Royalisme social

La retraite à 67 ans et l’Europe

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°15)

« Pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par les plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocats, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours ! « (Auguste Blanqui) – Cadeau de Paul Genestie

Quand cela cessera-t-il ?
Fuite des cerveaux et des capitaux à l’étranger, chômage endémique, pays en faillite, travail qui se réduit comme une peau de chagrin, une des conséquences de la dictature fiscale, lois votée au Parlement Européen, que reste-t-il du pouvoir citoyen ?
La république des droits de l’homme accepte l’esclavage des pays du tiers monde et de quelques autres pays de l’Est pour le plus grand profit de capitalistes, qui délocalisent le travail de France et mettent en péril des familles entières, avec l’absolution du Nouvel ordre mondial compatissant…Quelle tragi-comédie que cette belle république dont le cinquième acte devrait fermer la pièce…

On a fait voter l’Irlande jusqu’à ce qu’elle dise oui, avec les menaces économiques à la clef. L’Irlande devenue durant quelques temps un Eldorado pour les entreprises avec ses avantages fiscaux, prit de plein fouet le retour à la normale en comprenant un peu tard que la « lune de miel » européenne était terminée. Les entreprises partirent vers d’autres pays, le temps du mirage des avantages fiscaux…Bref, l’Europe, c’est le mensonge, l’appauvrissement général et la faillite des peuples…

Maintenant on nous parle de la retraite à 67 ans et bien non, pourquoi revenir dessus. L’uniformisation se déguise en fausse égalité, pour mieux nous berner depuis plus de 200 ans…Alors que l’égalité consisterait à respecter les différences professionnelles permettant à chacun de profiter quelques temps d’une retraite bien mérité.Quelle est l’égalité quand un bureaucrate s’arrête de travailler au même âge qu’un paysan ? L’âge de la retraite doit être avancé selon la pénibilité professionnelle. Pourquoi faire payer aux travailleurs, les conséquences d’une mauvaise gestion d’une politique antisociale.
Pourquoi faire payer au monde professionnel le manque de jeunes sur le marché du travail, alors que nous vivons depuis des années sous une politique antifamiliale. On ouvre les frontières à la misère du monde, où l’on donne sans recevoir, mirage dangereux et pénible d’une « stabilité démographique » ubuesque, alors que naissent d’autres problèmes annonçant l’univers grisâtre d’un futur Liban…

Pour détruire toute forme de vie sociale, la république refuse aux mères désireuses d’élever leurs enfants, le salaire maternel, la reconnaissance d’une profession à part entière, métier qui en fait, en contient une bonne dizaine (cuisinière, éducatrice, lingère, soignante…), comme de reconnaître aussi un droit à une retraite pour cette fonction hautement sociale, qui réduirait bon nombre de problèmes sécuritaires et drames familiaux (personnes âgées abandonnées…), liés à la misère morale, dont notre pays possède la palme des suicides. Au lieu de cela ou de nombreux sondages, montrent la volonté des femmes à choisir le foyer, plutôt que de courir chaque jour ( 75% des femmes interrogées disent préférer rester élever leurs enfants, si elles ont le choix financier…).La république ne veut pas laisser le choix aux mères, il vaut mieux les envoyer au boulot et donner des aides pour décourager les naissances ou mettre les enfants chez d’autres((aides ménagères, crèches), comme de se débarrasser de ses parents (maison de retraite).Vivre le vingt et unième siècle et ne pas permettre le choix aux femmes, de travailler 100, 90, 75, 50 voir 25% ou de rester chez elles avec leurs enfants mais comment nomme-t on ce système ?
Il faut casser la France traditionnelle, point d’indépendant et d’hommes libres, les agriculteurs et les marins pêcheurs en savent quelque chose…Comme disait Victor Hugo (Choses vues, 8 avril 1851) : « Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »

Qu’un agriculteur ou un marin pêcheur soit à la retraite à 50 ou 55 ans, rien de plus normal. Qu’un mineur soit en retraite dix ans avant les autres, qui le contesterait ? Qu’une mère devrait avoir une retraite décente pour avoir élevé ce qui fait la richesse d’un pays, les hommes, personne ne le conteste mais la démocratie républicaine ne veut pas de la décision du peuple !!!
Mais que le système républicain, impose à tous l’âge de 67 ans pour être retraité, c’en est trop !

Il est temps de laisser les professionnels reprendre leur destin en les laissant s’auto-organiser socialement à l’image des corps privilégiés que sont les ordres des avocats et médecins…
Libération Nationale, tiocfaidh àr là (notre jour viendra)

Frédéric WINKLER

L’économie et le royalisme

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°14)Libération
Aristote, l’un des plus grands philosophes de notre Histoire, a défini deux conceptions différentes de l’économie d’un pays : l’économie chrématistique et l’économie normale.
L’économie chrématistique considère la maximisation des profits comme un moyen d’atteindre le bonheur, l’accumulation d’argent devient un but en elle-même. La chrématistique est la science de l’enrichissement, c’est la recherche de la satisfaction personnnelle des désirs. Le problème est qu’elle ne connaît ni fin ni mesure. La valeur d’échange d’un bien est sa valeur commerciale, c’est en quelque sorte sa valeur objective puisqu’elle née d’un arbitrage des subjectivités. Dans l’économie chrématistique, seule la valeur d’échange importe. Pour Freud l’économie capitaliste relève de la conception chrématistique. Le capitaliste assouvit sa pulsion morbide dans l’accumulation monétaire, l’argent devient pour lui une fin en soi. Pour Aristote, l’accumulation de la monnaie est une activité contre nature car elle déshumanise ceux qui s’y livrent, elle dévie l’homme de sa finalité naturelle.

L’homme étant un animal social par nature, l’activité chrématistique lui est contre nature car elle substitue l’objet à la relation sociale. La relation sociale est normalement le but de l’échange ; or, dans l’économie chrématistique, c’est l’échange d’objet qui est vu comme la finalité de la relation sociale. Toute activité spéculative est donc condamnable, le commerce (spéculation sur les marchandises) et l’usure (spéculation sur l’argent) de fait sont contre nature.
L’économie naturelle s’oppose à celle-ci, car elle considère que l’argent n’est pas un but en soi, celle ci envisage la finalité de l’activité économique comme la satisfaction des besoins de chacun. L’économie est envisagée comme un moyen aux services d’autres fins. L’économie inclut l’éthique car elle fait partie du tout. L’économie naturelle vise à la satisfaction du tout. La Valeur d’usage d’un bien est une valeur définie par son utilité. L’utile étant contextuel, cette valeur est donc subjective. La finalité de l’économie naturelle est la satisfaction des besoins, donc la valeur d’usage permet d’établir des hiérarchies subjectives à un groupe entre les objets.
Dans l’économie naturelle le bien est plus défini par sa valeur d’usage que par sa valeur d’échange. Cette dernière ne doit être établie que dans le cadre strict de l’échange. Ici l’économie n’est pas séparée du social, au contraire celle-ci le sert : l’objet de l’échange est autant la satisfaction des besoins que la relation sociale créée par l’échange. L’économie est l’art d’utiliser les ressources. L’agriculture et le métier fondent une économie naturelle où les échanges servent uniquement à satisfaire les besoins de chacun.
L’échange est un retour sur équivalence, pour Marx, quand on échange des objets, cela revient à échanger le temps de travail nécessaire à leur réalisation, donc même lorsque les marchandises sont différentes, on n’échange finalement que des choses équivalentes, soit du temps de travail. L’argent n’a pour but que de renforcer le lien social, c’est-à-dire de créer une forme d’objectivité commune qui soude les hommes entre eux.
Il faut donc comprendre que le capitalisme actuel de notre monde doit changer de perspectives, changer de mode de fonctionnement : il faut moraliser ce système économique, le faire passer d’une économie chrématistique à une économie naturelle.

C’est là que le Royalisme entre en jeu. La plupart des dirigeants républicains profite de ce système économique injuste : de nombreux pots de vins, de multiples cas de corruption et de malversations financières… Aucune valeur morale, l’honnêté et la droiture sont balancés aux oubliettes pour être méprisés et toutes les critiques officielles du système sont de vastes fumisteries, et surtout des manipulations démagogiques. Lors de la grande crise économique de 2008, Nicolas Sarkozy critiqua avec véhémence les « patrons voleurs » et réclama « une moralisation du capitalisme »… Deux ans plus tard, le même Nicolas Sarkozy se payait un avion ultramoderne de 176 Millions d’euros sur le dos du contribuable français !

Le Royalisme dénonce ces abus économiques et financiers, et ne se contente pas de cautériser quelques plaies économiques : le Royalisme prône un capitalisme moral, selon une économie naturelle et non chrématistique. Jean Domat disait : »Le superflu des riches devraient servir pour le nécessaire des pauvres, mais tout au contraire, le nécessaire des pauvres sert pour le superflu des riches ».
Plusieurs propositions peuvent être avancés pour une véritable moralisation de notre système, pour lutter contre cet ultralibéralisme économique et cet ultracapitalisme dangereux :

– L’Etat doit retrouver sa place dans les domaines importants de l’Economie : les secteurs clés doivent être nationalisés
– Il faut que les salariés et les clients soient représentés dans les conseils d’administration, et pas seulement les actionnaires qui organisent l’omerta.
– Arrêter le dogme de « la main invisible » d’Adam Smith et comprendre que la confiance n’exclut par le contrôle
– Revaloriser les produits français sans pour autant virer à un protectionnisme extrême
– Montrer l’exemple : les politiciens et autres élus ne doivent pas être exempt de tous les tracas de la vie du peuple.
– Combattre les abus tels que les divers parachutes dorés, les salaires exorbitants des patrons et les avantages extravagants de certains dirigeants.
– Protéger les plus faibles, les plus démunis et aider ceux qui en ont véritablement besoin : pas forcément qu’en France ! Par exemple, si le président avait renoncé à l’achat de son airbus, peut être que l’argent économisé aurait pu sauver quelques milliers d’enfants du manque d’eau dans le Monde !
– Comprendre que les intérêts annuels sur les livrets ne sont pas indispensables et que l’argent n’est pas une fin en soi.
Le système capitaliste pervers ne fournit pas de réels réponses aux problèmes de notre société : la crise économique que nous traversons actuellement n’a fait que creuser l’écart qui existe entre les riches et les pauvres !
Notre système économique doit changer : il est honteux que Total fasse près de 2,5 Milliards de bénéfices, Exxon Mobil fasse près de 7,5 Milliards d’euros de profits alors que les prix à la pompe ne cesse de monter et pèsent de plus en plus sur les français ! Arrêtons cette course effrénée aux profits, moralisons notre système économique et remettons l’argent à sa place : non plus celle d’un but, mais bien celle d’un moyen.

Augustin DEBACKER
www.franceroyale.e-monsite.com

Contre le règne de l’Argent

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°13)

Libéralisme économique2

Dans notre société, l’argent a pris une place qui est devenue, aux yeux de beaucoup de nos concitoyens, la première, dans l’ordre des fins plutôt que des moyens : cela n’est pas une bonne chose et cela réduit la liberté des hommes et des sociétés à la simple possession (et à sa visibilité, le plus souvent) et indexe les relations humaines à celle-ci ! Dans ce cas, l’argent devient vite un maître impitoyable ! Cela ne signifie pas que je méconnaisse le rôle et l’importance de l’argent mais simplement que je veux le remettre à sa place qui est de servir les hommes et non de les asservir.

Dans le quotidien « La Croix » du lundi 14 juin, Mgr Pierre Debergé, recteur de l’Institut catholique de Toulouse rappelle en quelques phrases des vérités simples, dans lesquelles tout royaliste social, attaché à la dignité des hommes, peut se retrouver aisément : « Selon la Bible, l’argent n’est ni bon ni mauvais : c’est un outil qui contribue au bonheur. » Le verbe « contribuer » signale bien que l’argent n’est pas, en tant que tel, la source du bonheur mais juste un élément qui peut aider à être heureux : mais être riche, par exemple, ne rend pas forcément heureux, loin de là, bien plus plutôt craintif de perdre sa fortune… « Contribuer » ne veut pas dire « obliger » ou « permettre », au sens strict du terme ! « Le danger survient quand la richesse devient une fin, qu’elle conduit au mépris des autres et alimente les injustices. Derrière la quête d’argent, il peut y avoir une mauvaise réponse au besoin d’être reconnu et d’assurer son avenir. L’Eglise ne diabolise pas mais dit : attention, si tu ne veux pas être piégé, donne, partage. L’argent doit être le fruit d’un labeur, non de gains en Bourse ou de paris sur Internet. Faire fructifier son argent n’est pas négatif, s’il n’est pas cultivé pour lui-même.
La preuve, on parle de « placements solidaires ». Aujourd’hui, le rapport à l’argent est biaisé, il y a des rémunérations et des profits qui sont scandaleux. » Il est vrai que ce qui choque de nombreux Français en ces temps de crise où l’on demande des efforts aux salariés (et ceux de France ne sont pas les plus mal lotis, au regard de ce qui se passe en Grèce, en Roumanie ou en Espagne…), ce sont les revenus mirobolants d’un Proglio, homme-lige de la République sarkoziste, ou les « indemnités » choquantes d’un Tapie (payées par les contribuables…), ou encore les salaires effarants des joueurs de balle-au-pied mais aussi les « petits privilèges » (pas si petits, parfois) des parlementaires européens comme nationaux… Ce qui choque, c’est la démesure et le sentiment que l’argent touché par ces personnes évoquées plus haut n’est pas forcément mérité ! C’est le « trop » quand beaucoup n’ont « pas assez » !

En France, la République n’a guère brillé par son souci de justice sociale ou fiscale, y compris dès les « Grands ancêtres » comme Danton… Aujourd’hui, en France, elle apparaît de plus en plus comme une oligarchie ploutocratique : or, libérer l’Etat de l’emprise de l’argent, c’est lui donner la liberté de ne rien devoir à l’argent… La naissance, elle, et contrairement à l’élection présidentielle, ne s’achète pas : s’en rappeler et le redire constamment, c’est préparer le recours à l’Etat affranchi de l’argent, c’est-à-dire l’Etat royal ! Pour que l’argent ne soit plus le Suzerain de notre société…

Jean-Philippe CHAUVIN

Éloge de la qualité

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°8)

QUELQUES OBSERVATIONS A PROPOS DU CHÔMAGE.

Nos gouvernants se trompent et nous trompent à propos du chômage.

Qualité, voilà un mot-clé. La qualité dont il s’agit ici n’est pas celle, fonctionnelle et naturelle, que l’on attend du produit lui-même et qui est la plupart du temps acquise et offerte C’est bien plus : c’est celle de l’entreprise elle-même, de ses hommes, de ses méthodes de travail, de gestion, de commerce et d’après-vente. Une gestion soignée, des procédés sûrs, des équipements bien entretenus sont des facteurs auto-générateurs de qualités, en quelque sorte « qualitigènes ».

Lorsque la qualité est acquise et reconnue, le bénéfice est triple :

  •  L’image de marque, publicité naturelle, devient positive.
  •  les produits se vendent mieux, même si les prix ne sont pas au plancher, car l’achat d’un produit de première qualité est sécurisant.
  •  Les profits sont au rendez-vous puisque les pertes par rebuts et malfaçon se réduisent

C’est la prise de ces trois bénéfices qui maintiennent ou ramènent l’emploi.

Ce qui serait bon pour améliorer la situation française, ce serait que les PME s’y mettent. Or, leur performance à cet égard n’est pas bonne. Il n’est que d’en visiter (dans la tranche 10-100 salariés) pour voir les signes qui ne trompent pas : ateliers encombrés, magasins mal rangés, outillages délabrés, bennes à rebut bondées. Autant d’indices qui révèlent une marge de progrès considérable et inexploitée. Beaucoup de leurs patrons, toujours très courageux, souvent munis d’un réel savoir faire, manquent de temps ou de formation pour remédier à une situation que, souvent, ils méconnaissent. Mettre seul leur entreprise sur la route de la qualité totale est impossible, plus pour cause de blocages intellectuels que par impossibilité technique ou économique réelle. Pourtant, ils y trouveraient des clients, des bénéfices et, tout naturellement, ils embaucheraient.

La qualité totale est une tournure d’esprit qui ne va pas de soi.
Elle doit être promue.

LA PROMOTION QUALITÉ.

l’économie de production, c’est à dire par les professionnels eux-mêmes avec, éventuellement, le concours de structures qui leurs sont proches, comme les Chambres de Commerces.

L’aide de l’État, ni celle du législateur ni celle des politiques dont on voit bien qu’ils sont peu ou prou disqualifiés par l’opinion publique. Ne sont indispensables Une action de ce genre peut d’ailleurs démarrer ponctuellement dans une région ou dans une autre pour, de proche en proche, s’étendre par la force démonstrative de l’exemple. Nul besoin de lancer tout de suite de gros escadrons.

Il faut mettre trois outils en action : une norme, un label, et une publicité des résultats.

Une norme :
Il en existe mais elles ne concernent pour la plupart que la qualité fonctionnelle des produits ce qui est insuffisant. C’est la qualité de l’entreprise toute entière qu’il faut générer. Les normes ISO 9000 et la suite sont de bons outils pour le faire, mais elles sont hors de portées des PME qu’elles soient, industrielles, commerciales ou agricoles. Il faudrait les simplifier, en exprimer l’essentiel, en faire une synthèse pragmatique. Les professionnels peuvent le faire eux-mêmes et ils découvriraient que mettre en ordre physique les lieux de production, sécuriser des méthodes de travail et maîtriser les approvisionnements sont des actions qui ne demandent pas de capitaux mais seulement un bon « retroussement de manches ». C’est en ce qui concerne les approvisionnements que les choses deviennent intéressantes. En effet, ce dernier point requiert un réseau dense et rapproché de fournisseurs ce qui favorise la localisation du tissu productif.
La norme comprise et appliquée, il reste à certifier les entreprises qui se sont lancées sur cette piste. Un audit technique très simple par des pairs est suffisant. Il ne manque pas de gens compétents pour s’y mettre, vite et bien. Le client intervient à ce stade. L’une des clauses de la norme est son droit à la libre visite des locaux. Si ces locaux, d’un atelier, d’une ferme, d’une boutique sont propres et en ordre, le client est rassuré et le producteur légitimement fier. On fera des affaires ensemble. L’application de la norme une fois constatée, on accorde un label.

Le label :
C’est le signal qui alerte l’acheteur en lui passant un message clair : « Ce produit est un produit de première classe. Vous le payez peut-être un peu plus cher qu’un produit de premier prix, mais c’est pour vous un excellent achat ». On peut voir sur beaucoup de marchandise des grandes surfaces le label TüV. C’est le label qualité de l’industrie manufacturière allemande.

La publicité des résultats:
Tous les « dynamiteros » vous le diront : les bombes ne sont rien sans la propagande. Les performances qualité totale doivent donc être claironnées avec remise de coupes en public, à la télévision, comme l’industrie du spectacle, celle du livre et même celle de l’automobile savent le faire. Il est juste que ceux qui ont fait un dur effort de qualité se voient reconnus et que leurs noms soient largement mis en avant. C’est la meilleure publicité (*) !

ET SI ON GÉNÉRALISAIT ?

Le concept, ou plutôt la mentalité, « qualité totale » n’est nullement réservé à l’industrie. L’agriculture, les services, l’administration, l’Etat également, peuvent le mettre en pratique avec profit.
Mais aussi, chacun, à titre personnel peut s’en imprégner dans sa relation avec les autres. On redécouvrirait que les préceptes, aujourd’hui décriés, de la morale (et en particulier de la morale chrétienne) sont en fait des normes de « qualité relationnelle » dont l’observation a des conséquences économiques positives.

Quelques exemples :
Moins de voleurs = moins de police = moins d’impôt.
Moins de vandalisme : idem.
Moins de négligences, plus de conscience professionnelle ou scolaire : la même chose.
Plus de famille = plus de solidarité directe = moins de problèmes de société etc .. etc..
Accepter avec joie des enfants, les élever dignement = retraites financées sans peine.
Comportement sexuel naturel maîtrisé = Sida vaincu, etc etc

la liste serait longue.

L’éducation des enfants prend alors un aspect concret. Leur donner le sens du beau, du bon et du bien, leur donner le goût de l’effort, c’est travailler à leur assurer un emploi pour son futur. C’est peut être, en fin de réflexion, le seul outil de lutte contre le chômage qui soit à la portée de chacun.

Cette idée n’est pas originale. Un haut fonctionnaire des finances qui planchait récemment devant un auditoire de généraux (réservistes) sur la crise économique et les moyens d’en sortir, avait conclu son exposé en disant : « … nous ne sortirons pas de la crise seulement au moyen de mesures techniques, monétaires ou politiques . Il faudra aussi remettre en action des valeurs morales oubliées de civisme et de patriotisme … ».

Paul TURBIER

Action Sociale Corporative n°7

Numéro 7 de l’Action Sociale Corporative

Sommaire.

Nos maîtres : Firmin BACCONIER.
La classe ouvrière a-t-elle disparue ?
Sinistre libéralisation.
Le « blues » de l’agriculture.
Le capitalisme contre le peuple
La loi du travail.
Sauvons le dimanche !
Paysannerie et civilisation.
RFR émission n°1

Paysannerie et civilisation

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°7)

Romulus

Dans un de ses premiers livres – Retour au réel, je crois – Gustave Thibon raconte qu’un jour il avait prêté les travaux et les jours du poète grec Hésiode à un vieux paysan de ses voisins et, qu’en lui rendant l’ouvrage ce dernier avait dit : « C’est curieux mais ces paysans qui vivaient il y a plusieurs millénaires pensaient et agissaient exactement comme nous il y a quelques années. C’est seulement depuis peu de temps que tout a changé. »

Je cite de mémoire car c’est un vieux souvenir de lecture et je n’ai plus le texte de Thibon sous les yeux mais je n’en trahis certainement pas l’esprit et je trouve cette réflexion admirable parce que profondément juste.

Pendant plusieurs dizaines de siècles, du roi-laboureur d’Eleusis à qui Cérès enseigna l’art de se servir de la charrue et la culture du blé jusqu’aux paysans du XXème siècle qui surent, à travers les générations et sur le même terroir, maintenir la fertilité de la terre et l’harmonie du paysage en passant par les moines défricheurs du Moyen-Âge, les manants du XIIIe siècle (le siècle d’or français) et les premiers agronomes de terrain des XVIIIe et XIXe siècles, c’est-à-dire tous ceux qui ont vraiment édifié la civilisation occidentale, tous ont respecté la nature et n’ont jamais transgressé ses lois.

Rome est née des paysans du Latium et c’est d’un sillon de charrue que Romulus traça les limites de l’Ager Romanus. Celui-ci fut à la base de la croissance de la Ville et, tant qu’il y eut des paysans pour cultiver l’Ager, il y eut des citoyens sages et honnêtes pour gérer dignement l’Urbs et assurer sa grandeur.

L’agriculture a une large part dans la littérature latine, Virgile bien sûr, mais aussi Pline l’Ancien qui consacra une grande partie de son Histoire naturelle à l’agriculture et surtout à la viticulture et Columelle dont le Traité de jardinage lorsqu’on le dépouille de l’emphase mythologique que le poète a cru devoir développer avec un peu trop de préciosité, se lit encore aujourd’hui avec intérêt, voire profit, tant les techniques qu’il expose ainsi que la culture des différents légumes (bien plus nombreux et variés qu’aujourd’hui) nous semblent familières. Columelle nous avertit aussi que les écrits des agronomes sont moins propres à former un agriculteur qu’à instruire celui qui l’est déjà, que l’expérience compte plus que le savoir livresque et que, pour sa part, il a été instruit surtout par la pratique (1).

José-Maria de Hérédia a, lui aussi, joliment célébré l’Ager Romanus en quelques sonnets réunis sous le titre Hortorum Deus où le poète souligne justement la relation naturelle et obligée de cause à effet entre la qualité du travail agricole, l’honnêteté et l’aisance de la famille paysanne :

Les fils sont beaux, la femme est vertueuse et l’homme
Chaque soir de marché fait tinter dans sa main
Les deniers d’argent clair qu’il rapporte de Rome.

Puis vint la décadence. Rome s’écroule sous les coups des Barbares certes mais ceux-ci ne sauraient faire oublier l’effondrement de l’intérieur dont la première cause est l’abandon de l’agriculture. L’Ager Romanus cultivé avec amour par la famille évoquée dans les vers de hérédia fait place à des grands domaine livrés à des intendants cupides et cultivés par des esclaves irresponsables préfigurant, au-delà des siècles, le kolkhose soviétique. Tandis que les campagnes se dépeuplent, les villes – et surtout la Ville – croissent démesurément. Y afflue une population instable, désoeuvrée, manipulée, assistée par un Etat bureaucratique […]. Les mœurs se corrompent, la natalité s’effondre et alors, mais alors seulement, les Barbares portent le coup de grâce.

Mais voici la renaissance et quels en sont les artisans ? Les moines qui reprennent à la friche les terres abandonnées et, en même temps, évangélisent les Barbares, moines défricheurs des âmes et du sol, tant il est vrai qu’agriculture et civilisation vont de pair et cette dernière atteint maintenant son sommet avec la chrétienté. Avec l’agriculture renaissent aussi les structures politiques qui assurent l’ordre : l’empire carolingien est l’Etat rural par excellence où la vie spirituelle, politique et économique s’organise autour des villae, centres d’activité agricole, donc de civilisation.

Quatre cents ans plus tard la France connaît son siècle d’or avec saint Louis, siècle de paix où l’agriculture prend son essor. C’est l’affranchissement des serfs, les progrès techniques, l’organisation des communes et des paroisses, les grandes foires de dimension internationale. Les conditions de vie s’améliorent:

« Les chaumières, encore mal bâties, contiennent des bahuts, des lits, du linge dans des coffres solides et, sur la table, le porc et la volaille alimentent les familles où règnent la bonne humeur et la gaieté » (2).

Paysan

Voilà vraiment que la France paysanne explose, la paysannerie est la source vive où se renouvellent sans cesse les élites, mouvement ininterrompu pendant des siècles qui caractérise la société d’Ancien Régime. C’est pourquoi, avec la disparition de la paysannerie, la société cesse de se renouveler et s’étiole.

Mais de nouveau malheurs accablent la France : la guerre de Cents Ans et les campagnes livrées aux Grandes Compagnies. Après un siècle de paix relative, de Charles VII à François Ier, vint la plus grande catastrophe européenne avant la révolution française : la réforme. Luther, fléau de l’Europe, après avoir fait massacrer des milliers de paysans en Allemagne, allume en France la guerre civile dont les paysans furent les principales victimes. Mais, de nouveau, c’est le redressement : Henri IV, Sully, Olivier de Serres.

Le seigneur de Pradel est un huguenot modéré qui essaie de toute son autorité d’arrêter la guerre civile dans son Vivarais natal qui s’est donné à la réforme et ne désarme pas malgré l’Edit de Nantes. Et c’est un peu l’échec de ses tentatives de conciliation face à des adversaires fanatiques qui le fait se replier sur son domaine de Pradel où il s’adonne à l’agriculture.

Ce vaste domaine, fondé en 1284 par Philippe III le Hardi, devint alors un véritable laboratoire d’agronomie, non pas à la manière irresponsable dont l’INRA fait ses expériences avec l’argent des contribuables, mais à la manière du bon père de famille qui fait fructifier son domaine et considère que la campagne est le seul endroit où l’on peut pratiquer l’art de vivre « honnestement ». Les observations et les travaux d’Olivier de Serres ont donné naissance au Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, chef- d’œuvre immortel de la littérature agricole qu’on ne se lasse pas de relire.

Sur le plan politique il faut noter la rencontre des préoccupations agricoles du seigneur du Pradel avec celles d’Henri IV engagé dans la voie de la reconstruction de la France. Cela « illustre un de ces rares moments dans l’Histoire où l’intérêt porté à une activité fondamentale converge très exactement avec la politique d’un gouvernement. La parution au mois de juillet 1600 du Théâtre d’agriculture représente, tant pour nous qu’aux yeux des contemporains, cette chance exceptionnelle que rencontra Henri IV de voir ses efforts pour rétablir l’agriculture secondés par l’ouvrage d’un homme qui, paradoxalement, avait pratiqué et étudié l’agriculture, consigné le fruit et les expériences de son savoir et milité en faveur du protestantisme précisément pendant le temps des guerres de religion dont le Roi, après un demi-siècle de troubles, s’engageait à réparer les immenses désordres (3) ».

Il est très rare en effet qu’un gouvernement français s’intéresse à l’agriculture sans arrière-pensée, uniquement parce qu’il considère celle-ci, non seulement comme la source du ravitaillement, mais aussi comme la pierre angulaire d’une société harmonieusement organisée. […].

Le XVIIe siècle n’est pas très favorable à l’agriculture. Colbert la voit avec des yeux d’industriel c’est-à-dire qu’il n’y comprend rien : « Toutes ses préférences vont à l’industrie aliment principal du commerce. Mais pour que l’industrie française puisse lutter contre l’étranger il faut que les salaires soient bas c’est-à-dire que le pain ne coûte pas trop cher et que les paysans ne s’enrichissent pas trop vite » (4). Avec trois cents ans d’avance on dirait le plan Rueff-Armand !

L’agriculture retient à nouveau l’attention des élites dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec l’école physiocratique pour qui toute richesse vient de la terre. En Anjou on garde le souvenir du marquis de Turbilly qui rénova l’agriculture du Baugeois. Après la révolution et l’empire, premier génocide paysan avec la Vendée et les guerres impériales, la Restauration, la Monarchie de juillet et le second empire sont marqués par l’intérêt que portent les propriétaires terriens à leur domaine. C’est l’époque de l’anglomanie et l’on introduit des races anglaises bovines et ovines réputées devoir améliorer le cheptel national. Ce n’est pas toujours évident mais le XIXe siècle est le grand siècle de l’élevage avec la sélection des races et la création des herd-books. Une fructueuse collaboration s’établit entre propriétaires et métayers et, à la veille de la Grande Guerre, second génocide paysan, la France est une grande nation agricole et, grâce à l’agriculture, une nation riche.

Et maintenant ? […], la politique agricole de la Ve république est devenue nettement anti-paysanne tandis que l’industrialisation de l’agriculture transformait la société traditionnelle et aussi l’environnement par la destruction des bocages, la pollution des eaux, la disparition irréversible d’espèces animales et végétales. Voilà aussi des effets de l’abandon de l‘agriculture naturelle dont on ne mesure pas encore les conséquences mais qui peuvent se révéler terrifiants.

Ce n’est pas sans raison que la Communauté Economique européenne par s’occuper de l’agriculture : pour la transformer en industrie, en faire un objet de commerce international et supprimer les paysans. Evoquant les trente ans de la CEE, Yves Daoudal écrivait : « Cette fameuse politique agricole commune est en effet quasiment synonyme de CEE donc d’Europe : 88% des dépenses communautaires concernent l’agriculture. Et malgré ces énormes dépenses le revenu agricole continue de baisser, l’exode rural se poursuit sous l’œil satisfait des technocrates européens qui ont juré la fin des paysans pendant que des stocks gigantesques de beurre et de viande s’accumulent à l’heure où des gens meurent de faim dans le Tiers-monde et où, dans nos pays même, se développent de nouvelles soupes populaires (5) ».

Plus de paysans, une société éclatée, une population laminée par le socialisme, les Barbares sont dans la place et une Eglise « nouvelle » semble douter de sa mission civilisatrice.

(1) COLUMELLE, De l’Agriculture, dans l’édition bilingue publiée sous le patronage de l’association Guillaume Budé.
(2) LEVIS MIREPOIX, Le roi n’est mort qu’une fois, Paris, 1936.
(3) CORINNE BEUTLER, Préface au Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Editions Dardelet, Grenoble, 1973.
(4) PIERRE GAXOTTE, La France de Louis XIV, Paris, 1946.
(5) Présent, 26 mars 1987.

L’agriculture assassinée

de Jean-Clair Davesnes – édition de Chiré

L'Agriculture assassinée ASC7

La loi du travail

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°7)

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« La loi du travail est le fondement de toute l’économie sociale, parce qu’elle est la loi même de la vie humaine. Cette vie, en effet, ne s’entretient physiquement et intellectuellement qu’au prix d’une série continuelle d’efforts, et chacun de ces efforts est pénible. Malheur à la famille, malheur à la classe, malheur à la société qui parvient à se soustraire momentanément à la loi du travail. Mais malheur aussi à l’enseignement qui méconnait l’esprit et le but de cette loi fondamentale de l’économie sociale, et qui définit celle-ci la science des richesses, « la chrématistique ». Non. Le travail n’a pas pour but la production des richesses, mais la sustentation de l’homme, et la condition essentielle d’un bon régime du travail est de fournir en suffisance d’abord au travailleur, puis à toute la société, les biens utiles à la vie.

De tous les régimes du travail en cours dans l’humanité, y compris le régime servile, nul ne donne moins de garantie à l’accomplissement des fins providentielles que celui dit « de la liberté du travail », qui est propre à la société moderne. La concurrence illimitée, qui en est le ressort, subordonne en effet les relations économiques à la loi dite de l’offre et de la demande, loi qui fonctionne précisément à l’inverse de la loi naturelle et divine du travail, puisque par son jeu, la rémunération du travail salarié est d’autant plus faible que le besoin de la classe ouvrière est plus intense. Elle est donc absolument barbare. C’est pourtant là ce que n’ont pas encore montré les chaires dites de la Science. Le régime de la liberté du travail n’est d’ailleurs pas plus profitable au patron qu’à l’ouvrier, parce qu’il entraîne, pour l’un comme pour l’autre, la même insécurité par suite de la même tyrannie. Il n’est pas davantage profitable à la société, où il engendre les haines de classe et prépare les bouleversements en mettant les intérêts en antagonisme au lieu de les harmoniser. »

René de la Tour du Pin

Le capitalisme contre le peuple

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Dans une presse saturée de « people », quelques titres rompent heureusement avec les modes du temps : ainsi, la parution d’un dossier fort intéressant sur le capitalisme dans la livraison de septembre 2007 du « CHOC du Mois. » L’introduction de Bruno Larebiere évoque la dérive du capitalisme vers le totalitarisme. Rappelons nous Patrick Le Lay déclarant « Le métier de TF1, c’est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible »… De plus en plus, le système capitaliste actuel transforme « les chefs d’entreprises en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires » (J.Peyrelevade). De nombreux libéraux constatent désormais les dégâts d’un système auquel ils n’apportent aucun remède n’osant s’attaquer aux racines du mal. «La seule opposition tolérée est celle qui accepte de se manifester au sein même du système, en a intégré les règles et fait mine d’intervenir à la marge en continuant à croire aux vertus autorégulatrices d’un marché planétaire dont elle profite par ailleurs »

Pour connaître les solutions et avoir le courage de les envisager, il faut aussi observer la vie de nos aïeux et comprendre, sans oublier la leçon maurrassienne de l’empirisme organisateur : « la vraie tradition est critique ».

Au regard des expériences passées et des conditions actuelles de l’économie et des modes de vie qui régissent les relations sociales, il faut faire un choix de société : soit le Libéralisme anglo-saxon, soit la société communautaire protectrice garantissant la qualité des produits et la défense de ses producteurs/consommateurs. Choisir entre la société mercantile des cadences infernales importées du Royaume Uni Hanovrien et la France humaniste des Corps de métiers. Jusqu’à la Révolution de1789, grâce à la volonté de ses rois, le travail de qualité fut préservé dans le respect de l’être humain. Etudiez l’histoire de la France Capétienne et découvrez comment maintes fois furent maintenues les règles de vie chrétiennes, les fêtes chômées, les privilèges spéciaux, les horaires de travail dans le respect des femmes et des enfants. Louis XV en son temps entendit les plaintes du peuple anglais soumis à l’esclavage industriel des puissances d’argent dans la complicité bienveillante de la couronne Hanovrienne usurpatrice.

Cet esclavage vint en France grâce à la Révolution, dans les valises des « philosophes éclairés » et inonda notre pauvre pays exsangue des excès révolutionnaires. Le Libéralisme économique et la République, en définitive, ne font qu’un. Il serait chimérique de penser pouvoir garder l’un en excluant l’autre. « La Démocratie est la forme politique du capitalisme » affirmait avec raison Georges Bernanos. C’est d’ailleurs ce que beaucoup d’esprits n’ont pas compris, ou pas voulu comprendre…

Le socialisme, né des excès du capitalisme et en réaction à ceux-ci, ne remet pas fondamentalement en question le système, c’est pour cela que sa critique reste stérile : les royalistes, eux, n’ont pas ce genre de timidité, comme le rappelle cet article du « Feu follet », revue des étudiants monarchistes des années 80:
« Nous ne sommes pas les défenseurs du capitalisme. Le capitalisme est pour nous une création libérale qui non seulement désorganise l’économie et suscite des injustices mais qui, de plus, se trouve être le plus sûr soutien matériel de la Démocratie. Le capitalisme comme celle-ci instituent le triomphe de l’Or en détruisant la loi du sang ».

Dans ce dossier qu’il nous faudrait citer plus complètement, on trouve aussi une interview de Maurice Allais, prix Nobel d’économie 1988, qui souligne les dangers d’un mondialisme ne profitant « réellement qu’aux multinationales » ; Jean-Claude Martinez présente une théorie hardie des «droits de douane déductibles », beaucoup plus intéressants que la TVA sociale avancée par le gouvernement ; il rappelle qu’il existe une grande carte à jouer pour la francophonie si dans ces domaines nous participions aux demandes du Tiers monde. De grands débouchés s’ouvriraient pour nos ingénieurs, nos paysans, nos laboratoires et notre culture.

Quelques pages présentent les anarcho-capitalistes ouvrant la « boite à pandore » de toutes les déviations humaines pour le plus grand bien des individualistes riches. On pourrait rapprocher cette théorie d’une maladie congénitale d’une certaine bourgeoisie détachée de tout esprit chrétien d’entraide et considérant la vie comme une jouissance absolue en préconisant, par exemple, « aux pauvres pour se refaire une santé (…) de vendre leurs organes sur le marché ! Et, si cela ne suffit pas, de mettre en vente leurs enfants pour survivre » (Rothbard).

Bruno Wieseneck, dans un dialogue « père-fils » pas si imaginaire que cela, souligne les incohérences de cette génération post-68, celle qui veut « jouir sans contrainte » et, en somme, a renforcé puis « légitimé » ce que Mai 68 prétendait hypocritement combattre :

«Il est interdit d’interdire de s’avilir : Mai 68 n’est pas une réaction anti-bourgeoise, tu le sais bien, elle représente au contraire le triomphe de la non-volonté, la fin de l’homme, la parousie du consommateur, la célébration hystérique de l’idéal petit-mec. L’ultralibéralisme est sorti tout armé de vos partouzes sinistres du Quartier latin. Ca ne gêne pas le bobo socialiste revendiqué que tu es de voir tous les anciens soixante-huitards gérer leur portefeuille boursier, mettre leurs enfants dans ce qui reste des écoles privées, appeler à l’ouverture des frontières pour faire rentrer encore plus d’immigrés tout en fuyant ces nouveaux esclaves du capitalisme dans des quartiers bien blancs et bien protégés ?

Un long article d’Hervé Bizien rappelle opportunément comment les « Catholiques sociaux », pour la plupart monarchistes, luttèrent pour la justice sociale dans la France post-révolutionnaire .La révolution de 1789, avant même de guillotiner et massacrer le peuple, le spolia de ses organisations professionnelles et de son patrimoine corporatif (servant aux œuvres sociales) par les sinistres et très libérales lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, véritables actes fondateurs de l’exploitation du prolétariat…

La république interdit aux ouvriers de s’associer, diminua les salaires et obligea femmes et enfants aux travaux pénibles (14 heures par jour…) pour subvenir au salaire du mari. Celle-ci supprima aussi les fêtes religieuses et institua le Décadi, semaine de 10 jours de travail sans repos, sans doute pour mieux appliquer la formule de Benjamin Franklin, « le temps c’est de l’argent »…(selon Alain Decaux nous avions pratiquement autant de jours de repos avant 89 qu’aujourd’hui).

Contre cela les royalistes (dont la doctrine peut se résumer par cette formule : « social parce que royaliste ») s’opposèrent et se battirent contre les lois ignobles pour restaurer un semblant de législation sociale et humaine dans ce système qui ne l’était plus… « Quoi ! En moins de deux mois, un seul entrepreneur aurait pu réaliser trente mille francs de bénéfice net, et il s’étonne que les ouvriers auxquels il aurait dû ces immenses profits réclament dix centimes de plus par heure ! » (Berryer)

Rappelons pour finir que La Tour du Pin reste d’une actualité brûlante : « l’objet de l’économie politique est d’organiser le monde de l’utile conformément à la justice et en vue du bien commun». Déjà il s’indignait des délocalisations : « …là où il (le capitaliste) trouvait la main-d’œuvre ou la matière première à meilleur marché.»

Albert de Mun en 1841 proposait déjà une législation internationale, « …l’adoption d’une législation internationale qui permette à chaque Etat de protéger l’ouvrier,sa femme et son enfant,contre les excès du travail,sans danger pour l’industrie nationale ». On y voit une préoccupation humaniste bien plus réelle que celle des tenants des droits de l’homme.

François-Laurent Balssa nous explique plus loin dans ce numéro si riche et si utile pour le combat social monarchiste comment le néo-libéralisme est en fait un retour aux sources des théories du XVIIIème siècle : « Tel est le legs d’Hayek et de sa famille. Une société sans Etat, des nations sans frontières et un corps social sans abri. » Et Jacques Cognerais d’expliquer la progression du régime de l’économie et des finances avec Jean-Jacques Servan Schreiber, Pompidou et Giscard : « Avec Foutriquet au pouvoir, l’argent ne trouvera aucun obstacle : dans la période d’attente et de détour, tant que la France n’est pas encore le rien promis pour l’an deux mille, l’internationale de cet argent, les sociétés multinationales entre autres, n’auront à redouter aucune intrusion un peu sérieuse d’un Etat qui abdique ses droits régaliens, la défense du pauvre comme l’indépendance nationale, ce qui n’empêche en rien l’exercice solitaire de sa tyrannie.» (Pierre Boutang ).

En somme, et c’est la grande leçon que l’on peut tirer de cette lecture du « Choc du mois » de septembre dernier, rien de social ne pourra se faire sans une politique d’Etat digne de ce nom, sans un Etat conscient de ses devoirs et prêt à les assumer, pour le bien des Français : si le mot n’apparaît pas explicitement dans cette revue, nous pouvons, quant à nous, le souffler aux rédacteurs de ce dossier : la Monarchie…

Frédéric WINKLER

La classe ouvrière a-t-elle disparu ?

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°7)

L’identité sociale s’est effacée au profit de la seule hiérarchie du « pouvoir d’achat ». Mais la crise actuelle pourrait remettre en cause l’idéologie du tout-consommation, qui gomme des centaines d’ouvriers de leur entreprise, considérés comme une « simple variable d’ajustement »…

La disparition de la classe ouvrière semble désormais avérée, non pas comme catégorie sociale, mais comme sentiment d’appartenance et d’identité sociales : alors qu’il reste 23 % d’ouvriers (au sein de la population active) dans notre pays, ceux-ci se déterminent plutôt par leurs capacités de consommation que par leur activité professionnelle, à part quelques exceptions notables, en particulier dans les secteurs encore artisanaux ou lorsque leur entreprise et leur emploi sont directement menacés par des licenciements, un « plan social » (si mal nommé…) ou une délocalisation, cela revenant souvent au même, d’ailleurs.

Vieux rêve

Le vieux rêve marxiste de la disparition des classes (« la société sans classes »…) se réalise ainsi, non par le communisme final qui devait finir l’histoire humaine, mais par la société de consommation qui ne reconnaît plus que des consommateurs et rapporte tout à cela, comme elle se veut mondiale et insensible (ou presque) aux différences nationales et politiques : plus de classes, plus d’États… En fait, les réalités sociales comme politiques ne cessent d’exister mais c’est souvent la manière de les signifier ou de les valoriser qui leur donne, ou non, une visibilité et une lisibilité. Or, la société de consommation, dont les maîtres mots sont « croissance », « pouvoir d’achat » et « consommation », ne veut voir ces réalités qu’à travers son prisme réducteur, au risque de s’aveugler elle-même sur ce qui l’entoure et la compose, la traverse… Attention : il ne faut pas croire que la société de consommation ne connaît pas les différences puisque, souvent, il lui arrive d’en jouer pour « vendre plus » (cf les produits qualifiés, parfois à tort, de « traditionnels »…) ; mais elle leur dénie tout rôle véritable de décision et, éventuellement, d’obstruction dans son cadre propre… En somme, tout ce qui est sur cette terre doit entrer dans son cadre, dans son mode de vie, ses exigences et ses critères, au point de phagocyter toute contestation et d’en faire, rapidement, un élément de sa propre stratégie, de sa publicité, de sa « mode » : il suffit de constater comment les symboles de la « rébellion » sont souvent devenus des produits de consommation, voire des « icônes » consuméristes, et pas seulement le portrait de Che Guevara…

Solidarité

La crise actuelle va-t-elle remettre en cause ce modèle, cette idéologie du tout-consommation, qui gomme si rapidement, en quelques lignes de communiqué, des centaines d’ouvriers de leur entreprise, considérés comme une « simple variable d’ajustement » ?
Et va-t-elle redonner une certaine actualité au concept de classe ouvrière compris comme l’idée d’une solidarité, d’une entraide de ceux qui participent, par leurs activités manuelles, à la vie et à la prospérité d’une nation, et qui, au sein et au-delà de leur profession, s’organisent pour assumer leurs responsabilités politiques ? Il y a là un nouveau « champ des possibles » qui s’ouvre et que ceux qui s’intéressent à la politique ne peuvent négliger…

Jean-Philippe CHAUVIN

Le souci des faibles

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« Si un pauvre à querelle contre riche, soutiens le pauvre plus que le riche… »

Saint Louis à son fils

« Nous considérons Saint Louis et Saint Vincent de Paul, comme les ancêtres des sociaux-chrétiens » disait Jean Saint Ellier dans la revue «Notre Avenir Français ». Le pouvoir a d’abord pour rôle de protéger les plus faibles, les petits contre ceux qui ont la puissance : « qu’un pauvre, doit bénéficier, devant ses juges, de plus d’indulgence, « à priori », qu’un riche…nous sommes loin de l’égalité en droits ». Saint Louis pratiqua toute sa vie cet adage, même contre les seigneurs, dans l’enseignement du Christ en un temps ou la féodalité était toute puissante. Saint Vincent dévoua sa vie à soulager la misère. Les Frères de Saint Vincent de Paul en animant les cercles d’ouvriers, reprendront la détermination du grand ancêtre, Monsieur Vincent, après la Révolution, devant le développement du machinisme et du prolétariat, issus de1789…
Les conséquences sociales seront terribles, Villeneuve Bargemont se fera l’écho des atrocités commises dans les usines. Les travaux de rénovation sociale entrepris par la Restauration s’évanouiront avec le roi en exil…
Les royalistes continueront malgré tout leur lutte contre l’injustice sociale, contre l’esclavage des ouvriers né de la Révolution bourgeoise. A la différence des socialistes qui ne voudront jamais remonter aux sources du mal, les royalistes comprirent vite que le bouleversement de l’ordre ancien avait permis, par la destruction des anciennes corporations, la mise au ban de la société du monde ouvrier. En perdant son titre de propriété et ses droits professionnels acquis depuis des siècles, par la coutume et reconnus par le roi, l’ouvrier devenait esclave de la société issue de 1789.

 

Des grands noms comme Berryer, Albert de Mun, La Tour du Pin et jusqu’à Le Courgrandmaison, tous royalistes, feront ce que l’on nommera le catholicisme social, « Sachant ce qui s’est passé par la suite, on s’aperçoit qu’ils avaient vu juste. Car ce qui s’est passé, c’est le Front Populaire de 1936 qui a repris, à son compte, les revendications des monarchistes sociaux et a octroyé aux partis de lutte des classes, l’image de marque d’être les seuls défenseurs des travailleurs : Alors que les ouvriers étant les principales victimes de 1789, c’est avec eux qu’il fallait engager la contre-révolution, tel fut le sens de la lettre du Comte de Chambord aux ouvriers. »
Jean Saint Ellier

Les monarchistes sociaux se heurtèrent à la grande bourgeoisie victorieuse de 89 et tenant le pouvoir culturel :

« avec tout ce que cela comporte de force de discrédit porté sur une école de pensée »
J.S. Ellier

D’autres obstacles autant politiques que religieux aussi. Des restes de jansénisme, que Saint Vincent combattit en son temps, avaient transformés et orientés la mentalité catholique vers une forme de protestantisme. Une forme puérile et individualiste de moralisme puritain dédaignant la charité ou l’utilisant à des fins intéressés.
Le « cinéma » de la messe du dimanche, où l’on regarde qui vient, où l’on chuchote et critique et où finalement on s’habille en uniforme comme les pires sectes anglo-saxonnes. Redécouvrez les chrétiens du Moyen-âge en France pour comprendre le gouffre avec ce que nous sommes devenus et relisez Régine Pernoud… Pour les politiques, disons qu’une partie des hommes hostiles aux changements sont devenus conservateurs, par paresse d’esprit, prêt à avaler tout ce qui de près ou de loin fait figure d’ordre. Ils ont aussi acceptés les lois antisociales de la République et digérés la Révolution. Ils ont fait, par peur de toute insurrection ouvrière, le lit de la République antisociale, par paresse et soumission, sous prétexte de paix. Ces hommes là sont encore là, avec dans la tête le cliché de l’ouvrier ennemi de l’ordre en oubliant l’insurrection Vendéenne éminemment populaire ?

Frédéric Winkler