République et démocratie

De l’actuelle dictature de l’opinion…

enchainéIl n’est pas un de nos actuels politiciens qui, usant de la candeur et de la verve que n’auraient guère renié les antiques sophistes, s’évertue à démontrer l’ineptie profonde des trop nombreux sondages de notre temps, dès lors que l’idée qu’ils défendent se trouve affaiblit ou pire, donnée perdante. Diatribes souvent pitoyables et peu crédibles car une fois élus, ces mêmes politiciens n’auront de cesse de regarder avec la juvénile fébrilité de l’adolescent boutonneux ces sondages, ajustant leur politique et leurs décisions sur l’opinion majoritaire, cette doxa vulgus qu’exécrait Platon pour sa volatilité et sa fragilité.

L’objectif quasi-affiché de cet « ajustement » politique est évident : ramener le maximum de voix, user encore et toujours de manipulations démagogiques pour s’assurer une majorité relative d’électeurs et donc, conserver le poste et ses privilèges. L’exemple présidentiel est à ce propos édifiant : depuis le véritable commencement des instituts de sondages au début des années 1970, chaque président de la république a décidé de fixer sa politique non plus sur le Bien Commun, non plus sur un réel programme politique, mais sur les résultats des sondages et sur l’idée qu’ils avaient de « l’opinion publique ». Si les récents quinquennats (Sarkozy, Chirac) pullulent littéralement d’exemples, force est de constater cette constance chez leurs prédécesseurs : par exemple, la Loi de 1973 sur l’avortement fit écho à un « sondage » manipulateur de l’Institut SOFRES où une majorité des françaises interrogées « aideraient une amie en cas de grossesse non désirée, dans des conditions matérielles, sociales ou psychologiques très mauvaises ». Entre l’entraide à une amie et l’avortement de l’enfant à naître, il n’y a qu’un pas que de nombreux malthusiens s’étaient empressés de franchir…

Or, ce changement complet de ligne directrice politique, cette « dictature de l’opinion », revêt aujourd’hui un caractère particulièrement dangereux pour notre pays : parce qu’elle est intrinsèquement volatile et manipulable au niveau national, l’opinion publique n’est à l’évidence pas garante de la vérité. Loin de l’utopique «volonté générale éclairée» décrite par Rousseau dans son livre Le Contrat Social, la majorité est aujourd’hui, à l’heure où le pouvoir médiatique est à son paroxysme, un ensemble malléable et informe, incapable de poser une réelle pensée objective et intelligible.
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Les lendemains de la présidentielle

visudehorsbouffonsJ’ai tenu une conférence jeudi 19 avril 2012 à Rennes sur les lendemains de l’élection présidentielle, sur cette sorte de « gueule de bois » qui attend sans doute la France, au petit matin du 7 mai et dans les semaines et mois à suivre, quel que soit le malheureux élu le 6 mai au soir…

En voici les principales lignes, en trois parties : (Il n’y a que les deux premières parties sur ce N° de l’ASC.)

1. Programmes et promesses des candidats, et montée des colères françaises.

Les programmes et les promesses des différents candidats à l’élection présidentielle, et en particulier ceux des deux principaux favoris, semblent négliger les réalités de la crise et les données actuelles de la mondialisation, ce que soulignent avec une certaine condescendance malsaine les journaux économiques des pays étrangers (en particulier anglo-saxons et germaniques), comme le New York Times, ou des éditorialistes français comme Claude Imbert dans Le Point, entre autres : certains parlent, non sans raison, d’une « campagne hors-sol»…

Ces critiques sont bien sûr largement fondées mais elles ne sont pas non plus sans arrière-pensées : le New York Times ou les principaux médias économiques, dont BFM business en France, sont souvent très représentatifs de ces milieux d’affaires mondialisés, de ces grandes institutions financières et économiques qui animent les Bourses et les échanges internationaux, représentatifs de ce que l’on pourrait appeler « la finance anonyme et vagabonde », jadis dénoncée par le duc d’Orléans dans les années 1900 avant de l’être par M. François Hollande dans son fameux discours-programme du Bourget… Je cite ses extraits qu’il conviendrait de retenir et de lui rappeler lorsqu’il sera aux commandes du pays (s’il est élu, naturellement) :
« Je vais vous dire qui est mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

https://soundcloud.com/user5994089/les-pr-sidentielles-2012-la

S’ils sont sévèrement jugés par les médias européens et internationaux, voire français, les propos et programmes des grands candidats répondent aussi, et en cela ils vont à l’encontre des réalités (même s’il n’est pas impossible de vouloir les changer, d’ailleurs : encore faut-il reconnaître d’abord ce qui est avant d’envisager de le modifier…), à un besoin de « rêver », d’imaginer « autre chose » que ce qui existe et fait souffrir… En somme, les programmes et les promesses, nombreuses même si, chez les grands candidats elles restent « prudentes » et plutôt minimales au regard de l’enjeu présidentiel, entretiennent une sorte d’illusion rassurante sur l’état de la France et son avenir.

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La fatigue démocratique et les abstentions…

présidentielles3A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, le bilan que l’on peut tirer de la campagne électorale est mitigé : si nombre d’idées intéressantes ont été développées par les uns ou par les autres, leur intérêt et leur crédibilité dépendent évidemment de la possibilité de leur application d’une part, de la volonté de les mettre effectivement en pratique d’autre part… Et je ne suis pas sûr que les candidats, quels qu’ils soient, croient toujours en ce qu’ils avancent ! Cette démagogie est agaçante même si elle est sans doute inhérente au jeu électoral lui-même qui force à promettre plus que l’on ne peut effectivement tenir, l’important étant, en fait, de faire le meilleur score possible pour pouvoir espérer exercer le Pouvoir ou peser, d’une façon ou d’une autre, sur lui.

Cette désagréable impression d’une grande tromperie, même si on peut parfois la trouver exagérée et, dans certains cas, déplacée, peut permettre de mieux expliquer la montée de l’abstention qui corrode sérieusement la légitimité démocratique des postulants et de celui qui sortira vainqueur de la confrontation des deux tours. Bruno Frappat évoquait jadis « la fatigue démocratique » et celle-ci ne se dément pas ces dernières années, surtout depuis le déni gouvernemental, parlementaire et européen du scrutin référendaire de mai 2005 : j’entends souvent cette récrimination contre les partis et contre l’Union européenne qui n’ont pas respecté le vote (officiellement…) souverain des électeurs français (et néerlandais aussi par la même occasion), et l’ont contourné quelques années après par la ratification simplement parlementaire d’un « mini-traité » (sic !) quasi identique au traité constitutionnel rejeté en 2005.

Ce discrédit de la démocratie « légale » est une réalité qui, pourtant, ne doit pas empêcher de faire de la politique et de s’exprimer, y compris par le vote. Si je peux comprendre l’abstention, je n’en fait pas pour autant la promotion, comme je n’en fais pas non plus la dénégation systématique : je distingue d’ailleurs « l’abstention de confort » (souvent liée à une certaine paresse civique ou à un tout aussi certain fatalisme politique) de « l’abstention de combat » qui est l’aboutissement d’une réflexion politique et qui est revendiquée et argumentée, comme celle du royaliste Lorant Deutsch, par exemple.

Quant à moi, puisque la question sur mes intentions de vote m’est régulièrement posée, je rappelle que, depuis 1981 et pour la seule élection présidentielle je glisse toujours le même bulletin éminemment symbolique (et personnel, car cela n’engage que moi et non ceux qui partagent les idées royalistes que je prône aussi…) : un bulletin fait à la main, orné d’une belle fleur de lys et portant juste l’inscription « vive le roi »… Ma parole politique, ceux qui me lisent le savent bien, ne se limite pas à un carré de papier et, pour cette élection si particulière et qui touche au coeur même du système, je préfère le symbolique au choix du « moins pire »…

Ce qui ne m’empêche pas, aux autres élections (législatives, cantonales, municipales, régionales, professionnelles, etc.) de choisir entre les différents noms ou listes proposés…

Un royaliste n’est pas un exilé de l’intérieur, mais un citoyen actif, « par tous les moyens même légaux »

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Quel régime pour la France ?

dernière heureNotre grand poète Alfred de Vigny, à qui on demandait quel est le meilleur gouvernement possible, avait répondu : « C’est celui dont on entend le moins souvent parler et qui coûte le moins cher au citoyen ».
Une telle définition correspond aussi bien à une monarchie qu’à un système comme la Suisse où les institutions fonctionnent d’elles-mêmes pour rechercher le bien commun au-delà des clivages idéologiques. Et quand il y a des difficultés, la population et ses élites se concertent pour trouver une solution acceptable pour tous. Si c’est impossible de trouver un compromis, le Roi arbitre ou soumet la question au référendum.
Voilà le régime qu’il faudrait à la France.

Comme un tel régime marche bien (voir la Suisse), on n’en parle guère et chacun vaque à ses occupations.
Par contre le système que nous connaissons pourrait, à l’aune de la réflexion de Vigny, est considéré comme le pire gouvernement possible.
C’est un gouvernement extraordinairement coûteux et totalement inefficace. Le pays va de plus en plus mal et tout s’aggrave. Mais on en entend parler à longueur de journée et tout le monde est énervé au dernier degré.
Dans cet Etat, qui porte le nom de Cinquième République, une clique d’arrivistes forcenés et de dangereux démagogues sont parvenus à accaparer le pouvoir au nom de la « Démocratie », érigée au rang de divinité des temps modernes. Pour détourner l’attention du Peuple, qui est à la fois accablé, dépressif et impuissant, on organise périodiquement avec l’aide des médias, grands prêtres de cette nouvelle religion, d’immenses jeux de rôle nationaux. Ces jeux de rôles qui rappellent les jeux du cirque à Rome, portent le nom « d’élections ».

Personne ne sait trop bien pourquoi il vote, mais il espère surtout obtenir l’éviction de l’oligarque au pouvoir détesté et méprisé. Ainsi le système repose essentiellement sur la haine de celui qui dirige, haine qui est constamment attisée par les clans rivaux, adversaires en apparence, mais en réalité complices. Encore une fois, c’est un jeu de rôle, une scène de théâtre. Comme dans une corrida, l’attention de la proie (ici le Peuple) est dirigée vers quelque chose de secondaire, un chiffon rouge que l’on agite devant lui.
Du coup l’électeur ne prend pas garde au fait qu’un autre oligarque le remplacera nécessairement, parfois pire encore. Mais paradoxalement, l’échec entretien le système car tout est organisé pour que le peuple ne puisse pas véritablement secouer ses chaînes.
Pendant ces campagnes électorales, périodiques, ruineuses et inutiles, chaque clan met en accusation une autre partie du pays : les pollueurs, les riches, les fonctionnaires, les « marchés », les immigrés, etc… Chaque clan jure qu’il résoudra les problèmes à sa façon et qu’il punira les méchants, notamment les méchants contribuables de la classe moyenne. Il les punira financièrement par la taxation à outrance. Il promet aussi de donner aux victimes de la société : les étrangers, les homosexuels, les délinquants, etc…La place qui leur revient et les droits dont ils ont été injustement privés pendant des siècles, voire des millénaires…

En réalité tout le monde sait pertinemment qu’il ne résoudra rien du tout et que tout ira encore plus mal après. Mais cela soulage sans doute sur le moment l’électeur irrité…
Une fois les élections passées, comme après la prise d’une drogue, le peuple découvre avec consternation qu’il a été encore une fois berné. Mais on lui explique doctement que c’est de sa faute et que tous les autres systèmes sont pires encore. Churchill l’a dit il y a 70 ans, donc c’est forcément vrai…Et la descente aux enfers continue…Et les oligarques ricanent de plus belle, se réjouissant entre eux de l’incroyable stupidité des français !
Telle est la République dans ses pompes et dans ses oeuvres !

Tout cela est évidemment grotesque. On en rirait si nous n’étions pas pris en otage dans cette machination perverse.
Les solutions existent; elles sont simples au fond. Il faut d’un coté de vraies élites et une autorité, de l’autre une implication du peuple dans la gestion politique, en particulier au niveau local.
Mais dans l’état actuel des choses, les oligarques au pouvoir n’ont aucun intérêt à mettre en oeuvre des solutions. L’objectif de la République n’est pas de sauver le pays, mais d’assurer sa survie.
Un médecin avait écrit un ouvrage célèbre dans les années soixante qui s’intitulait « Le silence des organes ». Il montrait que dans l’état de santé, on ne prête même pas attention aux organes de son corps, tandis que dans la maladie on les entend souffrir et grincer on est à l’écoute de toutes les réactions du corps, on note tout…
De ce point de vue il est évident que la France est un pays gravement malade et drogué par des charlatans.

Olivier Tournafond

Questions à M. Tournafond

Voici une petite série de questions que nous avons envoyé au professeur Olivier Tournafond,
au sujet des élections présidentielles.

Nous remercions M. Tournafond pour avoir eu l’amabilité d’y répondre :

tournafond1GAR : Que pensez-vous globalement du principe démocratique consistant seulement à nommer un président de la république ?

O. Tournafond : Il n’y a pas que le Président de la République qui soit élu. Toutes les fonctions politiques donnent lieu à une élection. Mais la manière dont ces élections sont organisées a permis progressivement à une oligarchie d’arrivistes de confisquer le pouvoir à son profit et l’élection du président est seulement la plus médiatisée. Elle permet de transformer en dictateur temporaire un chef de parti, qui souvent ne représente guère plus que 15% de l’ensemble du corps électoral. C’est un système pervers et artificiel, une « démocratie d’apparence », ce qui explique le taux d’abstention massif actuellement constaté.

GAR : Tous les « démocrates » de la république qui sont si prompts à donner des leçons de démocratie au monde entier, quelle leçon de démocratie leur donneriez-vous ?

O. T : Je leur conseillerai de mettre en place des mécanismes de démocratie directe comme en Suisse permettant au peuple de contrôler véritablement la vie politique. Sinon la prétendue démocratie n’est qu’une oligarchie de mafieux. Une fois mis en place ces mécanismes (votations populaires, référendums vétos, mandat impératif, etc…) on pourra y voir plus clair et on essaiera de dégager des autorités arbitrales reposant sur la compétence et le respect de la tradition française. Le peuple souhaite lui-même être encadré par des autorités légitimes. Un roi sera nécessairement plus légitime et représentatif qu’un ambitieux qui ne représente qu’un français sur dix…

GAR : Comment expliquez-vous l’engouement que peut susciter les présidentielles chez les français ?

O. T : On touche là à l’inconscient collectif. C’est un spectacle assez sordide, assez malsain, comparable aux jeux du Cirque à Rome. Sauf qu’ici ce ne seront pas les gladiateurs qui seront mis à mort, mais les citoyens minoritaires qui se verront obligés de subir la dictature implacable du parti gagnant. La démocratie suisse ignore ce genre de mise en scène à grand spectacle et la Suisse est le pays le plus prospère du monde.

GAR : Le vote blanc fait-il parti selon vous du jeu démocratique ou faut-il effectivement l’ignorer ?

O. T : Le vote blanc doit évidemment être pris en compte et on doit considérer que si les votes blancs l’emportent il n’y a pas de quorum. Le vote blanc est une manière d’indiquer que l’offre politique n’est pas satisfaisante.

GAR : Quel avenir donnez-vous à la cinquième république avec son principe actuel de fonctionnement ?

O. T : Peu de temps en vérité, mais « peu de temps » peut-être encore long à l’échelle de l’histoire : 2 ans ? 5 ans ? 10 ans ?
Ce régime devrait tomber malgré tout tant il est usé et (justement) méprisé par la population. Il tient par sa seule force d’inertie et par la complicité de ceux qui en profitent. Mais sa chute est à terme inéluctable car les forces d’érosion qui le travaillent sont plus fortes. Un philosophe à dit « Tôt ou tard les forces de la Nature l’emporteront ».

Lettre ouverte aux patriotes et nationalistes

jackpotAujourd’hui le système bipartisan UMPS est encore victorieux !
Rien de nouveau sous le soleil, « Sarkollande », désormais un peu plus Hollande que Sarkozy, continuera son travail de destruction de la France et le Français moyen, dans la logique de la société de consommation et de distraction, continuera à ne s’intéresser qu’au dernier match de foot ou autres séries de télé réalité.

Et qu’en est-t-il des forces qui se disent nationalistes ou se veulent patriotes, après ces présidentielles ? Tout ce petit monde si fier d’avoir mis un petit bulletin « Le Pen » lors du premier tour. Et après avoir constaté que les deux candidats sortant ne sont ni plus ni moins que les représentants de la dynastie UMPS anti-France, que font ces patriotes-là ? Rien ! Pour beaucoup, ils se disent « à dans cinq ans : on revotera le Front et cette fois-ci j’en suis sûr, on passera ! »… Illusions, comme d’habitude : les cimetières de l’histoire en sont remplis !

Et pendant ces cinq années avant les élections de 2017, hormis grogner devant son poste de TV en guise de commentaire face à l’actualité, que feront les forces patriotiques, qu’elles suivent une Le Pen ou telle autre personnalité comme un Dupont-Aignan ou, même, un Chevènement ? Rien !

Une fois de plus, encore, le sortilège des élections a frappé d’inertie ceux qui, par leur amour ardent de la France et au-delà même des étiquettes, seraient pourtant les seuls à même d’incarner le salut pour la France. Victimes de ce syndrome que l’on rencontre si souvent dans les casinos, où un joueur persuadé qu’il gagnera le « Jackpot », met sa pièce dans la machine à sous, tire sur le manche et….perd ! Mais ce n’est pas grave, se dit-il, la prochaine sera la bonne ! Il se motive à volonté, mais la prochaine, il perd aussi ! Il ne voit pas le temps passer et au final, après s’être littéralement ruiné, il constate qu’il a bel et bien perdu ! Mais ce n’est pas grave, se dit-il, la prochaine fois sera la bonne, attendons la fin du mois, histoire de se renflouer…

Malheureusement ce genre de scénario est très courant dans les jeux d’argent des casinos, et nous savons pertinemment où peut mener ce sinistre cercle infernal basé essentiellement sur l’espoir éventuel d’un hypothétique « jackpot » !

Ce qui est d’autant plus triste dans ce symptôme d’addiction aux jeux, c’est qu’il apparaît également parmi les électeurs dits « populistes » (étiquette appliquée parfois sans aucune nuance, et même, à tort, par les médias…) ! Ils se persuadent que le parti pour lequel ils ont voté passera, ils mettent alors leur bulletin en encourageant un maximum de personnes autour d’eux à en faire de même. Mais malheureusement, leur parti ne gagne pas ! Tant pis se disent-ils, on remettra ça dans cinq ans ! Tout en se satisfaisant malgré tout du score élevé de leur parti ! Mais le FN, car c’est bel et bien de ce parti qu’il s’agit, celui-là même qui revendique concentrer « toutes » les forces nationalistes et patriotiques ; le FN depuis 1972, n’a jamais fait mieux que franchir, presque par accident, le cap d’un 1er tour de présidentielle en 2002 ! Mais ce n’est pas grave, disent ses zélateurs ! Dans cinq ans, on remet ça ! Et puis si ça ne passe pas, et bien on recommencera dans cinq ans ! Et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps…

Et pendant ce temps là, le pays se désagrège sous la poussée d’une mondialisation débridée ! Pendant cinq années, les forces nationalistes et patriotiques restent et resteront, comme d’habitude, inertes ! Pas de grandes activités salvatrices car tous les espoirs sont mis dans un simple bulletin de vote, distraction démocratique coutumière, et ce système joue avec les électeurs comme la machine à sous joue avec l’espoir d’un jackpot !

Nous espérons seulement qu’un jour, si possible proche, les nationalistes, ou patriotes, ou royalistes et autres amoureux de la France, quelles que soient leurs autres convictions politiques, philosophiques ou religieuses, cessent de rester les bras croisés en regardant le « circus politicus » pendant cinq ans ou en mettant (en vain) tous leurs espoirs dans un parti dont on n’aura jamais l’assurance qu’il puisse passer un jour ou l’autre. La roulette russe n’est pas la meilleure des politiques et si la solution n’est pas ou n’est plus dans les urnes, alors elle ne peut être que dans le quotidien de vos actions.

A vous, enfants de France perdus dans une mondialisation qui n’est heureuse que pour les puissants, cessez de mettre tous vos espoirs sur les seules élections, c’est un cercle vicieux qui vous rend inoffensifs, vous désarme face aux forces de l’anti-France !

Vous voulez le bien effectif de votre, de notre nation ? Alors, agissez concrètement pour elle, soyez militants 24 heures sur 24 ! N’attendez rien de ce système qui « promet pour mieux trahir »…

Seule l’action quotidienne, humble mais motivée, politique et éminemment royaliste parce que véritablement française, peut changer le cours des choses… Alors, en parodiant le slogan du nouveau président : Continuons le changement, travaillons à instaurer la Monarchie !

Groupe d’Action Royaliste

Un système à faire désespérer les hommes

Marianne déchue3« En démocratie, la politique est l’art de faire croire au peuple qu’il gouverne ». Ce constat, clair et sans circonvolutions politiciennes, n’est évidemment pas de notre temps. Dressé par Louis Latzarus dans son livre La Politique (1928), il décrit pourtant parfaitement l’actuelle « démocratie d’apparence » française, cette lamentable hypocrisie bicentenaire qui ôte au peuple toute possibilité de participation effective à la vie politique, qu’elle soit locale ou nationale d’ailleurs, en lui faisant croire l’inverse par d’habiles et odieuses manipulations.

Georges Bernanos écrivait :
« Les démocraties ne peuvent pas plus se passer d’être hypocrites que les dictatures d’être cyniques ».
Il apparaît donc évident que les manipulations politiciennes forment le socle même de notre système, Démagogie, Populisme et Xyloglossie se partageant le podium des procédés rhétoriques les plus exécrables et les plus usités.
Si odieux qu’ils puissent paraître, ces exercices ne sont pourtant que les arbres qui cachent la forêt, l’actuelle déformation intellectuelle française se chargeant de faire taire les imprudents qui auraient l’outrecuidance d’élever une quelconque protestation face à cette lamentable hypocrisie politique. Dogmatisation de la « démocratie salvatrice des peuples », annihilation complète de tout libre-arbitre, ce « sapere aude » qu’il clame officiellement et méprise officieusement, mise à l’index de tout auteur ou livre « politiquement incorrect» (Maurras, Brasillach et Céline en ont notamment fait les frais récemment) : tout semble bon pour faire taire la voix de la résistance française, la voix de l’intelligence et du bon sens.

L’affligeante «valse d’ego» quinquennale, véritable paroxysme de cette politique, est le point central de ce système : gardant l’apparence d’une démocratie, elle préserve l’oligarchie dirigeante de toute réelle menace, notamment par les « sacro-saintes » 500 signatures, et surtout, met en place le procédé d’inversion tant décrié par Maurras : alors que les citoyens sont censés exercer leur liberté en votant pour tel ou tel candidat, une fois l’élection passée c’est comme s’ils s’étaient livrés pieds et poings liés aux élus. Ils deviennent impuissants à empêcher les décisions prises en leur nom ou les lois votées par leurs représentants.

De ces hypocrisies républicaines, de ces promesses démagogiques et ces lamentables manipulations politiques, il n’en découle évidemment qu’une profonde désespérance politique du pays réel, un réel désaveu et dégoût pour ce régime qu’il n’a pas le courage de remettre en cause, dogmatisation oblige. Qui n’a pas entendu son voisin s’énerver face aux hypocrisies et promesses démagogiques des candidats à la présidentielle ? Qui n’a pas vu ses amis résignés, se demandant entre eux pour qui ils allaient voter et en sachant pertinemment la futilité de ce geste qu’ils se sentent néanmoins obligés de faire, formatage intellectuel oblige ? Camus ne disait il pas à son époque que « La société politique contemporaine est une machine à faire désespérer les hommes » ?

C’est à ce niveau que le combat royaliste prend tout son sens, et seul le manque de courage ou de formation peut nous empêcher de profiter de l’avenue qui s’offre ainsi à nos idées : en s’appuyant sur les écrits de Maurras, Bainville, Daudet et tant d’autres, n’hésitons pas à faire entendre la voix royaliste autour de nous, à sensibiliser notre entourage à la pertinence royale au XXI°Siècle. Face à cette démocratie d’apparence, face « à cette oligarchie gouvernementale qui sait ce qu’elle veut et qui le veut bien » comme disait le Maître de Martigues, opposons avec la force et la vigueur propres aux Camelots du Roi notre espérance pour la France et notre espoir de redressement national pour notre Patrie.

Augustin DEBACKER

Des mots, des maux, démocratie

visudémocratie2La Démocratie dans l’Etat, est le privilège des hommes qui veulent dilapider leur patrimoine et leurs libertés. Selon même Rousseau, c’est un système pour des demi-dieux… Suivant l’observation de la vie, parfaitement antinaturelle. En fait, pour un Etat, c’est l’argument des manipulateurs de foule, pour leur seul profit ?
N’est-elle pas finalement, l’excuse à la plus grande fumisterie de l’histoire permettant à des « Ripoux » de s’approprier le pouvoir afin de « s’engraisser » sur le dos du Peuple gavé de matérialisme. Bernanos disait que « La Démocratie est la forme politique du Capitalisme ». Ce peuple que l’on façonne, que l’on écrase, que l’on haït et dont on « suce » la sève jusqu’à la limite de la révolte mais qui est devenu tellement individualiste et anesthésié, qu’il en a perdu quelquefois le bon sens qui faisait de lui jadis le phare du monde…Démocratie égal Ploutocratie disait Charles Maurras, grand Helléniste en arrivant à la conclusion, après une longue observation historique et politique, que tout compte fait, la Démocratie c’était le mal et la mort…

La démocratie dans l’Etat, devient en fait le tombeau des peuples. Comme le disait Paul Valery : « L’art de la démocratie c’est d’empêcher les hommes de s’occuper de ce qui les regarde et de les faire décider de ce à quoi ils n’entendent rien » Au contraire nous réclamons plus de démocratie dans la commune et la gestion de nos métiers, comme cela existait dans l’Ancienne France. Le peuple d’alors votait beaucoup et décidait directement, forme de démocratie directe, de l’organisation de tous ce qui touchait la proximité de sa vie sociale. Tout cela, avec évidemment les imperfections et la rusticité d’alors, mais l’esprit y était, ce n’est pas les femmes qui votaient avant de perdre ce droit avec nos libertés réelles en 1789, qui me contrediront !!
Nous préférons une saine organisation aristotélicienne humaniste voir Démophile, véritable amour du Peuple, ce qui pour les chrétiens rappels l’esprit des Saints Evangiles. Selon nous, il faut aller vers l’équilibre entre les droits et les devoirs et éviter ainsi le déclin de notre civilisation vers les temps obscurs de la barbarie….

L’histoire est un puits d’expérience où toute mauvaise loi donne telle conséquence. Où tel acte gouvernemental donne tel effet. Où tel système donne tel résultat…La démocratie dans la Grèce antique fut grande parce qu’elle puisait l’héritage monarchique savamment accumulé au fil du temps puis sombra dans le chaos…
Le monde Romain mourra dans un étatisme étouffant… La Révolution détruisit l’Europe monarchique en donnant l’unité à l’Allemagne. Cette paix européenne tissée depuis longtemps par nos rois avec les mariages et le Traité de Westphalie… Avec la république, nous eûmes les conséquences et les invasions de notre sol suivirent…En 1914, la république s’acharna a envoyer, une année de guerre en plus, dans les charniers sanglant, notre jeunesse de France, parce qu’elle désirait détruire la monarchie Autrichienne. Ce n’est plus un secret aujourd’hui et nous savons que depuis 1917, l’Autriche voulait négocier !!
Depuis 1789, nous sommes les « supplétifs » des anglo-saxons, quand aurons-nous une politique française…La république déclencha les guerres d’enfer dont le Golfe aurait pu être un nouveau début. Nous avons d’ailleurs servi une nouvelle fois « Sa très gracieuse Majesté britannique » en garantissant avec nos soldats ses stocks de pétrole. Aujourd’hui, supplétifs du nouvel ordre mondial, en désirant imposer nos modèles de gouvernements, nous jouons aux gendarmes du monde et nos soldats se font tuer en Afghanistan, en Syrie et en Libye, parce que l’on s’estime le droit de s’immiscer dans la politique des autres pays !! Notre diplomatie comme toute notre politique d’ailleurs est au service de « Lobbys » internationaux.
La Démocratie n’existe pas pour les pauvres et les faibles que l’on redécouvre pendant la période de Noël. La société du spectacle se maquille, une fois l’an, de la grâce du « bon Samaritain ».

Revenons à la nature qui nous offre tout sauf une société égalitaire, les espèces vivent dans un équilibre complexe et réglé comme une horloge. Point de gâchis car tout y est mangé et biodégradable. Les animaux ont un chef naturel comme les éléphants ou le cerf de nos forêts, d’égalité point…Une autre règle régie la vie animale, c’est l’incontournable loi de l’espace de vie où plus exactement le territoire d’évolution et de survie de chaque espèce. On s’aperçoit selon certaines études que l’homme est aussi soumis à cette règle fondamentale. Ainsi chaque peuple est fait pour évoluer, vivre et prospérer dans un espace donné. Les études de l’ethnologue Konrad Lorenz ont apportés des lumières sur le comportement animal et humain : « Tout ce que l’homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue, mais n’est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture […] Si les normes sociales et les coutumes ne développaient pas leur vie et leur pouvoir autonomes particuliers, si elles n’étaient pas haussées à la valeur de fins sacrées en soi, il n’y aurait pas de vie commune basée sur la confiance, pas de foi, pas de loi ». Dehors toutes les théories cosmopolites destinées à détruire l’identité d’un peuple, n’oublions pas que Dieu n’a pas voulu de Babel dans la Genèse.

« Le contraire donne irrémédiablement des conflits et les cultures viennent s’affronter pour amener comme résultat la soumission du perdant. La lutte collective d’une communauté contre une autre existe lorsqu’elles comportent trop d’individus pour que ceux-ci puissent se connaître tous individuellement. »
K. Lorenz.

Eloignons nous des dangereuses utopies intellectuelles.

Frédéric Winkler

Les parlements et la décentralisation

Assemblée pouce en bas

Aujourd’hui, l’historiquement correct n’a de cesse de présenter la monarchie française comme un régime extrêmement centralisateur, où tous les pouvoirs se concentraient en les seules mains royales. Bien sûr, cette même reformation historique dresse également un pitoyable tableau des parlements régionaux, sortes d’infâmes ersatz sans pouvoir du Parlement parisien et contrôlés par quelques parvenus en robes. Or, si l’on prend la peine de se pencher quelques instants sur la réalité historique de ce pouvoir royal et des parlements, il est fort aisé de faire tomber ces odieux mensonges républicains et de découvrir le véritable sens du terme «décentralisé ».
Le système parlementaire est né d’une évidence : le pouvoir royal, si étendu qu’il soit, ne pouvait rendre justice sur tout le territoire français. Il fallait donc décentraliser ce pouvoir judiciaire et donner aux principaux fiefs de France les moyens de rendre la Justice dans l’immense majorité des cas : c’est la justice déléguée. Les parlements sont donc nés de ce besoin de décentralisation judiciaire, et seront formés, dès l’ordonnance du 11 mars 1345, de trois principales chambres bien distinctes : la grand-chambre, la chambre des enquêtes (chargée des enquêtes judiciaires) et la chambre des requêtes (jugement spéciaux des personnalités protégées par des lettres de committimus). Ces trois chambres sont aujourd’hui considérées par nombre d’historiens comme les ancêtres des cours de justices actuelles, notamment la grand-chambre qui servait à juger en appel les décisions rendues par les juridictions inférieures (rôle de la cours d’appel d’aujourd’hui).
Complété par la Tournelle (jugements criminels), le pouvoir des parlements ne se cantonnait d’ailleurs pas uniquement à la Justice : ils possédaient également deux importants pouvoirs législatifs, la synthèse juridique et le contrôle législatif.
Le premier, en tant que juridiction du dernier degré, était de pouvoir synthétiser la jurisprudence et la procédure : en clair, donner des synthèses complètes sous forme d’articles, nommés « arrêts de règlement », de la justice régionale. Cette synthèse disposait de l’«autorité de la chose jugée » et servait donc de référence pour les juridictions inférieures.
Le second, et certainement le plus important, consistait à contrôler la légalité, c’est-à-dire la compatibilité des ordonnances, édits et déclarations du Roi avec les lois, coutumes et autres règlements régionaux existants. S’ils étaient corrects, ils étaient retranscrits dans le registre officiel et donc appliqués dans la circonscription du Parlement. Par contre, s’ils étaient jugés contraires aux lois ou coutumes de la Province, le Parlement pouvait user de son droit de remontrance et signifier au Roi son désaccord vis-à-vis de ces textes, et ne pas les enregistrer.
Charles Maurras rapportait, dans son Idée de Décentralisation :
« Mais, objectaient quelques journaux, il faut que la loi soit uniforme et commune pour tous les points du territoire. — Eh bien, ce n’est pas vrai, leur répondait dans La Cocarde M. Frédéric Amouretti : la loi doit se plier aux variétés physiques et morales du pays, ou plutôt découler de ces variétés ».

Il faut d’ailleurs remarquer que cet ancien droit de remontrance des Provinces gouvernés au Roi gouvernant a lamentablement été copié par la république jacobine en son Conseil Constitutionnel. Copié sans talent, car aujourd’hui la république n’a que faire des lois et coutumes provinciales ! La Constitution française s’étant débarrassé de toute coutume (contrairement à l’Angleterre par exemple), l’avis de constitutionnalité ne se joue que sur des termes d’une Constitution nationale, qui s’est allègrement assise sur les spécificités régionales, en consacrant « l’unicité de la république » !
Ce droit de remontrance, s’il était puissant, ne signifiait pas pour autant l’anarchie et l’indépendance régionale : le Roi pouvait soit revoir son texte en prenant en compte les remarques des Parlements régionaux (cas le plus fréquent), soit envoyer une « lettre de jussion » pour demander avec fermeté l’enregistrement du texte. Si le Parlement refusait une nouvelle fois, le Roi pouvait modifier le texte ou, en dernier recours, procéder à un « lit de justice », c’est-à-dire à un enregistrement forcé du texte. Peu de fois, le Roi a eu recours à ce procédé et les quelques « lits de justice » ont souvent été cités comme les plus grandes avancées françaises : l’édit de Nantes, adulé par la république et félicité par la quasi-totalité des historiens, a notamment dû être enregistré dans tous les parlements par des lits de justice d’Henri IV (1598).
Les parlements représentaient donc les piliers de la décentralisation : premier corps intermédiaire, ils existaient pour harmoniser le gouvernement de la France afin de protéger ce «pays réel» que la république méprise tant. Conscients des réalités et spécificités régionales, les parlements représentaient ce régionalisme intégral cher à Maurras, cette autonomie régionale propice aux développements locaux :
« Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » écrivait Amouretti.

Autonome mais pas indépendant, le pouvoir parlementaire équilibrait le pouvoir royal et inversement.
Par le contrôle de certaines décisions parlementaires par le Conseil des Parties, ancêtre de l’actuelle cour de cassation (qui suivra les procédures royales de 1738 jusqu’en 1947), le pouvoir royal limitait les dérives parlementaires et les sentences aberrantes :
« Je donnai à tous mes sujets sans distinction la liberté de s’adresser à moi, à toute heure, de vive voix et par placets (afin) de rendre la justice à ceux qui me la demandaient immédiatement » disait Louis XIV.
Par le contrôle des textes de loi, par la synthèse juridique et le droit de remontrance, les parlements contrebalançaient le pouvoir royal et coordonnaient le gouvernement de la France entre les provinces gouvernées et le Roi gouvernant en ses conseils.
« L’autorité en haut, les libertés en bas » disait Maurras !

Louis XVI avait compris tous les bienfaits de cette décentralisation du pouvoir : en 1788, il créa 47 grands baillages, ancêtres des tribunaux de grande instance, afin de soulager la charge de travail des parlements et d’améliorer les temps d’attente avant les procès (à l’opposé d’ailleurs de l’actuel comportement centralisateur républicain qui vient de fermer près de 400 juridictions locales). Et l’Historiquement correct continue pourtant de le présenter en Roi tyran et centralisateur…

Augustin DEBACKER

 

« C’est au moment ou nous avons fait de la France la République Une et Indivisible que les libertés vraiment républicaines ont été perdues : elles ont été faites prisonnières dans les préfectures… »

Charles Maurras

Régionalisme intégral – 2

L’incapacité républicaine à décentraliser :

L’ECOLE DU FELIBRIGE

imistrl001p1Fernand Braudel dans “L’Identité de la France” arpentait chemins et routes de province afin de déterminer les multiples particularismes et paysages locaux, espaces de vie et nature, temps passé et traditions, bref ce qui pouvait différencier les terroirs d’une région à l’autre. Ecoutons Frédéric Mistral :
« Les députés, sur les questions qui touchent la sève et la joie du peuple, en dehors de la politique, il ne faut pas compter sur eux. Qu’un imbécile, un bêta fasse une pétition pour déplacer le Mont Ventoux ou débaptiser les rues, il trouvera toujours un rapporteur échevelé qui fera valoir sa motion. Mais qu’il s’agisse par hasard de raviver dans le peuple, ce qui lui maintient l’âme et la personnalité, ah ! Vous ne verrez là que des canards muets! » (L’Aioli, 7 avril 1894).
Maurras, quand à lui, cherchera le gouvernement pouvant réaliser cette libération, il “étudie le fédéralisme tel qu’il peut l’observer en Suisse, Autriche, Etats-Unis. Il l’étudie avec un esprit scientifique de même qu’il se penche en clinicien sur l’Ancien Régime pour y noter les diverses modalités de la décentralisation.”
Mistral rejette la république centralisatrice mais non la France :
« Par conséquent, messieurs, si nous voulons relever notre pauvre patrie, relevons ce qui fait germer les patriotes : la religion, les traditions, les souvenirs nationaux, la vieille langue du pays et, cité par cité, province par province, rivalisons d’étude, de travail et d’honneur, pour exalter diversement le nom de France. »
Jeux Floraux de Montpellier, 1875.

Le combat régionaliste mènera Charles Maurras vers le combat politique et la solution monarchiste.
LIBERONS LA FRANCE

icônes 046« … Nous réclamons la liberté des communes… qu’elles deviennent maîtresses de leurs employés et de leurs fonctions essentielles… qu’elles puissent renvoyer chez eux ces roitelets qu’on appelle sous-préfets…
« … nous voulons libérer de leur cage départementale les âmes des provinces…
« … un groupe de Bretons vient de réclamer les anciens Etats. Nous sommes avec ces Bretons. Oui ! Nous voulons une assemblée souveraine à Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille et Aix.
« … si des gens contredisent en arguant qu’un peuple ne revient pas sur le chemin déjà fait, nous répondrons que c’est très bien : nous ne cherchons pas à copier d’autres temps, mais à les compléter et à les perfectionner.
« … La complète mise en valeur des merveilleuses richesses de notre terroir… Seul le provincialisme peut mener à sa fin les grandes tâches rêvées depuis cent ans et jamais achevées : le canal des deux Mers par la Gascogne et le Languedoc, le canal du Rhône à Marseille par la Provence et le Dauphiné ! Qui sait ! Peut-être les discussions économiques qui maintenant déchirent ce pays de France, seraient ainsi réglées pour le bien de chacun et de tous. Allons plus loin ! Les deux ou trois questions sociales qui nous troublent tant, il ne serait pas difficile ainsi de les arranger. »
Déclaration des Félibres

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