? Non : regarder un coucher de soleil reste un loisir sans prix et d’une beauté « non-quantifiable »…

(2) : Une prochaine note évoquera à nouveau, et de façon plus approfondie, la grande question du capitalisme…

(3) : Lacordaire, religieux dominicain français et journaliste catholique, républicain vite déçu par la République en 1848, fut l’un des « animateurs » du catholicisme « libéral et social » au milieu du XIXe siècle.



Le combat royaliste du G.A.R.

Le combat royaliste est éminemment politique et même « politique d’abord ! ». Il ne se rattache pas, en tant que tel, à une église ou à une autre même si, en France, nos racines sont éminemment chrétiennes et plus précisément catholiques sans l’être exclusivement, et nombre de royalistes, au sein du Groupe d’Action Royaliste comme des autres mouvements monarchistes, peuvent s’en réclamer sans que cela engage les structures militantes. Le Groupe d’Action Royaliste est un groupe politique et non confessionnel : toutes les croyances et non-croyances peuvent s’y croiser et se retrouver dans le combat commun pour la France et le Roi.

Néanmoins, le combat royaliste est aussi celui de tous ceux qui croient que « l’individu » n’est pas, en soi, suffisant pour créer une communauté de vie et de destin. C’est un combat pour la pérennité de la nation historique et de la civilisation française, un combat pour la dignité des Français et pour les traditions sociales de protection du travail et des travailleurs, contre la dictature de l’argent et des féodalités, qu’elles soient financières, économiques ou politiciennes. En cela, le G.A.R. s’inscrit aussi dans une perspective corporatiste et dans le souci permanent de la justice sociale, formule « inventée » par le roi Louis XVI lui-même !

Le combat pour la pérennité de la France est aussi un combat « écologiste intégral », une doctrine née dans les milieux royalistes dès les années 1980 et que le G.A.R. fait sienne depuis ses origines. Préserver l’environnement, les paysages, la faune et la flore, c’est aussi sauver la France et assurer un avenir aux générations qui nous suivront sur la terre du royaume de France !

Le Groupe d’Action Royaliste n’est pas un mouvement en tant que tel, mais une structure qui publie articles, argumentaires, brochures, vidéos, mais aussi affiches, autocollants, papillons… De quoi permettre à chacun, selon ses moyens, ses besoins ou son cadre de vie, de « faire royalisme » là où il est, là où il passe, là où il parle.

Et pour que vive la France, vienne le Roi !!

Jean-Philippe Chauvin

La servitude ouvrière au Qatar.

Dans quelques mois aura lieu la coupe du monde de balle-au-pied et elle se déroulera au… Qatar ! En fait, plus que les jeux de ballon, ce sont ceux d’argent et d’influence qui semblent compter d’abord, et peu importe les moyens pourvu que le grand public occidental connaisse son ivresse de sensations et de suspense. Le sport médiatique contemporain est un opium qui étourdit les masses et enrichit les puissants, et cette compétition à venir n’échappe pas à la règle : « panem et circenses » (1), disait-on à Rome, et l’oligarchie républicaine puis impériale en a largement et longtemps abusé. Désormais, ce sont quelques riches Etats émergents et des milliardaires (groupes ou personnalités) qui jouent les mécènes intéressés : mais, au-delà du spectacle des passes et des courses effrénées vers les filets adverses, il n’est pas inutile de considérer les hommes qui construisent les stades de ce que La Croix qualifie de « Mondial de la démesure » (2). Or, les ouvriers sont ceux que l’on ne voit jamais, sauf sur quelques photos lointaines ou mal éclairées, alors même que, sans eux, les paysages et les arènes de béton seraient restés à l’état de projets et de maquettes idéalisées… Comme le rappelle le quotidien chrétien, « Des milliers de travailleurs pauvres venus d’Asie et d’Afrique occupent une place centrale dans la réussite de l’Etat gazier » : n’est-ce pas l’occasion d’évoquer alors la question sociale qui, en fait, ne se limite pas aux seules frontières de l’émirat mais nous renvoie aussi indirectement à nos propres histoires et politiques sociales ?

Le grand article de La Croix mériterait d’être cité tout entier, et il est surprenant que les grands médias, si prompts à l’indignation et à l’ire vengeresse pour les plus « à gauche », ne l’aient pas repris, relayé, commenté : comme si les affaires qataries n’étaient pas parties intégrantes de la mondialisation dont, trop souvent, les seuls aspects sportifs ou positifs sont valorisés ! La coupe du monde de balle-au-pied est une formidable vitrine pour le pays organisateur mais aussi pour la mondialisation elle-même qui, sous les aspects festifs du ballon rond, reste l’idéologie de l’uniformisation, du « présent global » et du « Time is Money » de Benjamin Franklin. Même dans les pays qui refusent l’usure, l’argent est devenu « la » valeur majeure, et provoque les mêmes appétits, et (trop souvent) les mêmes comportements des féodalités financières comme économiques, au détriment des équilibres sociaux et environnementaux. Les producteurs de base que sont les ouvriers, sont trop souvent sacrifiés sur l’autel de la profitabilité et leur exploitation nourrit un système dont, pour l’heure, nous profitons aussi largement en tant que consommateurs et spectateurs occidentaux, mais beaucoup moins que ceux qui se trouvent au sommet des pyramides sociales et économiques des pays inscrits dans la « globalosphère » mondiale.

Les conditions de travail au Qatar sont celles d’une servitude ignoble, mais aussi consentie et sacrificielle pour les ouvriers, ce qui est terrible et, dans le même temps, difficilement compréhensible pour des Français du XXIe siècle : les travailleurs, quasi-exclusivement étrangers au pays, espèrent ainsi subvenir aux besoins de la famille restée dans leur patrie originelle, et, dans un second temps (à l’échelle d’une génération ou de deux, pensent-ils), atteindre le niveau de vie d’un « consommateur moyen », sur le modèle de la société de consommation initiée au XXe siècle par les Etats-Unis et étendue à la planète entière selon des calendriers différents. Cela explique que, malgré leur grand nombre (800.000 environ dans la zone de Doha), aucune révolte de masse, aucune grève ni même manifestation, ne soit signalée… La simple crainte de perdre son emploi (donc, ici, son gagne-pain au sens fort du terme) suffit à étouffer dans l’œuf toute velléité de protestation ou de revendication. Ce sont les organisations étrangères qui alertent sur cette situation sociale scandaleuse mais dans une indifférence qui, d’ailleurs, se teinte parfois d’hostilité, en particulier chez ceux qui ne veulent voir que le sport et le spectacle, selon la logique romaine antique évoquée plus haut…

Le témoignage d’un ouvrier népalais au Qatar montre toute la duplicité des entreprises qatariennes mais peut réveiller en nos contemporains français soucieux de l’histoire sociale (et de sa poursuite contemporaine) des souvenirs de l’industrialisation des XIXe et XXe siècles en France, rapportés par nombre d’études et de témoignages (de Villeneuve-Bargemont (3) et Villermé (4) aux travaux de Noiriel (5) ou de Geslin (6), sans oublier celui de la philosophe Simone Weil dans les années 1930 (7), entre autres). Car ce que connaissent aujourd’hui les travailleurs au Qatar, c’est la même situation d’exploitation abusive et de misère sociale que celle connue par leurs prédécesseurs français dans les temps de l’industrialisation triomphante et du triomphe du « capital sans frein » dénoncé par la Royale (8) en son deuxième couplet… « Le Qatar et les patrons nous utilisent pour construire les stades puis nous jettent lorsque notre corps ne suit plus. C’est dangereux de travailler ici, on le sait tous. Mais il faut bien envoyer de l’argent à la famille. J’ai une femme à nourrir et une fille à envoyer à l’école », assure le témoin qui ne peut que rester très discret pour éviter les représailles patronales et le renvoi, voire la prison comme cet « agent de sécurité kényan, incarcéré en 2021 pour avoir publié des billets anonymes sur ses conditions de vie et de travail. La peur a cousu les bouches d’une majorité des travailleurs toujours précaires. » Même un simple témoignage peut mener aux geôles qataries… Qui s’en émeut en France et ailleurs ? Le sport avant tout, dira-t-on… Et pourtant… L’intérêt pour le sport de ballon et le soutien à l’équipe nationale n’interdisent pas, ne doivent pas interdire le souci pour les ouvriers et leur sort !

Sur les chantiers des stades et des nouveaux quartiers bâtis pour l’occasion de la coupe du monde, les accidents du travail sont nombreux et souvent cachés avant que d’être oubliés ou niés, tout simplement : « Raja dit avoir été témoin d’un grave accident de travail de collègues dans les nouveaux quartiers de Lusail, où seront logés les milliers de supporteurs du Mondial. « L’échafaudage a craqué, précipitant dans le vide sept ouvriers. Tous sont morts. Cet accident n’a été rapporté nulle part à ma connaissance. Je ne sais pas comment les entreprises masquent les accidents de ce genre, mais je sais que les promesses de compensation faites aux familles ne sont que des mots. » ». Nous pourrions espérer que, en 2022, ce genre de situation et de scandale social appartienne au passé, celui des débuts rudes de l’industrialisation occidentale contemporaine, et que les puissances émergentes ou les pays rentiers riches, en recherche de respectabilité et de crédibilité, aient tiré des leçons des malheurs ouvriers des siècles passés pour assurer à ceux qui travaillent aujourd’hui sur leurs chantiers et dans leurs usines des conditions dignes et une reconnaissance sociale favorable : il faut bien reconnaître que, dans le cas des exploités des entreprises au Qatar, il n’en est rien ! Pourtant, c’est vers le Qatar que, dans quelques mois, tous les regards seront tournés et les stades flambants neufs ne diront rien, par les images retransmises sur tous les écrans du monde, de cette indignité de la condition ouvrière au Qatar… Il n’y aura plus, pour le spectateur sportif, que la balle qui virevolte, le score qui évolue quand les filets tremblent, les cris de joie et les larmes de désespoir, la victoire et la défaite.

La société du spectacle couvre de ses voiles de délices et délires le malheur des travailleurs qui souffrent en espérant, malgré tout, une vie meilleure pour bientôt. Si le spectacle de la Coupe du monde de balle-au-pied peut être beau (pourquoi méconnaître ce qui apparaît ainsi aux yeux de beaucoup de nos concitoyens, pour de bonnes ou de mauvaises raisons ?), il nous appartient de ne pas en être dupe et de ne pas oublier ce qui l’a permis ou le permet aujourd’hui comme demain : le sang et la sueur des travailleurs. Mais le plus important est, avant même le spectacle, de réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de travail des ouvriers, et pas seulement au Qatar… Si nous n’avons guère de poids sur la situation des classes laborieuses de cet émirat lointain, il n’est pas impossible de réfléchir au moins, là aussi, aux moyens de pression possibles pour inciter ce pays à améliorer, législativement et concrètement, les conditions de travail et de vie de ceux qu’il s’agit de ne pas oublier, même s’ils resteront invisibles aux yeux des spectateurs…


(à suivre)

Jean-Philippe Chauvin

Notes : (1) : « Du pain et des jeux ».

(2) : La Croix, jeudi 7 juillet 2022.

(3) : Préfet du département du Nord sous le roi Charles X, puis député royaliste légitimiste sous la Monarchie de Juillet, Alban Villeneuve-Bargemont fut l’un des premiers à évoquer et dénoncer la misère des ouvriers d’usines.

(4) : Médecin, Louis-René Villermé va rédiger un Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie en 1840, et sera le promoteur d’une médecine du travail pour les ouvriers que la Bourgeoisie capitaliste du moment verra souvent d’un mauvais œil, comme une « excuse à la paresse »…

(5) : Gérard Noiriel, historien contemporain anciennement communiste, a consacré de nombreux travaux aux ouvriers en France, comme Les Ouvriers dans la société française (XIXe-XXe siècle), qui méritent lecture… et critique, parfois !

(6) : Claude Geslin, historien ayant enseigné dans les universités de Bretagne, a publié en 1990 (et réédité en 2014 aux Presses Universitaires de Rennes) un ouvrage (devenu un classique incontournable) à l’histoire du syndicalisme ouvrier en Bretagne, qui est aussi une mine de renseignements sur les conditions de travail et de vie des ouvriers des XIXe et XXe siècles.

(7) : « La condition ouvrière », de Simone Weil, ouvrage composé après sa mort et regroupant les articles et les notes de la philosophe, jusqu’alors seulement publiés à l’origine dans des revues d’extrême-gauche, cette même mouvance politique l’ignorant largement désormais à cause de ses évolutions et engagements ultérieurs…

(8) : La Royale est l’hymne de l’Action française, et elle dénonce le côté antisocial de la République et rappelle le rôle de l’Etat royal dans la protection des classes ouvrières, dans son deuxième couplet… « Tu n’étais pas un prolétaire, libre artisan des métiers de jadis. A l’atelier comme à la terre, le Roi seul fort protégeait les petits. Abandonné, l’ouvrier peine, esclave hier, forçat demain, entre les dictateurs de haine et ceux du capital sans frein ».




Vers une politique océanique française ?

L’Océan a, le 8 juin, sa journée mondiale parrainée par l’ONU et, du 27 juin au 1er juillet, s’est tenu à Lisbonne un sommet de la même institution sur ce thème majeur pour l’avenir de la planète. A cette occasion, comme le rapporte Le Figaro dans son édition du samedi 2 juillet, a été rappelé l’objectif d’un « océan durable », ce qui, en creux, signifie qu’il est désormais menacé de disparaître en tant qu’espace de vie et de biodiversité, mais aussi qu’il est un enjeu entre puissances (n’est-ce pas le cas depuis l’Antiquité et la naissance de la thalassocratie athénienne ?) et que ses richesses connues et inconnues risquent bien de faire son malheur et celui des générations à venir. La France n’était pas absente de cette conférence internationale et le président lui-même est venu y porter la parole officielle de la nation française le jeudi 1er juillet, dans une certaine indifférence médiatique et démocratique, malheureusement révélatrice du peu d’importance des questions environnementales pour les opinions publiques composées avant tout de « consommateurs » plus encore que de citoyens ou d’électeurs. Et pourtant ! La France détient la deuxième superficie maritime du monde grâce à sa Zone économique exclusive (ZEE) qui couvre plus de 11 millions de kilomètres carrés de mer et qui permet à notre pays de pouvoir peser sur les négociations concernant l’avenir de l’océan : la création d’un ministère de la Mer en 1981, au début du règne présidentiel de François Mitterrand, n’a malheureusement pas été suivie d’une grande politique de la mer digne de ce nom que notre histoire et notre destin appellent pourtant aussi bien naturellement que politiquement. Que le député costarmoricain Hervé Berville, titré ce lundi 4 juillet 2022 secrétaire d’Etat à la Mer, soit placé sous la tutelle directe du Premier ministre, est-il une bonne nouvelle ou la marque d’une absence d’ambition ? Les prochains mois nous le diront. Ce qui est certain, c’est que la mer va devenir, dans les années suivantes, un des champs de bataille majeurs des relations internationales (et pas seulement entre les Etats-Unis et la Chine…) et de la préservation de la planète : le méconnaître serait laisser à d’autres le soin de dominer, voire de s’approprier ce qui est vital pour l’avenir de notre pays et, bien au-delà, de la Terre toute entière.

Les tensions actuelles sur les ressources énergétiques pourraient entraîner une surexploitation de l’océan, ne serait-ce que parce que les fonds marins sont riches de minerais (les fameuses « terres rares » nécessaires à la transition énergétique vers le « tout-électrique » promu par l’Union européenne et l’Occident en général) et d’hydrocarbures. Or, cela n’est pas vraiment souhaitable : l’épuisement des ressources de la planète, leur exploitation démesurée (aussi polluante à l’extraction qu’à la consommation), le système « consommatoire » dans lequel elle s’inscrit, etc., menacent, à terme (et parfois plus court qu’il n’est possible de l’imaginer), les équilibres marins comme la qualité de vie sur la planète. Le Chef de l’Etat français en est-il conscient ? A le lire, ce n’est pas impossible mais sa versatilité symbolisée par le « en même temps » (formule qui reflète plus l’instabilité que la nuance ou la conciliation, quand il faudrait à la magistrature suprême de l’Etat le sens de la décision et la continuité de l’action…) peut aussi faire craindre l’impuissance. Pourtant, ce qu’il a affirmé à Lisbonne l’autre jeudi n’est ni anodin ni infondé : lorsqu’il demande « d’élaborer un cadre légal pour mettre un coup d’arrêt à l’exploitation minière des fonds en haute mer et de ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger des écosystèmes (marins) », il a effectivement raison et ses propos doivent être entendus et défendus.

Mais, de la posture et des paroles faciles aux réalités concrètes, il y a parfois un large fossé, et l’article du Figaro évoque les prochaines échéances des négociations océaniques sans marquer trop d’illusion sur l’attitude possible de M. Macron : « Matthew Gianni, cofondateur de la coalition pour la haute mer, souligne que l’annonce d’Emmanuel Macron est « majeure ». Mais, « il faudra le prouver par des actes, dès la prochaine réunion du conseil de l’Autorité internationale des fonds marins qui débute le 18 juillet. Que dira la France à propos du projet de réglementation de l’exploration et de l’exploitation des fonds marins qui doit y être examinée ? » ». Une remarque, à cet égard : dans l’histoire humaine contemporaine, l’exploration n’est jamais l’assouvissement d’une simple curiosité mais le prélude à une nouvelle exploitation, et c’est particulièrement vrai dans le cadre des ressources minières et énergétiques, d’autant plus aujourd’hui en cette période de confrontation entre l’Occident et les nouvelles puissances émergées (ou ré-émergentes, dans le cas de la Russie) et du fait de l’impossibilité constatée de rompre, dans nos sociétés de consommations, avec l’inextinguible soif de « nos désirs consommatoires »… La difficulté à évoquer la simple « sobriété » parmi nos contemporains n’est pas rassurante pour la suite !

Le 18 juillet sera, en somme, l’épreuve de vérité pour les intentions proclamées de M. Macron dont on sait désormais qu’elles n’engagent que ceux qui y croient, selon le mot malin de feu Charles Pasqua. S’il s’en tient à son discours du 1er juillet, il se heurtera évidemment aux pays attachés au projet de réglementation qui n’est nullement un projet d’interdiction et à peine de modération ! « Si ce texte passait, il autoriserait de facto l’exploitation des nodules métalliques contenant les terres rares tant recherchées par les industriels. La France pourrait-elle conduire des négociations diplomatiques, avec l’Australie par exemple, afin d’empêcher son adoption ? » Là encore se pose la question de la puissance française et de sa capacité à peser dans des négociations : les bonnes intentions ne suffisent pas, il y faut le poids ! Le conseil de Maurras, « faire de la force », est alors plus que jamais d’actualité… Mais cela nécessite une véritable volonté politique : une stratégie d’ensemble ambitieuse qui reposerait sur le renforcement de nos capacités navales, sur la Recherche & Développement dans le secteur énergétique et maritime (entre autres), sur des investissements ciblés et massifs sans être inutilement dispendieux, etc.

M. Berville sera-t-il le Sartine dont la France a besoin en ce domaine ? Le temps lui sera-t-il donné de mener une véritable politique française de la Mer, mais la magistrature suprême de l’Etat sera-t-elle à la hauteur de l’enjeu océanique français et international ? J’ai comme un doute… Pour qu’il y ait un Sartine comme pour qu’il y ait un Colbert ou un Vergennes, il faut bien qu’il y ait… un roi !

Jean-Philippe Chauvin

Sortir de la monocratie républicaine par la Monarchie fédérative.

Le président M. Macron est-il en difficulté ? La perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale et la multiplicité des oppositions auxquelles il doit faire face au lendemain de sa victoire présidentielle et de l’échec de ses troupes aux législatives pourraient le laisser entendre, mais il semble n’y prêter qu’une attention réduite, préférant se concentrer sur les questions internationales et européennes, et distillant quelques notes de politique intérieure entre deux avions… Contrairement à ce que certains pourraient penser, rien de très régalien dans cette attitude, qui semble plutôt d’éloignement que d’écoute et de proximité à l’égard du pays réel qui a, pour une part, usé de son bulletin de vote comme d’un pavé dans la vitrine présidentielle : l’éviction de quelques « poids lourds » de la République macronienne tels MM. Blanquer, Ferrand, Castaner, ainsi que Mmes de Montchalin et Bourguignon, a réjoui nombre d’électeurs frustrés de ne pas avoir été entendus durant le quinquennat précédent. A défaut de pouvoir directement évincer le président (réélu par rejet plutôt que sur projet quelques semaines auparavant), l’élimination des caciques du champ parlementaire du pays légal prive le président de quelques uns de ses fidèles sans, malheureusement, remettre en cause l’ordre général du système de la République macronienne : la forte personnalisation de la République actuelle en a fait une monocratie incarnée en « un seul », le président Macron et, tant qu’il est en place, la monocratie demeure, quels que soient les chocs et les défaites politiques qu’il puisse subir.



Dans le même temps, l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale et les jeux d’appareil, en particulier autour des alliances possibles et des postes à pourvoir, rappellent (sans en avoir, pour l’heure, les mêmes effets délétères) les us et coutumes de la Troisième et de la Quatrième Républiques, celles-là mêmes dont M. Mélenchon, dans son aveuglement idéologique (ou sa « mauvaise foi » ?) souhaite rétablir le parlementarisme partisan qui a, pourtant, fait tant de mal à la France et à l’efficacité de l’État dans le passé. Pour autant, certains peuvent y voir un moyen de sortir de la monocratie et de rétablir une activité démocratique plus attractive et motivante pour les citoyens : n’est-ce pas la meilleure façon de faire reculer l’abstention, pourraient-ils arguer de bonne foi ? Mais ce n’est sans doute qu’une illusion, et il me semble nécessaire de sortir de la fausse alternative « Monocratie ou parlementarisme », non pour les rejeter dans leur entièreté mais pour les ordonner et les concilier, dans leurs aspects utiles, voire nécessaires, en en défalquant les nuisances et les erreurs fondamentales. Ni monocratie, ni parlementarisme, mais Monarchie et Parlements, comme fondations politiques, pourrait-on dire succinctement : encore faut-il en préciser le sens et la portée…



La Monarchie royale que je souhaite et pour laquelle je milite, n’est pas qu’un intermède entre deux élections, qu’elles soient présidentielles ou législatives (ou les deux à la fois…), elle s’enracine dans une histoire et un temps long dont la dynastie représente le tronc et les racines parfois tourmentées… Contrairement à la monocratie macronienne, elle n’est pas le « Pouvoir-Tout » mais le Pouvoir central, axe des autres pouvoirs nationaux, de l’Assemblée nationale et du Sénat, et des pouvoirs provinciaux, communaux et socio-professionnels. Ce que je nomme « les parlements », ce sont tous les conseils, assemblées, chambres des métiers, etc. qui innerve le pays dans toutes ses particularités et tous ses aspects politiques et sociaux : en somme, les « républiques françaises », au sens traditionnel du terme, et non idéologique ou républicaniste. Dans ce cadre général et « fédératif », l’exercice démocratique (le terme civique serait d’ailleurs plus approprié…) aurait plus de sens et de portée, grâce à une subsidiarité garantie par la Monarchie royale et fédérative, centrale et arbitrale, et non omniprésente et oppressante comme l’actuelle République monocratique… Car, si l’on veut rendre aux Français le goût de la politique au sens le plus positif et actif du terme sans qu’il soit la simple expression d’un individualisme de masse, c’est par la remise en ordre d’institutions locales dans lesquelles le citoyen ne soit pas qu’un pion, mais un acteur et un animateur : en somme, de nouvelles agoras ou, mieux, de nouvelles « ecclésias » (au sens athénien du terme) appliquées aux décisions communales, provinciales ou socio-professionnelles (corporatives, en somme) par le biais de référendums locaux et, pourquoi pas, d’initiative citoyenne, comme cela avait été réclamé il y a quelques années par des Gilets jaunes alors peu écoutés par la monocratie macronienne.



Bien sûr, il est encore hasardeux de décrire précisément les institutions locales qui seront mises ainsi en place car, au-delà du cadre général évoqué ci-dessus, chaque territoire provincial et communal s’organisera lui-même, avec la garantie de l’État et dans l’unité française, mais sans être forcément la copie du voisin, dans une pluralité peut-être audacieuse mais qui devra être tentée, sans que cela n’empêche les évolutions et les corrections. Une France nouvelle ? Pourquoi pas, mais la condition de son advenue est, encore et toujours, la clé de voûte royale… Sans elle, rien ne tient, rien de durable ne peut se faire

Jean-Philippe Chauvin





Gloire et défense de notre Patrimoine :

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Au soir du 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris, trônant au cœur de la capital depuis le XIIè siècle, a été victime pour la toute première fois de son existence, d’un violent incendie. Incendie dont l’origine reste plus que douteuse, mais qui détruisit toute la toiture ainsi que la flèche de la cathédrale. Malgré le courage et la ténacité des pompiers qui firent du mieux qu’ils purent pour sauver ce qui pouvait l’être, l’incendie ne fut totalement maîtrisé que le lendemain.

C’est la première fois dans l’histoire de cette cathédrale gothique qu’un tel accident arrive. L’évènement fut surmédiatisé en France et partout dans le monde. Très rapidement, une cagnotte fut lancée afin de récolter les fonds nécessaires à sa reconstruction. Des grosses fortunes, des mécènes et des grands groupes répondirent généreusement à l’appel.

Si l’incendie de Notre-Dame fut surmédiatisé, pour des raisons évidentes, il n’en demeure pas moins que son incendie faisait suite à toute une série d’églises et cathédrales brûlées un peu partout en France, lors des mois précédents. Entre autres, l’église Saint-Sulpice, à Paris, qui avait été touchée par un incendie le 17 mars 2019. Également le 5 février 2019, un départ de feu avait été constaté dans la cathédrale de Lavaur dans le Tarn. Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2019, l’église Saint-Jacques de Grenoble fut totalement ravagée par un incendie. Le 30 décembre 2018, c’est un début d’incendie d’origine criminel qui s’est déclaré dans une petite chapelle de l’église Sainte Madeleine à Toulouse. Le mois précédent, le 24 novembre 2018, ce fut la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise dans la Val-d’oise qui fut victime d’un incendie heureusement vite maîtrisé. Le 18 novembre 2018, ce fut la sacristie de la basilique Saint-Epvre à Nancy, qui à son tour fut la proie d’un incendie. Le 25 octobre 2018, en Vendée, ce fut la Chapelle du Sacré Cœur, aux Sables-d’Olonne qui fut victime d’une tentative d’incendie. Etc ! Nous pourrions en citer encore bien d’autres malheureusement. D’ailleurs, si la plupart de ces incendies ont une origine criminelle avérée, l’excuse officielle pour les autres, étant l’origine accidentelle, problème électrique ou simples mégots de cigarettes…

(suite…)

Contre la Sixième République, pour la Nouvelle Monarchie !

Certains républicains extrêmes veulent une Sixième République, pâle resucée de la Troisième et de la Quatrième, celles qui ont laissé un si mauvais souvenir au pays dans son histoire.

Mais, nous y sommes, en fait, et cela depuis dimanche soir : chambre introuvable, République ingouvernable, jeux des partis qui reprennent le pouvoir, un « pays légal » éclaté mais bien décidé à imposer son règne quand 54 % des électeurs ne sont pourtant pas allés voter !! C’est le retour du règne des partis auquel la Cinquième était censée mettre un terme définitif

Alors, nous, Royalistes, affirmons haut et fort notre refus de ce retour en arrière et nous prônons une Nouvelle Monarchie royale, qui rende aux Français libertés et pouvoirs au sein des cadres provinciaux et communaux, socio-professionnels et corporatifs, etc., par le biais de « votations » locales et corporatives entre autres.

Cette Nouvelle Monarchie, qui sera « active », arbitrale et fédérale, est le meilleur remède aux blocages de la République, Cinquième ou Sixième…

Echec de la République macronienne…

Le temps des urnes est fini, après une année de double campagne électorale. Dimanche 19 juin, les électeurs ont jeté un pavé dans la mare et ont signifié leur défiance à l’égard du président qu’ils avaient pourtant reconduit quelques semaines auparavant…

La France est-elle ingouvernable ? Pour diriger la France, il faut un Chef d’Etat, c’est-à-dire un Chef et un Etat : la République, aujourd’hui, désarme l’Etat et apparaît comme une monocratie piégée par un « pays légal » qu’elle croyait acquise ou domptée. Le vote de ce dimanche n’est-il pas, en filigrane, la revanche du « pays réel » (surtout au-delà des métropoles, qui se partagent encore entre Nupes et Ensemble (sic), anciennement LREM), un pays réel tant méprisé ces dernières années par les classes dominantes de la métropolisation élitaire ? En ce sens, l’élimination de MM. Castaner, symbole de la répression contre les Gilets jaunes et de la montée de l’insécurité en France, et Ferrand est un signal fort et bienvenu !!

Mais, cela peut-il déboucher sur un véritable changement bienheureux pour la France et les Français ? Il est permis d’en douter car la République ne se remet en cause que par de nouveaux numéros et non par une réflexion véritable sur ce que devrait être le Bien commun, le bien de la nation et celui des générations présentes et à venir.

Sans doute est-il temps, enfin, de reposer la question des institutions dans notre pays : la République ne parvient pas à sortir de ses contradictions et de ses tensions, et ce n’est ni une Sixième ni une Dixième qui changeront les choses.

Alors, oui : « osons le Roi ! ». Non par idéologie, mais par raison et sentiments : un Etat enraciné dans la durée à travers une Famille royale peut assurer la continuité de la magistrature suprême sans rien devoir à une féodalité financière ou partisane quand l’Assemblée nationale sera, elle, divisée et le gouvernement, parfois, empêché… La Monarchie royale n’est pas un « sceptre magique » mais un Etat médiateur qui pourra, sinon réconcilier tout le monde, au moins concilier les uns et les autres au sein d’instances de débat institutionnalisées et autour de quelques grands projets fédérateurs, et en appeler à d’autres modes de représentation politique, par des conseils locaux et des initiatives d’autant plus proches des gens que la France sera « fédéralisée » sans être uniformisée ou hypercentralisée comme c’est le cas aujourd’hui.

C’est le moment de le dire, c’est le moment de le faire savoir !






Que veulent les royalistes, aujourd’hui ?


La campagne présidentielle désormais achevée (en attendant la suivante, commencée au soir même du second tour…) n’a pas forcément permis aux royalistes de se mettre en évidence comme s’ils candidataient eux-mêmes : mais, au regard des déceptions qui, une fois de plus, suivent le résultat de cette élection majeure en République, cette absence électorale est-elle vraiment un mal ? Il est permis, tout compte fait, d’en douter raisonnablement… Mais cela n’empêche pas, et n’a pas empêché, durant cette période qui se clôt par les élections législatives, de faire promotion de la Monarchie royale souhaitable, arbitrale et fédérale, sociale et éminemment française.

Il y a, néanmoins, « de multiples chapelles dans la maison du Roi », comme dit la formule. C’est donc l’occasion de dresser un petit tableau, très succinct, des principales idées dans lesquelles, au-delà du Groupe d’Action Royaliste (très porté sur la question sociale et le souci environnemental) lui-même, la plupart des royalistes (mais pas tous, soyons modestes et lucides, et ce n’est pas forcément une mauvaise chose), qu’ils se disent d’Action Française ou qu’ils soient proches de la Nouvelle Action Royaliste ou de l’Alliance Royale, se reconnaissent et pour lesquelles ils militent, chacun à leur façon.




1. L’attachement à la nation française, à sa longue histoire et à son indépendance diplomatique, c’est-à-dire au refus de l’alignement systématique sur les États-Unis, alignement qui caractérise trop fréquemment les autres États d’Europe. Cela entraîne une certaine méfiance à l’égard de l’Union Européenne, du moins telle qu’elle se construit actuellement. Les royalistes sont, avec des nuances diverses, pour une Europe qui prenne en compte les nations, soit dans le cadre d’une Confédération (refus du « fédéralisme européen » ou de « l’Europe fédérale ») des États d’Europe, soit dans le cadre d’une Europe des cercles concentriques (un noyau dur constitué par quelques États-moteurs et une organisation de l’UE organisée en cercles concentriques selon le degré d’intégration des États dans les politiques communes de l’UE).

2. L’attachement à la France, c’est aussi une prise en compte de son histoire, de toute son histoire, y compris les tragédies qui l’ont parsemée. La France n’est pas née en 1789, mais en 987 avec l’élection d’Hugues Capet (l’État) et en 1214 avec la victoire de Bouvines (la nation française), et elle est le fruit d’une action politique de long terme des rois capétiens, jusqu’à la dynastie des Bourbons, une action qui s’est poursuivie au-delà de la Révolution mais dont l’efficacité et la visibilité ont été largement affaiblies durant les Républiques et les Empires. Quand la Monarchie royale a su unir les Français après les grandes discordes (guerre de Cent ans, guerres de religion, Révolution française), la République n’a jamais su, en général, que raviver les plaies, vivant de cette division des Français qui lui permet, encore, de régner, de présidentielle en présidentielle…




3. La volonté d’une instauration royale pour rendre à la France sa « tête » et sa « liberté d’État », sa souveraineté : c’est le cœur même de l’idéal royaliste, la monarchie royale « à la française » n’étant que le moyen institutionnel politique pour permettre au pays et à ses citoyens (et non-citoyens, ou citoyens en devenir) « d’être et de durer au monde ». L’instauration d’une Nouvelle Monarchie doit être, dans les années qui suivent l’acte d’instauration, légitimée par trois principes majeurs : 1 : unité française sur le plan intérieur comme en diplomatie, et fédératrice des « provinces unies de France »; 2 : souci environnemental ; 3 : justice sociale.


4. Une large décentralisation pour permettre une meilleure « respiration des communautés » (famille, commune, région, entreprise, etc.) et rendre leurs « pouvoirs » (libertés concrètes d’agir sur leur environnement social et politique proche) aux corps sociaux et aux personnes : c’est l’une des bases du combat royaliste qui peut se résumer selon la vieille formule : « L’autorité au sommet, les libertés à la base » ou « Sub rege, rei publicae » (Sous le roi, les libertés publiques). C’est aussi l’application politique du principe de subsidiarité. Le roi est juste le trait d’union entre les provinces, il est l’incarnation de l’unité nationale par delà les différences communautaires, provinciales ou religieuses : Louis XVI, d’ailleurs, s’adressait aux peuples de France (au pluriel)…


5. Une politique ambitieuse sur le long terme qui n’est possible que par l’existence d’un « État durable », c’est-à-dire inscrit dans la durée et la permanence, la continuité, État qui ne peut être que la Monarchie à transmission héréditaire : « le roi est mort, vive le roi ! », est la formule la plus simple et la plus humainement naturelle pour transmettre la magistrature suprême de l’État à travers les âges et les générations.


Les royalistes ne sont pas des « doux dingues » ou des « extrémistes farouches » : ils n’ont qu’une ambition, servir au mieux la France et, pour cela, lui redonner le meilleur outil qui soit : la Monarchie royale. Non pour « se servir » et chercher querelle aux concurrents politiciens. Mais, juste pour servir la France et ceux qui vivent et croient en elle, sur ses territoires comme au-delà de ses frontières, pour le souvenir d’hier et les générations d’aujourd’hui et de demain !




L’on ne fera pas la Monarchie sans les Français.

Un royaliste conséquent doit refuser le fatalisme comme la facilité ou le dilettantisme : il doit bien plutôt privilégier, pour un militantisme efficace et convaincant, « la recherche, la discussion, l’action », sans méconnaître les enjeux du moment et les perspectives du lendemain, et il doit saisir les opportunités qui se présentent, non par démagogie mais par discernement. Si le royalisme n’est pas un « dîner de gala », il ne doit pas être non plus un repoussoir pour nos concitoyens : la bonne tenue des royalistes dans la société française (ce qui ne signifie pas leur ralliement aux principes de la société de consommation, si peu « sociale » dans ses applications) et leur capacité d’écoute du « pays réel » dans toutes ses particularités, y compris parfois les plus dérangeantes, n’est pas, pour autant, l’abandon d’une certaine rigueur politique et intellectuelle, mais la mise à portée des idées monarchistes à un nombre suffisant et satisfaisant de nos concitoyens et la possibilité d’un consentement « démocratique » à la proposition royale pour la magistrature suprême de l’État par une large part du corps social et électoral de notre pays.

Car l’on ne fera pas la Monarchie contre les Français, mais bien avec eux ou, du moins, sans leur hostilité : dans l’ordre chronologique et stratégique, la « royalisation » des forces vives de la nation, de celles qui entraînent les autres, apparaît bien comme cette nécessité qu’il faut reconnaître et assumer pour établir dans de bonnes conditions et durablement la Monarchie à la tête de l’État…