“Je veux qu’il n’y ait si pauvre paysan en mon royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot.”
Henri IV
Cette phrase emblématique du règne d’Henri IV, nous rappelle pourquoi nous étions ce dimanche, drapeaux flottants au vent, sur le pont neuf pour commémorer ce grand roi.
Cet homme qui n’était pas destiné à régner ne s’est pas contenté de promettre une vie meilleure ; il l’a fait. Il a mis en place une politique sociale, osons le dire ‘’révolutionnaire et moderne’’ ; il s’est mis au service des français et non de l’argent. Un prince proche de son peuple, désintéressé, traditionnel mais non conservateur, motivé par le seul bien commun ; qui pourrais honnêtement attribuer ces qualités à nos dirigeants ?
Claire Colombi était parmi nous comme le Prince Charles Emmanuel de Bourbon Parme qui nous a fait l’honneur de sa présence. Devant la statue du premier des Bourbons il nous a remercié d’être venu. C’est en toute simplicité qu’il a prononcé ces quelques mots, humblement, honnêtement, sans arrière-pensées électorales ; comme un vrai prince de France. Car le roi et son peuple ne font qu’un.
Force est de constater que la république a réussi à s’affubler des mots ‘’démocratie’’, ‘’politique sociale’’, ‘’modernité ‘’ et cherche bien à garder le monopole idéologique de ces termes. Surtout dans cette période d’élections présidentielles où la supercherie n’en apparait que plus flagrante. Querelles partisanes, intérêts financiers, népotisme, misère sociale grandissante, promesses non tenues ,… telle est la triste réalité républicaine. Les français n’ont plus confiance en la politique ni en l’avenir.
Cette cérémonie est donc d’autant plus forte de sens en ce temps instable : « En l’absence d’héritier, gardons l’héritage », l’héritage des vraies valeurs : le désintéressement, l’esprit de service, l’honneur, l’amour du vrai et du beau qui elles sont immuables et ne changent pas de cap à chaque nouveau jeu de chaises musicales ministérielles. Le roi Henri IV est une des grandes figures de ces valeurs que nous défendons, mais il y en a eu tant d’autres dans notre histoire. Ramener la paix et rendre la prospérité à un pays plongé depuis près de 40 ans dans la guerre civile : quel exemple ! Quel message d’espérance aussi !
Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Comme nos pères
Chantons en vrais amis,
Au choc des verres
Les roses et les lys.
Discours de Jean-Philippe Chauvin devant la statue de Henri IV :
La leçon politique du roi Henri IV
Dimanche 2 avril, comme chaque année depuis 2008, le Groupe d’Action Royaliste rendait un hommage à la fois historique et très politique au roi Henri IV devant sa statue du Pont Neuf, en présence d’une trentaine de personnes et de nombreux touristes intrigués par les drapeaux multicolores des régiments de la Monarchie d’Ancien régime. Après Frédéric Winckler, président du G.A.R., et avant Mgr Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, j’ai, selon la formule consacrée, prononcé quelques mots, que je livre ici à la lecture. Le texte est parfois un peu différent des paroles effectivement entendues, car le passage de l’écrit à l’oral entraîne parfois quelques coupes ou, à l’inverse, quelques rajouts… Voici, en somme, la version originale telle qu’elle est apparue sous le crayon…
Devant la statue équestre du roi Henri IV, ce n’est jamais une simple commémoration que nous devons faire, c’est un rappel de l’histoire et un appel politique.
Henri IV, qui deviendra le « bon roi Henri » avant même sa mort et sa postérité populaire, a renoué les fils de l’unité française et a permis la réunion des Français alors divisés par tant de guerres civiles, religieuses et politiques tout à la fois. Ce n’était pas une mince affaire, mais il a pu mener cette œuvre parce qu’il a assumé la charge de roi, de ce roi qui n’était pas un suzerain, ni le premier des nobles ni le premier des catholiques, mais bien plutôt, fondamentalement, par son statut de roi de France peu à peu reconnu après son sacre de Chartres, le souverain, le roi de tous les Français, y compris de ses adversaires d’hier et de ceux du moment…
Cette position de hauteur institutionnelle n’est pas la plus facile et elle aurait pu lui donner le vertige. Mais l’on ne choisit pas de devenir roi : c’est le destin ordonné, c’est l’ordre d’une succession dynastique, un ordre forgé jadis et source de légitimité malgré les contestations et les jalousies.
Roi, Henri IV a su réunir autour de lui ceux qui l’aimaient et ceux qui ne l’aimaient pas : miracle de la Monarchie, comme le disait Thierry Maulnier !
Roi, il était la France et on le suivait pour cela, on l’écoutait pour cela : sa parole, ferme, était celle d’un souverain, père et arbitre, et elle portait et, surtout, tranchait, garde du dernier mot…
Roi, il n’était pas un Créon de passage, il était une Antigone qui, du sommet de l’État, sait l’importance de la justice et de l’honneur, ces vertus qui motivent les hommes et les ordonnent au Bien commun.
Roi, il n’était pas le candidat ou l’homme d’un parti : il n’était pas de l’un ou de l’autre, il était au-dessus et, même, au-delà des partis. « La Monarchie n’est pas un parti », répétait à l’envi le comte de Paris du XXe siècle…
C’est bien cette situation de hauteur et de service qui manque tant aujourd’hui, République oblige : car la République, qu’on le veuille ou non, c’est la querelle des féodaux, plus vive encore en période de présidentielle. Quand les arguments des candidats s’affrontent, quand les promesses s’accumulent, quand les postures s’affichent, ce n’est pas la France qui peut en sortir grandie ou réconfortée.
Un président élu, souvent par la peur et par défaut ces dernières décennies, n’est pas un roi : il peut en imiter les gestes, il peut mimer, même, la Monarchie mais tout cela reste la République ; à l’heureux élu président, il manquera toujours le temps, car cinq ans, c’est bien court, comme le remarquait il n’y a pas si longtemps le philosophe Michel Serres. De plus et contrairement au roi, le président sera toujours l’élu d’une partie des Français contre les autres, et on le lui reprochera souvent, malgré tous ses efforts qui peuvent être, reconnaissons-le, méritoires et louables, mais épuisants et souvent inutiles.
Quoique le président élu fasse, la République, par principe, sera toujours la division politique jusqu’au sommet de l’État : la République, c’est la « soustraction permanente », les gagnants moins les perdants…
Henri IV, lui, nous a montré que si la Monarchie n’est pas toujours facile, elle est, d’abord, l’addition des uns et des autres, quelles que soient leurs opinions, leurs positions et leurs antagonismes. Elle est l’unité par le haut qui permet la diversité à tous les étages.
Elle n’a pas vocation à tout régler, ni à créer un « homme nouveau », mais la Monarchie est ce régime capable d’oublier les fautes des uns ou des autres pour ne valoriser que leurs qualités et leurs énergies, comme l’a prouvé Henri IV et tant de nos rois, avant et après lui.
En ces temps de longue et dure querelle présidentielle, Henri IV nous rappelle que l’union des Français autour de l’État et du pays est toujours possible, au-delà des divergences d’opinion ou de sensibilités. Et c’est la Monarchie qui est le meilleur moyen de cette union nécessaire pour affronter la rudesse des temps qui sont et de ceux qui viennent.
Pour que vive la France, dans la paix, la concorde et le libre débat, oui, encore une fois et quatre siècles après le règne d’Henri, reprenons le vieux cri du pays : Vive le Roi !
Jean-Philippe Chauvin